La joie de l’amour… sans la splendeur de la vérité?

En complément de l’article «…la lune ne donnera plus sa lumière…», je partage une réflexion sur l’exhortation apostolique post-synodale Amoris laetitia, du Pape François, le souverain pontife de l’Église catholique. Les ambiguïtés (et les erreurs) graves qu’elle contient peuvent servir à illustrer comment le chef de l’Église schismatique de Pierre ne jouit plus de cette «assistance de l’Esprit Saint» dont parle la constitution dogmatique Dei Verbum du Concile Vatican II:

Pourtant, ce Magistère n’est pas au-dessus de la Parole de Dieu, mais il est à son service, n’enseignant que ce qui a été transmis, puisque par mandat de Dieu, avec l’assistance de l’Esprit Saint, il écoute cette Parole avec amour, la garde saintement et l’expose aussi avec fidélité, et puise en cet unique dépôt de la foi tout ce qu’il propose à croire comme étant révélé par Dieu. [DV 10; nous soulignons]

Le «Magistère» désigne le Pape (le successeur de Pierre, l’évêque de Rome) et les évêques en communion avec lui. Depuis que le «katechon»-personne(-et-groupe) a été «écarté» (2 Th 2, 6-7), c’est-à-dire depuis le rejet et l’excommunication de la Dame et des membres de son Oeuvre, la papauté catholique (le «soleil») s’est «obscurcie» (Mt 24, 29; Mc 13, 24), parce qu’elle s’est schismatisée (de la Dame). En écartant FLOS FLORUM (Mère Paul-Marie), DE MEDIETATE LUNAE (Benoît XVI, François et leurs successeurs) écarte aussi, subrepticement, PASTOR ET NAUTA (Jean XXIII, Paul VI, Jean-Paul Ier, Jean-Paul II). Il en résulte cette situation paradoxale et sans précédent, hautement conflictuelle et confusionnelle, qu’un catholique, fût-il évêque ou cardinal, peut être amené à devoir exprimer son désaccord avec le chef suprême de son Église, voire même briser sa communion avec lui, s’il entend demeurer fidèle à la vérité et au dépôt de la foi qu’il professe.

Je confie ce texte à l’intercession spirituelle des papes saint Léon Ier le Grand (10 novembre) et saint Nicolas Ier le Grand (13 novembre), dont c’était la fête liturgique récemment, auxquels nous pouvons ajouter saint Grégoire Ier le Grand (3 septembre). Ce sont les trois seuls papes à être qualifiés de «grands», en attendant que leur soit adjoint saint Jean-Paul II «le Grand» un jour, nous l’espérons (le titre est déjà employé par différentes personnes et mêmes institutions à travers le monde, mais j’entends ici une certaine «officialisation» de ce titre dans la liturgie).

Nous célébrons également en ce jour (23 novembre) la fête liturgique de saint Clément Ier, le quatrième pape (ou le troisième successeur de saint Pierre, après saint Lin et saint Clet). Il correspond peut-être au Clément mentionné par saint Paul dans la Lettre aux Philippiens (Ph 4, 3).

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«Quand la Splendeur de la Vérité est cachée, la Joie de l’Amour est morte»

«When the Splendor of Truth is hidden, the Joy of Love is dead»

Father Raymond J. de Souza,
titre d’un article publié le 12 septembre 2017
dans le National Catholic Register

«“La Splendeur de la Vérité” — Le courage d’un Pape»

Mère Paul-Marie,
titre d’un article publié dans le journal Le Royaume,
n. 95, septembre-octobre 1993, p. 4 [LR-095]

Mais la splendeur de la vérité ne peut être cachée. Elle est toujours ancienne, toujours nouvelle. À long terme, Veritatis Splendor restera dans les mémoires bien après que beaucoup d’autres oeuvres de papes et de politiciens auront été oubliées. On s’en souviendra pour une simple raison: ce qu’elle dit est vrai.

But the splendor of the truth cannot be hidden. It is ever ancient, ever new. In the long run, Veritatis Splendor will be remembered long after many other works of popes and politicians are forgotten. It will be remembered for one simple reason: What it says is true.

Monseigneur Charles J. Chaput, o.f.m.cap., archevêque de Philadelphie,
conclusion d’un article intitulé «The Splendor of Truth in 2017»
et publié dans l’édition papier d’octobre 2017 de First Things

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Dans Le Secret de Marie (2e édition), à la note 174 de l’annexe 9, j’ai abordé la question très controversée de l’exhortation apostolique post-synodale Amoris laetitia (AL), du Pape François (Jorge Mario Bergoglio), considéré comme un «pape schismatique» du point de vue de l’Église de Jean.[1] Ce document, daté du 19 mars 2016, porte «sur l’amour dans la famille», faisant suite aux travaux de réflexion des deux synodes sur la famille tenus en 2014 et en 2015. Déjà, en 1980, le Pape saint Jean-Paul II avait convoqué un synode sur la famille, suivi de la publication de l’exhortation apostolique post-synodale Familiaris consortio (FC), datée du 22 novembre 1981, «sur les tâches de la famille chrétienne dans le monde d’aujourd’hui».

L’ambiguïté qui caractérise Amoris laetitia a favorisé les controverses et les interprétations contradictoires qui ont suivi sa publication. Parmi celles-ci, le point qui a principalement retenu l’attention est la question de savoir si cette exhortation a apporté un changement ou un assouplissement dans la discipline (constante) de l’Église concernant l’accès des divorcés remariés aux sacrements de pénitence et d’Eucharistie. Voici comment le Pape Jean-Paul II rappelait cette discipline dans Familiaris consortio:

L’Église, cependant, réaffirme sa discipline, fondée sur l’Écriture Sainte, selon laquelle elle ne peut admettre à la communion eucharistique les divorcés remariés. Ils se sont rendus eux-mêmes incapables d’y être admis car leur état et leur condition de vie est en contradiction objective avec la communion d’amour entre le Christ et l’Église, telle qu’elle s’exprime et est rendue présente dans l’Eucharistie. Il y a par ailleurs un autre motif pastoral particulier: si l’on admettait ces personnes à l’Eucharistie, les fidèles seraient induits en erreur et comprendraient mal la doctrine de l’Église concernant l’indissolubilité du mariage.

La réconciliation par le sacrement de pénitence — qui ouvrirait la voie au sacrement de l’Eucharistie — ne peut être accordée qu’à ceux qui se sont repentis d’avoir violé le signe de l’Alliance et de la fidélité au Christ, et sont sincèrement disposés à une forme de vie qui ne soit plus en contradiction avec l’indissolubilité du mariage. Cela implique concrètement que, lorsque l’homme et la femme ne peuvent pas, pour de graves motifs — par exemple l’éducation des enfants —, remplir l’obligation de la séparation, «ils prennent l’engagement de vivre en complète continence, c’est-à-dire en s’abstenant des actes réservés aux époux». [FC 84; nous soulignons; la même doctrine et la même discipline se retrouvent dans le Catéchisme de l’Église catholique, n. 1650]

En effet, le sixième commandement de Dieu interdit l’adultère (Ex 20, 14; Dt 5, 18); or Jésus enseigne que l’homme qui répudie sa femme (ou la femme qui répudie son mari), et ensuite se remarie, «commet un adultère» (Mt 5, 32; Mt 19, 9; Mc 10, 11-12; Lc 16, 18); car «ce que Dieu a uni, l’homme ne doit point le séparer» (Mt 19, 6; Mc 10, 9).

Les actes intrinsèquement mauvais

Cette vision sous-entend la doctrine des «actes intrinsèquement mauvais», très bien synthétisée au n. 1756 du Catéchisme de l’Église catholique:

Il est donc erroné de juger de la moralité des actes humains en ne considérant que l’intention qui les inspire, ou les circonstances (milieu, pression sociale, contrainte ou nécessité d’agir, etc.) qui en sont le cadre. Il y a des actes qui par eux-mêmes et en eux-mêmes [donc intrinsèquement], indépendamment des circonstances et des intentions, sont toujours gravement illicites en raison de leur objet; ainsi le blasphème [2e commandement] et le parjure [8e commandement], l’homicide [5e commandement] et l’adultère [6e commandement]. Il n’est pas permis de faire le mal pour qu’il en résulte un bien. [CEC 1756; nous soulignons]

Les actes intrinsèquement mauvais sont interdits par les commandements ou préceptes moraux de la loi divine (naturelle et révélée) formulés de manière négative (par exemple «Tu ne tueras pas» ou «Tu ne commettras pas d’adultère»). Peu de temps après la publication du Catéchisme de l’Église catholique (CEC) (11 octobre 1992), le Pape Jean-Paul II a voulu aborder «quelques questions fondamentales de l’enseignement moral de l’Église», dans sa lettre encyclique Veritatis splendor (VS) (6 août 1993). Il y réitère fortement l’enseignement sur les actes intrinsèquement mauvais (cf. VS 79-83), face à certaines interprétations théologiques ou théories éthiques inconciliables avec la «saine doctrine» (2 Tm 3, 4), telles que le conséquentialisme, le proportionnalisme et le téléologisme (ou tout autre théorie éthique de la situation, influencée par les courants subjectivistes, relativistes, positivistes, pragmatistes et utilitaristes).

Chacun de nous sait l’importance de la doctrine qui constitue l’essentiel de l’enseignement de la présente encyclique et qui est rappelée aujourd’hui avec l’autorité du Successeur de Pierre. Chacun de nous peut mesurer la gravité de ce qui est en cause, non seulement pour les individus, mais encore pour la société entière, avec la réaffirmation de l’universalité et de l’immutabilité des commandements moraux, et en particulier de ceux qui proscrivent toujours et sans exception les actes intrinsèquement mauvais. [VS 115; souligné dans le texte]

De ce fait, sans aucunement nier l’influence que les circonstances, et surtout les intentions, exercent sur la moralité, l’Église enseigne «qu’il y a des actes qui, par eux-mêmes et en eux-mêmes, indépendamment des circonstances, sont toujours gravement illicites, en raison de leur objet» [citation de Reconciliatio et paenitentia, n. 17]. [VS 80]

Cette encyclique a viscéralement (pour ne pas dire «intrinsèquement») déplu aux prêtres, aux évêques et aux théologiens catholiques à la vision protestantisée, lesquels promeuvent à l’intérieur de l’Église «des thèses incompatibles avec la doctrine catholique» (VS 37).[2] Le chapitre 8 d’Amoris laetitia (le chapitre controversé) s’intitule «Accompagner, discerner et intégrer la fragilité». Ce chapitre accorde une grande importance aux «conditionnements» et aux «circonstances atténuantes», lesquelles peuvent effectivement, selon le Catéchisme,[3] diminuer (ou atténuer), voire même supprimer (ou excuser), l’imputabilité ou responsabilité d’une action, et donc influer sur le degré de culpabilité subjective de la personne. Cependant, Amoris laetitia pèche par omission en faisant abstraction de la doctrine des «actes intrinsèquement mauvais», ce qui aurait été de mise dans un chapitre qui traite des «circonstances atténuantes». Pour un chapitre qui s’occupe de questions relevant de la morale fondamentale, il est troublant, mais aussi révélateur, qu’aucune citation ou mention n’y soit faite de l’encyclique Veritatis splendor. Se pourrait-il que les références à Jean-Paul II, dans Amoris laetitia, aient été faites de manière sélective, le document accusant une certaine forme d’«autoréférentialité»?

Une nouvelle approche pastorale fondée sur les circonstances atténuantes?

De plus, Amoris laetitia entend orienter l’Église vers de «nouveaux chemins pastoraux» (AL 199), pour les familles en général, et en particulier pour les couples en situation dite «irrégulière».

[Amoris laetitia met toujours l’adjectif «irrégulière» entre guillemets et le fait précéder de «dite», comme pour relativiser l’«irrégularité» de ladite situation; Familiaris consortio dit simplement «situation irrégulière» (sans les guillemets).]

Il faut seulement un nouvel [??] encouragement au discernement responsable personnel et pastoral des cas particuliers, qui devrait reconnaître que, étant donné que «le degré de responsabilité n’est pas le même dans tous les cas» [Relatio finalis 2015, n. 84; cf. AL 79 citant Relatio finalis 2015, n. 51], les conséquences ou les effets d’une norme ne doivent pas nécessairement être toujours les mêmes. [En cet endroit, la note 336 ajoute: «Pas davantage en ce qui concerne la discipline sacramentelle, étant donné que le discernement peut reconnaître que dans une situation particulière il n’y a pas de faute grave.»] [AL 300]

L’Église a une solide réflexion sur les conditionnements et les circonstances atténuantes. Par conséquent, il n’est plus [??] possible de dire que tous ceux qui se trouvent dans une certaine situation dite «irrégulière» vivent dans une situation de péché mortel, privés de la grâce sanctifiante. [AL 301]

À cause des conditionnements ou des facteurs atténuants, il est possible que, dans une situation objective de péché — qui n’est pas subjectivement imputable ou qui ne l’est pas pleinement — l’on puisse vivre dans la grâce de Dieu, qu’on puisse aimer, et qu’on puisse également grandir dans la vie de la grâce et dans la charité, en recevant à cet effet l’aide de l’Église. [C’est ici que la fameuse note 351 ajoute: «Dans certains cas, il peut s’agir aussi de l’aide des sacrements.»] [AL 305]

Amoris laetitia fait erreur lorsqu’elle affirme que «le discernement peut reconnaître que dans une situation particulière [c’est-à-dire, rappelons-le, dans le cadre d’un acte intrinsèquement mauvais dont la matière est grave] il n’y a pas de faute grave». Seul Dieu (et non la conscience même éclairée et formée, encore moins le prêtre qui accompagne l’âme) peut évaluer et juger le degré de responsabilité subjective de la personne. Nous lisons dans Veritatis splendor:

Du reste, chacun connaît la difficulté — ou mieux l’impossibilité — d’apprécier toutes les conséquences et tous les effets bons ou mauvais — dits pré-moraux — de ses propres actes: faire un calcul rationnel exhaustif n’est pas possible. Comment faire alors pour établir des proportions qui dépendent d’une évaluation dont les critères restent obscurs? De quelle manière pourrait se justifier une obligation absolue sur des calculs aussi discutables? [VS 77][4]

Une phrase du Concile Vatican II apporte une ultérieure confirmation en ce sens:

Dieu seul juge et scrute les coeurs; il nous interdit donc de juger de la culpabilité interne de quiconque. [constitution pastorale Gaudium et spes, n. 28; une note réfère aux passages néo-testamentaires suivants: Lc 6, 37-38; Mt 7, 1-2; Rm 2, 1-11; Rm 14, 10-12; nous pourrions rajouter 1 Co 4, 3-5, où saint Paul dit qu’il ne se juge pas lui-même]

[À propos de la «certitude de la grâce»: le Concile de Trente a rejeté la «certitude de foi» ou «certitude intellectuelle» (absolue) concernant l’état de grâce d’une personne (soi-même ou les autres), mais non la «certitude morale» (relative) (si nous n’avons pas commis d’actes intrinsèquement mauvais après le baptême ou si, après en avoir commis, nous les avons soumis à la confession). Cf. DS 1533-1534, 1540-1541. De son côté, François parle d’une «certaine assurance morale» (AL 303), «dans certains cas» en raison des circonstances atténuantes, d’être en état de grâce (subjectivement) même après avoir commis un acte intrinsèquement et gravement mauvais, c’est-à-dire un péché de matière grave ou péché mortel objectif, et ce, sans l’avoir soumis à la confession et sans suggérer de le soumettre à la confession.

Le 24 février 1431, les juges iniques de Jeanne d’Arc lui ont posé une question-piège en lui demandant si elle se savait «en la grâce de Dieu». La Pucelle répondit: «Si je n’y suis, Dieu m’y veuille mettre; et si j’y suis, Dieu m’y veuille tenir. Je serais la plus dolente du monde si je savais n’être pas en la grâce de Dieu.» Alors même qu’elle ne pense pas «avoir fait oeuvres de péché mortel» (1ermars 1431) (certitude morale relative), elle croit qu’«on ne sait trop nettoyer sa conscience [par la confession]» (14 mars 1431). Si Jeanne est d’une telle prudence sur son propre état de grâce, alors que nous reconnaissons sa pureté de vie, sur quelle base solide pourrait-on fonder l’absence de culpabilité grave (subjectivement), lorsque des actes intrinsèquement mauvais ont été commis (objectivement)? Seul Dieu peut «mesurer» une telle chose. Il est très imprudent, en réalité fallacieux, de prétendre arriver à une «certaine assurance morale» d’être en état de grâce, après avoir commis des actes intrinsèquement, gravement et objectivement mauvais, quels que soient les intentions, les circonstances, les conséquences, les conditionnements et autres facteurs atténuants, au point de se sentir exonéré du devoir de la confession.]

Aussi, la personne qui prend conscience d’avoir commis un péché de matière grave, doit-elle simplement soumettre ce péché à la confession, en laissant à Dieu de juger de la part subjective de sa culpabilité. De cette manière, nous lavons nos robes et nous les blanchissons «dans le sang de l’Agneau» (Ap 7, 14), «nous nettoyons notre conscience», cette «lampe du corps» (Mt 6, 22; Lc 11, 34), parce que nous acceptons et nous gardons «les commandements de Dieu» et nous possédons «le témoignage de Jésus», en qui nous mettons notre «foi» (Ap 12, 17; Ap 14, 12).

Vers un assouplissement de la discipline sacramentelle?

En lien avec la discipline ecclésiale qui régit l’accès des divorcés remariés aux sacrements de pénitence et d’Eucharistie, la note 329 d’Amoris laetitia affirme:

Dans ces situations [fortement conditionnées], connaissant et acceptant la possibilité de cohabiter «comme frère et soeur» que l’Église leur offre, beaucoup soulignent que s’il manque certaines manifestations d’intimité «la fidélité peut courir des risques et le bien des enfants être compromis» [citation de Gaudium et spes, n. 51]. [AL 298, note 329; nous soulignons]

Le Concile Vatican II reconnaît les difficultés encourues par les couples dûment mariés, face à certaines conditions de vie «où il ne leur est pas possible, au moins pour un temps, d’accroître le nombre de leurs enfants». Dans ce contexte, lorsque «l’intimité conjugale est interrompue, la fidélité peut courir des risques et le bien des enfants être compromis». Pour autant, l’Église désapprouve les solutions (coït interrompu, contraception, stérilisation directe) qui court-circuitent la signification procréative de l’acte conjugal, et par le fait même la signification unitive de donation totale et réciproque. Humanae vitae et Familiaris consortio encourageront les méthodes naturelles de régulation de la fertilité, qui impliquent une abstinence périodique et l’exercice de la vertu de chasteté conjugale.

Par une analogie boîteuse, la note 329 d’Amoris laetitia transpose sur les couples divorcés remariés les difficultés encourues «s’il manque certaines manifestations d’intimité» (qu’il faut comprendre de type conjugal). De plus, cette même note considère l’engagement (donc l’acceptation) de vivre en complète continence (nonobstant les difficultés ou les chutes prévisibles) comme une «possibilité», alors qu’il s’agit d’une «nécessité» pour permettre aux divorcés remariés d’accéder à l’Eucharistie. Le document parle également de l’«idéal chrétien» (AL 297), l’«idéal objectif» (AL 303), l’«idéal complet du mariage» et l’«idéal dans son intégralité» (AL 307), ou encore l’«idéal évangélique» et l’«idéal complet de l’évangile» (AL 308). Ce que François appelle l’«idéal objectif» est en fait le «minimum objectif» pour être en état de grâce (c’est-à-dire pour pouvoir entrer dans les premières demeures du château de l’âme), et donc pour être en état de recevoir la communion.[5] Le mot «idéal» est très prisé dans le document (il apparaît en tout 20 fois, dont 9 dans le seul chapitre 8), alors que Jean-Paul II l’utilise seulement deux fois dans Veritatis splendor, dont le passage suivant:

Ce serait une très grave erreur que d’en conclure que la règle enseignée par l’Église est en elle-même seulement un «idéal» qui doit ensuite être adapté, proportionné, gradué, en fonction, dit-on, des possibilités concrètes de l’homme, selon un «équilibrage des divers biens en question». /…/ Le commandement de Dieu est certainement proportionné aux capacités de l’homme, mais aux capacités de l’homme auquel est donné l’Esprit Saint, de l’homme qui, s’il est tombé dans le péché, peut toujours obtenir le pardon et jouir de la présence de l’Esprit. [VS 103; nous soulignons; ce texte provient d’un discours, cité par l’encyclique, de Jean-Paul II aux participants à un cours sur la procréation responsable (1er mars 1984)]

Parlant de «l’itinéraire moral des époux» et de la «grande importance d’avoir une conception droite de l’ordre moral, de ses valeurs et de ses normes», Jean-Paul II allait dans le même sens dans Familiaris consortio, où le mot «idéal» n’apparaît que trois fois, dont le passage suivant:

Ils [les époux] ne peuvent toutefois considérer la loi comme un simple idéal à atteindre dans le futur, mais ils doivent la regarder comme un commandement du Christ Seigneur leur enjoignant de surmonter sérieusement les obstacles. «C’est pourquoi ce qu’on appelle la “loi de gradualité” ou voie graduelle ne peut s’identifier à la “gradualité de la loi”, comme s’il y avait, dans la loi divine, des degrés et des formes de préceptes différents selon les personnes et les situations diverses. Tous les époux sont appelés à la sainteté dans le mariage, selon la volonté de Dieu, et cette vocation se réalise dans la mesure où la personne humaine est capable de répondre au précepte divin, animée d’une confiance sereine en la grâce divine et en sa propre volonté.» De même il appartient à la pédagogie de l’Église de faire en sorte que, avant tout, les conjoints reconnaissent clairement la doctrine d’Humanae vitae comme norme pour l’exercice de la sexualité et s’attachent sincèrement à établir les conditions nécessaires à son observation. [FC 34; nous soulignons]

Et lorsque la faiblesse humaine entraîne une chute (selon l’adage «tomber c’est humain, se relever c’est divin»), la réconciliation par le sacrement de pénitence, pour reprendre les mots de Familiaris consortio, «ne peut être accordée qu’à ceux qui se sont repentis d’avoir violé le signe de l’Alliance et de la fidélité au Christ» (FC 84). Mais Amoris laetitia, sur la base d’un discernement subjectif (de fait impossible) de l’imputabilité, entend autoriser, «dans certains cas» (note 351), l’accès à la communion eucharistique pour des divorcés remariés qui vivent comme mari et femme (more uxorio), et non comme frère et soeur, ou comme amis. Le document de François affirme alors que cet état d’adultère (qui inclut des actes normalement réservés aux époux mais considérés comme intrinsèquement mauvais, et donc interdits, en dehors du mariage) est

pour le moment, la réponse généreuse qu’on peut donner à Dieu, et découvrir avec une certaine assurance morale que cette réponse est le don de soi que Dieu lui-même demande au milieu de la complexité concrète des limitations, même si elle n’atteint pas encore pleinement l’idéal objectif. [AL 303]

Il y a de quoi sourciller ici! Nous avons déjà établi qu’il est impossible de discerner l’imputabilité subjective. Pour François, nous pourrions en arriver à avoir «une certaine assurance morale» que des actes d’adultère (dont l’imputabilité objective est indiscutable, et malgré leur statut d’actes intrinsèquement mauvais selon l’enseignement biblique) pourraient être, «dans certains cas», une «réponse généreuse» et un «don de soi» voulu ou demandé par Dieu. Il est redit plus loin que ces actes pourraient faire partie des «chemins possibles de réponse à Dieu et de croissance au milieu des limitations» (AL 305). Qui plus est, l’exhortation va jusqu’à laisser entendre que, toujours en cet état d’adultère, un sujet

peut se trouver dans des conditions concrètes qui ne lui permettent pas d’agir différemment et de prendre d’autres décisions sans une nouvelle faute [!!]. [AL 301; nous soulignons]

Précédemment, on faisait état de la

grande difficulté à faire marche arrière [face à cet état d’adultère] sans sentir en conscience qu’on commet de nouvelles fautes [!!]. [AL 298; nous soulignons]

Comme si l’obéissance aux commandements de Dieu pouvait entraîner à pécher par quelque autre manière! Est-ce à dire qu’un acte intrinsèquement et irrémédiablement mauvais pourraient alors, face à certains «conditionnements» ou certaines «circonstances atténuantes», se transformer en un acte subjectivement bon, ou même objectivement bon (car voulu ou demandé par Dieu)? Pourtant, après avoir cité saint Augustin sur l’absurdité du concept de «péché justifié», Jean-Paul II enseigne:

De ce fait, les circonstances ou les intentions ne pourront jamais transformer un acte intrinsèquement malhonnête de par son objet en un acte «subjectivement» honnête ou défendable comme choix. [VS 81]

Le mal commis à cause d’une ignorance invincible ou d’une erreur de jugement non coupable peut ne pas être imputable à la personne qui le commet; mais, même dans ce cas, il n’en demeure pas moins un mal, un désordre par rapport à la vérité sur le bien. En outre, le bien non reconnu ne contribue pas à la progression morale de la personne qui l’accomplit: il ne lui confère aucune perfection et ne l’aide pas à se tourner vers le Bien suprême. Ainsi, avant de nous sentir facilement justifiés au nom de notre conscience, nous devrions méditer la parole du Psaume: «Qui s’avise de ses faux pas? Purifie-moi du mal caché.» (Ps 19[18], 13) Il y a des fautes que nous ne parvenons pas à voir et qui n’en demeurent pas moins des fautes, parce que nous avons refusé de nous tourner vers la lumière (cf. Jn 9, 39-41). [VS 63]

Ainsi, dans toutes ces situations (irrégulières ou d’adultère) fortement conditionnées, Amoris laetitia n’encourage pas d’accepter «l’engagement de vivre en complète continence», de fournir des efforts dans ce sens et, le cas échéant, de confesser les chutes pontuelles. Au contraire, elle sous-entend l’impossibilité, «dans certains cas» présentés comme des «exceptions», de se conformer aux commandements de Dieu. Mais cela va à l’encontre des enseignements du Concile de Trente,[6] rappelés par Jean-Paul II dans Veritatis splendor:

Dans certaines situations, l’observation de la Loi de Dieu peut être difficile, très difficile, elle n’est cependant jamais impossible. C’est là un enseignement constant de la tradition de l’Église que le Concile de Trente exprime ainsi: «Personne, même justifié [par la grâce], ne doit se croire affranchi de l’observation des commandements. Personne ne doit user de cette formule téméraire et interdite sous peine d’anathème par les saints Pères que l’observation des commandements divins est impossible à l’homme justifié. “Car Dieu ne commande pas de choses impossibles, mais en commandant il t’invite à faire ce que tu peux et à demander ce que tu ne peux pas” [citation célèbre de saint Augustin, De natura et gratia] et il t’aide à pouvoir [entre autres par la confession]. “Ses commandements ne sont pas pesants” (1 Jn 5, 3), “son joug est doux et son fardeau léger” (cf. Mt 11, 30).» [VS 102]

Réactions diverses parmi l’épiscopat mondial

Dès le 27 juillet 2016, l’épiscopat polonais s’est prononcé en faveur du maintien de la discipline rappelée dans Familiaris consortio, et non en faveur des jalons posés par François dans Amoris laetitia vers un assouplissement de cette discipline. Le 5 septembre 2016, les évêques de la région de Buenos Aires adoptèrent une interprétation et une application d’Amoris laetitia dans le sens de l’assouplissement. François leur répondit le même jour en les félicitant de leur lettre et en leur confirmant qu’«il n’y a pas d’autre interprétation»:

Je vous remercie de me l’avoir envoyée; et je vous félicite pour le travail accompli: véritable exemple d’accompagnement des prêtres… et nous savons tous combien est nécessaire cette proximité de l’évêque auprès de son clergé et du clergé auprès de son évêque.

Le prochain «le plus proche» de l’évêque est le prêtre, et le commandement d’aimer son prochain comme soi-même doit s’appliquer en premier lieu à nous, évêques, précisément vis-à-vis de nos prêtres.

Cette lettre convient tout à fait. Elle explicite pleinement le sens du chapitre VIII d’Amoris laetitia. Il n’y a pas d’autre interprétation. Et je suis sûr qu’elle fera beaucoup de bien. Que le Seigneur vous accorde ses faveurs pour cet effort de charité pastorale. [nous soulignons]

[Cet échange de lettres figure dans La Documentation catholique (DC). Pour lire le texte intégral des références de la DC que je mets en cet article, cliquer d’abord sur le lien, ensuite ouvrir ou télécharger le texte intégral en mode pdf, en allant cliquer sur le bouton contenant le lettres «PDF».]

Par la suite, François fera publier cet échange de lettres sur le site web du Vatican et dans les Acta Apostolicae Sedis (AAS), le journal officiel du Saint-Siège: AAS 108 (2016) 1071-1074; cf. l’article suivant de LifeSiteNews. Un rescrit daté du 5 juin 2017 et signé du Cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, confirme la volonté de François d’élever cet échange de lettres au rang de «Magistère authentique». Il s’agit donc d’une tentative de «magistérialiser» un texte pourtant en contradiction… avec le Magistère! Mais François se contredit lui-même, car il écrivait au tout début d’Amoris laetitia:

/…/ je voudrais réaffirmer que tous les débats doctrinaux, moraux ou pastoraux ne doivent pas être tranchés par des interventions magistérielles [mais François tient quand même à «magistérialiser» un échange de lettres]. Bien entendu, dans l’Église une unité de doctrine et de praxis est nécessaire [bien oui, surtout pour des questions comme l’indissolubilité du mariage], mais cela n’empêche pas que subsistent différentes interprétations de certains aspects de la doctrine ou certaines conclusions qui en dérivent [comme les droits d’accès à la communion «dans certains cas»??]. /…/ En outre, dans chaque pays ou région, peuvent être cherchées des solutions plus inculturées, attentives aux traditions et aux défis locaux. /…/ [AL 3; nous soulignons]

[François conclut ce paragraphe en se citant lui-même, à l’effet que «chaque principe général», étant donné la grande diversité des cultures, «a besoin d’être inculturé, s’il veut être observé et appliqué».]

Les ambiguïtés graves qui caractérisent Amoris laetitia, sans compter d’autres aspects du pontificat de François en général, ont poussé quatre cardinaux courageux à poser cinq dubia (mot latin: doutes, questions),[7] dans une lettre datée du 19 septembre 2016, afin de clarifier ce document à la lumière de Familiaris consortio et de Veritatis splendor. Il s’agit de Carlo Caffarra, Raymond Burke, Walter Brandmüller et Joachim Meisner.[8] Leur lettre, adressée au Pape François et au Cardinal Gerhard L. Müller (alors préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi), est demeurée sans réponse. Les quatre «cardinaux dubia» ont donc décidé de la rendre publique à travers le National Catholic Register, le plus ancien journal catholique des États-Unis, dans son édition du 14 novembre 2016, ainsi que sur le blog du journaliste italien Sandro Magister (disponible en quatre langues: italien, anglais, français, espagnol). Se voyant toujours ignorés par le Saint-Siège, ils ont envoyé une seconde lettre le 25 avril 2017, afin de demander une audience privée avec François. Outre la clarification sur les dubia, ils voulaient s’entretenir avec le Saint-Père sur la «situation de confusion et de désorientation, spécialement parmi les pasteurs des âmes, à commencer par les curés de paroisse». De nouveau, ils ont rendu publique cette lettre dans l’édition du 19 juin 2017 du même journal (cliquer sur le lien pour la version italienne et la version française). En voici un extrait important:

Un an a donc passé depuis la publication d’Amoris laetitia. Pendant ce laps de temps, des interprétations de certains passages objectivement ambigus de l’exhortation post-synodale ont été publiquement données, qui ne sont pas divergentes par rapport au magistère permanent de l’Église, mais qui lui sont contraires. Malgré le fait que le Préfet de la Doctrine de la Foi a déclaré de manière répétée que la doctrine de l’Église n’a pas changé, de nombreuses déclarations ont paru, de la part d’évêques individuels, de cardinaux et même de conférences épiscopales, approuvant ce que le magistère de l’Église n’a jamais approuvé. Il ne s’agit pas seulement de l’accès à la Sainte Eucharistie pour ceux qui vivent objectivement et publiquement dans un état de péché grave, et qui ont l’intention d’y demeurer, mais aussi une conception de la conscience morale qui est contraire à la tradition de l’Église. Et donc il advient — combien douloureux est-il de le constater! — que ce qui est péché en Pologne est bon en Allemagne, que ce qui est interdit dans l’archidiocèse de Philadelphie est licite à Malte.

Le souverain pontife catholique maintiendra son silence et son indifference. Si «le prochain “le plus proche” de l’évêque est le prêtre», ne pourrait-on pas dire que le prochain «le plus proche» du pape est un frère cardinal? Une critique constructive et loyale, ouverte à un dialogue franc et respectueux, ne mérite-t-elle pas une réponse animée des mêmes dispositions?

Lors de récentes entrevues, le journaliste italien Vittorio Messori, qui interviewa le Pape Jean-Paul II dans le livre Entrez dans l’espérance (1994, 25e anniversaire en 2019), déplore la confusion actuelle dans l’Église catholique. Il va jusqu’à dire de François qu’il est «le premier pape qui souvent semble donner de l’Évangile une lecture qui ne suit pas la tradition», qu’il en arrive à «toucher la doctrine» plutôt que de la «défendre».[9] Il a également confié que beaucoup d’évêques, y compris des cardinaux, lui ont exprimé en privé leur désaccord face à certaines positions de François, mais qu’ils ont peur de s’exprimer publiquement (cette crainte augmente s’ils sont encore officiellement en fonction). Malgré que François souhaite une «Église de la miséricorde», une «Église du dialogue ouvert et loyal», «ceux qui commandent ne tolèrent aucune voix critique» («chi comanda è insofferente ad ogni voce critica»), fusse une critique respectueuse et constructive, fondée dans la vérité. Il y a donc «des raisons de s’alarmer». Cf. l’article suivant de LifeSiteNews. Même au niveau ecclésial, il est possible d’exercer une forme de dictature spirituelle et de mondanité spirituelle, se rattachant à la plus insidieuse des concupiscences: l’orgueil de la vie (1 Jn 2, 16).

LifeSiteNews a établi une liste des évêques et cardinaux qui se sont publiquement affichés en faveur ou en défaveur de l’intervention des quatre cardinaux dubia. Parmi les prélats favorables aux dubia, soulignons la présence de cinq cardinaux: Joseph Zen, Wim Eijk, Renato Raffaele Martino, Paul Josef Cordes, George Pell.[10] Parmi la douzaine de cardinaux qui se sont exprimés défavorablement par rapport aux dubia, le Cardinal Cláudio Hummes (préfet émérite de la Congrétation pour le clergé) s’est ainsi targué: «Nous sommes 200 [cardinaux électeurs et non-électeurs], ils ne sont que quatre.»[11] Il les accusa de favoriser un schisme. À son retour de Madagascar, lors de la conférence de presse dans l’avion (10 septembre 2019), François a dit: «Je n’ai pas peur des schismes.» L’unité dans la diversité, que François compare à un «magnifique polyèdre» (AL 4), ne peut se faire au détriment de la vérité. Il faut donc se poser la question: qui a raison, François ou les dubia?

Le chancelier (saint) Thomas More et le Cardinal (saint) John Fisher «n’étaient que deux» devant le Roi Henry VIII, dont ils refusaient de reconnaître le divorce. Ils sont tous les deux unis dans le martyre, symbolisé par la pourpre cardinalice, pour leur fidélité à la doctrine du Christ sur l’indissolubilité du mariage et la suprématie spirituelle du pape sur le roi.[12] Ils sont célébrés ensemble liturgiquement le 22 juin.

Le Cardinal Hummes est un partisan de l’assouplissement de la discipline du célibat sacerdotal, l’un des enjeux de la récente Assemblée spéciale du Synode des Évêques pour la région pan-amazonienne (6 au 27 octobre 2019). François déjà laissait peut-être entendre une ouverture en ce sens lorsqu’il écrivait dans Amoris laetitia:

Dans les réponses aux questionnaires envoyés partout dans le monde, il a été souligné qu’il manque souvent aux ministres ordonnés la formation adéquate pour traiter les problèmes complexes actuels des familles. De même, l’expérience de la vaste tradition orientale des prêtres mariés pourrait être utile. [AL 202]

Autre thème actuellement très débattu: la possibilité d’instaurer une forme de diaconat féminin. Nous verrons bien qu’elle orientation l’Église catholique (ou l’Église de Laodicée gouvernée par DE MEDIETATE LUNAE) donnera à ces différentes questions.

L’importance du célibat sacerdotal a été fortement confirmée par les souverains pontifes désignées sous la devise PASTOR ET NAUTA,[13] de même que par FLOS FLORUM, Mère Paul-Marie en ses écrits (VA III, 158-159; VA VIII, 344) ou la Dame de tous les Peuples en ses messages.[14]

Parmi les hauts prélats en fonction au Vatican, certains ont cherché à interpréter Amoris laetitia en continuité avec le Magistère des papes précédents. C’est le cas du Cardinal Gerhard Ludwig Müller (qui était alors le préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi) et du Cardinal Marc Ouellet (préfet de la Congrégation pour les Évêques). Pour sa part, le Cardinal Robert Sarah (préfet de la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements) s’est contenté de rappeler la perennité de l’enseignement catholique, sans aborder directement la controverse d’Amoris laetitia. De son côté, le pape émérite Benoît XVI, l’ancien Cardinal Joseph Ratzinger qui fut le préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (1981-2005) et le Doyen du Collège des cardinaux (2002-2005), garde le silence et ne se prononce pas.

Sur le site de La Documentation catholique, on peut trouver des réflexions sur cette exhortation. Relevons l’intervention du Cardinal Christoph Schönborn (8 avril 2016), lors de la présentation officielle en Salle de presse du Saint-Siège, celle de Monseigneur Vincenzo Paglia (5 mai 2016) et celle de Monseigneur Paul-André Durocher (avril 2016). Pour le Cardinal Schönborn, François «parle de la famille avec une clarté que l’on trouve difficilement dans les documents magistériels de l’Église». «Quelque chose a changé dans le discours ecclésial», ajoute-t-il. Monseigneur Paglia voit dans Amoris laetitia un document «précieux, innovateur et irrésistible», qui appelle à «un nouveau “modèle d’Église”» et «un nouveau style ecclésial», «dans ces temps de grand changement». Au yeux de Monseigneur Durocher, l’exhortation «entend rappeler avec force non “l’idéal” de la famille, mais sa réalité riche et complexe», insistant sur «le caractère concret» et parlant «le langage de l’expérience».

Le Pape Jean-Paul II nous avait déjà mis en garde contre un «double statut de la vérité morale», entraînant une sorte de dichotomie entre le niveau «doctrinal-abstrait» et le niveau «existentiel-concret».

Pour justifier de telles positions, certains ont proposé une sorte de double statut de la vérité morale. En plus du niveau doctrinal et abstrait, il faudrait reconnaître l’originalité d’une certaine considération existentielle plus concrète. Celle-ci, compte tenu des circonstances et de la situation, pourrait légitimement fonder des exceptions à la règle générale et permettre ainsi d’accomplir pratiquement, avec une bonne conscience, ce que la loi morale qualifie d’intrinsèquement mauvais. Ainsi s’instaure dans certains cas une séparation, voire une opposition, entre la doctrine du précepte valable en général et la norme de la conscience de chacun, qui déciderait effectivement, en dernière instance, du bien et du mal. Sur ce fondement, on prétend établir la légitimité de solutions prétendument «pastorales», contraires aux enseignements du Magistère, et justifier une herméneutique «créatrice», d’après laquelle la conscience morale ne serait nullement obligée, dans tous les cas, par un précepte négatif particulier. [VS 56]

Le Cardinal Ouellet a fait deux discours sur Amoris laetitia, lors de l’Assemblée plénière des évêques catholiques du Canada qui s’est tenue du 25 au 29 septembre 2017, à Cornwall, Ontario. Selon lui, l’exhortation propose une «nouvelle méthode pastorale» qui implique une «conversion pastorale» (souhaitée par François chez les prêtres) en vue de changer «la mentalité pastorale». Le prélat canadien parle d’une «plus grande flexibilité pastorale» et d’une application «plus souple» de la discipline sacramentelle «toujours valide». Le «progrès» et la «nouveauté» d’Amoris laetitia consisterait

à fournir des points de repère pour mesurer [??] les circonstances atténuantes qui diminuent l’imputabilité subjective d’un état objectif de péché et donc lèvent un obstacle à la vie sacramentelle. [nous soulignons]

L’ancien archevêque de Québec et primat du Canada reconnaît qu’il est «beaucoup plus difficile» de mesurer le degré d’imputabilité subjective, et pour cause! Nous avons plutôt établi qu’il était de fait «impossible» de faire une telle évaluation. De manière quelque peu contradictoire, le Cardinal Ouellet met en garde contre «le danger que “l’exception devienne la règle”», en multipliant «inconsidérément les “exceptions”»; mais il affirme plus loin que «ce qui est neuf» (dans Amoris laetitia), «c’est l’élargissement des cas d’exceptions», même si l’exhortation ne donne pas de «réponse claire et précise» sur ceux-ci pour ne pas tomber dans la casuistique (où sont donc les points de repères?). L’éminent prélat cherche à minimiser l’importance de l’«incertitude doctrinale» ou de la «confusion pastorale» que certains voient dans Amoris laetitia, mais il finit lui-même par être redondant et ardu de compréhension, même pour l’esprit intellectuellement formé de l’humble prêtre-pasteur-théologien que je suis. Son deuxième discours, particulièrement laborieux, sent même le besoin de commencer par les mots: «Doit-on s’inquiéter…?» Dans son premier discours, le Cardinal repousse «toute interprétation alarmiste dénonçant un bris de continuité avec la tradition, ou bien laxiste /…/». Sans doute une coïncidence sans importance et non alarmante, un article sur le web rapporte qu’à la toute fin de ce discours, «une alarme d’incendie — un exercice, a-t-on expliqué — a brièvement retenti» dans la salle de conférence du Centre Nav.

Le manque de clarté dans un document pontifical m’apparaît déjà comme un sérieux échec en soi, a fortiori sur un sujet aussi important que la famille. J’incline à penser que les ambiguïtés d’Amoris laetitia ont toutes été savamment calculées, devenant un parfait exemple de cet «art de l’ambivalence» que j’ai dénoncé dans Le Secret de Marie (chapitre 1, note 5):

Le Pape que nous ferons élire, sera un homme possédant l’art de l’ambivalence. Par exemple, il désapprouvera en paroles les soi-disant abus des Modernistes, tandis qu’il les approuvera par ses actes.

La logique de la miséricorde pastorale… mais jamais au détriment de la vérité

François promeut «la logique de la miséricorde pastorale» (AL 307), «la logique de la compassion» (AL 308), ou encore «la logique de l’intégration» (AL 299), «la logique de l’accueil miséricordieux et de l’intégration» (AL 47). Il invite à ne pas croire que «tout est blanc ou noir», impliquant que la pastorale doive se mouvoir dans une zone grise. Usant de ses expressions métaphoriques coutumières, il écrit:

Je comprends ceux qui préfèrent une pastorale plus rigide qui ne prête à aucune confusion. Mais je crois sincèrement que Jésus Christ veut une Église attentive au bien que l’Esprit répand au milieu de la fragilité: une Mère qui, en même temps qu’elle exprime clairement son enseignement objectif, «ne renonce pas au bien possible, même [si elle] court le risque de se salir avec la boue de la route» [citation de Evangelii gaudium, n. 45]. [AL 308]

Jean-Paul II explique dans Veritatis splendor que «la vraie compréhension» et «la compassion naturelle» cherchent le bien véritable et la liberté authentique de la personne. L’amour vrai ne peut donc dissimuler ou affaiblir la vérité morale, d’où la fermeté de l’Église à défendre la doctrine sur la validité universelle et permanente des préceptes qui interdisent les actes intrinsèquement mauvais, une fermeté «maternelle» maintes fois comprise à tort «comme le signe d’une intolérable intransigeance, surtout dans les situations extrêmement complexes et conflictuelles de la vie morale de l’homme et de la société aujourd’hui». Le Saint-Père poursuit:

En même temps, la présentation claire et vigoureuse de la vérité morale ne peut jamais faire abstraction du respect profond et sincère, inspiré par un amour patient et confiant, dont l’homme a toujours besoin au long de son cheminement moral rendu souvent pénible par des difficultés, des faiblesses et des situations douloureuses. L’Église, qui ne peut jamais renoncer au principe «de la vérité et de la cohérence, en vertu duquel [elle] n’accepte pas d’appeler bien ce qui est mal et mal ce qui est bien» [citation de Reconciliatio et paenitentia, n. 34], doit toujours être attentive à ne pas briser le roseau froissé et à ne pas éteindre la mèche qui fume encore (cf. Is 42, 3). [VS 95]

Jean-Paul II cite en cet endroit la lettre encyclique Humanae vitae (25 juillet 1968) de Paul VI:

Ne diminuer en rien la salutaire doctrine du Christ est une forme éminente de charité envers les âmes. Mais cela doit toujours être accompagné de la patience et de la bonté dont le Seigneur lui-même a donné l’exemple en traitant avec les hommes. Venu non pour juger, mais pour sauver (cf. Jn 3, 17), il fut certes intransigeant avec le mal, mais miséricordieux envers les personnes. [Humanae vitae, n. 29]

L’enseignement moral s’adresse à tous les hommes et toutes les femmes, «à parité de droits et de devoirs», sans «privilège» ni «exception» pour personne: «devant les exigences morales, nous sommes tous absolument égaux» (VS 96). Ces exigences constituent «le fondement inébranlable et la garantie solide d’une convivialité humaine juste et pacifique» (VS 96) à tous les niveaux, y compris national et international. Voici un autre très beau passage de Veritatis splendor:

Dans ce contexte se situe une juste ouverture à la miséricorde de Dieu pour le péché de l’homme qui se convertit et à la compréhension envers la faiblesse humaine. Cette compréhension ne signifie jamais que l’on compromet ou que l’on fausse la mesure du bien et du mal pour l’adapter aux circonstances. Tandis qu’est humaine l’attitude de l’homme qui, ayant péché, reconnaît sa faiblesse et demande miséricorde pour sa faute, inacceptable est au contraire l’attitude de celui qui fait de sa faiblesse le critère de la vérité sur le bien, de manière à pouvoir se sentir justifié par lui seul, sans même avoir besoin de recourir à Dieu et à sa miséricorde. Cette dernière attitude corrompt la moralité de toute la société, parce qu’elle enseigne le doute sur l’objectivité de la loi morale en général et le refus du caractère absolu des interdits moraux portant sur des actes humains déterminés, et elle finit par confondre tous les jugements de valeur.

À l’inverse, nous devons recevoir le message qui nous vient de la parabole évangélique du pharisien et du publicain (cf. Lc 18, 9-14). Le publicain pouvait peut-être avoir quelque justification aux péchés qu’il avait commis, de manière à diminuer sa responsabilité. Toutefois ce n’est pas à ces justifications qu’il s’arrête dans sa prière, mais à son indignité devant l’infinie sainteté de Dieu: «Mon Dieu, aie pitié du pécheur que je suis!» (Lc 18, 13). Le pharisien, au contraire, s’est justifié par lui-même, trouvant sans doute une excuse à chacun de ses manquements. Nous sommes ainsi confrontés à deux attitudes différentes de la conscience morale de l’homme de tous les temps. Le publicain nous présente une conscience «pénitente» qui se rend pleinement compte de la fragilité de sa nature et qui voit dans ses manquements, quelles qu’en soient les justifications subjectives, une confirmation du fait qu’il a besoin de rédemption. Le pharisien nous présente une conscience «satisfaite d’elle-même», qui est dans l’illusion de pouvoir observer la loi sans l’aide de la grâce [entre autres par la confession] et à la conviction de ne pas avoir besoin de la miséricorde. [VS 104; nous soulignons]

En bout de ligne, l’une des erreurs majeures d’Amoris laetitia, en lien avec la doctrine des actes intrinsèquement mauvais rappelée par les cardinaux dubia, peut se détecter dans le titre même du chapitre 8: «Accompagner, discerner et intégrer la fragilité» (nous soulignons). Le problème est justement là: il faut aimer (intégrer) le pécheur (la personne), mais il faut abhorrer (désintégrer) le péché (l’acte). Comme disait le Pape saint Paul VI dans son encyclique Humanae vitae, citée par le Pape saint Jean-Paul II dans son encyclique Veritatis splendor, le Seigneur Jésus-Christ «fut certes intransigeant avec le mal, mais miséricordieux envers les personnes» (HV 29; VS 95). J’ai trouvé un passage de Marie-Paule dans Vie d’Amour qui dénonce la «fausse charité» des prêtres qui acceptent non seulement le pécheur (ce qui est bien), mais aussi le péché (ce qui est mal), alors qu’ils «n’acceptent pas Marie dans leur coeur». En effet, tel est le malheureux sort de l’Église schismatique de Pierre, l’Église de Laodicée, d’être gouvernée par les papes schismatiques DE MEDIETATE LUNAE, lesquels, en rejetant la Fille (Marie-Paule), finissent par rejeter la Mère (la Très Sainte Vierge Marie).

Comme ces prêtres tiennent des propos étranges! Ils prêchent l’humanisme, la charité fraternelle qu’ils portent dans une compréhension quasi tacite non seulement au pécheur mais au péché. Nous sommes tous pécheurs et la miséricorde de Dieu s’exerce en tout temps. Mais de là à accepter le péché, c’est différent. Il faut comprendre [selon ces prêtres humanistes] les foyers brisés qui cherchent ailleurs leur bonheur; il faut accepter le prêtre qui se marie en des conditions bien pénibles parfois et qui bouleversent l’optique de grandeur et de beauté vouée au sacerdoce; il faut comprendre les jeunes foyers qui, par égoïsme ou pour d’autres raisons futiles (exception faite, bien sûr de cas spéciaux),[15] éloignent les naissances par des moyens jugés illicites par l’Église. Il faut tout comprendre et tout accepter, sauf le bien qui se fait dans la voie de l’humiliation à l’exemple du Christ. Ceux qui travaillent ainsi peuvent être lapidés…

Fausse charité chez des prêtres qui entraînent les âmes en enfer. Marie de la Salette n’a-t-Elle pas été sévère pour eux?

Ces prêtres qui n’acceptent pas Marie [c’est-à-dire la Mère et la Fille, car les deux ne font qu’une] dans leur coeur ne sauraient comprendre Ses Oeuvres. Comme ils se font rares ceux qui comprennent l’Armée de Marie! [VA X, 156]

La Vierge de La Salette en larmes.png
La Vierge de La Salette en larmes.

C’est dans cet esprit qu’il faut comprendre cette parole de la Dame de tous les Peuples:

«Sachez juger et condamner comme le fit le Seigneur Jésus-Christ.»
[44e vision, 8 décembre 1952]

[«Juger» et «condamner», sans compromis, le mal, le péché, les actes intrinsèquement mauvais; mais dans une attitude de respect, de compréhension, de compassion, de miséricorde, d’indulgence, de patience, de bonté, en un mot d’amour, envers les personnes.]

«À Rome, je lance un nouvel avertissement. Au Saint-Père, je dis: tu es le Lutteur, en ce temps-ci. Veille donc à ce que tes subordonnés soient larges et compréhensifs dans leur ministère et dans leurs jugements. Ce n’est que de cette manière que ce monde pourra être gagné à la foi.» [36e vision, 20 septembre 1951]

«À présent, c’est aux apôtres de ce temps-ci que je m’adresse: Soyez larges. Soyez indulgents. Soyez bons envers les hommes. — Jugez et condamnez à la manière du Seigneur Jésus-Christ. — Comprenez donc de quel temps vous êtes; comprenez donc en quelle sorte de lutte vous êtes engagés.» [43e vision, 5 octobre 1952]

Rappelons les paroles de «l’Amen, le Témoin fidèle et vrai» dans la lettre adressée à «l’Ange [le chef] de l’Église de Laodicée» (Ap 3, 14), une Église «riche» (en oeuvres humanitaires, sociales et écologiques) mais «pauvre» et «aveugle» (sur le plan spirituel et surnaturel):

15Je connais ta conduite: tu n’es ni froid ni chaud — que n’es-tu l’un ou l’autre! — 16ainsi, puisque te voilà tiède, ni chaud ni froid, je vais te vomir de ma bouche. 17Tu t’imagines: me voilà riche, je me suis enrichi et je n’ai besoin de rien; mais tu ne le vois donc pas: c’est toi qui es malheureux, pitoyable, pauvre, aveugle et nu! 18Aussi, suis donc mon conseil [allusion à la confession?]: achète chez moi de l’or purifié au feu pour t’enrichir; des habits blancs pour t’en revêtir et cacher la honte de ta nudité; un collyre enfin pour t’en oindre les yeux et recouvrer la vue. 19Ceux que j’aime, je les semonce et les corrige. [Allusion à Pr 3, 12; peut-on y voir l’annonce prophétique, entre autres, de la «correction filiale» (voir plus bas)?] Allons! Un peu d’ardeur, et repens-toi! 20Voici, je me tiens à la porte et je frappe; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi. [Ne faut-il pas être en état de grâce pour recevoir la communion?] 21Le vainqueur, je lui donnerai de siéger avec moi sur mon trône, comme moi-même, après ma victoire, j’ai siégé avec mon Père sur son trône. 22Celui qui a des oreilles, qu’il entende ce que l’Esprit dit aux Églises. [Ap 3, 15-22]

Une correction filiale ignorée, la subversion des institutions appliquée

D’autres demandes de clarification furent publiées, dont particulièrement la correctio filialis («correction filiale») par un groupe de théologiens clercs et laïcs, datée du 11 août 2017 et rendue publique le 24 septembre suivant. La correctio identifie, de manière non exhaustive, une liste de sept propositions hérétiques favorisées par Amoris laetitia, tout en y décelant et dénonçant l’influence du modernisme et de la pensée de Martin Luther. Antérieurement, le 29 juin 2016, un autre groupe similaire s’adressait aux cardinaux et patriarches de l’Église catholique afin que soient condamnées une liste de 19 propositions (11 considérées comme hérétiques et 8 comme erronées ou fausses) en lien avec Amoris laetitia.[16]

Mentionnons le cas de Joseph Seifert, autrichien, éminent philosophe catholique, qui fut un ami personnel et un étudiant du grand Dietrich von Hildebrand (1889-1977), lequel était considéré par le Pape Pie XII, de manière informelle, comme «un docteur de l’Église du XXe siècle». Le 5 août 2017, le professeur Seifert publia un texte qui voit, dans le seul passage cité plus haut d’Amoris laetitia (AL 303), la menace potentielle de détruire en son entier tout l’édifice de la doctrine morale de l’Église catholique.

Si c’est vraiment ce qu’affirme AL [Amoris laetitia], toute alarme face aux affirmations directes d’AL, concernant les questions de changements de discipline sacramentelle, réfère seulement au sommet d’un iceberg, au faible début d’une avalanche, ou aux premiers bâtiments détruits par une bombe atomique morale et théologique qui menace de détruire tout l’édifice moral des 10 commandements et de l’enseignement moral catholique. [pp. 4-5]

If this is truly what AL [Amoris laetitia] affirms, all alarm over AL’s direct affirmations, regarding matters of changes of sacramental discipline, refer only to the peak of an iceberg, to the weak beginning of an avalanche, or to the first few buildings destroyed by a moral theological atomic bomb that threatens to tear down the whole moral edifice of the 10 commandments and of Catholic Moral Teaching. [pp. 4-5]

Cela lui a valu d’être renvoyé de sa chaire d’enseignement à l’Académie internationale de Philosophie, par l’archevêque de Grenade, en Espagne, Monseigneur Francisco Javier Martínez Fernández.[17] Cette rétrogradation eut lieu le 31 août 2017, jour où l’on célébre liturgiquement saint Aristide, philosophe à Athènes (IIe siècle).

Au mois d’août 2016, Monseigneur Vincenzo Paglia fut nommé par François président de l’Académie pontificale pour la Vie et grand chancelier de l’Institut pontifical Jean-Paul II. Il était le président du Conseil pontifical pour la Famille, supprimé le 1er septembre 2016 au profit du nouveau «dicastère pour les laïcs, la famille et la vie». De nouveaux statuts furent approuvés pour l’Académie le 18 octobre 2016 et pour l’Institut en juillet 2019. La refonte de ces institutions, en vue de favoriser l’application d’Amoris laetitia,[18] donna lieu à la suspension des membres ou des professeurs, dont plusieurs se verront officiellement retirés. Parmi les nombreux cas de congédiement, soulignons ceux de Joseph Seifert (membre de l’Académie) et de Livio Melina (prêtre théologien, professeur et président de l’Institut). Parmi les nouveaux membres ou professeurs, on découvre des théologiens qui contestent la doctrine de Veritatis splendor, laquelle met en lumière le fondement ultime de la doctrine d’Humanae vitae. Plusieurs considèrent ces remaniements comme des purges de style stalinien (avec ou sans gants de velours), saccageant par le fait même l’héritage théologique et pastoral du Pape saint Jean-Paul II (pour ne pas dire l’héritage du Concile Vatican II et des quatre PASTOR ET NAUTA).

[De fait, au nom des «circonstances atténuantes», plusieurs voix de «théologiens», prêtres ou évêques, suggèrent qu’il serait possible de justifier, au moins «dans certains cas», la contraception, l’homosexualité et même l’avortement. De tels actes seraient alors moralement «permis», voire «obligatoires». Telle est la pensée, par exemple, du Père Maurizio Chiodi, qui fut nommé par Monseigneur Paglia parmi les nouveaux membres de l’Académie pontificale pour la Vie et les nouveaux professeurs de l’Institut pontifical Jean-Paul II. Cf. l’article suivant de LifeSiteNews et l’article suivant du National Catholic Register.]

François a canonisé Jean-Paul II le 27 avril 2014 (en même temps que Jean XXIII) et Paul VI le 14 octobre 2018. Entre les deux canonisations, le 19 mars 2016, il a publié l’exhortation Amoris laetitia, qui désagrège subtilement mais efficacement le solide enseignement des encycliques Veritatis splendor et Humanae vitae de ces deux grands et saints papes. Doit-on en conclure que l’adage «promoveatur ut amoveatur» («qu’il soit promu afin d’être déplacé») aurait été mis en application lors de la canonisation de ces deux papes prédestinés? Cf. Le Secret de Marie, 2e édition, épilogue, p. 149. On a le net pressentiment que l’Église catholique actuelle, en plusieurs représentants de sa haute hiérarchie (à commencer par François lui-même), entend «tourner la page» sur l’«ère Jean-Paul II».

Le 4 décembre 1985, lors de l’audience générale, Raoul Auclair remettait et dédicaçait son livre L’Homme Total dans la Terre Totale à Sa Sainteté «Jean-Paul II le Grand», «titre que lui décernera l’Histoire, espère Raoul de tout son coeur» (VA App. II, 109; cf. LB-IV, 219).[19] Il reviendra sans nul doute à l’Église de Jean de reconnaître officiellement ce titre à l’un des plus grands papes de l’histoire, celui qui avait «l’esprit de Jean» et qui est «venu préparer le triomphe de Marie» (LB-IV, 24.52).

L’année 2018 a marqué un double anniversaire, largement passé sous silence: le 25e anniversaire de l’encyclique Veritatis splendor (6 août 1993) et le 50e anniversaire de l’encyclique Humanae vitae (25 juillet 1968). L’encyclique de Paul VI a été défendue et soutenue par Marie-Paule en Vie d’Amour (VA III, 24-25; VA III, 97; VA III, 113). Au moment de sa publication, l’encyclique de Jean-Paul II fut présentée dans un article de Mère Paul-Marie pour le journal Le Royaume, où elle rappelle le signe distinctif de l’Armée de Marie («sa fidélité à Rome et au Pape»), ainsi que la promesse du triomphe du Coeur Immaculé de Marie. Dans cet article intitulé «“La Splendeur de la Vérité” — Le courage d’un Pape», notre Mère dit que l’encyclique est «un bijou» qui «fait la joie de ceux qui cherchent la transparence». En voici un extrait qui nous donne le goût de relire ce texte magistériel et magistral:

Cette encyclique est un cri d’amour, de vraie liberté, provoquant l’humilité dans le repentir qui éteint le triomphe de l’orgueil humain. De plus, ce sont nos doutes qui se changent en certitude, rayons de lumière en ce monde enténébré.

Le spectacle désolant des contestataires, des lâches et des traîtres, qui a tant perturbé l’Église, cet empire de perturbateurs doit s’écrouler comme, au cours des siècles, se sont écroulés tous ces sectaires qui sont devenus des cadavres de fausse liberté.

/…/

Quand on aime Dieu, quand l’âme est ouverte aux splendeurs de la vérité, point n’est besoin de haute compétence pour comprendre un tel langage. Voilà pourquoi nous invitons nos Membres à se procurer cette «lettre» du Pape pour en savourer tous les fruits. Ce qui peut parfois nous sembler trop élevé au plan intellectuel nous devient compréhensible quand l’âme est habituée à boire le nectar divin: elle savoure en plus d’absorber. Tel est le jeu de la grâce qui accompagne les petits et les grands, conscients de leurs faiblesses mais ouverts à l’Amour, germe de tous les accomplissements apostoliques.[20]

Suite à un premier triomphe du Coeur Immaculé de Marie, Raoul Auclair anticipait «la Rénovation de l’Église de Pierre ravagée par l’hérésie et l’apostasie» (Eschatologie de notre Temps, p. 194). Dans mes articles antérieurs, j’ai souligné que cette «rénovation» ou ce «renouvellement» s’est accompli à travers l’Église de Jean fondée par Marie-Paule, dans la continuité avec l’Église de Pierre, suite à un processus de «transmutation». Ainsi, l’Armée de Marie, ou l’Oeuvre de la Dame, se reconnaît encore, et se reconnaîtra toujours, à ce seul signe:

SA FIDÉLITÉ À ROME ET AU PAPE.

«JEAN-PAUL QUI A L’ESPRIT DE JEAN ET PAUL-MARIE QUI A L’ESPRIT DE MARIE ONT ÉTÉ LIÉS POUR INTRODUIRE L’ÉGLISE DE PIERRE EN L’ÉGLISE DE JEAN.»[21]

Nous lisons ceci sous la plume de Sylvie Payeur-Raynauld:

La juxtaposition de ces deux phrases confirme le rôle de Marie-Paule au sein de la nouvelle Rome, l’Église de Jean, dont le précurseur est le Pape Jean-Paul II.[22]

L’Église de Pierre a combattu le Plan d’Amour du Père et c’est pourquoi l’indication du Seigneur au sujet de la «fidélité à Rome» ne concerne plus l’Église de Pierre [désormais schismatique], mais l’Église de Jean, cette «nouvelle Rome» qui a vu le jour au Québec, ainsi que l’écrira Marie-Paule.[23]

Pour sa part, le Père Serge Lépine, aujourd’hui l’un des apôtres majeurs de la Dame, a écrit:

Et c’est ce qui s’est passé: Marie-Paule a sauvé l’Église — on comprendra plus tard à quel point! Par ce qu’Elle est et par ce qu’Elle a fait, Marie-Paule a donc hérité de toutes les prérogatives de l’autorité suprême de l’Église de Rome. Et donc, puisque «Rome» est ici désormais (comme l’a écrit Marie-Paule en Vie d’Amour) et comme Elle est l’Autorité suprême de l’Église du Christ, la parole du Seigneur est toujours vraie — même encore «plus vraie»!

L’Oeuvre de la Dame se reconnaît en effet «à ce seul signe»: elle est seule à croire que «Rome» s’est transportée dans le Nouveau Monde, et elle est seule à croire que Marie-Paule, en tant que «Fleur des fleurs», est l’Autorité suprême de l’Église du Christ. Et c’est ainsi que Marie-Paule, en Elle-même, condense tout le passé de l’Église et contient tout l’avenir du Royaume.[24]

Cette fidélité embrasse d’abord tout le bagage ou développement dogmatique accumulé au long des siècles dans l’«ancienne Rome», de saint Pierre à saint Jean-Paul II (y compris Humanae vitae et Veritatis splendor). Elle embrasse ensuite cet autre développement doctrinal qui prend appui sur le «cinquième dogme marial» de Marie Co-Rédemptrice, Médiatrice et Avocate, proclamé par l’Église de Jean dans le cadre de la «nouvelle Rome», ce «Portugal mystique» où «se conservera toujours le dogme de la foi» (selon les paroles de la Vierge Marie à Fatima).

En janvier 2018, l’archidiocèse de Braga (qui est aussi le siège primatial du Portugal), a émis des lignes directrices pour l’application d’Amoris laetitia allant dans le même sens que les évêques de la région de Buenos Aires. En février 2018, le patriarcat de Lisbonne fit de même (le cardinal patriarche a même été félicité par François dans une lettre datée du 26 juin 2018). La quasi-totalité des autres diocèses dans le pays sont suffragants de Braga ou de Lisbonne. Dans ce contexte, il est difficile d’imaginer comment le Portugal pourrait «conserver le dogme de la foi». Déjà, en 1975, Raoul Auclair écrivait:

Enfin le mal gagna les peuples catholiques, et plus fortement dans la mesure où ils étaient entrés plus avant dans l’apostasie. C’est ainsi que l’Ibérie se trouva jusqu’à ce jour épargnée. [Une note en bas de page précise: «24 septembre 1975, où j’écris ces lignes.»] Mais il est à craindre, tant les digues sont menacées — et déjà, au Portugal, si largement entamées — que le flot nauséeux ne ravage ces régions. [Mystère de l’Histoire, p. 272]

Concluons cet article avec les paroles du «Saint» et du «Vrai», de «celui qui détient la clef de David», dans la lettre adressée à «l’Ange [le chef] de l’Église de Philadelphie» (Ap 3, 7; cf. Is 22, 22):

8Je connais ta conduite: voici, j’ai ouvert devant toi une porte que nul ne peut fermerVOUS ÊTES LIBRES MAINTENANT!» (LB-II, 25); la Bible de Jérusalem précise en note: «J’ai donné le champ libre à ton apostolat.»], et, disposant pourtant de peu de puissance, tu as gardé ma parole sans renier mon nom. 9Voici, je forcerai ceux de la synagogue de Satan — ils usurpent la qualité de Juifs, les menteurs —, oui, je les forcerai à venir se prosterner devant tes pieds, à reconnaître que je t’ai aimé. 10Puisque tu as gardé ma consigne de constance, à mon tour je te garderai de l’heure de l’épreuve qui va fondre sur le monde entier pour éprouver les habitants de la terre. 11Mon retour est proche: tiens ferme ce que tu as, pour que nul ne ravisse ta couronne. 12Le vainqueur, je le ferai colonne dans le temple de mon Dieu: il n’en sortira plus jamais et je graverai sur lui le nom de mon Dieu, et le nom de la Cité de mon Dieu, la nouvelle Jérusalem qui descend du Ciel [la seconde incarnation de l’Immaculée en Marie-Paule], de chez mon Dieu, et le nom nouveau que je porte. 13Celui qui a des oreilles, qu’il entende ce que l’Esprit dit aux Églises. [Ap 3, 8-13]


Notes

[1]Cf. Marc Bosquart, «L’autre est déjà schismatique» (Le Royaume, n. 223, septembre-octobre 2013, pp. 12-13) [LR-223]:

/…/ mais il reste que, pape à la tête d’une Église déclarée schismatique, héritier de son histoire et partenaire obligé de ses décisions récentes, il est forcément schismatique, lui aussi. [p. 12, 2e colonne en bas]

[2]Jean-Paul II, dans son encyclique, fait mention de la Réforme protestante:

En réalité, les débats sur la nature et la liberté ont toujours accompagné l’histoire de la réflexion morale, prenant un tour aigu au temps de la Renaissance et de la Réforme, comme on peut le remarquer dans les enseignements du Concile de Trente. [VS 46; souligné en italique dans le texte; nous soulignons en gras]

[3]Cf. CEC 1735, 1746; 1860; 2125, 2352, 2355. À propos des «intentions» et des «circonstances», voici ce que le Catéchisme enseigne aux nn. 1753 et 1754:

Une intention bonne (par exemple: aider le prochain) ne rend ni bon ni juste un comportement en lui-même désordonné (comme le mensonge et la médisance). La fin ne justifie pas les moyens. Ainsi ne peut-on pas justifier la condamnation d’un innocent comme un moyen légitime de sauver le peuple. Par contre, une intention mauvaise surajoutée (ainsi la vaine gloire) rend mauvais un acte qui, de soi, peut être bon (comme l’aumône). [CEC 1753]

Les circonstances, y compris les conséquences, sont les éléments secondaires d’un acte moral. Elles contribuent à aggraver ou à diminuer la bonté ou la malice morale des actes humains (par exemple le montant d’un vol). Elles peuvent aussi atténuer ou augmenter la responsabilité de l’agent (ainsi agir par crainte de la mort). Les circonstances ne peuvent de soi modifier la qualité morale des actes eux-mêmes; elles ne peuvent rendre ni bonne, ni juste une action en elle-même mauvaise. [CEC 1754]

La prise en compte des «facteurs atténuants» est nécessaire, du point de vue de la charité pastorale, pour ne pas exagérer la culpabilité de la personne, pour tempérer le jugement pastoral. Mais si la charité «excuse tout» (1 Co 13, 7), elle met aussi «sa joie dans la vérité» (1 Co 13, 6). Saint Paul nous met en garde contre les jugements hypocrites ou prématurés:

1Aussi es-tu sans excuse, qui que tu sois, toi qui juges. Car en jugeant autrui, tu juges contre toi-même: puisque tu agis de même, toi qui juges, 2et nous savons que le jugement de Dieu s’exerce selon la vérité sur les auteurs de pareilles actions. 3Et tu comptes, toi qui juges ceux qui les commettent et qui les fais toi-même, que tu échapperas au jugement de Dieu? 4Ou bien méprises-tu ses richesses de bonté, de patience, de longanimité, sans reconnaître que cette bonté de Dieu te pousse au repentir? [Rm 2, 1-4; nous soulignons]

3Pour moi, il m’importe fort peu d’être jugé par vous ou par un tribunal humain. Bien plus, je ne me juge pas moi-même. 4Ma conscience, il est vrai, ne me reproche rien, mais je n’en suis pas justifié pour autant; mon juge, c’est le Seigneur. 5Ainsi donc, ne portez pas de jugement prématuré. Laissez venir le Seigneur; c’est lui qui éclairera les secrets des ténèbres et rendra manifestes les desseins des coeurs. [1 Co 4, 3-5]

Voici quelques références magistérielles où sont prises en considération les «circonstances atténuantes», sans pour antant conclure que la personne est en état de grâce et n’a pas besoin de se confesser:

[4]Le Conseil pontifical pour les Textes législatifs concorde également sur ce point, dans sa déclaration du 24 juin 2000 sur l’admissibilité des divorcés remariés à la sainte communion, lorsqu’il considère que le péché grave doit être «compris objectivement, parce que de l’imputabilité subjective le ministre de la communion [ou le confesseur] ne peut juger» (n. 2). Ironiquement, Amoris laetitia s’appuie sur ce texte (sans le citer) pour affirmer qu’un «jugement négatif sur une situation objective n’implique pas un jugement sur l’imputabilité ou la culpabilité de la personne» (AL 302), mais sans mentionner qu’il est, en fait, impossible d’effectuer un tel jugement («de l’imputabilité subjective [on] ne peut juger»). Ce n’est pas le seul exemple de référence ou de citation hors-contexte que l’on trouve dans Amoris laetitia. On pourrait relever les références à saint Thomas d’Aquin dans le paragraphe 304 de l’exhortation ou la citation de Gaudium et spes à la note 329 du paragraphe 298.

[5]François va toujours dans ce sens, lorsqu’il écrit, dès le début du chapitre 8: «Bien qu’elle [l’Église] propose toujours la perfection et invite à une réponse plus pleine à Dieu, /…/.» (AL 291; nous soulignons) Pourtant, il ne s’agit pas ici d’«idéal» ou de «perfection», mais de la base des commandements de Dieu (le minimum objectif exigé).

[6]Cf. décret Cum hoc tempore, chapitre 11, sur la nécessité et la possibilité de l’observation des commandements de Dieu: DS 1536 et DS 1568.

[7]Un dubium (pluriel dubia), en langage canonique, est une question formelle posée par un prélat au Saint-Siège, appelant à une réponse par «oui» ou «non», sans argumentation théologique.

[8]Ils étaient alors respectivement âgés de 78 ans, 68 ans, 87 ans et 82 ans. Le Cardinal Caffarra, qui fut le président-fondateur de l’Institut pontifical Jean-Paul II d’études sur le mariage et la famille, est décédé le 6 septembre 2017. Il avait été précédé de près dans l’au-delà par le Cardinal Meisner, décédé le 5 juillet 2017.

[9]La confusion de notre temps est pire que celle de l’époque du Grand Schisme d’Occident, alors que pape et antipapes se disputaient, mais où la foi n’était pas en cause. Aujourd’hui, par-delà les moeurs, ce sont la foi et la doctrine elles-mêmes qui sont attaquées, jusqu’au sommet de l’Église catholique. «Rome perdra la foi…», avait dit la Vierge de La Salette. Cf. Raoul Auclair, La Prophétie des Papes, pp. 38-39, 122-124.

[10]Ce dernier est actuellement emprisonné à Melbourne, Australie, sur la base d’un chef d’agression sexuelle et de quatre chefs d’attentat à la pudeur sur deux garçons de choeur (12-13 ans), après une messe dominicale dans la sacristie (en l’espace de six minutes), en décembre 1996. Un deuxième incident serait survenu quelques semaines plus tard, dans un corridor (durant un bref moment), sur l’un des garçons (celui qui témoigne en cour, l’autre étant décédé d’une overdose il y a plusieurs années et n’ayant jamais fait de révélation). La sentence fut portée le 12 mars 2019, heure locale (incidemment, ce jour coïncide avec la fête liturgique du Pape saint Innocent Ier). Le Cardinal Pell, le plus haut représentant catholique à être condamné pour abus sexuel sur mineurs, a toujours protesté de son innocence. Parmi ceux qui le croient innocent, mentionnons George Weigel, le célèbre biographe du Pape saint Jean-Paul II, qui considère sa condamnation comme «a travesty of justice» («un simulacre ou une parodie de justice»). Cf. autres articles sur le site de First Things. Tout récemment, le 13 novembre 2019 (mercredi matin, heure locale, fête liturgique du Pape saint Nicolas Ier le Grand), la Haute Cour australienne a accepté d’examiner l’appel du Cardinal George Pell (ultime recours).

Addenda du 7 avril 2020

Le 7 avril 2020, les sept juges de la Haute Cour d’Australie, dans la capitale Canberra, ont rendu à l’unanimité un verdict d’acquittement à l’endroit du Cardinal George Pell. Un article fort intéressant se trouve sur le blog de Jeanne Smits.

[11]Cette phrase fut prononcée le 25 novembre 2016. Avec le consistoire du 19 novembre 2016, le Collège des cardinaux atteignit le record du nombre total de ses membres, soit 228 en tout. Depuis le dernier consistoire du 5 octobre 2019, le Collège est maintenant composé de 224 cardinaux, dont 124 électeurs et 100 non-électeurs. En date du 15 octobre 2019, seuls 16 des électeurs et 42 des non-électeurs furent créés par Jean-Paul II, tous les autres l’ayant été par Benoît XVI ou François. Le pape émérite Benoît XVI (Joseph Ratzinger) est le seul prélat vivant à avoir été créé cardinal par le Pape Paul VI. Il n’est pas compté parmi le Collège cardinalice.

[12]Le roi Henri VIII d’Angleterre (1491-1547) accomplit «le crime majeur que fut l’usurpation du Trône spirituel» (Raoul Auclair, A-III, p. 143). Cf. Raoul Auclair, Le Jour de Yahvé, pp. 90-93; Eschatologie de notre Temps, pp. 216-217, 223-224; Tous ces mystères dans le Mystères de Marie, p. 296. Napoléon Bonaparte, en faisant emprisonner le Pape Pie VII (AQUILA RAPAX), succomba lui aussi à la tentation de l’usurpation spirituelle, quand bien même il ne put mener à terme son projet (cf. Eschatologie de notre Temps, p. 227).

[13]Cf. Concile oecuménique Vatican II, décret Presbyterorum ordinis (7 décembre 1965), n. 16; décret Optatam totius (28 octobre 1965), n. 10; Paul VI, lettre encyclique Sacerdotalis caelibatus (24 juin 1967); exhortation apostolique post-synodale Pastores dabo vobis (25 mars 1992), nn. 29, 44, 50; Congrégation pour le Clergé, Directoire Dives Ecclesiae pour le ministère et la vie des prêtres (31 janvier 1994), nn. 57-60 (une nouvelle édition fut publiée le 11 février 2013).

[14]Dans un post-scriptum du livre Les expériences eucharistiques, sainte Ida Peerdeman publie certains passages inédits de la 52e vision (31 mai 1956) et de la 53e vision (31 mai 1957), en lien avec le célibat des prêtres, passages que le Père Frehe jugeait préférable de ne pas rendre publics à ce moment-là. La Dame reviendra sur ce thème lors de l’expérience eucharistique du 15 août 1979. Elle a dit:

«Le célibat est toujours la grande force de l’Église. (Ceci fut dit avec beaucoup d’insistance.) Il y en a qui veulent changer cela. Par grande exception seulement.» [52e vision, 31 mai 1956]

«Dis que le célibat est mis en danger de l’intérieur; mais le Saint-Père le maintiendra malgré tout.» [53e vision, 31 mai 1957]

«Toi, Céphas, mon Pierre, tu auras une dure lutte à mener. Mais tu achèveras ce qui doit être fait, défendre la vraie Doctrine. Surtout maintenir le célibat, c’est là la force de ton Église. Pense à tes prêtres. Ils devront aider à reconstruire l’Église.» [expérience eucharistique du 15 août 1979]

Cf. également: Raoul Auclair, La Prophétie des Papes, p. 130; Prophétie de Catherine Emmerich pour notre Temps, pp. 124-128; Marc Bosquart, Le Rédempteur et la Co-Rédemptrice, pp. 298-306; Padre Jean-Pierre, allocution sur le sacerdoce des hommes mariés dans l’Église de Jean (12 septembre 2015), publiée dans la revue Le Royaume, n. 236, septembre-octobre 2015, pp. 8-9 [LR-236].

[15]Marie-Paule n’apporte pas de précision sur ces «cas spéciaux». Bien que je ne sois pas un spécialiste de la bioéthique, deux exemples me viennent spontanément en tête.

  1. Certaines conditions pathologiques de l’utérus (par exemple suite à un accouchement ou à une césarienne) peuvent rendre licite l’hystérectomie (ablation chirurgicale de l’utérus, la «grande opération»), entraînant une stérilisation indirecte. Telle fut justement la «cinquième opération» de Marie-Paule en Vie d’Amour (VA I, 154-156), rendue nécessaire parce que la matrice (l’utérus) étaient «pliée en deux» (VA I, 129) ou «repliée» (VA I, 143).
  2. Dans le cas des grossesses ectopiques ou extra-utérines, l’embryon est implanté en dehors de l’utérus, par exemple dans l’une des trompes de Fallope (très grande majorité des cas, appelés alors grossesses tubaires). La salpingectomie (ablation chirurgicale d’une trompe de Fallope) peut être licite, entraînant une stérilisation indirecte (seulement partielle, si l’autre trompe est intacte) et un avortement indirect. Cf. United States conference of Catholic bishops (USCCB), publication «Life Matters: Abortion» (2011).

Dans les deux exemples ci-dessus, les actes ont pour objet une intervention directement ou proprement thérapeutique (bon effet) sur le corps de la femme (condition pathologique actuelle, par exemple de l’utérus ou d’une trompe de Fallope). La stérilisation ou l’avortement qui en résultent de manière indirecte (mauvais effet), tout en étant prévus, ne sont pas voulus ni comme fin, ni comme moyen, selon le principe général des actions à double effet. D’autres exemples ou sous-exemples pourraient être donnés, avec toutes sortes de nuances.

[16]Il ne s’agit pas ici de relever toutes les ambiguïtés ou les affirmations erronées, tendancieuses, voire contradictoires d’Amoris leatitia. Soulignons toutefois une autre erreur doctrinale de François, faisant partie de ses chevaux de bataille: son rejet formel et radical de la peine de mort, qu’il réitère en AL 83. Le 1er août 2018, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi envoya une lettre aux évêques à propos de la nouvelle formulation du n. 2267 du Catéchisme de l’Église catholique sur la peine de mort (en vue de refléter ce rejet formel). Cette nouvelle formulation est présentée, erronément, comme un développement «cohérent» et «authentique» de la doctrine catholique sur ce thème. Ni Jean-Paul II, dans sa lettre encyclique Evangelium vitae (25 mars 1995) (n. 56), ni le Catéchisme de l’Église catholique, dans son ancienne formulation du n. 2267, ne condamnent de manière absolue la légitimité et la possibilité de recourir à la peine de mort. Sur le site de First Things, un groupe de théologiens et de philosophes ont lancé un appel aux cardinaux de l’Église catholique afin que soit retiré le n. 2267 nouvellement formulé du Catéchisme.

Ailleurs, François écrit: «La route de l’Église est celle de ne condamner personne éternellement» (AL 296), et encore: «Personne ne peut être condamné pour toujours, parce que ce n’est pas la logique de l’Évangile!» (AL 297) On peut se demander ce qu’il pense de la doctrine catholique sur l’existence de l’enfer et son éternité (CEC 1033-1037), fondée sur les propos de Jésus («la logique de l’Évangile») qui parle de la «géhenne» (Mt 5, 22.29-30; Mt 10, 28; Mt 18, 9; Mt 23, 15.33; Mc 9, 43.45.47; Lc 12, 5) et de l’«Hadès» (Mt 11, 23; Mt 16, 18; Lc 10, 15; Lc 16, 23), ce lieu de «peine éternelle» (Mt 25, 46) et de «feu éternel» (Mt 18, 8; Mt 25, 41), un «feu qui ne s’éteint pas» (Mt 3, 12; Mc 9, 43.48; Lc 3, 17), une «fournaise ardente» (Mt 13, 42.50), située dans les «ténèbres extérieures» (Mt 8, 12; Mt 22, 13; Mt 25, 30), loin du Seigneur (Mt 7, 23; Lc 13, 27-28), «parmi les hypocrites» (Mt 24, 51), là où il y aura des «pleurs» et des «grincements de dents». Enfin, dans l’évangile de Jean, il est question d’une «résurrection de jugement» (Jn 5, 29), tandis que l’Apocalypse parle du «supplice» ou de l’«étang» de «feu» et de «soufre» (Ap 14, 10; Ap 19, 20; Ap 20, 10.14-15; Ap 21, 8), qui constitue la «seconde mort» (Ap 2, 11; Ap 20, 6.14; Ap 21, 8).

[17]Cf. Joseph Seifert, article «The persecution of orthodoxy», 5 octobre 2017, sur le site de First Things.

[18]François écrivait:

L’enseignement de la théologie morale ne devrait pas cesser d’intégrer ces considérations, parce que s’il est vrai qu’il faut préserver l’intégralité de l’enseignement moral de l’Église, on doit toujours mettre un soin particulier à souligner et encourager les valeurs plus hautes et centrales de l’Évangile, surtout la primauté de la charité comme réponse à l’initiative gratuite de l’amour de Dieu. [AL 311; nous soulignons]

La «primauté de la charité» va de pair avec l’enseignement de la vérité. La vérité est à la base de la charité. Taire ou falsifier la vérité, sous prétexte de charité, conduit à fausser celle-ci. Nous connaissons le dicton, cité quelques fois par Marie-Paule et attribué à Marcel Clément de L’Homme nouveau: «La vérité sans la charité durcit, mais la charité sans la vérité pourrit.» Cf. VA App. III, 11; VA App. V, 118.

[19]Ce titre revient dans les références suivantes: Raoul Auclair, «Pasteur et Timonier» (Le Royaume, n. 39, mars 1986, p. 3, 1ère colonne) [LR-039]; Mère Paul-Marie, «Que tes Oeuvres sont grandes, Seigneur!» (Le Royaume, n. 172, mars-avril 2005, p. 12) [LR-172]; «D’un Pape à un autre Pape ― N’ayons pas peur!» (Le Royaume, n. 172, mars-avril 2005, p. 24) [LR-172]; Marc Bosquart, «Jean-Paul II le Grand» (Le Royaume, n. 172, mars-avril 2005, p. 12); L’arc-en-ciel de la sainteté, p. 32; [LR-172]; Père Luc Beaudette, «La mission du Pape Jean-Paul II le Grand» (Le Royaume, n. 177, janvier-février 2006, pp. 18-19) [LR-177].

[20]Mère Paul-Marie, «“La Splendeur de la Vérité” — Le courage d’un Pape» (Le Royaume, n. 95, septembre-octobre 1993, p. 4) [LR-095].

[21]Mère Paul-Marie, «En marche vers l’Église de Jean» (Le Royaume, n. 139, mars-avril 2000, p. 5) [LR-139].

[22]Sylvie Payeur-Raynauld, «Jean-Paul II, le Pape de l’Immaculée (1920-2005)» (Le Royaume, n. 241, juillet-août 2016, p. 19) [LR-241].

[23]Sylvie Payeur-Raynauld, «Triduum en l’honneur du Père et de la Dame» (Le Royaume, n. 227, mai-juin 2014, p. 12) [LR-227]. Cf. Marc Bosquart, Le Royaume, n. 238, janvier-février 2016, p. 8, n. 5 [LR-238].

[24]Père Serge Lépine, «Notre fidélité à Rome et au Pape» (Le Royaume, n. 227, mai-juin 2014, p. 22) [LR-227]. Dans Le Livre blanc III, nous pouvons lire ceci dans un texte écrit par Marc Bosquart:

Cela [le fait d’avoir reconnu la Co-Rédemptrice] fait-il de nous des «frères séparés» comme le sont les protestants qui se sont constitués en Églises dans le rejet de tel ou tel point de la doctrine ou de la foi catholique auquel ils s’opposaient, contre lequel ils «protestaient»? Mais pas du tout: nous ne protestons pas et ne rejetons rien de la doctrine et de la vraie foi catholique — il en est même ainsi, contrairement à ce qu’écrit l’abbé Fournier dans son article, en ce qui concerne la «fidélité à Rome et au Pape». Un jour, cela sera clair aux yeux de tous. [LB-III, 61]

 

2 réflexions sur “La joie de l’amour… sans la splendeur de la vérité?

  1. Un article complément des plus instructifs. Il nous fait bien comprendre l’intuition de l’auteur, P. David, concernant la 109 devise DE MEDIETATE LUNAE à savoir qu’après le rejet de la Dame, tous les Papes à partir de Benoît XVI, se sont enfermés sous cette devise. Puisque la LUNE MYSTIQUE symbolise la Vierge ou l’Immaculée et qu’il est désormais plus possible de dissocié Marie-Paule de l’Immaculée, la pleine lune n’est désormais possible que dans l’Église de Jean et ainsi l’Église Catholique s’enferme par son pontife ou ses pontifes à ne croire qu’à la moitié de la lune. Nous le savons désormais, Marie-Paule est venue nous révéler le Divin féminin et nous comprenons maintenant que la Trinité Immaculée est formée de la Vierge Marie, de Marie-Paule et de l’Esprit Véritable, ce dernier étant commun à la Trinité Bienheureuse, Il forment avec le Père et le Fils la QUINTERNITÉ DIVINE. Merci pour ces explications lumineuses!

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  2. Merci mon Pére David,

    C’est une vre tresor votre marvelleuse éscris. Merci beacoup pour tojours.

    Ave tout mon Coeur.

    Luisa Galea

    [image: Mailtrack] Sender notified by Mailtrack 11/24/19, 02:55:11 PM

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