Attentifs aux «signes des temps»

[Cette homélie fut prononcée le 4 novembre 2017, premier samedi du mois, dans le cadre de la réunion diocésaine trimestrielle de la Famille des Fils et Filles de Marie, à Montréal, dans l’auditorium de la polyvalente Georges-Vanier.]

  • Lecture: Rm 11, 1-2a.11-12.25-29
  • Évangile: Lc 14, 1.7-11

*****

Et il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. [Lc 21, 25]

Et la Femme vêtue de soleil, la lune sous les pieds et couronnée de douze étoiles, nous a donné le signe du soleil, le miracle du soleil, lors de sa plus grandiose et spectaculaire épiphanie, celle de Fatima. Nous venons à peine de terminer les célébrations centenaires des six apparitions aux trois pastoureaux, qui se sont échelonnées le 13 de chaque mois, en lʼespace de 153 jours, du 13 mai au 13 octobre 1917.

En ce premier samedi du mois de novembre 2017, il convient de souligner deux autres centenaires de la plus haute importance.

En premier lieu, le 2 novembre dernier, cela faisait 100 ans depuis la célèbre «Déclaration Balfour», signée par le «Foreign Secretary» du Royaume-Uni, cʼest-à-dire le ministre qui sʼoccupe des affaires extérieures ou étrangères, le numéro 3 au sein du gouvernement britannique. Par cette importante déclaration, et je cite:

Le Gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement lʼétablissement en Palestine dʼun Foyer national pour le peuple juif et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte soit aux droits civils et religieux des collectivités non juives existant en Palestine, soit aux droits et au statut politiques dont les Juifs disposent dans tout autre pays.

Comme lʼexplique abondamment Raoul Auclair dans ses écrits, cet événement du 2 novembre 1917 marque le début du Retour officiel des Juifs sur la terre de leurs ancêtres, terre promise par Dieu à Abraham, dont ils furent chassés déjà à lʼépoque de lʼExil à Babylone en 587 av. J.-C., puis de nouveau en lʼan 70 de notre ère, lors de la destruction de la ville de Jérusalem et de son temple, par les armées romaines de Titus. Mais depuis 100 ans, le peuple juif a fait retour en terre de Palestine, un retour constamment prophétisé dans lʼAncien Testament, signe des temps par excellence.

Aux yeux de saint Raoul-Marie, cette date du 2 novembre 1917 marque le commencement du temps de la Fin, le début de la Fin des Temps, lʼentrée officielle dans le Temps de lʼApocalypse, où séviront sur la terre le cheval rouge feu, le cheval noir et le cheval verdâtre, cʼest-à-dire la corruption, les calamités et la guerre; mais où également le cheval blanc, surmonté dʼun Cavalier blanc (cʼest-à-dire la Dame), guidera lʼarmée de ceux qui accepteront de blanchir leur robe dans le sang de lʼAgneau.

Lʼautre événement, dont le rappel est incontournable, se déroula en Russie, avec lʼéclatement de la Révolution bolchévique sous la houlette de Lénine, en vue de mener la guerre contre Dieu, une guerre étendue à toute la terre. Cette Révolution eut lieu dans la nuit du 7 novembre 1917, 5 jours après la «Déclaration Balfour», selon notre calendrier grégorien. Selon le calendrier julien qui était encore en vigueur en Russie à ce moment-là, lʼévénement se produisit dans la nuit du 25 octobre, cʼest pourquoi lʼon parle de la Révolution dʼOctobre, lʼOctobre rouge.

Laissons la parole à Raoul, qui montre lʼimportance, la gravité et la solennité de ces événements:

Et quel signe, en effet, que cette date, le 2 novembre 1917, qui ouvrait la première phase du long Retour! Ce jour-là ― oui, ce jour-là exactement ― débuta ce qui allait, et dʼun seul coup, changer la face de toute la terre! Y eut-il jamais, dans le cours de vingt siècles de lʼHistoire chrétienne, voire de lʼHistoire de tous les temps, quelque chose de plus grand, de plus terrible, de plus profondément destructeur, de plus universel que la Révolution russe? Eh! bien, nous savons quʼelle commença le 2 novembre 1917. Cinq jours plus tard, le 7 novembre, elle se dressa, totale et complète, sorte de Minerve de lʼabîme, toute armée et prête à la conquête de toute la terre.[1]

Nous pourrions multiplier les références à Raoul, tant il est revenu sur le sujet. Voici un autre passage tiré de son livre Histoire et Prophétie:

LʼÉglise souffre dʼun grand mal. Et ce mal est en partie lʼoeuvre des doctes. Alors Marie, depuis quʼelle parle à la terre, parle à des enfants ignorants. Ce jour-là, à Fatima, elle parla de la Russie à trois petits bergers. Elle leur dit que la Russie allait répandre ses erreurs sur le monde. Eux ne savaient pas qui était la Russie. «Cʼest peut-être une femme», se dirent-ils après avoir reçu le message.

Cʼétait le 13 juillet 1917. La Révolution russe éclata le 7 novembre 1917. Elle durcit sous son joug dʼacier une partie du monde, et lʼautre partie fut au contraire soumise à lʼaction dissolvante du venin quʼelle distillait.

Or de toutes les «erreurs» que propage la Révolution dʼOctobre, la pire, celle, à elle seule, qui efface toutes les autres, parce quʼelle les contient toutes, cʼest le «Non!» que lʼhomme crie à la face de Dieu. Ce «Non!» que Lucifer, le premier, lança au Créateur. Et son triomphe, et sa revanche, et sa vengeance, est de lʼentendre aujourdʼhui repris par le choeur innombrable de la multitude des hommes.

Oui, vraiment, sa victoire, car dans tout le cours de lʼHistoire, ces six mille ans dʼHistoire, ces six Jours de notre Histoire, jamais, absolument jamais, le «Non!» nʼavait encore à ce point, et si hardiment, et si effrontément retenti![2]

Les lectures même de la messe dʼaujourdʼhui nous invitent à rappeler ces événements. En effet, saint Paul, dans sa lettre aux Romains, réaffirme lʼexcellence du choix divin face au peuple dʼIsraël, le peuple élu, le peuple de Dieu, le peuple-signe. Si les fils dʼIsraël ont rejeté leur Messie, Dieu nʼa pas rejeté son peuple. Écoutons Paul le Juif, lʼapôtre des nations païennes:

Or, si leur faute [aux Juifs] a été richesse pour le monde, si leur amoindrissement a été richesse pour les nations, combien plus le sera leur rassemblement! [Rm 11, 12]

Quelques versets plus loin, saint Paul sent le besoin dʼaffirmer de nouveau ce mystère:

Car si leur mise à lʼécart fut une réconciliation pour le monde, que sera [leur réintégration, leur rétablissement], sinon une résurrection dʼentre les morts? [Rm 11, 15]

Aujourdʼhui, les nations païennes qui sont devenus chrétiennes ont refait la même erreur que les Juifs dʼalors, nos aînés dans la foi: ils ont rejeté la Co-Rédemptrice, la Dame de tous les Peuples. Les Chrétiens dʼaujourdʼhui, comme leurs frères aînés les Juifs, nʼont pas su se mettre à la dernière place, comme le dit lʼÉvangile du jour, en sorte que de premiers, ils deviennent derniers (un temps de purification devra précéder leur réintégration). Quant à nous, Pauliens, ne nous pensons jamais meilleurs que les autres; prions le Seigneur et la Dame de toujours faire partie du groupe des âmes humbles, simples et petites, même si cela veut dire faire partie du Petit Reste, faire partie des restants, des rejetés, des humiliés, des sacrifiés. Dieu compte sur nous pour renverser lʼEmpire universel du Prince de ce monde, parce que nous demeurons rivés à lʼImmaculée-Mère et à lʼImmaculée-Fille, la Femme ou la Dame du Fiat et du Magnificat.

Demandons à saint Charles Borromée, dont cʼest la fête en ce jour, dʼintercéder pour nous. Il était le saint patron onomastique du saint Pape Jean-Paul II, dont le nom civil était Karol Wojtyła (le nom Karol est une variante du nom Charles). Le saint cardinal Charles Borromée était archevêque de Milan en Italie, digne successeur de saint Ambroise de Milan, celui qui engendra dans la foi saint Augustin. Plus tard, sur ce même siège de Milan, viendra le cardinal Giovanni Battista Montini, qui deviendra le bienheureux Pape Paul VI.

Que tous les saints et saintes nous viennent en aide! Que les âmes des fidèles défunts reposent en paix! Soyons tous unis et entraidons-nous les uns les autres, dans le consolant mystère de la Communion des Saints. Amen.


Notes

[1]Eschatologie de notre Temps, «Israël, Pierre dʼAchoppement», pp. 290-291.

[2]Histoire et Prophétie, p. 169; cf. pp. 72-74; 95-96. Cf. également de Raoul: La Fin des Temps, p. 210; Les Centuries de Nostradamus ou le Dixième Livre sibyllin, pp. 32-35; Le Jour de Yahvé, pp. 42-43; Mystère de lʼHistoire, pp. 211-212; «Le Mystère dʼIniquité (3)» (Marie, n. 5, février 1977, p. 8) [M-05].

2 réflexions sur “Attentifs aux «signes des temps»

  1. Bonjour,
    Permettez quelques mots après la lecture de votre article. Merci.
    Depuis plusieurs milliers d’années le monde lutte, l’humanité souffre, le Mal règne et grandit, le Bien est vaincu et s’affaiblit ; le Droit est sacrifié à la Force.
    Mais cet état de choses ne doit pas toujours durer. La progression dans le mal a un terme fatal ; le terme même de la vie, puisque l’invasion du mal, dans l’homme, détruit peu à peu son existence ; l’invasion du mal dans les sociétés détruit peu à peu les sociétés : par la guerre, par le meurtre, par le suicide, par l’assassinat, par la misère, par la stérilité voulue de la femme.
    Il faut donc que le Mal ait un terme ou, sinon, que l’humanité disparaisse.
    Ce terme c’est la Rédemption.
    C’est le renversement de la marche actuelle des choses.
    C’est le triomphe de l’Esprit sur la Force, ramenant l’humanité dans la voie du Bien, la voie de l’Evolution progressive.
    Ce grand événement qui doit, tout d’un coup, renverser l’œuvre de destruction du passé, a été prévu et annoncé depuis longtemps. L’antiquité l’a aperçu comme un phare brillant dans un avenir lointain, et ce n’est pas là une vision surnaturelle, la marche forcée des choses devait amener ce résultat. Il pouvait même être calculé avec une précision mathématique.
    Pendant que l’évolution masculine entraînait l’humanité dans les abîmes, l’évolution féminine l’élevait sur des hauteurs qui devaient, un jour, ouvrir un horizon nouveau à la pensée humaine.
    Nous sommes arrivés à ce terme fatal. Le Mal a pris des proportions telles dans le monde, qu’il ne semble pas qu’il puisse progresser encore sans briser tous les rouages de l’organisme physiologique et moral de l’humanité.
    Le vol est dans les lois, dans les administrations, dans le commerce, dans les mœurs, le crime est de tous côtés autour de nous, l’injustice est partout, l’hypocrisie triomphe, la débauche de l’homme, qui est la cause de tous ces maux, est dans tous, ou presque tous, elle commence avec l’enfant et ne s’arrête qu’à l’impuissance…
    Mais, pendant que le Mal est arrivé à ces proportions effrayantes par l’œuvre de l’homme, le Bien a progressé dans la même mesure par l’œuvre de la femme.
    Chaque génération apportant à l’Esprit de celles qui naissent un progrès acquis dans la vie de ses aïeules.
    Cette marche ascendante vers la lumière était appelée à produire, à un moment donné, une magnifique éclosion de toutes les vérités, un épanouissement soudain de toutes les grandeurs morales, le triomphe définitif de la Science, la renaissance du Droit, la reconstitution de la Société.
    Les hommes eux-mêmes ont entrevu ce dernier cycle de la vie de l’humanité.
    Enfantin a dit ces mots, que l’on a gravé sur sa tombe : « L’âge d’or n’est pas dans le passé, il est dans l’avenir. »
    Enfin, si tous n’ont pas aperçu l’œuvre de régénération morale et sociale qui devait s’accomplir par la femme, à peu près tous les penseurs ont compris que l’œuvre de l’homme s’effondre, qu’elle est minée de toutes parts, et ne peut plus être relevée par l’homme seul.
    Oui, les convulsions sociales prédites par l’Apocalypse vont devenir une réalité. Mais ce n’est pas une révolution, c’est une Évolution pacifique qui va changer le monde.
    Cela ne viendra ni de la politique des vieux gouvernements, ni de la dynamite des anarchistes, ni de la science des « Darwinistes », mais d’une force plus puissante que toutes celles-là : de la parole de Vérité qui secoue et ranime les esprits, de la parole de la Femme qui fait vibrer la conscience des hommes.
    C’est d’elle que vient la Vraie Science, qui va donner au monde une foi nouvelle.
    https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.com/2017/07/plus-un-enfant-connait-sa-mere-plus-il.html
    Cordialement.

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    1. Bonjour Étirév (vérité) Anwen (prénom féminin d’origine galloise, pouvant signifier «Toute-Sainte», «Toute-Belle», «Bien-Aimée», soulignant l’excellence du Féminin).

      Merci de votre long commentaire, non seulement écrit en termes respectueux, mais qui dénote également une profonde réflexion sur l’histoire de l’humanité, comme en témoignent également les textes que vous avez publiés sur votre propre blog (que j’ai regardé très brièvement).

      Vous exaltez le Féminin sur des cimes incomparables. Je partage votre point de vue dans une certaine mesure, puisque dans la foi qui est la mienne, je crois que la Divinité possède un pôle féminin (Mère, Fille), en complémentarité cependant avec son pôle masculin (Père, Fils), dans l’Unité de l’Esprit (formant un seul Dieu en Cinq Personnes, soit la Quinternité). Ce pôle masculin est-il pareillement exalté en vos textes?

      Selon le récit biblique de la Genèse, la Faute originelle a été consommée conjointement par Adam et Ève. C’est même par Ève (la femme) que le Serpent s’est insinué jusqu’à Adam (l’homme), bien que sans le consentement d’Adam, Ève elle-même aurait été préservée des morsures du péché (d’où une responsabilité mutuelle de l’homme et la femme dans la faute).

      Il fallait donc que la Faute soit réparée conjointement par un Homme (le Nouvel Adam Jésus-Christ) et une Femme (la Nouvelle Ève que j’identifie à ma Fondatrice Marie-Paule), le Rédempteur et la Co-Rédemptrice, le Couple Rédempteur, en vue de la Rédemption Totale de l’humanité.

      À l’origine de la Création, nous retrouvons le Couple Créateur, Dieu-le-Père et Dieu-la-Mère (cette dernière pouvant aussi être désignée par l’appellation «Immaculée Conception», incarnée en la Vierge Marie). La Genèse précise: «Dieu créa l’homme à son image, /…/ homme et femme il les créa.» (Gn 1, 27) C’est même de l’homme (ish) que, par une opération aussi mystérieuse que divine, la femme (ishsha) fut extraite (Gn 2, 21-22).

      Si la Faute fut commise conjointement par l’homme et la femme, c’est aussi conjointement que les hommes et les femmes doivent s’entraider en vue du Salut et de la Sanctification, chacun occupant sa propre place, dans le respect de leur différence et de leur complémentarité.

      Si l’homme, au cours de l’histoire, a souvent joué un rôle prépondérant, la femme n’était pas loin derrière pour le soutenir. Vous avez raison de dire que, en ce temps de la Fin, la femme doit retrouver un rôle de premier plan, sans pour autant chercher à détrôner l’homme, mais plutôt en régnant avec lui sur une Création renouvelée par l’Esprit qui doit souffler bientôt sur tous les peuples de la terre.

      En ce temps d’Apocalypse (depuis 1917), la Femme du chapitre XII s’est manifestée (selon les pauliens) en la personne de Marie-Paule ou Mère Paul-Marie (1921-2015), qui ne fait qu’UNE avec la Bienheureuse Vierge Marie, l’Immaculée-Mère. [Marie-Paule est l’Immaculée-Fille, deuxième incarnation de l’Immaculée.] Mais le Dragon rouge feu, parallèlement, suscite une autre «femme», symbolisée au chapitre XVII par la «Prostituée fameuse», qui cherche à saouler les rois et les habitants de la terre «du vin de sa prostitution» (Ap 17, 2).

      Mais, bientôt, le Coeur Immaculé de Marie, la Dame de tous les Peuples, la Lune mystique (non seulement en sa face connue ― la Vierge Marie ―, mais aussi en sa face cachée-maintenant-révélée ― Marie-Paule) va triompher, en vue du Royaume de Dieu sur la Terre.

      Merci encore de votre commentaire à mon homélie du 4 novembre 2017, premier texte que j’ai publié sur un blog dédié à promouvoir «le Secret de Marie» révélé en notre temps.

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