[L’image à la une montre la cathédrale Notre-Dame de Paris en proie aux flammes, le 15 avril 2019, il y a trois ans.]
«Entre le 8 et le 16»
Dans le livre Le Secret de Marie, que j’ai publié en 2017, j’ai rappelé l’interprétation qui prévaut dans la Communauté de la Dame de tous les Peuples concernant l’Avertissement et le Miracle prophétisés par Marie lors de ses apparitions de Garabandal, reconnues authentiques dans l’Oeuvre de la Dame:
- l’Avertissement correspond aux attentats du 11 septembre 2001, perpétrés aux États-Unis;
- le Miracle correspond aux entrées publiques et solennelles de Mère Paul-Marie dans la chapelle du Centre eucharistique et marial Spiri-Maria, lors des Triduums de 2007, 2008 et 2009.[1]
L’une des clefs pour ouvrir l’énigme est le principe interprétatif que l’on trouve dans le prophète Ézéchiel et qui a été utilisé dans le dossier de Garabandal:
Je t’en ai fixé la durée à un jour pour une année. [Ez 4, 6; cf. Nb 14, 34]
Les voyantes de Garabandal, de gauche à droite:
Mari Loli, Jacinta, Mari Cruz, Conchita
Aussi, lorsqu’il est dit que «Conchita annoncera cette date [celle du Miracle] huit jours à l’avance», le journal Le Royaume expliqua:
Le prénom «Conchita» est le diminutif de «Concepción», nom de baptême donné dans les pays hispanophones en l’honneur de l’Immaculée Conception. Étant un diminutif, ce nom équivaut à «petite Immaculée Conception» et désigne donc d’une manière singulière Paul-Marie qui est la «petite Marie de la terre» (par ailleurs, le nom «Paul» veut dire «petit» ou «petite»). Donc, ne serait-ce pas Paul-Marie elle-même qui devait annoncer le Miracle?
Raoul Auclair interprète certains passages de l’Écriture selon une façon de compter les jours, donnée par Dieu au livre d’Ézéchiel: «Je t’en ai fixé la durée à un jour pour une année.» (Ez 4, 6) En appliquant ce principe au sujet qui nous occupe, on découvre qu’il s’est écoulé 8 années ― ou 8 jours ― entre l’attentat de septembre 2001 contre le World Trade Center (qui constitue l’Avertissement) et le Miracle ou la manifestation plénière de Marie en Paul-Marie, Miracle qui trouvait son achèvement en septembre 2009, lorsque la photo de Paul-Marie a été installée pour toujours à Spiri-Maria.
En identifiant les attentats du 11 septembre 2001 comme l’Avertissement, Mère Paul-Marie annonçait, par le fait même et sans le savoir, le grand Miracle de Garabandal qui devait se réaliser 8 jours (8 ans) plus tard, selon le calcul indiqué en Ézéchiel. [LR-201, p. 13, 2e colonne]
World Trade Center, attentats du 11 septembre 2001
(source: Britannica)
Dans Le Secret de Marie, j’ai appliqué le principe d’Ézéchiel à une autre indication concernant le Miracle, lequel doit avoir lieu «entre le 8 et le 16 de l’un de ces trois mois: mars, avril, mai».
Par conséquent, il nous faut de nouveau recourir au principe d’Ézéchiel: «Je t’en ai fixé la durée à un jour pour une année.» (Ez 4, 6; cf. Nb 14, 34) Nous avons été avertis du Grand Miracle 8 années au préalable lors des attentats du 11 septembre 2001. De la même manière, le Miracle doit avoir lieu entre le 8 et le 16 du mois, c’est-à-dire entre la huitième et la seizième année après l’Avertissement, c’est-à-dire entre 2009 et 2017. [p. 67]
L’idée (ou l’hypothèse) principale que j’avais retenue était que l’expression «entre le 8 et le 16» (le 8e jour et le 16e jour du mois) correspondait à une période de huit à seize années. Je maintiens cette idée, mais je réalise m’être probablement trompé sur le point de départ de ce calcul. En effet, il convient peut-être mieux d’appliquer la période de 8 à 16 ans à partir de la dernière entrée de Mère Paul-Marie à Spiri-Maria (2009) plutôt qu’à partir de l’Avertissement (2001). Ainsi nous aurions:
- une première période de 8 ans qui sépare l’Avertissement (2001), d’une part, et le Miracle des entrées de Mère Paul-Marie (2009), d’autre part;
- une deuxième période de 8 à 16 ans qui prolonge en quelque sorte le Miracle des entrées, soit de 2009 à 2025, en passant par 2017, l’année centenaire de Fatima; cette période inclut l’institution de la royauté d’Église (31 mai 2010), la déclaration de la divinité de Marie-Paule (31 mai 2012), celle de la divinité de Marie (14 septembre 2014) et le décès de Mère Paul-Marie (25 avril 2015).
Cela fait en tout 3 périodes de 8 ans, soit 24 ans, de 2001 à 2025. L’année 2025 marquera le 25e anniversaire de Spiri-Maria, considérée comme la «nouvelle Rome». Ce laps de temps de 24 ans (2001-2025) rejoint peut-être (toujours hypothétiquement) la phrase de la Vierge à La Salette: «cette paix parmi les hommes ne sera pas longue: vingt-cinq ans d’abondantes récoltes», de même que la phrase de Marie à Fatima: «un certain temps de paix», ou encore le fameux silence d’une demi-heure de l’Apocalypse (Ap 8, 1).
Dans son livret Le Secret de La Salette, Raoul Auclair écrit:
Or, selon que nous n’avons cessé de l’affirmer, tant la chose est d’importance, la prophétie de Marie à La Salette s’inscrivant dans le cadre de la Prophétie absolue de l’Apocalypse, ce temps de paix correspond au «silence d’environ une demi-heure qui se fait dans le ciel» (Ap 8, 1) dès l’ouverture du Sceau de la Consommation. [p. 61][2]
175e anniversaire de La Salette
Les voyants de La Salette:
Maximin Giraud et Mélanie Calvat
L’année 2021 coïncidait avec le 175e anniversaire de l’apparition de Marie à La Salette (19 septembre 1846) aux deux pastoureaux Maximin Giraud (âgé de 11 ans et 23 jours) et Mélanie Calvat ( âgée de 14 ans, 10 mois et 12 jours). J’ai eu l’opportunité de lire le livre Découverte du secret de La Salette [DSLS] (Fayard, 2002), ouvrage né de la collaboration des abbés René Laurentin et Michel Corteville. La quatrième de couverture précise:
Michel Corteville, auteur d’une thèse monumentale sur le sujet, découvreur des secrets de La Salette et de quantité d’autres documents cachés, à Rome et ailleurs, jusqu’à l’ouverture des archives du Saint-Office, reprend ici le dossier avec l’abbé Laurentin, éminent spécialiste des apparitions mariales.
L’abbé Corteville fut initié à l’apparition de La Salette dès son enfance, il y consacra son mémoire de licence, puis sa thèse de doctorat qu’il défendit le 26 octobre 2000 à l’université pontificale Saint-Thomas-d’Aquin (l’Angelicum), à Rome (cf. DSLS, p. 9).[3] En 1998, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a ouvert aux spécialistes les archives antérieures à la mort de Léon XIII (20 novembre 1903). Le 2 octobre 1999, l’abbé Corteville fit la découverte des deux premières rédactions des secrets de La Salette, sous la plume de Maximin et de Mélanie. Il faut savoir en effet que les deux enfants reçurent chacun séparément un secret de la céleste Visiteuse, sans que l’un entende le secret de l’autre, selon le récit de Mélanie:
Ici, la Belle Dame qui me ravissait, resta un moment sans se faire entendre; je voyais cependant qu’elle continuait, comme si elle parlait, de remuer gracieusement ses aimables lèvres. Maximin recevait alors son secret. Puis, s’adressant à moi, la Très Sainte Vierge me parla et me donna un secret en français. Ce secret, le voici tout entier, et tel qu’elle me l’a donné…[4]
Notre-Dame de La Salette
(source de la deuxième image: Wikimedia Commons)
Voici la première phrase du secret reçu par Mélanie:
Mélanie, ce que je vais vous dire maintenant, ne sera pas toujours secret; vous pourrez le publier en 1858 [qui sera l’année des apparitions de Lourdes].
Nous pouvons identifier trois étapes dans la rédaction et la divulgation des secrets de La Salette:
Première étape: les deux rédactions de 1851 pour le pape Pie IX
Maximin rédigea la première version de son secret le 3 juillet 1851 et Mélanie fit de même le 6 juillet.[5] Les deux textes furent lus par Monseigneur Philibert de Bruillard (1765-1860), évêque de Grenoble, cachetés de son sceau puis remis au Pape Pie IX le 18 juillet par ses deux envoyés, les abbés Pierre-Joseph Rousselot (1785-1865) et Jean Gerin (1797-1863). Ce sont ces deux versions-là que l’abbé Corteville a retrouvées dans les archives en 1999.
[Cf. DSLS, pp. 46-49.]
Le 11 août 1851, Maximin rédige une deuxième version de son secret à l’intention de son ami Benjamin Dausse, ingénieur civil et homme distingué de Grenoble. Ce texte est très semblable à celui du 3 juillet, avec quelques variantes. Il a été publié en 1991 par le Père Jean Stern (né en 1927, toujours vivant), missionnaire de La Salette, d’après une copie de Benjamin Dausse, alors que l’autographe fut également retrouvé dans les archives.
[Cf. DSLS, p. 50.]
Après avoir consulté Rome et avec les encouragements du Saint-Père lui-même (cf. DSLS, pp. 118, 185), Monseigneur de Bruillard approuva officiellement l’apparition de La Salette le 19 septembre 1851, date du cinquième anniversaire.
Deuxième étape: nouvelles rédactions à la demande de Monseigneur Ginoulhiac (1853)
Monseigneur Jacques-Marie-Achille Ginoulhiac (1806-1875), successeur de Monseigneur de Bruillard à Grenoble, était favorable à l’empereur Napoléon III et réticent sur le dossier de La Salette. Il chercha à contenter le pape en maintenant le jugement favorable de son prédécesseur sur l’apparition et le pèlerinage; mais il chercha aussi à contenter l’empereur en écartant les voyants et leur secret (cf. DSLS, p. 186). Le 19 septembre 1855, il déclara dans une homélie solennelle: «La mission des bergers est finie, celle de l’Église commence.» (cf. DSLS, pp. 10, 119, 186) Évêque gallican, il s’oppose à la définition du dogme de l’infaillibilité pontificale, lors du Concile Vatican I (1869-1870).
Rapidement après son installation à Grenoble, il demanda avec autorité (un «commandement» dont la «légitimité» est questionnable, cf. GNBLS-1, p. 233) à Maximin et Mélanie de faire une nouvelle rédaction de leur secret respectif, en le révélant «tout entier», pour qu’il puisse en prendre connaissance.
Maximin s’exécute le 5 août 1853. Il s’agit de la troisième et dernière version de son secret, dont l’autographe est perdu mais qui subsiste par une copie trouvée dans le dossier de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Cette version était inédite jusqu’à la thèse doctorale de Corteville.
[Cf. DSLS, pp. 50-52.]
Mélanie fait le même travail les 12 et 14 septembre 1853, produisant deux textes. Elle se fait plus prudente, en cherchant à en révéler un peu plus qu’en 1851 mais seulement de manière allusive, puisqu’elle ne pourra révéler intégralement son secret qu’à partir de 1858, selon la demande de la Vierge. Le Père Stern publia le deuxième texte d’après une copie conservée à l’évêché de Grenoble; l’abbé Corteville publia le premier texte.
[Cf. DSLS, pp. 52-54.]
Troisième étape: rédactions longues de Mélanie (1858-1878)
Nous pouvons considérer le texte de 1851 et les deux textes de 1853 de Mélanie comme étant les versions «courtes» de son secret. À partir de 1858, Mélanie est autorisée par le Ciel à publier l’intégralité du secret.
- En septembre 1858, elle expédie au Pape Pie IX une version complétée du secret. Cette première version «longue» est parvenue à la connaissance du Saint-Père, mais elle est aujourd’hui disparue.
- En 1860, à Marseille, la voyante réécrit son secret, mais elle n’est pas autorisée à le publier (elle en fera circuler quelques copies manuscrites). L’abbé Félicien Bliard en publie le texte en 1873, avec l’imprimatur de l’archevêché de Naples, d’après une copie manuscrite reçue de Mélanie le 30 janvier 1870 (l’autographe est désormais perdu). Communiqué par l’abbé Bliard, ce texte est également répandu par d’autres publications, dès 1870, notamment les cinq opuscules de l’avocat Claude-Régis Girard publiés entre 1871 et 1874, et pour lesquels il a reçu à deux reprises les bénédictions autographes de Pie IX. Ces versions comportent encore plusieurs réserves ou réticences, c’est-à-dire des passages omis par discrétion et remplacés par des «etc.».
- Le 21 novembre 1878, à Castellamare, Mélanie transcrit son secret de manière complète et définitive, sans les réticences du texte de Marseille. Le 3 décembre 1878, le Pape Léon XIII reçoit Mélanie en audience privée. La publication a lieu le 15 novembre 1879 avec l’imprimatur du diocèse de Lecce. Léon Bloy reproduit ce texte dans son livre Celle qui pleure (1908) et Raoul Auclair en fit le commentaire dans trois éditoriaux du journal L’Étoile en 1980, qui furent ensuite réunis en un petit ouvrage l’année suivante.
Maximin Giraud (1835-1875) et Mélanie Calvat (1831-1904)
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De mars-avril 2018 (LR-251) à mai-juin 2021 (LR-270), la Rédaction de la revue Le Royaume présenta les différents livres de Raoul Auclair. Le résumé du livre Le Secret de La Salette (1981) figure dans le n. 266 de la revue (septembre-octobre 2020, p. 22) [LR-266]. L’auteur y affirme que le secret «existe aujourd’hui en trois versions différentes»: ce qui est juste si l’on considère les trois étapes de rédaction rappelées plus haut (mais l’auteur ne mentionne pas l’étape de 1853). Cependant, pour être plus précis, nous pouvons dire, à propos des secrets respectifs des deux enfants, qu’il existe jusqu’à trois versions pour Maximin:
- texte du 3 juillet 1851 (pour le Pape Pie IX) (cf. ANNEXE A);
- texte du 11 août 1851 (pour Benjamin Dausse);
- texte du 5 août 1853 (pour Monseigneur Ginoulhiac);
et jusqu’à six versions pour Mélanie, dont trois versions «courtes»:
- texte du 6 juillet 1851 (pour le Pape Pie IX) (cf. ANNEXE B);
- les deux textes des 12 et 14 septembre 1853 (pour Monseigneur Ginoulhiac);
et trois versions «longues»:
- texte de 1858, aujourd’hui disparu, pour Pie IX;
- texte de 1860 à Marseille (avec des réticences marquées par des «etc.»);
- texte de 1878 à Castellamare (rédaction complète et définitive).
Relevons une petite coquille qui s’est glissée dans le texte de la Rédaction de la revue Le Royaume:
Mais en 1999, /…/ le texte original du secret envoyé au pape Pie IX en 1858 [sic: 1851] par les voyants Mélanie et Maximin a finalement été retrouvé dans les archives du Vatican.
[En effet, il s’agit des versions de 1851 de Maximin et de Mélanie qui ont été retrouvées dans les archives en 1999, alors que la version longue et complète de 1858, envoyée par Mélanie à Pie IX, est disparue.]
La Rédaction du Royaume qualifie la version complète et définitive de 1878 comme plus «détaillée» et «enrichie» (avec des guillemets), laissant entendre que cette version pourrait contenir «des passages du secret qui pourraient ne pas être de la main de Mélanie», ce qui rend la présentation du livre de Raoul «une entreprise délicate».
Je suis demeuré perplexe à cette lecture. Pour le dire avec les mots de l’abbé Corteville, Mélanie «défendra jusqu’à la mort la scrupuleuse authenticité» (p. 28) de la rédaction définitive de 1878, persévérant sans relâche «pour transmettre l’intégralité de son message» (p. 82). Selon l’évêque de Lecce, Salvatore Luigi Zola, qui accorda l’imprimatur:
Interrogée bien des fois par moi-même, et mise à l’épreuve, elle [Mélanie] me déclara constamment et identiquement en des temps divers, et dans tous les cas, qu’elle n’avait fait que reproduire sincèrement et fidèlement dans son écrit, les paroles mêmes prononcées par la Très Sainte Vierge à La Salette, selon qu’elle l’avait encore écrit à Pie IX en 1851. [lettre du 6 mars 1880 au Cardinal Prospero Caterini, GNBLS-1, p. 319; cf. p. 373; deux autres lettres de Monseigneur Zola sont rapportées in extenso dans l’ANNEXE C et l’ANNEXE D.]
Nous aimerions savoir en quoi les différentes versions du secret de La Salette «divergent sur plusieurs points», alors qu’elles «s’accordent sur l’essentiel» (LR-266, p. 22). L’abbé Corteville parle d’une «cohérence de fond» (GNBLS-1, p. 239) et d’une «continuité des grands thèmes» (GNBLS-1, p. 240), notant la persévérance de Mélanie dans sa mission de «révéler progressivement» le secret (DSLS, p. 159) ou d’en «graduer la divulgation» (DSLS, p. 11), selon la volonté de la Vierge. Dans une lettre du 21 mars 1855, la voyante affirme au curé Pierre Mélin (1810-1874) n’avoir «pas dit tout mon secret au Pape, je craignais de lui faire peur» (cf. GNBLS-1, pp. 244-246, 252). En 1858, Pie IX sera pleinement informé du secret. Léon XIII le sera également, dans le sillage de l’audience privée du 3 décembre 1878, ayant «reçu le secret tel qu’il sera dans le texte qui s’imprime [c’est-à-dire l’édition de Lecce]» (lettre de Mélanie à M. de Cissey du 15 septembre 1879; cf. GNBLS-1, pp. 312-313, 497). En Vie d’Amour, Marie-Paule confirme que le secret de La Salette «a été publié avec “imprimatur” et déposé entre les mains du Pape» (VA XIV, 102).
Dans la version 1851, nous découvrons étonnamment la mention d’un «grand roi», absente dans la version 1878, publiée l’année suivante. L’abbé Michel Corteville écrit:
Toutes les affirmations de son écrit de 1851, Mélanie les reprendra en 1879 dans la publication du Secret… moins une: l’annonce d’un roi futur. [GNBLS-1, p. 209; cf. DSLS, p. 56]
En fait, l’annonce d’«un grand roi» en 1851, correspond, en 1878, à l’annonce des «nouveaux rois» qui seront «le bras droit de la Sainte Église». Ainsi, le thème de la royauté se trouve à la fois présent dans la version courte (1851) et la version longue (1878) du secret de Mélanie. De plus, le «grand roi» de La Salette correspond au «grand chef, un roi» (18e apparition, 29 mai 1948), au «grand monarque» (37e apparition, 31 octobre 1956) de Kérizinen.[6]
On peut remettre en question ou nuancer certaines interprétations ou conjectures de Raoul Auclair dans son commentaire du secret de Mélanie, selon la version complète et définitive de 1878. Mais le texte de celle-ci n’est pas apocryphe, il a authentiquement été écrit de la main de Mélanie, dont la sincérité et la véracité ne font pas de doute (cf. GNBLS-1, p. 497). On pourrait accuser la voyante d’extrapolation subjective (cf. DSLS, pp. 11, 56), introduisant des éléments humains dans un message divin. L’équilibre humain et la profondeur spirituelle de cette âme victime et mystique n’inclinent pas à aller dans cette direction.
La Salette… Et ce «Secret» que Marie donna à Mélanie et que l’on a mis sous le boisseau! Parce que, oui, ce «Secret» était terrible… Il est vrai, pourtant! Dit-il autre chose que ce que nous voyons aujourd’hui se dérouler sous nos yeux, tant dans le monde que — hélas! — dans l’Église?[7]
En fait, de même que dans les travaux de l’abbé Michel Corteville, la sainteté de Mélanie est bien mise en évidence dans la petite biographie publiée dans le journal Le Royaume, en septembre 1983.[8] Dans la brochure n. 3 Église, où vas-tu? (mai 1984, cf. LR-021), Mère Paul-Marie montre la «voie douloureuse» (p. 20) par laquelle devront passer les instruments choisis par Marie Co-Rédemptrice en ses épiphanies, citant en exemples Catherine Labouré à la rue du Bac, Mélanie à La Salette, Bernadette à Lourdes, Lucie, François et Jacinthe à Fatima, et tant d’autres. Ceux-ci ont été «calomniés, méprisés, repoussés» (VA IX, 143), comme Marie-Paule le rappelle dans une lettre d’encouragement à la voyante Ida Peerdeman et à son directeur spirituel, le Père Jean Kerssemakers (18 juin 1974).[9]
Catherine Labouré (1806-1876), Bernadette Soubirous (1844-1879) et Ida Peerdeman (1905-1996)
Dans sa lettre aux enfants Ad paucos dies (13 décembre 1994), le Pape saint Jean-Paul II le Grand écrit:
Ainsi, tout au long des siècles jusqu’en notre temps, il ne manque pas d’enfants et de jeunes parmi les saints et les bienheureux de l’Église. De même que, dans l’Évangile, Jésus montre une bienveillance particulière à l’égard des enfants, ainsi sa Mère, Marie, n’a pas manqué de réserver aux petits, au cours de l’histoire, sa sollicitude maternelle. Pensez à sainte Bernadette de Lourdes, aux enfants de La Salette et, en notre siècle, à Lucie, François et Jacinthe à Fatima. [souligné en italique dans le texte; nous soulignons en gras]
Dans l’article «…la lune ne donnera plus sa lumière…», à la note 1, j’ai suggéré qu’il reviendrait à l’Église de Jean de procéder à la canonisation de Mélanie un jour (peut-être aux côtés de Maximin), étant donné la conspiration du silence dans l’Église de Pierre qui a entouré les avertissements de Notre-Dame de La Salette, non seulement à l’égard de la trahison des âmes sacerdotales et consacrées, mais aussi de la perte de la foi jusqu’à Rome même: «Rome perdra la foi et deviendra le siège de l’Antéchrist.» (paragraphe 28 du secret de La Salette) Cette canonisation rejoindrait celle d’Ida Peerdeman, la voyante d’Amsterdam, accomplie par Padre Jean-Pierre le 15 septembre 2019, au Centre eucharistique et marial Spiri-Maria (cf. LR-260, pp. 10-11).
Saint Raoul-Marie ne serait certainement pas opposé à la canonisation de Mélanie, lui qui a un jour écrit dans le journal L’Étoile:
Mélanie de La Salette est morte comme une sainte, non pas rejetée de l’Église (un jour elle sera élevée sur les autels) mais honnie des hommes d’Église.
Aujourd’hui le temps de Marie-Paule (et sa mission) n’est plus le temps de Mélanie (et ses avertissements). Ou plutôt, c’est un même temps qui commençait alors et qui s’achève aujourd’hui. Aussi bien, voyons-nous, mais aussi, hélas, allons-nous voir la tragique imminence de ce que Marie annonçait hier sur la montagne.[10]
Vue générale du sanctuaire de Notre-Dame de La Salette (avril 2019)
(source: Wikimedia Commons)
«Paris sera brûlé…»
Quelques dates sont données dans le secret de La Salette: 1858, 1859, 1864, 1865. Dans son livret Le Secret de La Salette (pp. 19, 47), Raoul avance l’idée que la Vierge ait pu dire «en 58», «en 64», etc. Un premier niveau de réalisation prophétique peut avoir eu lieu durant les années de Maximin et Mélanie. Cependant, aux yeux de Raoul, un niveau encore plus éloquent de réalisation survient «cent ans plus tard» (p. 48), au vingtième siècle, à l’époque de la Grande Tempête sous la houlette des quatre PASTOR ET NAUTA, les saints papes navigateurs Jean XXIII, Paul VI, Jean-Paul Ier et Jean-Paul II (1958-2005). Nous savons que «l’enfer est sur la terre depuis 1958» (VA II, 487-488) et que le Concile Vatican II (1962-1965), «saint en sa nature et dans ses oeuvres» (p. 31), fut, «non pas la cause, mais le prétexte au déferlement de la corruption dans l’Église» (p. 48; souligné dans le texte).
Le 15 avril 2019 (Lundi Saint), il y a exactement trois ans, un terrible incendie ravageait la cathédrale Notre-Dame de Paris, détruisant la flèche, les toitures de la nef, du choeur et du transept ainsi que la charpente. Cette dernière représentait la deuxième charpente de la cathédrale, construite entre 1220 et 1240 et composée de plus d’un millier de chênes centenaires. Lorsque j’ai appris la nouvelle cette journée-là, j’ai immédiatement pensée au secret de La Salette annonçant que «Paris sera brûlé».
À l’époque des voyants Mélanie et Maximin, un premier niveau de réalisation de cette prédiction peut avoir eu lieu lors de l’insurrection de la Commune de Paris (18 mars au 28 mai 1871), qui entraîna plusieurs destructions dans la capitale française, incluant les incendies des 23 et 24 mai lors de la Semaine sanglante (21 au 28 mai). Plusieurs grands édifices ont été touchés par les flammes, tels le palais des Tuileries, le palais d’Orsay, le Palais-Royal, la bibliothèque impériale du Louvre, l’hôtel de ville et le palais de justice (incluant de nombreuses et précieuses archives).[11]
Cependant, ne peut-on voir, en la destruction par le feu de la cathédrale Notre-Dame de Paris, un deuxième niveau de réalisation de la prophétie salettine, plus éloquent encore que le premier, considérant qu’il s’agit du monument le plus emblématique de Paris et de la France? Aux nouvelles télévisées du jour, une femme en France disait à propos de la tragédie: «C’est la France qui brûle!», alors que dans un documentaire, une autre affirme:
C’est Notre-Dame de Paris qui est en train de brûler sous nos yeux, c’est le coeur spirituel de Paris et, par extension, de notre pays. Et, euh… et moi, j’y vois vraiment une portée symbolique.[12]
Ce 15 avril 2022 (Vendredi Saint) marque donc le 3e anniversaire de l’incendie de Notre-Dame de Paris. Il marque également un autre anniversaire: il y a 35 ans, lors du Mercredi Saint 15 avril 1987, débutait pour l’Armée de Marie l’«Année du Crucifiement», qui dura jusqu’au Jeudi Saint 31 mars 1988.
- Ce Mercredi Saint 1987, Marie-Paule recevait communication d’une lettre du Cardinal Joseph Ratzinger (préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi) confirmant la prise de position du Cardinal Louis-Albert Vachon (archevêque de Québec) à l’endroit de l’Armée de Marie: un geste identifié comme le «premier reniement» de l’Oeuvre mariale par l’Église de Pierre.
- Lors du Jeudi Saint 1988, l’Armée de Marie recevait une lettre du Cardinal Eduardo Pironio (président du Conseil pontifical pour les Laïcs) qui confirme le jugement précédent de révocation du Cardinal Vachon: il s’agit alors du «deuxième reniement» par l’Église de Pierre.
- Le «troisième reniement» de l’Armée de Marie par l’Église de Pierre survint le 17 mars 1989, à l’occasion d’un décret du Tribunal Suprême de la Signature Apostolique (dont le préfet est alors le Cardinal Achille Silvestrini), rejetant le recours de l’Armée de Marie.[13]
Rappelons également un autre fait: il y a exactement 12 ans, le 15 avril 2010, Marie-Paule écrivait dans Le Livre blanc V:
Le diable s’est installé dans l’Oeuvre pour tenter de tout détruire avant la fin de mai [le 30 mai 2010 doit avoir lieu l’engagement de Marc Bosquart comme Roi d’Église et la bénédiction des attributs royaux; le lendemain 31 mai, Padre Jean-Pierre doit procéder au sacre et au couronnement de Marc-André Ier]. [Et Marie-Paule d’ajouter:] Terminer mon livre V? [LB-V, 142]
Marie-Paule ne révèle pas de quelle manière le diable s’est installé «dans» l’Oeuvre, durant les semaines précédant le triduum du 29 au 31 mai 2010; mais nous savons que l’un des aspects importants et constants de sa mission fut de «déloger le diable, clarifier la situation» (VA VIII, 285-286), au «moment propice» (VA VIII, 286). Dans mes lectures des oeuvres thérésiennes, je suis tombé sur ce passage intéressant:
Lorsqu’en des temps d’agitation et de zizanie qu’il [le démon] suscite, alors qu’il semble entraîner tout le monde derrière lui, aveuglés par les apparences d’un beau zèle, Dieu envoie quelqu’un qui leur ouvre les yeux et leur révèle qu’un brouillard leur cache le chemin (grandeur de Dieu pour qui un seul homme ou deux qui disent la vérité sont plus forts que tous les autres ensemble!), ils retrouvent peu à peu la route, Dieu leur donne du courage.[14]
Le 20 avril 2010, cinq jours après l’affirmation par Marie-Paule de la présence du diable dans l’Oeuvre, l’explosion de la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon se produisit dans le golfe du Mexique, provoquant l’un des pires déversements pétroliers de l’histoire, qualifié de «Tchernobyl de l’industrie pétrolière» par un spécialiste des catastrophes maritimes. Parmi les 126 personnes présentes sur la plate-forme, 11 morts et 17 blessés ont été recensés.
La plate-forme Deepwater Horizon en flammes
(source: Wikimedia Commons, photo 1 et photo 2)
Le film Deepwater Horizon, basé sur ces événements, a été réalisé en 2016 par Peter Berg, mettant en vedette Mark Wahlberg, Kurt Russell, John Malkovich, Gina Rodriguez, Dylan O’Brien et Kate Hudson.
[Quelqu’un m’a aussi fait remarquer que c’est le 15 avril 1912, il y a 110 ans, que le paquebot transatlantique RMS Titanic a fait naufrage dans l’océan Atlantique Nord, au large de Terre-Neuve, après être entré en collision avec un iceberg, lors de son voyage inaugural. Wikipédia nous renseigne:
Entre 1490 et 1520 personnes trouvent la mort, ce qui fait de cet événement l’une des plus grandes catastrophes maritimes survenues en temps de paix et la plus grande pour l’époque.]
Le Titanic à Southampton le 10 avril 1912
(source: Wikimedia Commons)
«…des châtiments qui se succéderont pendant plus de trente-cinq ans»
À propos de cet oracle du secret de La Salette, Raoul Auclair s’est limité au commentaire suivant:
Ne cherchons pas pour lors à percer le secret de ces trente-cinq ans. Ce qui est sûr, c’est que les nombres donnés par le Ciel sont toujours d’une désarmante exactitude, une fois trouvée la clef qui en ouvre le mystère. [p. 23]
Vers la fin de sa vie (1899-1903), Mélanie fit un séjour en France auprès de l’abbé Émile Combe, curé de Diou. Ce dernier a interrogé la voyante sur la date initiale de cette période de «plus de trente-cinq ans».[15] Mélanie a suggéré la date de 1880: cette année-là, une lettre datée du 14 août, négative à l’endroit de la brochure de Lecce (publiée le 15 novembre 1879 et portant l’imprimatur de Monseigneur Zola), fut signée par le Cardinal Prospero Caterini (secrétaire de la Congrégation de l’Inquisition romaine et universelle, qui deviendra le Saint-Office en 1908). Cependant, la brochure n’a jamais été condamnée ou mise à l’Index, pas même suite au décret du 21 décembre 1915 du Saint-Office, qui interdisait tout commentaire public du secret de Mélanie (cf. GNBLS-1, pp. 339, 358-368).
Il est intéressant de constater qu’une période d’un peu «plus de trente-cinq ans» s’est écoulée entre la fameuse «lettre Caterini» et le décret du Saint-Office.[16] Cette période conduit également dans les débuts de la Première Guerre mondiale (1914-1918), cette «guerre générale qui sera épouvantable» (paragraphe 19 du secret). Cette «guerre générale», qui se déroule d’abord sur le continent européen avant d’étendre ses ramifications dans le restant du monde, reprendra de nouveau lors de la Deuxième Guerre mondiale (1939-1945). La récente invasion de l’Ukraine par la Russie depuis le 24 février 2022 menace l’équilibre de l’Europe et du monde, laissant à craindre la perspective d’une Troisième Guerre mondiale. Raoul Auclair écrivait ceci en avril 1982, dans le journal L’Étoile:
Je voudrais bien savoir si quelqu’un aurait le front de dire que tous ces maux sont des menaces chimériques! Outre la monstrueuse désagrégation des Nations, tant en leurs lois civiles que morales et religieuses, une menace affreuse ne pèse-t-elle pas sur le monde? Que la guerre éclate, la troisième Guerre universelle — et quel homme ne tremble à la sentir si proche — qui donc alors retiendrait le monstrueux appareil déjà en place pour l’incendie de la terre et l’anéantissement des peuples? Et tant d’armes secrètes, pour lors en réserve dans l’arsenal de la terreur…[17]
Dans un article du journal Le Royaume, signé le 25 avril 2003, lors de la guerre d’Irak, Mère Paul-Marie disait:
L’humanité se dirige-t-elle vers une troisième guerre mondiale?[18]
Les «vingt-cinq ans d’abondantes récoltes» de La Salette ou le «certain temps de paix» de Fatima, que nous avons rattachés au «silence d’une demi-heure» de l’Apocalypse (Ap 8, 1), peut-être devons-nous les interpréter dans le cadre précis des Nations qui constituent l’Europe. Après les deux Guerres mondiales, qui furent d’abord européennes, il y eut la Guerre froide (1947-1991), divisant idéologiquement le bloc de l’Ouest (autour des USA) et le bloc de l’Est (autour de l’URSS).
Dès lors, ces deux «blocs» n’ont jamais cessé de s’affronter; mais non encore dans une bataille décisive.[19]
Jusqu’à maintenant, l’Amérique et la Russie se sont affrontées par pays interposés («proxy war»), évitant un affrontement direct. Lors de la 21e vision du 14 février 1950, la Dame de tous les Peuples avertissait: «Voici venir un grand conflit. L’Amérique, la Russie… Cela approche.»
La chute des régimes communistes en Europe (à partir de 1989) et la dissolution de l’URSS (en décembre 1991) mettent fin à la «Guerre froide», telle que nous l’avions connu jusque-là. Cette «accalmie» ou «temps de paix» sur le plan social, dans le cadre européen, coïncide avec l’émergence de l’Église de Jean ou l’Église renouvelée de Pierre, ainsi que l’institution de la Royauté d’Église en la personne de Marc-André Ier. La guerre en Ukraine brise cette paix européenne environ 21 ans après l’établissement de la nouvelle Rome à Lac-Etchemin.[20]
Sainte Ida Peerdeman, lors de la 25e vision (10 décembre 1950), a rapporté ceci:
Et maintenant, la Dame étend les deux mains en un geste de protection au-dessus d’une contrée qui me paraît être l’Ukraine.
Pour en revenir à la période de «plus de trente cinq ans» mentionnée dans le secret de La Salette, il m’est venu à l’esprit un second niveau de réalisation prophétique dans le contexte de notre époque, «cents ans plus tard». En effet, il s’est écoulé une période de 35 ans entre la fin du Concile Vatican II (1965) et l’établissement du Centre eucharistique et marial Spiri-Maria (2000), ou encore entre la fondation de l’Armée de Marie (1971) et l’avènement de l’Église de Jean (2006), l’Église renouvelée de Pierre, la nouvelle Église rayonnant depuis la nouvelle Rome.
1. Vatican II, tes fruits sont mûrs,
Bientôt les peuples seront purs;
Tant de chrétiens t’ont massacré,
L’Église psychique va éclater. /…/
6. Vatican II, tes fruits sont mûrs,
Nouveaux apôtres, sereins et purs,
Éloignés de l’Église psychique,
Se déploient dans l’Église mystique. /…/[21]
Consécration de la Russie
Le 25 mars 2022, en la solennité de l’Annonciation, suite à «de nombreuses demandes du Peuple de Dieu», le souverain pontife catholique François, a accompli «un Acte solennel de consécration de l’humanité, et particulièrement de la Russie et de l’Ukraine, au Coeur Immaculé de Marie», «dans le contexte d’une Célébration pénitentielle». Le 21 mars précédent, il a écrit une lettre aux évêques pour les inviter à s’unir à cet Acte.[22]
En 2017, dans le livre Le Secret de Marie (2e édition), j’ai écrit ce qui suit:
Concernant l’«appel historique pour la consécration de la Russie» lancé le 19 mai 2017 par le Cardinal Raymond Burke, il y a fort peu de chances qu’il trouve un écho favorable chez le Pape François. Ce dernier a fait un acte de consécration du monde au Coeur Immaculé de Marie le 13 octobre 2013 à Rome. N’aurait-il pas mieux valu pour lui d’attendre l’année centenaire 2017 pour faire un acte de consécration à la hauteur de la solennité du moment? [annexe 9, note 174, pp. 141, 205]
Suite à l’invasion de l’Ukraine le 24 février 2022, sous la pression des événements et des «nombreuses demandes» en ce sens, François fut en quelque sorte contraint à faire un acte de consécration dans lequel la «Russie» serait nommée. Un communiqué du Vatican annonça la nouvelle le 15 mars. Trois jours plus tard, le 18 mars, un autre communiqué précisa que cette consécration serait faite «en communion avec les évêques du monde entier». Ainsi, les deux conditions posées par la Vierge de Fatima: une consécration ayant pour objet la Russie et accomplie collégialement, semblent réunis pour la première fois.
Dans l’acte qu’il prononça, François consacra au Coeur Immaculé de Marie «nous-mêmes, l’Église et l’humanité tout entière, en particulier la Russie et l’Ukraine». Je pense qu’il serait plus fidèle aux demandes de la Vierge de consacrer la Russie SEULE, car SEULE la Russie fut identifiée par Marie dans sa demande de consécration, étant donné que c’est la Russie qui allait répandre «ses erreurs à travers le monde». Raoul Auclair écrivait en mars 1983:
Or, quelques jours avant ce terrible jour [celui de la Révolution bolchévique, le 7 novembre 1917 du calendrier grégorien], la Vierge Marie, dans le cadre de Sa mission d’ennemie de l’Ennemi des hommes, vint à Fatima mettre le monde en garde contre l’immense subversion qui l’allait bientôt submerger. Elle osa même, au grand scandale rétrospectif des clercs, dénoncer la Russie! Dont, au reste, personne alors ne se souciait, ni même pensait qu’elle pût peser de quelque poids dans la destinée des peuples.[23]
En plus de cet acte de consécration, dont il convient d’assurer le caractère solennel et collégial, la Vierge a demandé à l’Église de reconnaître la pratique de la communion réparatrice des premiers samedis. L’Église doit clairement manifester qu’elle se met à l’écoute de la Vierge de Fatima, Mère de l’Église, Co-Rédemptrice du genre humain; elle doit établir solennellement le culte envers le Coeur Immaculé de Marie.
Les voyants de Fatima: Jacinta, Lúcia et Francisco
(source: Wikimedia Commons, photo 1, photo 2 et photo 3)
Mais le vrai problème avec l’acte de consécration du 25 mars 2022, c’est qu’il ne s’agit pas du bon «sujet consécrateur». En effet, François est le chef de l’Église schismatique de Pierre, une Église qui a rejeté la Dame de tous les Peuples (FLOS FLORUM), écartant par le fait même le «katechon» de saint Paul (2 Th 2, 6-7). Dans Le Secret de Marie, j’ai employé à plusieurs reprises l’expression «Pape François», chose que j’essaie d’éviter désormais, car François n’est pas le «Pape», il est un «évêque vêtu de blanc», à la rigueur un «pape schismatique», en fait, un «antipape». Cf. l’article «…la lune ne donnera plus sa lumière…».
Les demandes de Marie de Fatima s’adressent d’abord au Pape, c’est-à-dire «le Père spirituel du monde» (VA IX, 35), «la plus haute autorité morale dans l’Église et dans le monde».[24] J’ai tenté d’expliquer, dans Le Secret de Marie, que le sommet de la pyramide hiérarchique, qui doit unir le spirituel et le temporel, se concentre actuellement dans la personne du Roi d’Église Marc-André Ier. Ce dernier doit «unir l’Église [et donc la Papauté] et la Royauté» (VA XII, 22), d’où l’expression «Roi-Pape». C’est pourquoi je voyais en lui le «sujet consécrateur» à qui revenait la mission d’accomplir la consécration de Fatima (Coeur Immaculé de Marie) et la consécration de Paray-le-Monial (Sacré-Coeur de Jésus), parachevant «là où les rois et les papes ont manqué» (Le Secret de Marie, p. 81). C’est d’ailleurs lui qui a accompli, le 31 mai 2013 à Spiri-Maria, la consécration de l’humanité totale à Marie-Paule Co-Rédemptrice.
Dans le journal L’Étoile de septembre 1979, Marc Bosquart a écrit:
La proclamation et la définition de cette présence de Marie dans l’histoire du salut, du commencement à la fin, peuvent être considérées comme une forme d’accomplissement de l’Histoire. Et le temps est à présent venu pour que l’Univers, en l’Église et par l’Église, donne à l’Histoire ce couronnement, ce parachèvement, cette consécration. La difficulté est proportionnelle à l’importance. Mais quelles que soient les souffrances et les douleurs, il faudra bien qu’un jour, qu’un jour prochain, l’Église tout entière comprenne que sans la définition de Marie Co-Rédemptrice, l’Histoire de l’Église serait vaine! Il s’agit d’une NÉCESSITÉ absolue! Mais que nulle place ne soit laissée au désespoir: Marie, jusqu’au bout, aidera l’Église dont Elle est la Mère, à la reconnaître et à la proclamer tout ensemble CO-RÉDEMPTRICE, MÉDIATRICE et AVOCATE.[25]
Tout me pousse à croire que le même degré de «NÉCESSITÉ absolue», appliquée ici par Marc à la promulgation du dogme de Marie Co-Rédemptrice, Médiatrice et Avocate (Amsterdam), s’applique également à la consécration de la France au Sacré-Coeur de Jésus (Paray-le-Monial), à la consécration de la Russie au Coeur Immaculé de Marie (Fatima) et à la consécration du monde aux Deux Coeurs Unis de Jésus et de Marie (Kérizinen).
Il convient de terminer le présent texte avec quelques communications célestes que Soeur Lucie de Fatima a reçu en lien avec la demande de la consécration de la Russie, une demande anticipée le 13 juillet 1917 à Fatima (Portugual) et formulée expressément le 13 juin 1929 à Tuy (Espagne). Nous présentons ces communications célestes suivant l’ordre chronologique décroissant (mai 1952 / «quelque temps» avant le 18 mai 1936 / août 1931 / 13 juillet 1917):
Fais savoir au Saint-Père que j’attends toujours la consécration de la Russie à mon Coeur Immaculé. Sans cette consécration, la Russie ne pourra se convertir, ni le monde avoir la paix. [mai 1952; Il Pellegrinaggio delle Meraviglie, Rome, 1960 (publié sous l’égide de l’épiscopat italien); cf. Le Secret de Marie, pp. 111, 197 (note 106)]
Le Saint-Père! Prie beaucoup pour le Saint-Père. Il la fera, mais ce sera tard. Cependant, le Coeur Immaculé de Marie doit sauver la Russie. Elle lui est confiée. [lettre de Soeur Lucie du 18 mai 1936; cf. Le Secret de Marie, pp. 76, 113]
Fais savoir à mes ministres, étant donné qu’ils suivent l’exemple du roi de France en retardant l’exécution de ma demande, qu’ils le suivront dans le malheur. Jamais il ne sera trop tard pour recourir à Jésus et à Marie. [Rianjo, août 1931; lettre de Soeur Lucie du 29 août 1931; cf. Le Secret de Marie, pp. 75, 145]
On n’a pas voulu écouter ma demande. Comme le roi de France, on s’en repentira et on le fera, mais ce sera tard. La Russie aura déjà répandu ses erreurs par le monde, en provoquant des guerres, des persécutions contre l’Église: le Saint-Père aura beaucoup à souffrir! [Rianjo, août 1931; mémoires de Soeur Lucie; cf. Le Secret de Marie, pp. 75, 113, 145]
À la fin, mon Coeur Immaculé triomphera. Le Saint-Père me consacrera la Russie qui se convertira, et un certain temps de paix sera accordé au monde. [Fatima, 13 juillet 1917, deuxième partie du Secret; cf. Le Secret de Marie, pp. 24, 71, 81, 113]
ANNEXE A
Rédaction du secret par Maximin, le 3 juillet 1851
(cf. DSLS, pp. 47-48)
Le 19 septembre 1846, nous avons vu une belle Dame.
Nous n’avons jamais dit que cette dame fut la Sainte Vierge
mais nous avons toujours dit que c’était une belle Dame.
Je ne sais pas si c’est la Sainte Vierge ou une autre personne.
Moi, je crois aujourd’hui que c’est la sainte Vierge.
Voilà ce que cette Dame m’a dit:
«Si mon peuple continue,
ce que je vais vous dire arrivera plus tôt,
s’il change un peu, ce sera un peu plus tard.
La France a corrompu l’univers, un jour elle sera punie.
La foi s’éteindra dans la France:
trois parties de la France ne pratiqueront plus de religion, ou presque plus, 1’autre partie la pratiquera sans bien la pratiquer.
Puis, après [cela], les nations se convertiront,
la foi se rallumera partout.
Une grande contrée dans le nord de l’Europe, aujourd’hui protestante, se convertira: par l’appui de cette contrée
toutes les autres contrées du monde se convertiront.
Avant que tout cela arrive, de grands troubles arriveront,
dans l’Église, et partout.
Puis, après [cela], notre Saint-Père le pape sera persécuté.
Son successeur sera un pontife que personne [n’]attend.
Puis, après [cela], une grande paix arrivera,
mais elle ne durera pas longtemps.
Un monstre viendra la troubler.
Tout ce que je vous dis là arrivera dans l’autre siècle,
[au] plus tard aux deux mil ans.»
Maximin Giraud
(Elle [‘]a dit de le dire quelque temps avant.)
Mon Très Saint-Père,
votre sainte bénédiction à une de vos brebis,
Grenoble, le 3 juillet 1851.
Fac-similé du secret de Maximin de 1851 au Pape Pie IX
ANNEXE B
Rédaction du secret par Mélanie, le 6 juillet 1851
(cf. DSLS, pp. 48-49)
J.M.J.
secret que m’a donné la Sainte Vierge sur la Montagne de La Salette le 19 septembre 1846
Secr[e]t.
Mélanie, je vais vous dire quelque chose que vous ne direz à personne:
Le temps de la colère de Dieu est arrivé!
Si, lorsque vous aurez dit aux peuples ce que je vous ai dit tout à l’heure, et ce que je vous dirai de dire encore,
si, après cela, ils ne se convertissent pas,
(si on ne fait pas pénitence,
et si on ne cesse pas de travailler le dimanche,
et si on continue de blasphémer le Saint Nom de Dieu),
en un mot, si la face de la terre ne change pas,
Dieu va se venger contre le peuple ingrat et esclave du démon.
Mon Fils va faire éclater sa puissance!
Paris, cette ville souillée de toutes sortes de crimes, périra infailliblement. Marseille sera détruite en peu de temps.
Lorsque ces choses arriveront, le désordre sera complet sur la terre.
Le monde s’abandonnera à ses passions impies.
Le pape sera persécuté de toutes parts:
on lui tirera dessus, on voudra le mettre à mort,
mais on ne lui pourra rien,
le Vicaire de Dieu triomphera encore cette fois[-là].
Les prêtres et les religieuses, et les vrais serviteurs de mon Fils seront persécutés, et plusieurs mourront pour la foi de Jésus-Christ.
Une famine règnera en même temps.
Après que toutes ces choses seront arrivées,
beaucoup de personnes reconnaîtront la main de Dieu sur elles,
se convertiront, et feront pénitence de leurs péchés.
Un grand roi montera sur le trône, et régnera pendant quelques années.
La religion refleurira et s’étendra par toute la terre
et la fertilité sera grande, le monde content de ne manquer de rien recommencera ses désordres, et abandonnera Dieu, et se livrera à ses passions criminelles.
[Parmi] les ministres de Dieu, et les Épouses de Jésus-Christ, il y en a qui se livreront au désordre, et c’est ce qu’il y aura de [plus] terrible.
Enfin, un enfer régnera sur la terre.
Ce sera alors que l’Antéchrist naîtra d’une religieuse;
mais, malheur à elle! Beaucoup de personnes croiront à lui,
parce qu’il se dira le venu du ciel,
malheur à ceux qui le croiront!
Le temps n’est pas éloigné, il ne passera pas deux fois 50 ans.
Mon enfant, vous ne direz pas ce que je viens de vous dire.
(Vous ne le direz à personne,
vous ne direz pas si vous devez le dire un jour,
vous ne direz pas ce que cela regarde),
enfin vous ne direz rien jusqu’à ce que je vous dise de le dire!
Je prie Notre Saint-Père le Pape de me donner sa sainte bénédiction.
Mélanie Mathieu, Bergère de La Salette
Grenoble 6 juillet 1851.
J.M.J.+
Fac-similé du secret de Mélanie de 1851 au Pape Pie IX
ANNEXE C
Lettre de Monseigneur Salvatore Luigi Zola (1822-1898), évêque de Lecce,
à l’abbé Isidore Roubaud (1836-1897)
Source: Fernand Corteville (père de l’abbé Michel Corteville), La Bergère de Notre-Dame de La Salette et le Serviteur de Dieu Mgr Zola, Évêque de Lecce, Beaupréau, édité par l’association Les Enfants de Notre-Dame de La Salette et de Saint Grignion de Montfort, 1981, pp. 179-180, 113-117, 145.
*****
[pp. 179-180]
Évêché de Lecce
Lecce, le 24 mai 1880
Monsieur le curé,
Je déplore vivement l’opposition que la France fait maintenant au céleste message de La Salette. Nous sommes déjà à la veille des châtiments terribles dont nous a menacés la Mère de Dieu à cause de nos prévarications et cependant nous préférons repousser les avertissements d’une Mère si tendre et si miséricordieuse, plutôt que de profiter de ses leçons, seul acte de notre part qui pourrait diminuer l’intensité des fléaux dont nous menace la colère divine. Je reconnais en cela l’oeuvre de notre vieil ennemi qui a le plus grand intérêt à exploiter tout moyen, surtout auprès des ministres de Dieu, ut videntes non videant et intelligentes non intelligant [Lc 8, 10: «afin qu’ils voient sans voir et entendent sans comprendre»].
Votre pieuse croyance et votre dévotion filiale à Notre-Dame de la Salette vous engagent à me demander beaucoup de choses et de renseignements au sujet du secret de Mélanie; aussi me vois-je dans l’embarras en voulant vous satisfaire par une simple lettre.
Toutefois je m’efforcerai de me conformer à vos désirs autant qu’il me sera possible.
Ce ne fut que le 3 juillet 1851, que Mélanie écrivit elle-même son secret, pour la première fois, au couvent de la Providence, à Corenc, par ordre de Mgr de Bruillard [Philibert de Bruillard (1765-1860)], évêque de Grenoble, en présence de M. Dausse [Marie-François Benjamin Dausse (1801-1890)], ingénieur en chef des ponts et chaussées, et de M. Taxis [Marie-Rémy de Taxis], chanoine de la cathédrale de Grenoble.
Mélanie remplit trois grandes pages d’un seul trait, sans rien dire, sans rien demander. Elle signe sans relire, plie son secret, et le met dans une enveloppe. Elle met ainsi l’adresse: À Sa Sainteté Pie IX, à Rome.
Le lendemain, quatre juillet, le secret est recopié par Mélanie elle-même, à l’évêché de Grenoble, dans le but de bien distinguer deux dates des événements qui ne doivent pas arriver à la même époque. Mélanie, n’ayant mis la première fois qu’une seule date, craignait que, pour ce motif, le Pape ne comprît pas bien, et qu’il y eût, par conséquent, équivoque.
Le 18 Juillet, M. Gerin [Jean Gerin (1797-1863)], curé de la cathédrale de Grenoble, et M. Rousselot [Pierre-Joseph Rousselot (1785-1865)], vicaire général honoraire, deux saints prêtres et d’un âge avancé et très respectables à tous égards, remettaient à S.S. Pie IX les lettres de Mgr de Grenoble et celles de Maximin et de Mélanie renfermant leurs secrets.
Mélanie n’a pas envoyé à Sa Sainteté Pie IX tout le secret qu’elle a publié dernièrement mais seulement tout ce que la Sainte Vierge lui inspira sur l’heure d’écrire de cet important document, et en outre bien des choses qui pouvaient concerner Pie IX personnellement.
Toutefois, par suite d’informations que je vous donne comme très précises, je sais que les reproches adressés au clergé et aux communautés religieuses étaient contenus identiquement dans la partie du secret donnée à Sa Sainteté Pie IX.
L’heureuse Bergère de La Salette communiqua plus tard à diverses personnes quelques autres parties du secret, lorsqu’elle jugeait que le moment opportun pour les publier était arrivé. Mais la publication du secret tout entier n’a été faite que dans la brochure écrite par Mélanie elle-même et imprimée à Lecce en 1879 sur la demande et aux frais d’une pieuse personne.
*
[pp. 113-117]
En 1860, à Marseille, un des directeurs de Mélanie obtint un manuscrit du secret; il me fut remis à moi-même en 1869, lorsque j’étais le directeur spirituel de Mélanie, par ordre de Mgr Petagna [Francesco Saverio Petagna (1812-1878)], évêque de Castellamare di Stabia. Le 30 janvier 1870, Mélanie livra entre les mains de M. l’abbé Félicien Bliard [(1824-1881)] ce même document, avec sa déclaration d’authenticité et sa signature, mais avec de petites réticences indiquées par des points et par des etc…, remplaçant ainsi les parties du secret qu’elle ne jugeait pas devoir encore dévoiler. La partie concernant les prêtres et les religieux, presque entière, y était à sa place. M. l’abbé Bliard en adressa de Nice une copie, le 24 février 1870, certifiée conforme, au R.P. Semenenko [Piotr Semenenko (1814-1886)], consulteur de l’Index à Rome, et supérieur du Séminaire polonais. Il fit de même pour plusieurs dignitaires de l’Église. Cependant le secret de la Bergère de La Salette s’était répandu déjà partout, en manuscrit, surtout parmi les communautés religieuses, et parmi le clergé.
En 1873, M. l’abbé F. Bliard publia ce document, tel qu’il l’avait reçu de Mélanie en 1870, avec ses savants commentaires, dans une brochure intitulée: Lettres à un ami sur le Secret de la Bergère de La Salette. Cette brochure parut à Naples avec l’approbation donnée le 30 avril 1873, par la curie de Son Éminence le Cardinal Xyste Riario Sforza [Sisto Riario Sforza (1810-1877)], archevêque de Naples. Je puis certifier moi-même l’authenticité de cette approbation, et aussi l’authenticité de la lettre que j’adressai à M. l’abbé Bliard, en date du 1er mai 1873, après ma promotion à l’évêché de Ugento, lettre qui fut imprimée à la première page de ladite brochure.
Monsieur C.R. Girard [Claude-Régis Girard (1814-1875)], savant directeur de La Terre Sainte, à Grenoble, tenant de M. Bliard le secret de Mélanie, le publia dès 1872 [sic: 1871] dans son livre intitulé: Les Secrets de La Salette et leur importance. Cette brochure n’était que le premier de cinq bien importants opuscules qui ont paru plus tard, et qui sont destinés, par le même auteur, à justifier et à confirmer les révélations de La Salette, ainsi qu’à les défendre des attaques de ses ennemis
Ces ouvrages de M. Girard ont été honorés de l’agrément et de la bénédiction de Sa Sainteté Pie IX et des encouragements de plusieurs théologiens et évêques catholiques. L’Avenir Dévoilé, dans son supplément, contenait aussi le message à peu près conforme à celui publié par M. F. Bliard.
Je vous dirai encore que pendant plusieurs années, étant l’abbé des chanoines réguliers de Latran à Sainte-Marie de Piedigrotta, à Naples, en ma qualité de supérieur de cet ordre, j’eus l’occasion d’entretenir des relations avec de très respectables prélats et princes de l’Église romaine. Ils étaient assez bien informés à l’égard de Mélanie et de son secret; ils avaient reçu presque tous ce document. Eh bien! tous, pas un seul excepté, portèrent un jugement tout à fait favorable à cette divine révélation et à l’authenticité du secret. Je me borne à vous citer entre autres: Mgr Petagna [Francesco Saverio Petagna (1812-1878)], évêque de Castellamare di Stabia, qui tenait sous sa tutelle, depuis quelques années, la bonne Bergère de La Salette; Mgr Mariano Ricciardi [Mariano Ricciardi (1814-1876)], archevêque de Sorrento; Son Éminence le Cardinal Guidi [Filippo Maria Guidi (1815-1879)]; Son Éminence le Cardinal Xyste Riario Sforza [Sisto Riario Sforza (1810-1877)], archevêque de Naples… Ces saints et vénérables pasteurs m’ont parlé toujours de façon à me confirmer profondément dans ma croyance, devenue désormais inébranlable, à la divinité des révélations renfermées dans le secret de la Bergère de La Salette. Je tiens aussi, de source certaine, que notre Saint-Père Léon XIII a également reçu ce même document tout entier.
Bien avant cette date le «fait de La Salette» avait été connu en Italie. Dès l851-52 Mgr Romilli [Bartolomeo Carlo Romilli (1795-1859)], archevêque de Milan, avait encouragé un professeur du Grand Séminaire, l’abbé Speroni [Luigi Speroni (1804-1855)], à publier la traduction de l’ouvrage de l’abbé Rousselot: La vérité sur l’événement de La Salette. Le mandement de Mgr de Bruillard avait paru dans L’Osservatore Romano du 4 juin 1852. Concernant les secrets des enfants remis au Pape Pie IX, le 18 juillet 1851, on pouvait admettre que des cardinaux de Curie proches du Saint-Père (Lambruschini, Fornari) [Luigi Emmanuele Nicolo Lambruschini (1776-1854), Raffaele Fornari (1787-1854)], avaient reçu des confidences de Pie IX sinon des copies mêmes des secrets. Reçu le 8 août 1851 par le cardinal Lambruschini, l’abbé Rousselot écrivait le même jour à son évêque Mgr de Bruillard: «Il m’a laissé entrevoir que ce secret était sérieux et annonçait des malheurs.»
Quant à la personne même de Mélanie, un évêque d’Alger, Mgr Dupuch [Antoine Louis Adolphe Dupuch (1800-1856)], l’avait fait connaître sous un jour favorable, en publiant dans son ouvrage paru en 1855: Venez avec moi à La Salette, deux lettres autographes que la Bergère de La Salette lui avait adressées de son carmel de Darlington. «Oserai-je vous supplier avec grâce de vouloir bien prier pour moi, écrivait-elle le 20.10.1855. J’ai un grand désir d’aimer notre bon Sauveur Jésus-Christ et m’ensevelir dans ses plaies sacrées. Oh! quand on voit ce bon Sauveur sur la croix, qui ne voudrait l’aimer? Oui, l’aimer, l’aimer et donner son sang pour son amour, et qu’il me tarde de le graver dans mon coeur encore tout froid! C’est par Marie qu’on obtient tout… etc.»
Je n’oublie pas, mon cher monsieur le curé, que le secret contient des vérités bien dures à l’adresse du clergé, et des communautés religieuses. On se sent le coeur bien oppressé et l’âme toute terrifiée quand on aborde de telles révélations. Si je l’osais, je demanderais à Notre-Dame pourquoi elle n’a pas enjoint de les ensevelir dans un éternel silence. Mais poserons-nous des questions à Celle qui est appelée le Trône de la Sagesse? Profiter de ses leçons, voilà toute notre tâche.
Cependant les plaintes de notre très miséricordieuse Mère, et les reproches adressés aux pasteurs et aux ministres de l’autel ne sont pas sans raison; et ce n’est pas la première fois que le Ciel adresse au clergé de semblables reproches destinés à devenir publics.
Nous en trouvons dans les psaumes, dans Jérémie, dans Ézéchiel, dans Isaïe, dans Michée, etc…, dans les oeuvres des Pères et des Docteurs de l’Église, dans les sermons des évêques et des auteurs sacrés, dans plusieurs révélations qui ont été faites en ces derniers temps à des saintes; dans les lettres de sainte Catherine de Sienne, dans les écrits de sainte Hildegarde et de sainte Brigitte, de la bienheureuse Marguerite-Marie Alacoque, de Soeur Nativité, de l’extatique de Niederbronn, Élisabeth Eppinger, de Soeur Marie Lataste, de la servante de Dieu Élisabeth Canori Mora, etc… Je passe sous silence les révélations de sainte Thérèse, de sainte Catherine de Gênes, de Marie d’Agreda, de Catherine Emmerich, de la vénérable Anna Maria Taïgi, et de plusieurs autres.
Il est toutefois certain qu’il ne faut pas prendre au pied de la lettre les termes généraux concernant les reproches adressés au clergé et aux communautés religieuses; car il existe un langage qui est propre au style prophétique. Aussi les termes du secret, pas plus que les termes prophétiques de nos Saints Livres, ne peuvent-ils nous inspirer du mépris ou de la méfiance pour ceux qui auront toujours droit à notre respect, à notre estime et à notre confiance.
Nous nous réjouissons, d’ailleurs, en voyant dans le sein de l’Église des pasteurs et des ministres resplendissants par l’éclat de la science et de la sainteté; que de belles âmes, que d’âmes vraiment nobles et généreuses, pleines de charité, avides de dévouement et de sacrifices, n’y trouve-t-on pas? Peut-être, monsieur le curé, vous qui voyez fleurir autour de vous tant de fervents ministres de Dieu, vous aurez peine à comprendre les révélations si humiliantes et les paroles menaçantes et terribles adressées par l’auguste Mère de Dieu à la phalange sacerdotale! Ah! s’il en était de même partout!
Mais n’oublions pas, monsieur, que la Divine Mère embrasse de son regard l’univers tout entier, et que son oeil si pur peut être attristé par bien des choses que nous ne pouvons ni connaître, ni même soupçonner, quelque pénible et humiliant qu’il puisse être pour nous d’entendre les révélations qui tombent des lèvres virginales de cette bonne Mère; prions-la d’obtenir de Dieu pour nous la grâce de les recevoir avec reconnaissance et avec fruit. Rien, si ce n’est notre docilité, ne pourra diminuer la rigueur des châtiments qui nous sont réservés et hâter l’avènement du règne de la Justice et de la Paix.
Quant au secret imprimé à Lecce, je vous assure qu’il est identique à celui qui me fut donné par Mélanie en 1869: elle a comblé seulement dans ce dernier ces lacunes, ces petites réticences qui, du reste, étaient loin de rien ajouter ou de rien ôter à la substance de ce document. Je l’ai moi-même fait examiner par ma curie épiscopale, suivant les règles de l’Église, et mon vicaire général, n’ayant trouvé aucune raison qui put s’opposer à la publication du secret, à délivré sa licence d’imprimer en ces termes: «Nihil obstat, imprimatur», à la personne qui voulait le publier à ses frais et selon ses pieuses intentions.
Cette approbation, ainsi qu’on le voit à la fin de la brochure, a été bien donnée le 15 novembre 1879. La brochure a été écrite réellement et entièrement par Mélanie Calvat, Bergère de La Salette, laquelle était surnommée Mathieu. Il n’est pas possible d’élever des doutes sur l’authenticité de cette brochure.
Voici maintenant ce qui concerne la personne de Mélanie. Cette pieuse fille, cette âme vertueuse et privilégiée que l’esprit des méchants a cherché à avilir en la faisant l’objectif de ses détestables et grossières calomnies, et de son orgueilleux dédain, je puis attester devant Dieu qu’elle n’est, en aucune manière, ni fourbe, ni folle, ni illusionnée, ni orgueilleuse, ni intéressée. J’ai eu, au contraire, l’occasion d’admirer les vertus de son âme ainsi que les qualités de son esprit, pendant toute cette période de temps que je l’eus sous ma direction spirituelle, c’est-à-dire de 1868 jusqu’à 1873. À cette dernière époque, à la suite de ma promotion de supérieur des chanoines réguliers à l’évêché de Ugento, ne pouvant désormais m’occuper de sa direction, j’ai voulu toutefois continuer avec elle des relations écrites. Je puis affirmer que, jusqu’à ce moment, sa vie édifiante, ses vertus, ses écrits, ont gravé profondément dans mon coeur les sentiments de respect et d’admiration que je dois garder bien justement à son égard.
*
[p. 145]
Notre Saint-Père Léon XIII, en 1879 [sic: le 3 décembre 1878], a daigné honorer Mélanie d’une audience privée et l’a chargée aussi de la compilation des règles du nouvel ordre, préconisé et réclamé par Notre-Dame de La Salette et intitulé: Les Apôtres des derniers temps. Pour achever une telle rédaction, l’ex-bergère demeura pendant cinq mois dans le couvent des Salésiennes, à Rome. Pendant ce temps elle a été mieux connue et plus estimée, surtout par ces bonnes religieuses, qui ont donné de très favorables attestations sur le compte de cette heureuse Bergère de La Salette.
Je sais enfin, par mes informations, que monsieur Nicolas [Amédée Nicolas], avocat à Marseille, étant à Rome le Samedi Saint 1880, a été chargé par Sa Sainteté Léon XIII de rédiger une brochure explicative du secret tout entier, afin que le public le comprenne bien.
Ces renseignements suffiront, je crois, pour vous confirmer dans votre croyance. J’aurais beaucoup à vous dire encore, mais je ne veux pas vous entretenir plus longtemps dans une lettre d’une question qui ne pourrait être dignement et complètement traitée que dans un livre.
Recevez, mon cher monsieur le curé, les sentiments de ma considération respectueuse et distinguée.
Votre très humble serviteur en Notre-Seigneur.
Signé: †Salvatore Luigi, évêque de Lecce
ANNEXE D
Lettre de Monseigneur Salvatore Luigi Zola (1822-1898), évêque de Lecce,
au Père Jean Kunsle
Source: Fernand Corteville (père de l’abbé Michel Corteville), La Bergère de Notre-Dame de La Salette et le Serviteur de Dieu Mgr Zola, Évêque de Lecce, Beaupréau, édité par l’association Les Enfants de Notre-Dame de La Salette et de Saint Grignion de Montfort, 1981, pp. 286-291.
*****
Évêché de Lecce
Lecce, le 5 mars 1896
Très Révérend Monsieur le Directeur,
Mes souffrances physiques s’étant un peu calmées, je viens répondre à vos deux lettres relatives au secret de La Salette contre lequel on dirait que Satan le maudit veut renouveler ses attaques avec une violence encore plus grande, attendu qu’il sait fort bien qu’il lui reste peu de temps, «quia modicum tempus habet» (Ap 12, 12). Mon intention n’est pas de vous faire une démonstration ni de vous exposer une défense du secret et de la Bergère de La Salette qui nous l’a transmis.
Cette tâche, je l’ai considérée comme une obligation de conscience à laquelle j’ai satisfait pendant les seize dernières années qui viennent de s’écouler. Ces démonstrations, cette défense se trouvent renfermées dans plusieurs lettres que j’ai écrites à diverses personnes de France, lettres qui ont été la plupart livrées à la publicité, souvent sans mon consentement ni une permission donnée à l’avance. J’avoue cependant que toutes ces lettres ont été fidèlement publiées, et en ce moment je ne rétracterai aucune des paroles que j’ai écrites à ce sujet et à ces diverses époques. Je me bornerai donc simplement aujourd’hui à vous affirmer les faits tels qu’ils se sont passés en réalité, vous laissant le soin de trouver dans cette lettre les réponses à vos questions et d’y puiser les motifs pour la sûreté de votre conscience.
En 1868, Mgr Petagna [Francesco Saverio Petagna (1812-1878)], d’heureuse et regrettée mémoire, alors saint et savant évêque de Castellamare di Stabia, confiait à ma direction spirituelle Mélanie Calvat, aujourd’hui Soeur Marie de la Croix, qui demeurait à cette époque dans cette ville, et avait pour compagne une religieuse de la Compassion de Marseille. Elles étaient l’une et l’autre sous la tutelle de ce saint évêque. Je fus chargé de cette direction de Mélanie jusqu’en février 1876 [sic: 1873], époque à laquelle il plut au Seigneur de m’appeler, malgré ma très grande indignité (je le dis coram Domino), au siège épiscopal de Ugento, d’où, quatre ans après, je fus transféré à celui de Lecce.
Pendant tout le temps que j’ai été chargé de la direction de Mélanie, je puis affirmer, sous la foi du serment, d’avoir été toujours édifié de la conduite vertueuse et exemplaire de cette bonne fille, comme l’avait été avant Mgr Petagna lui-même et d’autres très dignes prélats qui avaient eu l’occasion de conférer avec elle. Elle n’a jamais donné la plus légère occasion de pouvoir la considérer comme une illusionnée, une orgueilleuse, une intéressée, ou pire encore! comme l’ont dit ou écrit ses adversaires ou plutôt les adversaires de La Salette en France.
Ce fut en 1869 (au mois de mai, je crois), que Mélanie elle-même me remit une copie du secret que la Sainte Vierge lui avait confié. J’en avais déjà appris quelque chose par sa compagne passionniste. Ce secret, bien que communiqué plusieurs années auparavant par Mélanie à son confesseur en France, était jusqu’alors demeuré secret et inconnu de tous. Mais après qu’elle me l’eut remis et qu’elle en eut donné des extraits à M. l’abbé Bliard [Félicien Bliard (1824-1881)], par l’intermédiaire de cet abbé il fut dévoilé en France, et connu d’une certaine manière à Rome: car l’abbé Bliard en envoya une copie manuscrite au T.R. Père Semenenko [Piotr Semenenko (1814-1886)], consulteur de la Congrégation de l’Index et directeur du Séminaire polonais, ainsi qu’à d’autres dignitaires.
Mais, en 1872 [sic: 1871], pour la première fois, il fut édité par les soins de M. Girard [Claude-Régis Girard (1814-1875)], de Grenoble, rédacteur du journal La Terre Sainte. Puis en 1873, avec l’approbation archiépiscopale de Naples, il fut réédité dans cette ville et accompagné d’une savante lettre explicative de M. l’abbé Bliard à son sujet; enfin en 1879, il fut réédité à Lecce avec l’approbation de mon vicaire général, qui, dans cet opuscule de Mélanie, ne trouva rien de contraire à la foi et aux bonnes moeurs.
Mais avant de passer à autre chose, je dois vous affirmer que tous les prélats et autres dignitaires ecclésiastiques de ma connaissance qui ont connu le secret, tous sans exception, ont porté un jugement entièrement favorable au dit secret, soit par rapport à son authenticité, soit au point de vue de son origine divine, passée au crible des Saintes Écritures, ce qui imprime au secret un caractère de vérité qui en est désormais inséparable. Parmi les prélats, qu’il me suffise de vous nommer le Cardinal Consolini [Domenico Consolini (1806-1884)]; le Cardinal Guidi [Filippo Maria Guidi (1815-1879)]; le Cardinal Riario Sforza [Sisto Riario Sforza (1810-1877)], archevêque de Naples; Mgr Ricciardi [Mariano Ricciardi (1814-1876)], archevêque de Sorrento; Mgr Petagna [Francesco Saverio Petagna (1812-1878)], évêque de Castellamare; et d’autres illustres Prélats dont le nom ne revient pas en ce moment à ma mémoire.
La guerre et l’opposition au secret ainsi qu’à sa vérité commencèrent dès qu’il fut livré à la publicité; on en repoussait surtout la première partie relative aux reproches adressés au clergé. Au début cette guerre fut très circonscrite; lorsque l’opuscule fut imprimé à Lecce avec l’approbation de ma curie, la guerre devint acharnée et sans trêve, car elle était soutenue par plusieurs évêques de France.
J’eus, à cette occasion, bien des ennuis et des contrariétés à subir, et à plusieurs lettres qui m’arrivaient de France et d’ailleurs je fus obligé de répondre pour défendre le secret, la bonne Mélanie et aussi mon approbation de l’opuscule.
Le prétexte de cette guerre fut toujours le même: Si la véracité du secret est acceptée, disait-on, c’est un discrédit qui pèse sur le clergé déjà si persécuté par les sectaires, ce que la Sainte Vierge ne peut pas vouloir.
Entre-temps on agit puissamment auprès du Saint-Siège, pour que l’opuscule de Mélanie fût mis à l’index. Plusieurs ont dit qu’en cette circonstance quelques cardinaux se réunirent pour porter sur lui un jugement; quant à ce fait je l’ignore absolument; mais je puis affirmer avec certitude, et même officiellement, que tous les efforts pour obtenir la prohibition formelle de l’opuscule furent vains.
Seulement, à la fin, pour calmer un peu les prélats français qui continuaient à faire la guerre au secret, le Cardinal Caterini [Prospero Caterini (1795-1881)], secrétaire du Saint-Office, écrivit une lettre, dans laquelle il disait que le Saint-Siège avait vu avec déplaisir la publication du secret (faisant surtout allusion à la partie concernant le clergé) et ne jugeait pas qu’il fût à propos de le laisser entre les mains des fidèles.
Cette lettre disait de retirer, autant que possible, ces exemplaires des mains des fidèles. Voilà tout ce qu’on put obtenir de Rome.
Mais les journaux, mensongers comme de coutume, publièrent que le Saint-Office venait de lancer une absolue prohibition de l’opuscule, d’où surgit bientôt dans les âmes faibles un doute portant sur la réalité même de l’apparition de Notre-Dame de La Salette.
En réalité, l’opuscule de Mélanie n’a jamais été mis à l’Index: on manifesta seulement la volonté de ne pas le voir entre les mains des fidèles, précisément à cause de la partie concernant le clergé; mais il n’y eut dans cette lettre pas un mot qui pût infirmer l’authenticité de ce même secret ni la valeur des prophéties qu’il renfermait.
Alors considérant comme terminée la mission qu’il avait plu à Dieu de me confier, à savoir: de certifier et de défendre la véracité, l’authenticité et la divinité du céleste message, jusqu’à ce jour je n’ai pas voulu répondre aux lettres qui m’arrivaient spécialement de France et qui m’interrogeaient et sur le secret et sur les oeuvres auxquelles il fait allusion, en particulier sur la fondation de «l’Ordre des Apôtres des Derniers Temps» ainsi que sur les règles données par la Reine du Ciel à Mélanie, à la fin du secret.
Ce silence que j’ai rigoureusement gardé a pu faire croire à plusieurs que mon opinion et mon jugement sur l’authenticité et la valeur intrinsèque du secret avaient changé, et qu’au fond je rétractais tout ce que j’avais dit et écrit en sa faveur. Il n’en est rien.
Et c’est précisément pour anéantir ces suppositions que je me suis décidé cette fois à rompre mon silence et à vous écrire cette lettre. De cette manière tout malentendu, toutes les fausses suppositions tomberont d’elles-mêmes et feront place à la vérité. Mon jugement devant le Seigneur sur l’opuscule, sur le secret et tout le reste est le même qu’auparavant. Il est même plus inébranlable, attendu que, depuis lors, plusieurs des prédictions qu’il renferme se sont réalisées.
Promu à l’épiscopat, il me devenait impossible de continuer à être le directeur de Mélanie. L’impossibilité devint encore plus grande lorsqu’elle quitta sa résidence de Castellamare pour aller assister en France sa vieille mère. Elle y demeura jusqu’à ces deux dernières années. Elle est alors revenue pour demeurer en Italie, mais nos relations depuis cette époque ont été pour ainsi dire nulles. Néanmoins, je puis affirmer en toute sincérité qu’elle mène une vie complètement solitaire et édifiante…
Je viens de vous exposer tout ce qui concerne La Salette. Vous pouvez, comme je vous l’ai déjà dit, en tirer en toute sécurité les réponses à vos questions et soumettre le tout avec confiance au jugement plein de sagesse de vos supérieurs. Je ne leur écrirai cependant pas directement, bien que vous m’en exprimiez le désir attendu que, le dirai-je, je ne tiens plus à entrer en polémique à ce sujet. Je vais rentrer dans mon silence attendant que les événements parlent d’eux-mêmes, comme d’ailleurs ils ont déjà commencé à parler éloquemment par la réalisation d’une partie des Prophéties contenues dans le secret, objet de tant de luttes. Je vous serais cependant reconnaissant si vous vouliez me tenir au courant de l’effet produit par cette lettre, de quelque nature qu’il soit.
Si vous désirez à ce sujet des éclaircissements plus détaillés vous pouvez vous procurer un intéressant opuscule: Le Grand Coup avec sa date probable, publié récemment par le curé de Diou (Allier), M. l’abbé Combe [Gilbert Joseph Émile Combe (1845-1927)].
À la fin de cet opuscule vous trouverez divers extraits d’une de mes lettres écrite à un curé français en 1880. Ils ont été fidèlement reproduits et sont exacts en ce qui concerne La Salette.
En preuve d’une plus grande authenticité j’appose ci-contre mon sceau.
Votre très humble serviteur en Jésus,
†Salvatore Luigi, évêque de Lecce
[lieu du sceau]
Notes
[1]L’interprétation de l’Avertissement et du Miracle se trouve dans le journal Le Royaume, sous la plume de Sylvie Payeur-Raynauld, dans les articles suivants:
- «L’actualité du message de Garabandal» (Le Royaume, n. 153, janvier-février 2002, p. 24) [LR-153];
- «Je prouverai ton innocence» (Le Royaume, n. 198, juillet-août 2009, pp. 14-16) [LR-198];
- «Les Épiphanies de Marie et le combat de la Femme» (Le Royaume, n. 201, janvier-février 2010, pp. 12-14) [LR-201].
Dans Le Secret de Marie, la thématique de l’Avertissement et du Miracle se trouve aux pages 52-56, 66-70; d’autres informations relatives à ce sujet sont contenues dans la note 26 (cf. pp. 28, 161-162), la note 34 (cf. pp. 38, 167-169) et la page 81.
[2]Cf. l’article «Le Pape de Marie», section «Le silence d’une demi-heure».
[3]Cette thèse, La «Grande Nouvelle» des Bergers de La Salette, fut publiée en deux tomes (Téqui):
- L’apparition et ses secrets (2001) [GNBLS-1];
- Mélanie et l’appel des «Apôtres des derniers temps» (2008) [GNBLS-2].
J’ai pris le temps de lire les chapitres 4-7 du tome 1, où sont détaillées les circonstances entourant les différentes versions des secrets. Le livre Découverte du secret de La Salette synthétise les travaux académiques de l’abbé Corteville sur le sujet de La Salette.
[4]L’Apparition de la Très Sainte Vierge sur la montagne de La Salette le 19 septembre 1846, achevée d’écrire à Castellamare le 21 novembre 1878 et publiée par la Bergère de La Salette avec imprimatur de Monseigneur Salvatore Luigi Zola (1822-1898), évêque de Lecce, le 15 novembre 1879. Le récit de Mélanie est rapporté intégralement dans le livre Celle qui pleure (1908) de Léon Bloy. Ce dernier est né le 11 juillet 1846 (juste avant l’apparition de La Salette) et il est décédé le 3 novembre 1917 (juste après les apparitions de Fatima et au lendemain même de la Déclaration Balfour, dont la date — 2 novembre 1917 — marque le départ, selon Raoul Auclair, du Jour de Yahvé ou temps de l’Apocalypse).
[5]Mélanie avait fait une première rédaction le 3 juillet, mais elle a réécrit son secret le 6 juillet afin d’y apporter une précision; le texte du 3 juillet a sans doute été détruit.
[6]Dans la troisième version du secret de Maximin, celle du 5 août 1853 destinée à Monseigneur Ginoulhiac, on trouve le passage suivant:
La France recouvrera la foi; puis il arrivera un grand roi. Le Pape mourra; un Pape français lui succédera, et ce roi et ce pape ne feront qu’un. Il n’y aura qu’une seule religion et qu’un royaume. [DSLS, p. 52; GNBLS-1, p. 231]
Cette mention «royale» est absente dans les deux autres versions du secret de Maximin (celles des 3 juillet et 11 août 1851). L’explication la plus simple de ces ajouts, selon l’abbé Michel Corteville, «naît de l’aveu mutuel que les bergers se firent de leurs Secrets, d’ailleurs parallèles et complémentaires», un aveu mutuel qui «eut lieu presque aussitôt après leur envoi au Pape Pie IX, le 6 ou 7 juillet 1851» (GNBLS-1, p. 234, note 33).
[7]Raoul Auclair, «Prudence ou malveillance» (L’Étoile, n. 6, novembre 1979, p. 5) [E-06].
[8]Cf. Suzanne D’Amours, «Mélanie, bergère de La Salette» (Le Royaume, n. 14, septembre 1983, p. 6) [LR-014].
[9]Le journal Le Royaume a également publié une lettre d’«un Évêque québécois à la défense de l’Armée de Marie», datée du 8 juillet 2000: «Le refus du Surnaturel» (Le Royaume, n. 144, juillet-août 2000, pp. 15-16) [LR-144]. La lettre est présentée par Sylvie Payeur-Raynauld et suivie d’une note de Mère Paul-Marie. Cet évêque, qui a conservé l’anonymat, fait un parallèle entre la persécution de l’autorité religieuse envers l’Armée de Marie et celle subie par Jeanne d’Arc («maintenant canonisée depuis 1920») et Mélanie Calvat (dont la «cause est introduite en vue de la béatification et de la canonisation»).
Le nom de «Mélanie», en grec, signifie «noire», comme dans cette affirmation de l’Épouse du Cantique des Cantiques: «Je suis noire [«μέλαινά, mélaina»] et pourtant belle.» (Ct 1, 5) L’Épouse-Servante, qui travaille dans les champs comme Ruth la Moabite, a le teint bruni ou bronzé par le soleil. La réputation de Mélanie a été «noircie», à l’instar de celle de la Co-Rédemptrice, mais son âme est belle, pure et innocente aux yeux de Dieu. Le nom de Mélanie, de par son étymologie et son utilisation biblique, peut être considérer comme un titre ou un nom marial.
[10]Raoul Auclair, «Avertissement II» (L’Étoile, n. 13, juillet-août 1980, p. 16) [E-13]. Je pense également qu’il reviendra à l’Église de Jean de reconnaître liturgiquement le martyre de sainte Jeanne d’Arc, dont la mémoire (obligatoire en France) est toujours célébrée en blanc. Cf. l’article «La Prophétie des Papes, Partie 2», les sections sur les devises 103 (IGNIS ARDENS, saint Pie X), 104 (RELIGIO DEPOPULATA, Benoît XV) et 105 (FIDES INTREPIDA, Pie XI).
[11]Cf. DSLS, pp. 30-31, 148; GNBLS-1, pp. 131-135, 157, 208, 279-280, 396.
[12]Documentaire Notre-Dame: en flammes, réalisé par Rémi Delescluse, Thierry Hornet, Clémentine Mazoyer et Stéphanie Ponsart; la citation est située entre 00:29:36 et 00:29:48; visionné sur Crave. Au début du film, le narrateur qualifie la cathédrale de «symbole de Paris, de notre pays tout entier» (00:00:55), «le kilomètre zéro de la France» (00:01:08), «l’un des sites les plus visités au monde» (00:01:15), ravagé par les flammes lors d’une «scène d’apocalypse en plein coeur de la capitale» (00: 01:29).
[13]Cf. VA App. III, 32-37, 95-98, 305-307; VA App. V, 101-102; Mère Paul-Marie, La Communauté de la Dame de tous les Peuples, pp. 40-41, 44; «L’heure de Vérité (Le Royaume, n. 111, mai-juin 1996, pp. 15-16) [LR-111]; «La Dame de tous les Peuples, “Avocate”» (Le Royaume, n. 120, 1er juillet 1997, numéro spécial, pp. 8-9) [LR-120]; «Le Seigneur aime son peuple…» (Le Royaume, n. 136, septembre-octobre 1999, pp. 15-16) [LR-136].
[14]Sainte Thérèse d’Avila, Le chemin de la perfection, ch. XXI, par. 9: Oeuvres complètes, (traduction de Marcelle Auclair) Bruges, Desclée de Brouwer, 1964, p. 438.
[15]Abbé Gilbert Joseph Émile Combe, Le secret de Mélanie, bergère de La Salette, et la crise actuelle, Rome, Jonquière et Dati, 1906, pp. 90-92; Dernières années de Soeur Marie de la Croix, bergère de La Salette (Journal de l’abbé Combe), éditions Saint-Michel (Téqui), 1967 (1978), p. 28; GNBLS-1, pp. 145, 220, 369, 374.
[16]Dans son livret Le Secret de La Salette, Raoul Auclair fait mention de la triste «affaire Caterini» (p. 18).
[17]Raoul Auclair, «Le Jour de Yahvé» (L’Étoile, n. 30, avril 1982, p. 6, 4e colonne) [E-30]; texte repris dans Eschatologie de notre Temps, p. 87.
[18]Mère Paul-Marie, «La guerre?… Non!… Oui?… — Qui est responsable?» (Le Royaume, n. 160, mars-avril 2003, p. 21, 3e colonne) [LR-160]; la citation provient des extraits des entretiens faits par Mère Paul-Marie et rédigés par Soeur France Bergeron. La thématique de la Troisième Guerre mondiale est également présente chez Raoul Auclair dans le livret Le Secret de La Salette de Raoul Auclair (pp. 28, 45, 51, 64, 67) et dans le livre Kérizinen, apparitions en Bretagne, p. 73; ailleurs, Raoul parle de la «troisième phase» de la «Guerre (et Révolution) universelle»: La Prophétie des Papes, p. 56; Histoire et Prophétie, pp. 92, 115; Prophétie de Catherine Emmerich pour notre Temps, p. 249; Le Jour de Yahvé, p. 70; Les Centuries de Nostradamus ou le Dixième Livre sibyllin, pp. 106, 262; Le Secret de La Salette, pp. 45, 50-51, 65-66; L’Apocalypse, vol. II, p. 296.
[19]Raoul Auclair, La Dame de tous les Peuples (édition de 1982), p. 69.
[20]Dans l’article «Le Pape de Marie», à la note 71, nous avons calculé que le «silence d’une demi-heure» pouvait avoir une durée d’environ 21 ans, si l’on considère la notion biblique que 1000 ans représente «un jour» (il y a 24 heures ou 48 demi-heures dans une journée).
[21]Mère Paul-Marie, La Communauté de la Dame de tous les Peuples, p. 93. Le 35e anniversaire de la fondation de l’Armée de Marie a été particulièrement souligné lors des célébrations solennelles de septembre 2006 à Spiri-Maria: cf. Le Royaume, n. 181, septembre-octobre 2006, pp. 6-10 [LR-181]. Le symbolisme du nombre 35, combinant le 3 et le 5 (Rédemption et Co-Rédemption, Trinité et Quinternité) est développé dans LR-181, pp. 7-8; il est également abordé par Marie-Paule dans Le Livre blanc II (LB-II, 108-109).
[22]François, lettre aux évêques pour l’Acte de consécration au Coeur Immaculé de Marie, 21 mars 2022.
[23]«Ouvrez les portes au Rédempteur!» (Le Royaume, n. 9, mars 1983, p. 3, 3e colonne en bas) [LR-009].
[24]Cette dernière expression provient de la lettre d’«un Évêque québécois à la défense de l’Armée de Marie», datée du 8 juillet 2000 et publiée sous le titre: «Le refus du Surnaturel» (Le Royaume, n. 144, juillet-août 2000, p. 16, 4e colonne) [LR-144].
[25]Marc Bosquart, «Marie Co-Rédemptrice» (L’Étoile, n. 4, septembre 1979, p. 12) [E-004].
Magnifique article qui aide à mieux comprendre les messages de la Vierge Marie à travers les Épiphanies de Marie et qui ont, logiquement leurs réalisations dans l’Oeuvre de la Dame, car c’est Elle qui est venu accomplir ce que la Vierge Mère est venue annoncée. Plus le temps avance, plus nous sommes en mesure de mieux comprendre ces prophéties et cet article nous aide à mieux les comprendre. Merci P. David pour ton travail en profondeur par tes recherches qui n’ont pour but que de vouloir faire connaître et aimer la Dame en ce temps qui est notre Temps!
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Intéressant comme toujours
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