L’image à la une est une photo de Mère Paul-Marie, prise le dimanche 30 mai 2010 et publiée dans Le Livre blanc V (en noir et blanc à la page 149; en couleur à la page 194, dans la section finale en papier glacé; en couleur sur la quatrième de couverture). Depuis le 4 mai 2010, «une entorse lombaire [oblige Marie-Paule] à rester au lit» (LB-V, 147). Lors du triduum de mai 2010, Marie-Paule est «toujours au lit» (LB-V, 148), rendant impossible sa participation physique aux cérémonies du sacre et du couronnement du Roi Marc-André Ier. Cette photo fut demandée par le Ciel vers les 10h00, en vue d’être distribuée aux personnes présentes dans la chapelle Spiri-Maria le lendemain, lundi 31 mai 2010. Voyant la photo, Marie-Paule reçut l’indication divine: «IL Y A DU CÉLESTE EN CELA.» Et le Père Victor Rizzi de commenter: «Par cette photo, le Ciel va pénétrer dans tous les foyers.» (LB-V, 149)
C’est l’une des plus belles photos de Marie-Paule, parfaite représentation de Celle qui, clouée sur son lit de douleur devenu sa «croix de nacre» (VA II, 130), consommera le sacrifice de la Co-Rédemption pendant les quelques cinq années qu’il lui reste à vivre. «Qui m’a vu a vu le Père», a dit Jésus, le Fils (Jn 14, 9). En voyant Marie-Paule, la Fille, nous voyons la Mère, Marie-la-Divine.[1]
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L’année 2021 marque plusieurs anniversaires significatifs, à commencer par les épiphanies de Marie:
- le 175e anniversaire de l’apparition de La Salette (19 septembre 1846), sur une montagne des Alpes en après-midi, où deux jeunes bergers, Mélanie Calvat et Maximin Giraud, furent ainsi interpellés par la «Belle Dame»:
AVANCEZ, MES ENFANTS, N’AYEZ PAS PEUR,
JE SUIS ICI POUR VOUS ANNONCER UNE GRANDE NOUVELLE
- le 150e anniversaire de l’apparition de Pontmain (17 janvier 1871), par une nuit étoilée, où les témoins virent dans le ciel un message solennel s’écrire, lettre après lettre, comme par une main invisible:
MAIS PRIEZ MES ENFANTS
DIEU VOUS EXAUCERA EN PEU DE TEMPS
MON FILS SE LAISSE TOUCHER
Cette année 2021 commémore également le centenaire de naissance de Marie-Paule (14 septembre 1921), le 50e anniversaire de la fondation de l’Armée de Marie (28 août 1971) et le 40e anniversaire de la fondation de la Famille et de la Communauté des Fils et Filles de Marie (31 mai 1981).
Autre centenaire: celui de l’institution (12 janvier 1921), par le Pape Benoît XV, de la fête pro aliquibus locis en l’honneur de «Marie Médiatrice de toutes les grâces», fixée alors au 31 mai. Depuis les réformes liturgiques postérieures au Concile Vatican II, les évêques de Belgique ont transféré la fête de Marie Médiatrice à la date du 31 août, dans le sillage de la solennité de l’Assomption (15 août), de la fête de Marie Reine (22 août) et de celle du Pape saint Pie X (21 août), lequel, selon Vie d’Amour, «a mis en évidence la doctrine de la Médiation de Marie et de la Co-Rédemption» (VA III, 199). Je publie le présent texte en ce 31 août 2021, fête de Marie Médiatrice.
Nous commémorons cette année le 14e anniversaire de la promulgation, en l’Église de Jean, du dogme de Marie Co-Rédemptrice, Médiatrice et Avocate (31 mai 2007). Soulignons enfin le 40e anniversaire de la tentative d’assassinat du Pape Jean-Paul II sur la place Saint-Pierre à Rome (13 mai 1981), ainsi que le 20e anniversaire des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis.
13 mai 1982, Fatima, Portugal:
lors de sa visite, le Pape Jean-Paul II remercie la Vierge
de l’avoir sauvé lors de l’attentat du 13 mai 1981 (Aleteia).
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Nous parvenons au terme d’une série d’articles sur la Prophétie des Papes attribuée à saint Malachie (né vers 1094, décédé le 2 novembre 1148), archevêque d’Armagh, en Irlande. Ma première publication consacrée à ce sujet remonte au 23 septembre 2018.
- La Prophétie des Papes, Partie 1 (23 septembre 2018)
- La Prophétie des Papes, Partie 2 (7 octobre 2018)
- Pasteur et Nautonier (29 octobre 2018)
- «FLOS FLORUM»: la Rose et le Lys (12 décembre 2018)
- Le Pape de Marie (31 mars 2019)
- «…la lune ne donnera plus sa lumière…» (21 novembre 2019)
- «…le SOLEIL sera à son zénith…» (2 mars 2020)
Articles complémentaires:
- L’éclosion de la ROSE des roses (13 avril 2019)
- Une orange à la baïonnette, un coeur vaillant (4 juin 2019)
- La joie de l’amour… sans la splendeur de la vérité? (23 novembre 2019)
- «Le Rassemblement des aigles» (18 mai 2020)
Voici les fac-similés des pages 307-311 du Lignum Vitae d’Arnold de Wion, contenant la célèbre prophétie publiée pour la première fois en 1595 (source: Wikipédia et Google Books).
À la page 311 du Lignum Vitae (sixième image ci-dessus), dans la colonne de droite, se trouvent les cinq dernières devises de la prophétie, suivies du paragraphe final (ou phrases conclusives) en lien avec Pierre le Romain.
Voici la transcription du texte latin qui suit (et accompagne) la 111e devise [DE] GLORIA OLIVAE («de la gloire de l’olivier»):[2]
In ꝑſecutione. extre- |
Ne pas confondre le s long («ſ») avec le «f», sixième lettre de l’alphabet latin; il est remplacé ci-dessous par le s rond («s»), utilisé autrefois en fin de mot. Le «u» de «oues» et «ciuitas» est remplacé par le «v». L’abréviation S.R.E. est généralement rendu par Sanctae [ou Sacrae] Romanae Ecclesiae (au génitif). Le mot «ꝑſecutione» commence par un «p» barré (une petite ligne traverse le jambage du «p»): le «ꝑ» (avec un trait horizontal) est une abréviation médiévale correspondant à «per» («persecutione»). Le trait horizontal au-dessus du «e» de «tremēdus» remplace le «n» supprimé («tremendus»). Le point après «ꝑſecutione», celui après «ſedebit» et les deux-points après «tribulationibus» marquent une brève pause dans la lecture (ponctuation faible), à l’instar de la virgule et du point-virgule.[3]
In persecutione extrema Sanctae Romanae Ecclesiae sedebit Petrus Romanus, qui pascet oves in multis tribulationibus; quibus transactis civitas septicollis diruetur, et Iudex tremendus iudicabit populum suum. Finis. |
Voici une traduction française littérale de ce texte:
Dans la dernière persécution de la Sainte Église Romaine siégera Pierre le Romain, qui paîtra les brebis en de nombreuses tribulations; celles-ci passées la cité aux sept collines sera détruite, et le Juge terrible jugera son peuple. Fin.[4]
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Ce sera vraiment une nouvelle Rome… Voilà pourquoi le dernier Pape sera appelé «Pierre le Romain». [VA II, 126]
Marie-Paule, Vie d’Amour, volume II, p. 126
(extrait d’une lettre de Marie-Paule
au Père Joseph-Armand Veilleux,
datée du 13 décembre 1958)[5]
Or, Conchita [de Garabandal] nous parle de la fin des temps, en soulignant qu’après Paul VI, il ne restera que deux Papes [pour l’Église de Pierre: Jean-Paul Ier et Jean-Paul II, les troisième et quatrième PASTOR ET NAUTA] et que ce ne sera pas la fin du monde. C’est vrai. Depuis 1958, je sais que le dernier pape inscrit aux prophéties de St Malachie, Pierre II, ne sera pas à Rome, car tout en étant le dernier de cette ère du Fils de Dieu, il sera le premier Pape de l’ère nouvelle mariale et je serai où sera ce nouveau Vatican. Il y aura une nouvelle Rome dans le monde, en ce sens que les persécutions seront identiques aux persécutions des premiers chrétiens. Et le Pierre II sera originaire de ce milieu, surnommé la nouvelle Rome, et il sera donc Pierre le Romain. Je sais l’année [2033, selon VA II, 127] où se clôturera l’ère que nous vivons en ce moment.
extrait d’une lettre de Marie-Paule
à Soeur Jeanne d’Arc Demers,
datée du 25 novembre 1967[6]
Aussitôt, tout disparaît à mes yeux. Une «Présence» se fait sentir au-dessus de l’autel et soulève mon âme qui, en même temps, répète des paroles qui semblent venir d’elle et qui, pourtant, lui sont dictées par Jésus qui l’habite. Ces paroles te sont adressées [Père Pierre Mastropietro], car tu es là, près de moi, vêtu de noir, et mon âme soulevée penche la tête avec amour pour te dire:
«PIERRE, TU ES PIERRE,
ET SUR CETTE PIERRE,
JE BÂTIRAI MA NOUVELLE ÉGLISE.»
Marie-Paule, Le Livre blanc II, Rayonnement de l’Église de Jean, pp. 30-31
(récit d’une grâce reçue par Marie-Paule le 13 août 1995
et relatée le même jour dans une lettre au Père Pierre Mastropietro;
cette grâce fut divulguée pour la première fois le 17 septembre 2006,
juste avant la cérémonie d’intronisation du Père de l’Église de Jean)[7]
Depuis le printemps 2006, alors que m’avait été montré l’ensemble du programme à exécuter en vue de la fête du 17 septembre 2006, certains prétendaient que le Père Pierre [Mastropietro] serait le Pape de l’Église de Jean, mais aussitôt j’entendais: «NON, IL NE SERA PAS LE PAPE, IL SERA LE PÈRE DE L’ÉGLISE DE JEAN.» À quelques reprises, cela me fut répété. [LB-II, 60]
Marie-Paule, Le Livre blanc II, Rayonnement de l’Église de Jean, p. 60
La Dame savait que l’Église de Pierre refuserait Ses demandes. Aussi, Elle a délicatement indiqué la voie aux coeurs fidèles en leur disant:
«Demandez donc à votre Saint-Père de promulguer ce Dogme que la Dame attend.» (51e vision, 31 mai 1955, p. 249) [souligné en gras dans le texte]
Le Pape des petits, de l’Église de Jean, Padre Jean-Pierre, a proclamé le dogme de Marie Co-Rédemptrice, Médiatrice et Avocate dès le premier jour de son règne. [LB-III, 188]
Marie-Paule, Le Livre blanc III, Amour céleste, p. 188
(paroles écrites le 20 mars 2008)
Ubi Petrus, ibi Ecclesia.
Là où est Pierre, là est l’Église.
saint Ambroise, évêque de Milan, Père et Docteur de l’Église,
In psalmum XL enarratio (commentaire du psaume 40[41]), n. 30: PL 14, 1082A[8]
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La vocation pastorale et ministérielle, ou encore pontificale et papale, du premier «Pierre», l’humble pêcheur de Bethsaïde (Jn 1, 44), commence par une affirmation de foi, à l’égard du Fils: «Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant.» (Mt 16, 16) La vocation du second «Pierre», le dernier «Pierre», Pierre II le Romain au sein de la «nouvelle Rome», commence également par une affirmation de foi, à l’égard de la Fille: «Tu es la Co-Rédemptrice» (VA XIII, 76), indication du Seigneur en Vie d’Amour reprise dans la bulle dogmatique promulguée par Padre Jean-Pierre, le 31 mai 2007, au Centre eucharistique et marial Spiri-Maria, à Lac-Etchemin (Le Royaume, n. 185, mai-juin 2007, pp. 7-9) [LR-185].
Armoiries de Padre Jean-Pierre,
sur lesquelles figure l’Agneau de l’Apocalypse,
avec la devise «JE CROIS!»
(cf. LB-II, 32).
Fondement scripturaire de la Co-Rédemption
La réalité (mystère, vérité, doctrine) de la Co-Rédemption trouve son fondement le plus lointain aux origines même de l’«Histoire du Salut», immédiatement après la «Faute originelle», au verset 15 du chapitre 3 de la Genèse, appelé «Protévangile» par les exégètes:
[Yahweh Dieu (YHWH Elohim) dit au Serpent:] Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ton lignage et le sien. Il t’écrasera la tête et tu l’atteindras au talon. [Gn 3, 15]
Le nom divin «Elohim», en hébreu, est au pluriel.[9] Il a fait l’objet de diverses interprétations théologiques. Cette pluralité en Dieu ouvre la porte à la foi chrétienne en la Trinité (un-Dieu-en-trois-Personnes), de même qu’à la foi paulienne en la Quinternité (un-Dieu-en-cinq-Personnes).[10] Dans la perspective «quinternitaire», «Yahweh» correspond à la première Personne de la Divinité: le Père Créateur; la «femme» du Protévangile correspond à la deuxième Personne de la Divinité: la Mère Co-Créatrice, qui prendra forme humaine en la Vierge Marie; le «lignage» de cette «femme» (qui est aussi le «lignage» du Père) correspond aux troisième et quatrième Personnes de la Divinité: le Fils Rédempteur (incarné en Jésus-Christ) et la Fille Co-Rédemptrice (incarnée en Paul-Marie); de ces quatre Personnes divines procède la cinquième Personne de la Divinité: l’Esprit Saint Véritable, qui fait l’Unité de la Quinternité (à l’instar du Père, il ne se manifeste pas sous forme incarnée).
Tous les hommes et toutes les femmes, créés à l’image et à la ressemblance du Père et de la Mère, peuvent «collaborer» à l’oeuvre de la Rédemption Totale par le Fils et par la Fille, en acceptant les «peines» ou les «labeurs» liés à la maternité (Gn 3, 16) et au travail du sol en vue de la subsistance (Gn 3, 17-19), en embrassant le mystère de la Croix, qui nous fait accueillir avec amour la souffrance et jusqu’à la mort elle-même. En bout de ligne, les hommes et les femmes peuvent se laisser diviniser sous l’action de la grâce divine, et ainsi faire partie du «lignage» de la «femme». Nous sommes appelés à être de la «descendance de Dieu», à réintégrer la «famille divine», en tant que créatures sauvées et régénérées. Nous sommes appelés à devenir «fils» et «filles» de Dieu, «fils» et «filles» de Marie.
En parcourant les pages de la Bible, de la Genèse à l’Apocalypse, nous pouvons recueillir les perles prophétiques qui annoncent ou préfigurent, non seulement le Rédempteur, mais aussi la Co-Rédemptrice (et le mystère de l’Immaculée en général, en tant que pôle féminin de la Divinité). Il convient de rappeler spécialement le consentement ou «Fiat» de Marie lors de l’Annonciation (Lc 1, 38) et le glaive de douleur prophétisé par Syméon (Lc 2, 35); la présence de Marie aux noces de Cana (Jn 2, 1-12) et au pied de la Croix (Jn 19, 25-27); enfin, la Femme de l’Apocalypse dans les douleurs et le travail de l’enfantement (Ap 12).
La Bible, en proposant de manière admirable le dessein de Dieu pour le salut des hommes, est tout entière imprégnée du mystère du Sauveur et contient également, de la Genèse à l’Apocalypse, des références non équivoques à celle qui est Mère et associée du Sauveur. [Paul VI, exhortation apostolique Marialis cultus (2 février 1974), n. 30]
C’est pour la même raison, qu’empruntant les termes mêmes dans lesquels les divines Écritures parlent de la Sagesse incréée et représentent son origine éternelle, elle [l’Église] a continué de les employer dans les offices ecclésiastiques et dans la liturgie sacrée, et de les appliquer aux commencements mêmes de la Vierge; commencements mystérieux, que Dieu avait prévus et arrêtés dans un seul et même décret, avec l’Incarnation de la Sagesse divine. [Pie IX, bulle Ineffabilis Deus (8 décembre 1854)]
Addenda du 27 septembre 2021
Le mot «Co-Rédemptrice» n’apparaît pas dans la Bible (bien que, à la note 67, nous verrons que saint Paul a élaboré une terminologie qui sert de fondement à la doctrine de la Co-Rédemption). Étonnamment, dans L’Évangile tel qu’il m’a été révélé de Maria Valtorta, ce mot est prononcé à quelques reprises dans la bouche de Jésus ou de Marie, lors de conversations avec les apôtres et les disciples.
[Jésus:] /…/ Sans rappeler les grandes femmes d’Israël, je vous dis qu’il y a beaucoup de force dans le coeur de la femme. Dans le coeur, comme pour nous, les hommes, dans l’intelligence. Et je vous dis qu’elle va changer la situation de la femme par rapport aux coutumes comme par rapport à tant d’autres choses. Et ce sera juste parce que, comme Moi pour tous les hommes, ainsi une Femme obtiendra pour les femmes, d’une manière spéciale, grâce et rédemption.
Après avoir rappelé le Protévangile (Gn 3, 15), Jésus poursuit:
Et Elle [la Femme] rachète donc du moment où Elle existe, Elle la Rédemption active bien que cachée. Mais bientôt Elle sortira en présence du monde et les femmes se fortifieront en Elle. /…/ Un autre Tabernacle [que le Temple de Jérusalem] était nécessaire, et qui fût saint, et qui fût une étoile pour ramener au Très-Haut ceux qui sont perdus. Et cela on l’a dans la Corédemptrice qui dans les siècles des siècles aura la joie d’être la Mère des rachetés. [tome 7, chapitre 208, p. 339; nous soulignons]
Le Seigneur Jésus cite alors le cantique de Tobie (Tb 13, 13-15), qu’il qualifie de «vrai cantique de la Corédemptrice» (p. 340). Bien sûr, dans le contexte, «c’est de sa mère qu’il parle» (p. 340), mais l’on peut appliquer à Marie-Paule ses propos, puisque Marie est revenue en Marie-Paule pour parachever l’oeuvre de la Co-Rédemption. Cf. Anne-Marie Brissette, «Marie-Paule Co-Rédemptrice, la Femme par excellence» (Le Royaume, n. 270, mai-juin 2021, p. 10) [LR-270].
Le terme «Corédemptrice» avait déjà été employé par Jésus dans le tome 6, chapitre 95, p. 113 (il apparaît également sous la plume de Maria Valtorta au chapitre 134, p. 358).
Dans la région de Césarée de Philippe, Pierre avait confessé sa foi sur l’identité du Christ, le Verbe fait chair, à la fois Fils de Dieu et Fils de l’homme. Après avoir quitté Césarée de Philippe, par un soleil de printemps, les apôtres expriment leur amour envers Marie et leur désir d’aller la voir à Nazareth, ce à quoi acquiesce Jésus. Ce dernier leur dit que seuls ceux qui ont une foi parfaite et un amour parfait peuvent comprendre, non seulement l’identité du Christ, mais aussi l’identité de la Mère du Christ. Et il ajoute:
Et le vrai sens commencera à apparaître clairement aux vrais croyants et aux vrais aimants dans une heure redoutable de déchirement, quand celle qui a enfanté sera suppliciée avec celui qui est né d’elle, quand la Rédemptrice rachètera avec le Rédempteur, aux yeux de tout le monde et pour tous les siècles des siècles. [tome 5, chapitre 34, p. 224; nous soulignons]
Peu après, Jésus revient sur le sujet. Il affirme que la maternité de Marie selon la chair est déjà une grande chose en soi.
Mais ce serait peu par rapport à ce que Dieu exige d’elle pour compléter la mesure requise pour la rédemption du monde. Marie ne décevra pas le désir de Dieu. Elle ne L’a jamais déçu. Depuis la requête d’un amour total à celle d’un sacrifice total, elle s’est donnée et elle se donnera. Et quand elle aura consommé le plus grand sacrifice, avec Moi, pour Moi, et pour le monde, alors les vrais fidèles et les vrais aimants comprendront le vrai sens de son Nom. Et dans les siècles des siècles, il sera accordé de le savoir à tout véritable fidèle, à tout véritable aimant. [p. 225; souligné en italique dans le texte]
C’est après cela que le Seigneur annonce pour la première fois sa Passion, scandalisant ses apôtres incapables d’accepter une telle humiliation. Pierre, qui venait d’être constitué chef et pontife de l’Église du Christ, tente de dissuader son Maître d’emprunter la voie ignominieuse de la Croix, à l’encontre de la volonté du Père. Jésus le blâme personnellement, mais tous les apôtres sont compris en Pierre et méritent la même réprimande, car ils partageaient les mêmes pensées humaines que lui.
Durant la première année de la vie publique, prêchant à la foule de Bethsaïde, le Christ explique quelle est «la plus haute dignité de l’homme: celle d’être corédempteur» (tome 2, chapitre 61, p. 337).
Dans une ultime conversation avec l’apôtre Jean, avant son Assomption au Ciel, Marie revient sur les événements du Calvaire:
[Marie:] Moi, si angoissée, bouleversée par ces événements, associée à Lui, à mon Fils, dans l’abandon du Père, je n’ai pas compris alors. La Lumière s’était éteinte pour tout le monde à cette heure, pour tout le monde qui n’avait pas voulu l’accueillir. Et aussi pour moi. Non à cause d’une juste punition, mais parce que, devant être Corédemptrice, je devais moi aussi souffrir l’angoisse de l’abandon des réconforts divins, les ténèbres, la désolation, la tentation de Satan de ne plus me faire croire possible ce que Lui avait dit, tout ce que Lui souffrit, dans son esprit, du Jeudi au Vendredi. Mais ensuite j’ai compris. Quand la Lumière, ressuscitée pour toujours, m’est apparue, j’ai compris. Tout. [tome 10, chapitre 35, p. 273; nous soulignons; Marie reprend le terme «Corédemptrice» à la page 277; au chapitre 27, p. 238, l’apôtre Jean avait employé le terme «Rédemptrice», alors qu’il prédit à Marie son Assomption.]
Le mot «Corédemptrice» est utilisé également par Jésus et Marie dans leurs explications à Maria Valtorta. Voici les occurrences que j’ai répertoriées dans l’oeuvre valtortienne:
- L’Évangile tel qu’il m’a été révélé: tome 1, chapitre 28, p. 118; tome 1, chapitre 37, p. 142; tome 2, chapitre 2, p. 12; tome 9, chapitre 26, p. 254; tome 10, chapitre 38, p. 299;
- Les Cahiers de 1943: 23 juin 1943, p. 96; 2 juillet 1943, pp. 124-125; 6 juillet 1943, p. 139; 6 septembre 1943, p. 279 («Rédemptrice»); 7 septembre 1943, p. 282; 15 septembre 1943, pp. 297-298; 25 novembre 1943, p. 493; 2 décembre 1943, p. 517; 3 décembre 1943, p. 520;
- Les Cahiers de 1944: 19 août 1944, p. 534;
- Leçons sur l’Épître de saint Paul aux Romains: leçon n. 14 (2 février 1948, p. 91); leçon 17 (14 février 1948, p. 104).
Enfin, dans un commentaire sur le mariage de Marie et Joseph, Jésus dit à Maria Valtorta que son père putatif figure «parmi les corédempteurs», et même «qu’il en fut le premier» (tome 1, chapitre 21, p. 91).
Fondement patristique de la Co-Rédemption
La doctrine de la Co-Rédemption se trouve également chez les Pères de l’Église, en remontant aussi loin que le IIe siècle avec saint Justin (martyrisé à Rome vers 165) et saint Irénée, deuxième évêque de Lyon (mort vers 202). Ces deux hommes ont prolongé la comparaison faite par saint Paul entre Adam et Jésus-Christ (Rm 5, 12-21; 1 Co 15, 22.45-49), en développant le parallèle Ève-Marie. Voici l’extrait de saint Justin, provenant de son Dialogue avec Tryphon:
Nous comprenons aussi que par la vierge il [le Christ] s’est fait homme, afin que par la voie même où la désobéissance causée par le serpent avait trouvé son principe, par cette même voie elle trouvât aussi sa dissolution. C’est alors qu’elle était vierge, en effet, et sans corruption, qu’Ève conçut la parole qui venait du serpent, et enfanta désobéissance et mort. C’est à l’inverse fidélité et grâce que conçut Marie la vierge, lorsqu’elle reçut de l’ange Gabriel la bonne nouvelle que l’Esprit du Seigneur sur elle viendrait, que la Puissance du Très-Haut la couvrirait de son ombre, si bien que l’être saint qui naîtrait d’elle serait Fils de Dieu. Et elle répondit: Qu’il en soit pour moi selon ta parole.[11]
Pour sa part, saint Irénée — qui fut disciple de saint Polycarpe, lui-même disciple de l’apôtre saint Jean — aborde la thématique Ève-Marie à deux reprises dans son oeuvre Contre les hérésies:
De même donc qu’Ève, en désobéissant, devint cause de mort pour elle-même et pour tout le genre humain, de même Marie /…/ devint, en obéissant, cause de salut pour elle-même et pour tout le genre humain. /…/ Ainsi également le noeud de la désobéissance d’Ève a été dénoué par l’obéissance de Marie, car ce que la vierge Ève avait lié par son incrédulité, la Vierge Marie l’a délié par sa foi.[12]
De même que celle-là [Ève] avait été séduite par le discours d’un ange, de manière à se soustraire à Dieu en transgressant sa parole, de même celle-ci [Marie] fut instruite de la bonne nouvelle par le discours d’un ange, de manière à porter Dieu en obéissant à sa parole; et, de même que celle-là avait été séduite de manière à désobéir à Dieu, de même celle-ci se laissa persuader d’obéir à Dieu, afin que, de la vierge Ève, la Vierge Marie devînt l’avocate; et, de même que le genre humain avait été assujetti à la mort par une vierge, il en fut libéré par une Vierge, la désobéissance d’une vierge ayant été contrebalancée par l’obéissance d’une Vierge.[13]
Le troisième passage de saint Irénée qui fonde la «récapitulation» d’Ève en Marie se trouve dans sa Démonstration de la prédication apostolique (n. 33):
En effet, il était nécessaire qu’Adam fût récapitulé dans le Christ afin que ce qui est mortel fût englouti par l’immortalité, et qu’Ève fût récapitulée en Marie, afin qu’une Vierge devenant l’avocate d’une vierge, la désobéissance de l’une fût détruite par l’obéissance de l’autre.[14]
Pour conclure ce volet patristique, voici un extrait de l’une des catéchèses mariologiques du Pape Jean-Paul II, celle du 15 octobre 1997:
À Rome, dans les catacombes de Priscille, on peut admirer la première représentation de la Vierge [Madone] avec l’Enfant, alors que, à la même époque, saint Justin et saint Irénée parlent de Marie comme de la nouvelle Ève qui, par sa foi et son obéissance, répare l’incrédulité et la désobéissance de la première femme. Selon l’évêque de Lyon, il n’était pas suffisant qu’Adam fût racheté dans le Christ, mais «il était juste et nécessaire qu’Ève fût restaurée en Marie» (Dém. apost. 33). Il souligne ainsi l’importance de la femme dans l’oeuvre du salut et pose le fondement du caractère inséparable [inséparabilité] du culte marial et du culte rendu à Jésus, tout au long des siècles chrétiens. [n. 4; version de La Documentation catholique (DC 2170)][15]
«La plus ancienne image de la Sainte Vierge», exposée dans le Catéchisme de l’Église catholique, au début de la première partie: «La profession de la foi» (fragment d’une fresque des catacombes de Priscilla, à Rome). La figure d’homme à gauche, indiquant l’étoile située au-dessus de la Vierge avec l’Enfant, pourrait être le prophète Balaam, qui annonce qu’«un astre issu de Jacob devient chef» (Nb 24, 17).
Élaboration du vocabulaire: «salvatrix», «redemptrix», «corredemptrix»
Nous venons de voir le fondement scripturaire et patristique de la collaboration du Nouvel Adam et de la Nouvelle Ève dans l’oeuvre de la Rédemption Totale.
Le mot ou titre de «co-rédemptrice» («corredemptrix») est attesté dans une hymne liturgique datant du XIVe siècle et intitulée De Compassione BVM.[16] Lors de l’Angelus du 6 octobre 1991, à l’occasion du 6e centenaire de la canonisation de sainte Brigitte de Suède (vers 1303-1373), le Pape Jean-Paul II a mentionné que celle-ci a invoqué Marie comme «Immaculée, Mère des Douleurs et Co-Rédemptrice» (en italien: «Immacolata, Addolorata e Corredentrice»). Au XIIe siècle, le siècle de saint Bernard, une prose pour la messe de la Visitation, Veni praecelsa domina, appelle Marie «salvatrice du monde» («salvatrix saeculi»).[17] Les titres de «salvatrice» («salvatrix») et de «rédemptrice» («redemptrix») seraient déjà attestés au Xe siècle.[18]
«Ce n’est pas une Doctrine nouvelle que j’apporte. La Doctrine est bonne, mais les Lois peuvent être changées. /…/ Je répète: Je ne viens pas apporter de Doctrine nouvelle; elle est déjà là.» [38e vision, 31 décembre 1951]
«Je n’apporte pas une doctrine nouvelle. J’apporte maintenant d’anciennes notions.» [49e vision, 4 avril 1954]
— La Dame de tous les Peuples
Le but de cet essai est de montrer comment la doctrine de la Co-Rédemption, ou le thème de «la coopération de Marie à la Rédemption», a fait son chemin dans l’enseignement du Magistère pontifical récent, en commençant par le bienheureux Pape Pie IX, à qui fut donné l’honneur insigne de promulguer en 1854 le dogme de l’Immaculée Conception. Nous verrons l’un après l’autre les Souverains Pontifes qui ont suivi, parmi lesquels le vénérable Pape Pie XII qui a promulgué en 1950 le dogme de l’Assomption céleste de Marie en corps et en âme. Nous aboutirons au Pape saint Jean-Paul II le Grand, pape marial par excellence ayant l’«esprit de Jean», qui préparera et favorisera l’avènement de l’Église de Jean, au sein de laquelle a été promulgué en 2007 le dogme de Marie Co-Rédemptrice, Médiatrice et Avocate.[19]
La Dame de tous les Peuples a dit dans ses messages:
«Ma prophétie: “Tous les Peuples me diront bienheureuse”, sera tout entière accomplie quand le Dogme sera proclamé.»
«Le Saint-Père connaît son temps. Avant que d’être élevé auprès des Nôtres, c’est lui qui préparera, c’est lui qui achèvera.» [50e vision, 31 mai 1954; cf. VA X, 182-183]
Chaque souverain pontife apportera sa contribution, pierre après pierre, dans la construction de l’édifice de la doctrine mariale. Une préparation lente, jusqu’à l’achèvement de cette architecture dogmatique du mystère marial, dont le cinquième dogme (31 mai 2007) constitue la «clef de voûte» (43e vision, 5 octobre 1952; 49e vision, 4 avril 1954).
Je relève ci-dessous un extrait de l’échange que Marie-Paule a eu avec le Cardinal Maurice Roy, à l’archevêché de Québec, le 9 mai 1978:
Cardinal Roy: /…/ Vous parlez aussi de Co-Rédemption. Or, la Co-Rédemption a toujours été reconnue dans l’Église. Ce fait ne tombe pas comme cela dans ce siècle. Cela a été vécu au cours des siècles et reconnu par l’Église.
Marie-Paule: Éminence, lorsque nos premiers parents ont perdu le paradis terrestre par la faute originelle, il est écrit dans la Genèse, que Dieu a promis un Rédempteur. Or, au cours des siècles qui ont suivi, on a parlé d’un Rédempteur. Mais la Rédemption ne s’est réalisée effectivement que lorsque le Christ est venu sur la terre. Au moment où il mourait sur la Croix, Marie recevait Son titre de Co-Rédemptrice. Depuis ce temps, on parle de la Co-Rédemption, mais Marie devient la Co-Rédemptrice en ce Temps qui est notre temps. Oui, la Co-Rédemption se réalise en notre siècle. La Dame de tous les Peuples l’explique clairement dans le livre qui rapporte Ses messages. /…/ [VA XV, 400-401; souligné en gras dans le texte]
Cet extrait de Vie d’Amour trouve un écho avec le passage suivant de saint Paul, tiré de sa lettre aux Éphésiens:
2Car vous avez appris, je pense, comment Dieu m’a dispensé la grâce qu’il m’a confiée pour vous, 3m’accordant par révélation la connaissance du Mystère, tel que je viens de l’exposer en peu de mots: 4à me lire, vous pouvez vous rendre compte de l’intelligence que j’ai du Mystère du Christ. 5Ce Mystère n’avait pas été communiqué aux hommes des temps passés comme il vient d’être révélé maintenant à ses saints apôtres et prophètes, dans l’Esprit: 6les païens sont admis au même héritage, membres du même Corps, bénéficiaires de la même Promesse, dans le Christ Jésus, par le moyen de l’Évangile. 7Et de cet Évangile je suis devenu ministre par le don de la grâce que Dieu m’a confiée en y déployant sa puissance: 8à moi, le moindre de tous les saints, a été confiée cette grâce-là, d’annoncer aux païens l’insondable richesse du Christ 9et de mettre en pleine lumière la dispensation du Mystère: il a été tenu caché depuis les siècles en Dieu, le Créateur de toutes choses. [Ep 3, 2-9]
Fondement mystique de la Co-Rédemption
L’évolution de la doctrine mariale chez les papes contemporains a manifestement été soutenue par ce phénomène unique dans l’histoire de l’Église que sont les épiphanies ou apparitions modernes de la Vierge Marie. Celle-ci ne se présente plus avec l’Enfant Jésus, mais comme la Fiancée ou l’Épouse bien-aimée du Cantique des Cantiques, qui est aussi la Femme de l’Apocalypse, «la Fiancée, l’Épouse de l’Agneau» (Ap 21, 9; cf. Ap 19, 7-9; Ap 22, 17). En vérité, la Nouvelle Ève Co-Rédemptrice qui, dès 1830 lors des apparitions de la Rue du Bac à Paris, nous donne son sceau ou sa médaille, «le premier symbole de la Co-Rédemption» (bulle dogmatique du 31 mai 2007), avec la Croix entrelacé du M et les Deux Coeurs Unis du Rédempteur et de la Co-Rédemptrice, entouré d’épines et transpercé d’un glaive. Vingt-quatre ans avant la promulgation du dogme par Pie IX, Marie confirmait qu’elle avait été «conçue sans péché», et elle le confirmera de nouveau à Lourdes trois ans et trois mois après cette promulgation. Déjà, elle nous ouvrait à l’intelligence des temps apocalyptiques dans lesquels nous étions sur le point d’entrer, en se présentant comme la Femme de la Genèse et de l’Apocalypse, couronnée de douze étoiles, écrasant la tête de «l’énorme Dragon, l’antique Serpent, le Diable ou le Satan, comme on l’appelle, le séducteur du monde entier» (Ap 12, 9; cf. Ap 20, 2), celui qui est le «Prince de ce monde» (Jn 12, 31; Jn 14, 30; Jn 16, 11), en vue de l’établissement du Royaume de Dieu sur la Terre, le Royaume terrestre de mille années prophétisé dans l’Apocalypse (Ap 20, 1-7), en exaucement de la demande du Notre Père: «que ton règne vienne».[20]
Paris et Amsterdam:
«une seule et même Image» (Raoul Auclair)[21]
- Lourdes (1858)
«Je suis l’Immaculée Conception.»
(la Vierge à Bernadette Soubirous, le 25 mars 1858,
à la grotte de Massabielle, à Lourdes)
- Trois-Fontaines, Rome (1947)
«Je suis la Vierge de la Révélation.»
«Je suis Celle qui suis dans la Trinité.»
(la Vierge à Bruno Cornacchiola, le 12 avril 1947,
à la grotte des Trois-Fontaines, à Rome)
- Amsterdam (1945-1959)
«Je suis la Dame de tous les Peuples.»[22]
«Je suis la Dame, Marie, Mère de tous les Peuples
— tu peux dire: la Dame de tous les Peuples ou la Mère de tous les Peuples —
qui fut un jour Marie.»[23]
«Je suis la Dame debout devant la Croix.»[24]
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«Co-Rédemptrice, je le fus dès l’Annonciation.»[25]
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«Jamais, officiellement, dans la Communauté, dans l’Église, Myriam ou Marie, ne fut appelée Co-Rédemptrice. Jamais, officiellement, Elle ne fut appelée Médiatrice. Jamais, officiellement, Elle ne fut appelée Avocate.»
«Ces trois notions sont intimement liées. Ces trois notions forment un seul tout. C’est pourquoi cela constituera la clef de voûte de la doctrine mariale et fondera le Dogme de Co-Rédemptrice, Médiatrice et Avocate.»
«Ce n’est pas un blâme que j’adresse aux théologiens quand je leur dis: “Pourquoi n’arrivez-vous pas à vous mettre d’accord sur ce Dogme?”»
«Je vais une fois de plus l’expliquer, et plus clairement encore:
«Le Père a envoyé le Seigneur Jésus-Christ; et Il l’a envoyé comme Sauveur de tous les Peuples. Le Seigneur Jésus-Christ était cela depuis l’origine; Il le devint au moment du Sacrifice et de son retour auprès du Père.»
«Myriam, ou Marie, devint la Servante du Seigneur; et c’est le Père et le Saint-Esprit qui l’ont élue. Par cette élection, Elle était, dès l’origine, Co-Rédemptrice, Médiatrice et Avocate pour tous les peuples. Mais c’est seulement à la mort du Dieu-Homme, le Seigneur Jésus-Christ, qu’Elle devint la Co-Rédemptrice, Médiatrice et Avocate.»
«Comme Il partait, le Seigneur Jésus-Christ, dans un geste unique, a fait don aux peuples de Myriam, ou Marie, Elle, la Dame de tous les Peuples. Et ce fut quand Il prononça ces paroles: “Femme, voici ton Fils; Fils, voici ta Mère.”»
«Un geste, un geste unique; et dans ce seul geste Myriam, ou Marie, a reçu ce titre nouveau.»
«Et maintenant, mais maintenant seulement, Elle vient dans le monde comme Dame de tous les Peuples. Pourquoi maintenant? Parce que le Seigneur a attendu ce temps. Les autres dogmes devaient précéder.»
«Comme la Vie devait précéder la Dame de tous les Peuples, ainsi les dogmes antérieurs concernent la Vie et le départ de la Dame.»
«Cette simple explication doit suffire aux théologiens. Il était nécessaire d’y revenir.» [La Dame de tous les Peuples, 43e vision, 5 octobre 1952][26]
En plusieurs autres de ses messages,[27] la Dame de tous les Peuples revient sur ces notions à la base du cinquième et dernier dogme de l’histoire mariale. Telle une fine pédagogue — on dirait une professeure de théologie —, elle explique et répète, synthétisant et «encapsulant» les fondements de la mariologie. Au moment de l’Annonciation, «dès l’origine», «Myriam» ou «Marie» fut «choisie» ou «élue» par le Père, comme «Servante du Seigneur», pour donner le Rédempteur au monde; de ce fait, elle «était déjà» la Co-Rédemptrice, Médiatrice et Avocate;[28] elle le «devint» seulement lors du «Sacrifice de la Croix», quand le Seigneur Jésus-Christ, le «Dieu-Homme», sur le point de mourir et de retourner «auprès du Père», fit «don aux peuples» de Myriam ou Marie, la Dame de tous les Peuples; ce fut lorsqu’il prononça les paroles: «Femme, voici ton Fils; Fils, voici ta Mère» (Jn 19, 26-27); par ce «geste unique», ce «seul geste», le «Sauveur de tous les Peuples» conféra les «trois titres» ou les «trois dignités» à la Dame de tous les Peuples, «trois notions» qui sont «intimement liées», formant «un seul tout».
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«Vous, théologiens, vous n’aurez pas de difficulté si vous considérez que le Seigneur et Maître avait prédestiné la Dame au Sacrifice. Car le glaive, déjà, était préparé. Déjà la pointe du glaive était dirigée sur le coeur de la Mère. Ceci pour montrer que j’ai toujours précédé le Fils dans la voie de la souffrance spirituelle et corporelle.» [33e vision, 31 mai 1951; le «glaive» est aussi mentionné dans la 32e vision, 29 avril 1951]
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«Enfant, tel qu’Il a souffert, tel j’ai souffert, comme la Mère du Fils de l’Homme. Répète cela exactement.»
/…/
«Je me tiens devant la Croix: la tête, les mains, les pieds comme de l’homme; le reste de mon corps comme de l’Esprit.»
«Pourquoi je me présente ainsi? Mon corps a été “assompté”, comme le Fils. Maintenant, je me tiens devant la Croix; et c’est comme Sacrificatrice, car j’ai souffert avec mon Fils; souffert spirituellement, mais aussi, mais surtout, souffert corporellement.» [30e vision, 1er avril 1951]
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«Les douleurs du Fils, tant spirituelles que corporelles, la Dame, la Mère, les a endurées avec Lui. Elle a toujours précédé. Quand le Père l’eut choisie, Elle était déjà la Co-Rédemptrice, associée au Rédempteur, l’Homme-Dieu qui vint dans le monde.» [32e vision, 29 avril 1951]
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«J’ai dit: “Je consolerai.” Peuples, votre Mère connaît la vie; votre Mère connaît la tristesse; votre Mère connaît la croix. Tout ce que vous avez à éprouver en cette vie, votre Mère, la Dame de tous les Peuples, l’a connue avant vous. Ce chemin, Elle l’a parcouru avant vous.» [51e vision, 31 mai 1955]
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- Kérizinen, Bretagne (1938-1965)
«Mes grâces, je ne veux pas les distribuer seul, mais par elle, qui devient ainsi le canal par où passent toutes les grâces. Sa dévotion n’est donc pas facultative: elle est absolument nécessaire. Comprenez-la comme mon complément divin: votre Co-Rédemptrice. Elle va avoir dans le monde une place de choix qui vous obligera tous de passer par elle pour aller à Dieu.»[29]
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Les images de ces statues sont reproduites dans le journal Le Royaume:
n. 3, juillet-août 1982, pp. 4, 7 [LR-003] et n. 23, juillet-août 1984, p. 4 [LR-023].
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a) bienheureux Pie IX (101e devise CRUX DE CRUCE)
Nous pourrions peut-être donner ce tour prophétique à la devise de Pie IX, CRUX DE CRUCE («La croix de la croix»): la Croix de la Co-Rédemptrice venant de la Croix du Rédempteur, tout comme Ève (nouvelle) est issue d’Adam (nouveau). La promulgation du dogme de la Conception immaculée de Marie représente un jalon essentiel en vue du dogme de la Co-Rédemption. Pie IX, le Pape de l’Immaculée Conception, «le premier pape de l’éclatement de la gloire de Marie»,[30] affirme ceci dans la bulle Ineffabilis Deus du 8 décembre 1854, commentant le Protévangile (Gn 3, 15):
En sorte que, comme le Christ, médiateur entre Dieu et les hommes, détruisit, en prenant la nature humaine, l’arrêt de condamnation qui était contre nous et l’attacha triomphalement à la Croix, ainsi la très Sainte Vierge, unie étroitement, unie inséparablement avec lui, fut, par lui et avec lui, l’éternelle ennemie du serpent venimeux, le vainquit, le terrassa sous son pied virginal et sans tache, et lui brisa la tête. [version de La Documentation catholique (DC 2320)]
[Un extrait est répertorié dans le Denzinger (DS 2800-2804); texte français et latin téléchargeable en format pdf.][31]
Ce passage contient déjà, comme en résumé, la notion de Co-Rédemption. La Dame de tous les Peuples s’exprimera en ce sens dans la 49e vision du 4 avril 1954, en l’année centenaire de la définition dogmatique de l’Immaculée Conception:
«Me voici. Écoute: Dès l’origine, la Servante du Seigneur fut choisie pour être Co-Rédemptrice. Dis à tes théologiens qu’ils peuvent trouver tout cela dans leurs livres.»
«Je n’apporte pas une doctrine nouvelle. J’apporte maintenant d’anciennes notions.»
«Parce que Co-Rédemptrice, Marie est aussi Médiatrice et, aussi, Avocate. Et non pas, cela, en sa seule qualité de Mère du Seigneur Jésus-Christ, mais — écoutez bien — parce qu’Elle est l’Immaculée Conception.»
«Théologiens, je vous interroge: vous reste-t-il encore des objections contre ce Dogme? Vous pourrez trouver ces mots et ces notions.»
/…/
«C’est pourquoi la Dame de tous les Peuples a été contrainte de venir maintenant, en ce temps-ci. Car Elle est l’Immaculée Conception et, conséquence de cela, Co-Rédemptrice, Médiatrice et Avocate. Ces trois fonctions en une seule. Théologiens, entendez-vous bien? C’est maintenant qu’il fallait que la Dame apportât sa Prière dans ce monde satanique.»
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Les mots ou titres de «médiatrice» (en latin: «mediatrix») et de «réparatrice» (en latin: «reparatricem»), appliqués à la Vierge Marie, se trouvent dans la bulle pontificale. Le mot ou titre latin de «conciliatrix» s’y trouve également, au côté de celui de «mediatrix», mais la traduction française est quelque peu imprécise:
- «la médiatrice la plus puissante auprès de son Fils unique pour la réconciliation du monde entier»
- «la médiatrice la plus puissante de l’univers entier auprès de son Fils unique pour la réconciliation» [version de La Documentation catholique (DC 2320)]
Une traduction plus littérale, et meilleure selon moi, pourrait être:
- «la médiatrice et la (ré)conciliatrice la plus puissante auprès de son Fils unique pour le monde entier»
Les traductions anglaises vont dans ce sens:
- [«with her only-begotten Son»] «the most powerful mediatrix and reconciler of the world» / «the most powerful mediatrix and conciliatrix in the whole world»
J’ai constaté que saint Louis-Marie Grignion de Montfort, dans son Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge, emploie les titres marials de «réparatrice du genre humain» (n. 28), de «médiatrice» (nn. 28, 55, 86) et d’«avocate» (nn. 55, 150). On trouve également les titres de «trésorière» et de «dispensatrice» (nn. 24-25, 28, 44, 206, 208), et même celui de «salvatrice» (n. 216) à partir d’une citation de saint Bonaventure (né entre 1217 et 1221, mort en 1274). Au n. 74, Grignion de Montfort dit que Jésus-Christ a choisi la Sainte Vierge «pour la compagne indissoluble de sa vie, de sa mort, de sa gloire et de sa puissance au ciel et sur la terre». En plusieurs endroits, il qualifie Marie de «Reine», de «Souveraine», de «Maîtresse» et de «Princesse». Marie est aussi représentée comme la chère et indissoluble «Épouse» du Saint-Esprit, fidèle et féconde.
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Les membres de l’Église de Jean ou de la Communauté de la Dame de tous les Peuples, appelés «pauliens» et «pauliennes» à cause de leur foi en la fondatrice Mère Paul-Marie, croient au mystère de la Quinternité. Celle-ci, en plus de la Trinité chrétienne (Père-Fils-Esprit), intègre le mystère de l’Immaculée (en ses deux Incarnations: Mère-Fille). La Divinité Totale possède donc un pôle masculin (Père-Fils) et un pôle féminin (Mère-Fille), unis par un seul et même Esprit. La «pleine» révélation du mystère de la «Femme», celle du chapitre 12 du livre de l’«Apocalypse» («Révélation»), était réservée à nos temps apocalyptiques, commencés en 1917. Cette «Révélation mariale» culmine dans la «Vie d’Amour» de Marie-Paule (1921-2015), dont nous commémorons le 100e anniversaire de la naissance en cette année 2021. La «divinité» ou la «nature divine» de Marie-Paule (en tant que Fille) et de Marie (en tant que Mère) fut proclamée solennellement par le Roi d’Église Marc-André Ier, le 31 mai 2012 et le 14 septembre 2014 respectivement.
Armoiries du Roi Marc-André Ier,
comprenant «les 3 fleurs de lys d’or des armes de France
et les 4 fleurs de lys d’argent du drapeau du Québec»,
avec la devise «SUR LA TERRE COMME AU CIEL»
(cf. LR-203, 15).
Jusque-là, l’univers chrétien voyait en l’Immaculée une «simple créature» ou «pure créature», ce qu’elle est toujours en son humanité (créée), mais non dans la divinité de sa Personne (extraite du Père, non pas créée, à l’instar de la Personne divine du Fils, engendrée ― du Père ET de la Mère ―, non pas créée). Nous lisons, par exemple, dans le Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge de saint Louis-Marie Grignion de Montfort:
J’avoue, avec toute l’Église, que Marie n’étant qu’une pure créature sortie des mains du Très-Haut, comparée à sa Majesté infinie, est moindre qu’un atome, ou plutôt n’est rien du tout, puisqu’il est seul «Celui qui est», et que, par conséquent, ce grand Seigneur, toujours indépendant et suffisant à lui-même, n’a pas eu ni n’a pas encore absolument besoin de la Très Sainte Vierge pour l’accomplissement de ses volontés et pour la manifestation de sa gloire. Il n’a qu’à vouloir pour tout faire. [n. 14][32]
Mais la foi paulienne voit la Co-Créatrice et la Co-Rédemptrice dans la Personne de l’Immaculée-Mère (Marie) et dans la Personne de l’Immaculée-Fille (Marie-Paule), de par l’union hypostatique qui unit la nature divine et la nature humaine. La «grandeur divine» de Marie se laissait déjà entrevoir dans les vérités de foi qu’elle est la «Mère de Dieu» (Theotókos) et la «Toujours-Vierge» (Aeiparthenos). Grignion de Montfort, dans le même Traité, écrit ceci:
C’est par Marie que le salut du monde a commencé, et c’est par Marie qu’il doit être consommé. Marie n’a presque point paru dans le premier avènement de Jésus-Christ, afin que les hommes, encore peu instruits et éclairés sur la personne de son Fils, ne s’éloignassent de la vérité, en s’attachant trop fortement et trop grossièrement à elle, ce qui apparemment serait arrivé si elle avait été connue, à cause des charmes admirables que le Très-Haut avait mis même en son extérieur; ce qui est si vrai que saint Denis l’Aréopagite nous a laissé par écrit que, quand il la vit, il l’aurait prise pour une divinité, à cause de ses charmes secrets et de sa beauté incomparable, si la foi, dans laquelle il était bien confirmé, ne lui avait appris le contraire [c’est-à-dire que la foi chrétienne n’enseignait pas la divinité de Marie, mais il faut reconnaître qu’elle ne la niait pas non plus pour autant — c’est-à-dire qu’on ne trouve pas, dans les prononcés solennels et dogmatiques des Conciles et des Papes, de négation formelle de la divinité de Marie]. Mais, dans le second avènement de Jésus-Christ, Marie doit être connue et révélée par le Saint-Esprit afin de faire par elle connaître, aimer et servir Jésus-Christ, les raisons qui ont porté le Saint-Esprit à cacher son Épouse pendant sa vie, et à ne la révéler que bien peu depuis la prédication de l’Évangile, ne subsistant plus. [n. 49]
Le docteur et prophète marial compare Marie à un «moule» et il l’appelle le «moule de Dieu», un «moule divin», «qui a formé un Dieu», «où Jésus-Christ a été naturellement et divinement formé» (nn. 218-221, 260). La comparaison du moule est reprise aux nn. 16-18 de la lettre de Montfort à une religieuse qui synthétise la doctrine du Traité et qui fut intitulée par les éditeurs Le Secret de Marie.[33] Je cite le n. 17:
Marie est le grand moule de Dieu, fait par le Saint-Esprit, pour former au naturel un Homme Dieu par l’union hypostatique [le Christ], et pour former un homme Dieu par la grâce [le chrétien]. Il ne manque à ce moule aucun trait de la divinité; quiconque y est jeté et se laisse manier aussi, y reçoit tous les traits de Jésus-Christ, vrai Dieu, d’une manière douce et proportionnée à la faiblesse humaine; sans beaucoup d’agonies et de travaux; d’une manière sûre, sans crainte d’illusion, car le démon n’a point eu et n’aura jamais d’accès en Marie, sainte et immaculée, sans ombre de la moindre tache de péché.
Dans ses écrits, saint Louis-Marie Grignion de Montfort parle souvent de la «divine Marie», comme au n. 63 de son Traité où, après avoir parlé de la «liaison nécessaire» entre Jésus et Marie, il s’exclame:
Ah! si on connaissait la gloire et l’amour que vous [mon Jésus] recevez en cette admirable créature, on aurait de vous et d’elle bien d’autres sentiments qu’on n’a pas. Elle [vous] est si intimement unie, qu’on séparerait plutôt la lumière du soleil, la chaleur du feu; je dis plus, on séparerait plutôt tous les anges et les saints de vous, que la divine Marie: parce qu’elle vous aime plus ardemment et vous glorifie plus parfaitement que toutes vos autres créatures ensemble.
Marc Bosquart rappelle quelques expressions puissantes de saint Maximilien Kolbe pour décrire l’Immaculée: «une figure de peu inférieure à Dieu», «complètement divine», qui va jusqu’à «toucher à la Divinité».[34] L’expression «éternelle Immaculée Conception», qui sert de titre à un éditorial de Mère Paul-Marie, vient également du Père Kolbe.[35]
Le bienheureux Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus (1894-1967),[36] dans son traité de spiritualité Je veux voir Dieu (Tarascon, Carmel, 1956), considère que
pour étudier les privilèges et le rôle de Marie, on ne saurait mieux faire que de lui attribuer les trois primautés de dignité, d’efficience et de finalité que Dieu a assurées au Christ et qu’il a certainement fait partager à sa Mère. [p. 883; cf. pp. 883-889]
Marie est la «coopératrice de Dieu» (p. 324), sa «collaboratrice» (p. 228); elle est «collaboratrice» du Christ dans l’«oeuvre de médiation», en tant que «nouvelle Ève» (p. 884). Le Père Marie-Eugène cite le Cardinal italien et théologien dominicain Tommaso de Vio, dit Cajétan (1469-1534), qui estime que Marie Mère de Dieu
atteint aux confins de la divinité par son opération propre, tandis qu’elle conçoit Dieu, l’engendre, l’enfante et le nourrit de son lait. [pp. 884-885]
Cette dernière phrase peut bien avoir influencé l’une des expressions de Maximilien Kolbe citées plus haut. La maternité divine élève Marie «sur le plan de l’union hypostatique» (p. 885). Le maître de la spiritualité carmélitaine continue:
Vraiment, comme l’affirme saint Éphrem, «Dieu seul excepté, elle est supérieure à tout». Et encore, serait-ce limiter la dignité de la Vierge Marie que de n’énoncer que sa maternité divine. Elle est mère sur le plan de l’union hypostatique et dans toute la plénitude du terme. En ce dessein éternel de Dieu, elle est désormais la collaboratrice de toute la fécondité divine. Partout où la paternité divine s’exercera, elle le fera par la maternité de la Vierge Marie. Marie suit donc Jésus en son oeuvre rédemptrice, et l’Esprit Saint en son oeuvre constructrice du corps mystique. Elle est Mère partout où Jésus est Sauveur, ainsi que partout où l’Esprit Saint est producteur de la grâce dans les âmes et dans l’Église. [p. 885][37]
Dans cette même page, le Père Marie-Eugène cite encore deux auteurs qui, comme bien d’autres personnes, ont pressenti que la maternité divine de Marie contenait la preuve de sa nature divine (cf. L’Immaculée, la divine Épouse de Dieu, p. 83). Je rapporte la citation de saint Thomas d’Aquin directement de la Somme théologique, alors que celle de saint Bernardin de Sienne, non référencée, provient du livre Je veux voir Dieu.
[Thomas d’Aquin] L’humanité du Christ, du fait qu’elle est unie à Dieu; la béatitude créée, du fait qu’elle est jouissance de Dieu; et la bienheureuse Vierge, du fait qu’elle est Mère de Dieu, ont en quelque sorte une dignité infinie, dérivée du bien infini qu’est Dieu. Sous ce rapport rien ne peut être fait de meilleur qu’eux, comme rien ne peut être meilleur que Dieu. [I, q. 25, a. 6, ad 4]
[Bernardin de Sienne] Une femme, pour être digne de concevoir et d’enfanter un Dieu, a dû, pour ainsi dire, être élevée à une certaine égalité de Dieu même par une mesure de perfection et de grâce. [également citée dans L’Immaculée, la divine Épouse de Dieu, pp. 25-26, 83]
Une telle exaltation de la grandeur incomparable de Marie Immaculée se retrouve chez les souverains pontifes, comme le bienheureux Pie IX qui écrit dès le premier paragraphe de sa bulle Ineffabilis Deus:
Le Dieu ineffable /…/ la choisit, il lui marqua sa place dans l’ordre de ses desseins; il l’aima par-dessus toutes les créatures, d’un tel amour de prédilection, qu’il mit en elle, d’une manière singulière, toutes ses plus grandes complaisances. C’est pourquoi, puisant dans les trésors de sa divinité, il la combla, bien plus que tous les esprits angéliques, bien plus que tous les saints, de l’abondance de toutes les grâces célestes, et l’enrichit avec une profusion merveilleuse, afin qu’elle fût toujours sans aucune tache, entièrement exempte de l’esclavage du péché, toute belle, toute parfaite et dans une telle plénitude d’innocence et de sainteté qu’on ne peut, au-dessous de Dieu, en concevoir une plus grande, et que nulle autre pensée que celle de Dieu même ne peut en mesurer la grandeur.
Pour sa part, saint Jean-Paul II dira, dans la catéchèse mariologique du 29 janvier 1997:
L’union entre Jésus et celle qui était «pleine de grâce» dépasse infiniment l’union qui existe normalement entre une mère et son fils, parce qu’elle s’enracine dans une condition surnaturelle particulière [dans l’Église de Jean, nous affirmons la divinité de Marie, la Mère] et est renforcée par la conformité spéciale de chacun d’eux à la volonté divine. [n. 1; version de La Documentation catholique (2155); nous soulignons]
b) Léon XIII (102e devise LUMEN IN COELO)
Léon XIII est considéré comme le Pape du Rosaire pour avoir écrit onze encycliques sur cette thématique.[38] Dans la première de celles-ci, Supremi apostolatus officio (1er septembre 1883), il écrivait:
En effet, la Vierge exempte de la souillure originelle, choisie pour être la Mère de Dieu, et par cela même associée à lui dans l’oeuvre du salut du genre humain, jouit auprès de son Fils d’une telle faveur et d’une telle puissance que jamais la nature humaine et la nature angélique n’ont pu et ne peuvent les obtenir.[39]
Dans la cinquième encyclique léonine sur le rosaire, Magnae Dei Matris (8 septembre 1892), nous lisons ce passage contenant une citation de saint Thomas d’Aquin (texte en italique) tirée de son commentaire sur la salutation angélique:
Cette surabondance de la grâce, qui est le plus éminent des nombreux privilèges de la Vierge, l’élève de beaucoup au-dessus de tous les hommes et de tous les anges et la rapproche du Christ plus que toutes les autres créatures: C’est beaucoup pour un saint de posséder une quantité de grâce suffisante au salut d’un grand nombre: mais, s’il en avait une quantité qui suffit au salut de tous les hommes du monde entier, ce serait le comble; et cela existe dans le Christ et dans la bienheureuse Vierge.
Le même souverain pontife revient sur «la part que la Vierge a prise au salut des hommes», dans sa septième encyclique sur le rosaire, Iucunda semper (8 septembre 1894):
Car, lorsqu’elle s’offrit à Dieu comme sa servante pour être sa mère, et lorsqu’elle se consacra tout entière à lui dans le temple avec son Fils, par l’un et l’autre de ses actes elle devint l’associée de ce Fils dans la laborieuse expiation pour le genre humain; et c’est pourquoi il n’est pas douteux qu’elle n’ait pris, en son âme, une très grande part aux amertumes, aux angoisses et aux tourments de son Fils. Du reste, c’est en sa présence et sous ses yeux que devait s’accomplir le divin sacrifice pour lequel elle avait généreusement nourri la victime de sa propre substance. Ce qu’il y a à remarquer dans le dernier de ces mystères et ce qui est le plus touchant: auprès de la croix de Jésus se tenait debout Marie, sa mère [Jn 19, 25], laquelle, émue pour nous d’une immense charité, afin de nous recevoir pour fils, offrit elle-même volontairement son Fils à la justice divine, mourant en son coeur avec lui, transpercée d’un glaive de douleur.
L’encyclique contient les titres latins «Conciliatrix salutis nostrae» et «Mediatricem», respectivement traduits en français par «Médiatrice de notre salut» et «Médiatrice». La deuxième expression vient d’une citation de saint Bernard.
Dans la huitième encyclique de Léon XIII sur le rosaire, Adiutricem populi christiani (5 septembre 1895), nous pouvons lire le passage significatif suivant:
Il serait impossible de dire tout ce qu’elle [Marie] a ajouté d’étendue et d’efficacité à ces secours, lorsqu’elle a été élevée, auprès de son Fils, à ce faîte de la gloire céleste qui convenait à sa dignité et à l’éclat de ses mérites. Car de là, selon les desseins de Dieu, elle a commencé à veiller sur l’Église, à nous assister et à nous protéger comme une Mère, de sorte qu’après avoir été coopératrice [en latin: «administra»] de la rédemption humaine, elle est devenue aussi, par le pouvoir presque immense [autre traduction possible: «presque sans limite»] qui lui a été accordé, la dispensatrice [en latin: «administra»] de la grâce qui découle de cette rédemption pour tous les temps.
L’encyclique rapporte, par voie de citation, les titres suivants: «médiatrice» (en latin: «mediatricem»), «réparatrice» (en latin: «reparatricem»), «dispensatrice» (en latin: «conciliatricem»). Les titres cités proviennent respectivement de saint Bernard (1090-1153), de saint Taraise (vers 730-806) et de l’office grec du 8 décembre.
Outre ses onze encycliques sur le rosaire, le Pape Léon XIII publia l’encyclique Quamquam pluries (15 août 1889), centrée sur la figure de saint Joseph, époux de la Vierge Marie, père putatif de Jésus et patron de l’Église catholique (texte français téléchargeable en format pdf). Le Pape Jean-Paul II a commémoré le centenaire de cette encyclique par l’exhortation apostolique Redemptoris custos (15 août 1989), réfléchissant sur celui qui fut appelé à être «le gardien du Rédempteur», le gardien de la divine famille de Nazareth.
c) saint Pie X (103e devise IGNIS ARDENS)
En Vie d’Amour, Marie-Paule écrit:
J’apprends aujourd’hui que c’est le Pape saint Pie X qui a mis en évidence la doctrine de la Médiation de Marie et de la Co-Rédemption. [VA III, 199]
Ailleurs elle écrit que c’est le Pape saint Pie X «qui, le premier, a parlé de Marie Co-Rédemptrice, Médiatrice et Avocate» (VA V, 217; cf. VA VIII, 77), «le premier à parler de Marie Co-Rédemptrice» (VA XV, 74; cf. VA XI, 199).[40]
— lettre encyclique Ad diem illum laetissimum (2 février 1904), à l’occasion du cinquantenaire de la promulgation du dogme de l’Immaculée Conception
[Un extrait est répertorié dans le Denzinger (DS 3370); texte français et latin téléchargeable en format pdf.]
Dès le début de son pontificat, Pie X eut le privilège de commémorer le cinquantenaire de la promulgation du dogme de l’Immaculée Conception par son prédécesseur Pie IX. Après l’encyclique programmatique E supremi apostolatus (4 octobre 1903), il consacra sa deuxième encyclique Ad diem illum laetissimum (2 février 1904) à souligner ce jubilé marial. Je rapporte in extenso deux passages importants de ce document (les citations faites par le Saint-Père sont en italiques, je souligne en gras quelques expressions-clefs):
Certes, s’il a été dit avec vérité à la Vierge: «Bienheureuse qui avez cru, car les choses s’accompliront qui vous ont été dites par le Seigneur» [Lc 1, 45], savoir qu’elle concevrait et enfanterait le Fils de Dieu; si, conséquemment, elle a accueilli dans son sein celui qui par nature est Vérité, de façon que, «engendré dans un nouvel ordre et par une nouvelle naissance /…/, invisible en lui-même, il se rendit visible dans notre chair» [saint Léon le Grand]; du moment que le Fils de Dieu est l’auteur et le consommateur de notre foi, il est de toute nécessité que Marie soit dite participante des divins mystères et en quelque sorte leur gardienne, et que sur elle aussi, comme sur le plus noble fondement après Jésus-Christ, repose la foi de tous les siècles.
Comment en serait-il autrement? Dieu n’eût-il pu, par une autre voie que Marie, nous octroyer le Réparateur de l’humanité et le Fondateur de la foi? Mais, puisqu’il a plu à l’éternelle Providence que l’Homme-Dieu nous fût donné par la Vierge, et puisque celle-ci, l’ayant eu de la féconde vertu du divin Esprit, l’a porté en réalité dans son sein, que reste-t-il si ce n’est que nous recevions Jésus des mains de Marie?
Aussi, voyons-nous que dans les saintes Écritures, partout où est prophétisée la grâce qui doit nous advenir, partout aussi, ou peu s’en faut, le Sauveur des hommes y apparaît en compagnie de sa sainte Mère. Il sortira, l’Agneau dominateur de la terre, mais de la pierre du désert; elle montera, la fleur, mais de la tige de Jessé. À voir, dans l’avenir, Marie écraser la tête du serpent, Adam contient les larmes que la malédiction arrachait à son coeur. Marie occupe la pensée de Noé dans les flancs de l’arche libératrice; d’Abraham, empêché d’immoler son fils; de Jacob, contemplant l’échelle où montent et d’où descendent les anges; de Moïse, en admiration devant le buisson qui brûle sans se consumer; de David, chantant et sautant en conduisant l’arche divine; d’Élie, apercevant la petite nuée qui monte de la mer. Et, sans nous étendre davantage, nous trouvons en Marie, après Jésus, la fin de la loi, la vérité des images et des oracles.[41]
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Mais il n’est pas seulement à la louange de la Vierge qu’elle a fourni «la matière de sa chair au Fils unique de Dieu, devant naître avec des membres humains» [saint Bède le Vénérable], et qu’elle a ainsi préparé une victime pour le salut des hommes; sa mission fut encore de la garder, cette victime, de la nourrir et de la présenter au jour voulu, à l’autel.
Aussi, entre Marie et Jésus, perpétuelle société de vie et de souffrance, qui fait qu’on peut leur appliquer à égal titre cette parole du Prophète: «Ma vie s’est consumée dans la douleur et mes années dans les gémissements.» [Ps 31[30], 11]
Et quand vint pour Jésus l’heure suprême, on vit la Vierge «debout auprès de la croix, saisie sans doute par l’horreur du spectacle, heureuse pourtant de ce que son Fils s’immolait pour le salut du genre humain, et, d’ailleurs, participant tellement à ses douleurs que de prendre sur elle les tourments qu’il endurait lui eût paru, si la chose eût été possible, infiniment préférable» [saint Bonaventure].
La conséquence de cette communauté de sentiments et de souffrances entre Marie et Jésus, c’est que Marie «mérita très légitimement de devenir la réparatrice [en latin: «reparatrix»] de l’humanité déchue» [Eadmer], et, partant, la dispensatrice [en latin: «dispensatrix»] de tous les trésors que Jésus nous a acquis par sa mort et par son sang.
Certes, l’on ne peut dire que la dispensation de ces trésors ne soit un droit propre et particulier de Jésus-Christ, car ils sont le fruit exclusif de sa mort, et lui-même est, de par sa nature, le Médiateur de Dieu et des hommes.
Toutefois, en raison de cette société de douleurs et d’angoisses, déjà mentionnée, entre la Mère et le Fils a été donné à cette auguste Vierge «d’être auprès de son Fils unique la très puissante médiatrice [en latin: «mediatrix»] et avocate [en latin: «conciliatrix», plus littéralement traduit par «conciliatrice» ou «réconciliatrice»] du monde entier» [Pie IX, bulle Ineffabilis Deus].
La source est donc Jésus-Christ: «de la plénitude de qui nous avons tout reçu» [Jn 1, 16]; «par qui tout le corps, lié et rendu compact moyennant les jointures de communication, prend les accroissements propres au corps et s’édifie dans la charité» [Ep 4, 16]. Mais Marie, comme le remarque justement saint Bernard, est l’«aqueduc»; ou, si l’on veut, cette partie médiane qui a pour propre de rattacher le corps à la tête et de transmettre au corps les influences et efficacités de la tête, Nous voulons dire le cou. Oui, dit saint Bernardin de Sienne, «elle est le cou de notre chef, moyennant lequel celui-ci communique à son corps mystique tous les dons spirituels».
Il s’en faut donc grandement, on le voit, que Nous attribuions à la Mère de Dieu une vertu productrice de la grâce, vertu qui est de Dieu seul. [Note (rappel): suite à la révélation de Vie d’Amour, les pauliens et pauliennes croient en la divinité de Marie, chose inconcevable pour la papauté catholique.] Néanmoins, parce que Marie l’emporte sur tous en sainteté et en union avec Jésus-Christ et qu’elle a été associée par Jésus-Christ à l’oeuvre de la rédemption, elle nous mérite de congruo [= mérite de congruité (de convenance, par don gracieux)], comme disent les théologiens, ce que Jésus-Christ nous a mérité de condigno [= mérite de condignité (de justice, de droit)], et elle est ministre [en latin: «ministra»] suprême de la dispensation des grâces. «Lui, Jésus, siège à la droite de la majesté divine dans la sublimité des cieux.» [He 1, 3] Elle, Marie, se tient à la droite de son Fils; «refuge si assuré et secours si fidèle contre tous les dangers, que l’on n’a rien à craindre, à désespérer de rien sous sa conduite, sous ses auspices, sous son patronage, sous son égide» [Pie IX, bulle Ineffabilis Deus].
Ces principes posés, et pour revenir à notre dessein, qui ne reconnaîtra que c’est à juste titre que Nous avons affirmé de Marie que, compagne assidue de Jésus, de la maison de Nazareth au sommet du Calvaire, initiée plus que tout autre aux secrets de son coeur, dispensatrice [en latin: verbe «administrat»], comme de droit maternel, des trésors de ses mérites, elle est, pour toutes ces causes, d’un secours très certain et très efficace pour arriver à la connaissance et à l’amour de Jésus-Christ? Ces hommes, hélas! nous en fournissent dans leur conduite une preuve trop péremptoire qui, séduits par les artifices du démon ou trompés par de fausses doctrines, croient pouvoir se passer du secours de la Vierge. Infortunés, qui négligent Marie sous prétexte d’honneur à rendre à Jésus-Christ! Comme si l’on pouvait trouver l’Enfant autrement qu’avec la Mère!
Plus loin dans l’encyclique, Marie est qualifiée de «participante et associée de la Passion du Christ» (en latin: «participem passionum Christi sociamque»), traduit de la manière suivante dans la version française: «participante des tourments de Jésus-Christ et l’associée de sa Passion».
Pietà de Michelangelo (1475-1564),
dans la basilique Saint-Pierre de Rome.
Le visage de la Pietà est reproduit
dans le journal Le Royaume, n. 13, juillet-août 1983, p. 7 [LR-013].
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Le titre de «co-rédemptrice» (en latin: «corredemptrix») n’apparaît pas sous la plume de saint Pie X; mais, sous le pontificat de ce dernier, nous le trouvons bel et bien pour la première fois dans quelques décrets romains de nature liturgique ou concédant des indulgences:
- Sacrée Congrégation des Rites, décret du 13 mai 1908, élevant la fête des Sept Douleurs de la Sainte Vierge au rang de «rite double de deuxième classe» pour l’Église universelle et contenant l’expression «miséricordieuse Corédemptrice du genre humain» (en latin: «misericordem humani generis Conredemptricem»): Acta Sanctae Sedis [ASS], vol. 41, année 1908, pp. 409-410;
- Sacrée Congrégation du Saint-Office, décret du 26 juin 1913, recommandant la pratique indulgenciée d’ajouter au nom de Jésus celui de sa Mère, dans la salutation «Loués soient Jésus et Marie — Maintenant et à jamais» (en latin: «Laudetur Iesus et Maria — Hodie et semper») et désignant Marie comme «notre corédemptrice» (en latin: «corredemptricis nostrae»): Acta Apostolicae Sedis [AAS], vol. 5, année 1913, pp. 364-365;
- Sacrée Congrégation du Saint-Office, décret du 22 janvier 1914, accordant une indulgence de cent jours pour la récitation d’une prière de réparation envers la Sainte Vierge, commençant par les mots «Vierge bénie» (en italien: «Vergine benedetta»); cette prière contient l’expression «corédemptrice du genre humain» (en italien: «corredentrice del genere umano»): Acta Apostolicae Sedis [AAS], vol. 6, année 1914, pp. 108-109.
d) Benoît XV (104e devise RELIGIO DEPOPULATA)
Dans l’histoire récente de la mariologie, une distinction conceptuelle fut introduite entre «Rédemption objective» (acquisition des grâces) et «Rédemption subjective» (application des grâces). Cette distinction, déjà indiquée par Mathias Joseph Scheeben (1835-1888), fut préconisée par Heinrich Lennerz (1880-1961), mais aussi disputée par d’autres comme Juniper B. Carol (1911-1990).[42] Le théologien dominicain Réginald Garrigou-Lagrange (1877-1964) parle de «médiation ascendante» (offrande et réparation) et de «médiation descendante» (distribution des grâces).[43] Le Christ a «acquis» ces grâces par ses souffrances vécues avec amour durant sa vie terrestre, et suprêmement au Calvaire; il «applique» ces grâces dans son rôle d’«intercession» (Rm 8, 34; He 7, 25) auprès du Père en notre faveur, comme notre «avocat» (1 Jn 2, 1). Les mariologues se questionnent sur la participation de Marie à la «Rédemption objective» (à titre de «co-rédemptrice») et à la «Rédemption subjective» (à titre de «médiatrice», d’«avocate» et de «dispensatrice» ou «distributrice» de toutes les grâces). À l’instar de saint Paul, tout chrétien (incluant la Vierge Marie à un degré suréminent) est appelé à participer à la Rédemption. L’Apôtre des nations confiait aux Colossiens:
En ce moment je trouve ma joie dans les souffrances que j’endure pour vous, et je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son Corps, qui est l’Église. [Col 1, 24]
Sans reprendre les distinctions subtiles de la théologie, le Pape Benoît XV demeure dans le sillage de ses prédécesseurs, en affirmant avec plus de clarté encore la participation de Marie à la Rédemption (tant objectivement que subjectivement):
En effet, en communion avec son Fils souffrant et mourant, elle [Marie] endura elle-même la souffrance et presque la mort; elle abdiqua, pour procurer le salut des hommes, ses droits de mère sur son Fils, et pour apaiser la justice divine, autant qu’il était en son pouvoir, elle immola son Fils, de sorte qu’on peut affirmer, avec raison, qu’elle-même avec le Christ racheta le genre humain. C’est à cause de cela que les grâces de toute sorte que nous puisons au trésor de la Rédemption, nous viennent pour ainsi dire des mains de la Vierge douloureuse elle-même. [lettre apostolique Inter sodalicia (22 mars 1918): AAS 10 (1918), 182][44]
Sur les instances du Cardinal Désiré-Joseph Mercier (1851-1926), archevêque de Malines et primat de Belgique, Benoît XV accorda aux diocèses de Belgique (et à tous les Ordinaires qui en feraient la demande), par un rescrit de la Sacrée Congrégation des Rites daté du 12 janvier 1921, la messe et l’office de «Marie Médiatrice de toutes les grâces» (aujourd’hui: «La Vierge Marie Médiatrice»), dont la fête est fixée à la date du 31 mai, parmi les messes et offices propres approuvés «pour certains lieux» (en latin: «pro aliquibus locis»).[45]
e) Pie XI (105e devise FIDES INTREPIDA)
Il est remarquable que Pie XI, à qui fut adressé en premier la demande de la consécration de la Russie, fut également le premier à utiliser le terme de «co-rédemptrice». Il faillit être le seul, n’eût été Jean-Paul II qui l’emploiera à son tour, bien qu’en de rares occasions, comme son prédécesseur.
Il convient de citer d’abord le radio-message du 28 avril 1935, en la forme d’une prière et d’une bénédiction, lors de la clôture du Jubilé de la Rédemption à Lourdes.
[Après avoir invoqué trois fois l’«Immaculée Reine de la paix», le Saint-Père enchaîne avec la prière suivante:]
Ô Mère de pitié et de miséricorde, qui assistiez votre doux Fils tandis qu’il accomplissait sur l’autel de la Croix la Rédemption du genre humain, vous notre corédemptrice [en latin: «corredemptrix»] et l’associée à ses douleurs [en latin: «compatiens», traduit par «compatissante» dans l’ouvrage Maria]; vous qui, de votre Grotte sacrée, avez daigné bénir tant d’évêques et de prêtres de tout l’univers catholique renouvelant ici, durant ce Triduum si saint, le sacrifice de la Croix, pour commémorer avec gratitude vos bénignes et bienfaisantes apparitions, et pour offrir à Dieu des actions de grâce en cet heureux achèvement de l’Année sainte de la Rédemption, conservez en nous et accroissez chaque jour, nous vous en prions, les précieux fruits de la Rédemption et de votre Compassion [en latin: «Compassionis»]. Vous qui êtes la Mère de tous, accordez-nous que, dans la pureté des moeurs, dans l’unité des esprits et la concorde des âmes, nous puissions enfin, la paix des peuples étant désormais assurée, jouir sans inquiétude des dons de la paix. Amen.
[Suit la bénédiction apostolique du Saint-Père.][46]
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Toujours dans le contexte de l’Année sainte extraordinaire de la Rédemption, l’édition quotidienne en italien de L’Osservatore Romano rapporte au moins deux autres circonstances où «le Père commun de tous les fidèles», également appelé par Marie-Paule «le Père spirituel du monde» (VA IX, 35), employa les termes de «co-rédemptrice» et «co-rédemption».
Le 24 mars 1934, à deux groupes nombreux de pèlerins espagnols, le Pape disait que ceux-ci étaient venus à Rome auprès du Vicaire du Christ pour célébrer «non seulement le XIXe centenaire de la Divine Rédemption, mais aussi le XIXe centenaire de Marie, le centenaire de sa Corédemption», «le XIXe centenaire de la Maternité universelle de Marie Très Sainte», lorsque Jésus proclama, du haut de la Croix, les paroles: «Voici ton fils» (Jn 19, 26), «Voici ta mère» (Jn 19, 27). Le Saint-Père poursuivit en invitant les pèlerins à «suivre la pensée et le désir de Marie Très Sainte, qui est notre Mère et notre Corédemptrice», s’efforçant d’être eux aussi des «corédempteurs» et des «apôtres».
À gauche: édition quotidienne en italien de L’Osservatore Romano,
74e année, n. 69 (22 437), 25 mars 1934, p. 1.
À droite: les extraits cités sont surlignés en vert (2e colonne, à partir du 3e paragraphe).
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Quelques mois plus tôt, le 30 novembre 1933, un groupe de pèlerins italiens (diocèse de Vicenza) méditaient ces paroles du Saint-Père:
[version italienne originale] Il Redentore, non poteva, per necessità di cose, non associare la Madre Sua alla Sua opera, e per questo noi la invochiamo col titolo di Correndentrice [sic: Corredentrice]. Essa ci ha dato il Salvatore, l’ha allevato all’opera di Redenzione fino sotto la Croce dividendo con Lui i dolori dell’agonia e della morte in cui Gesù consumava la Redenzione di tutti gli uomini. E proprio sotto la Croce, negli ultimi momenti della Sua vita il Redentore la proclamava madre nostra e madre universale: Ecce filius tuus, diceva di San Giovanni che rappresentava noi tutti; e nello stesso Apostolo eravamo ancora tutti noi a raccogliere le altre parole: Ecce Mater tua.
[traduction libre] Le Rédempteur ne pouvait pas, par nécessité de choses, ne pas associer sa Mère à son oeuvre, et c’est pourquoi nous l’invoquons sous le titre de Corédemptrice. Elle nous a donné le Sauveur, elle l’a élevé [éduqué] à l’oeuvre de Rédemption jusque sous la croix en partageant avec lui les douleurs de l’agonie et de la mort par lesquelles Jésus consommait la Rédemption de tous les hommes. Et précisément sous la croix, dans les derniers moments de sa vie, le Rédempteur la proclamait notre mère et la mère universelle: Ecce filius tuus, disait-il de saint Jean qui nous représentait tous; et dans le même Apôtre nous étions tous encore pour recueillir les autres paroles: Ecce Mater tua.
À gauche: édition quotidienne en italien de L’Osservatore Romano,
73e année, n. 281 (22 344), 1er décembre 1933, p. 1.
À droite: le paragraphe cité est surligné en vert
(1ère colonne, section intitulée «Le glorie di Maria Corredentrice del genere umano»,
en français: «Les gloires de Marie Corédemptrice du genre humain»; on peut voir dans ce titre une influence du livre Les Gloires de Marie de saint Alphonse-Marie de Liguori).
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Dans la deuxième année de son pontificat, le 21 décembre 1923, le Pape Pie XI recevait en audience un groupe de femmes de Rome, membres de l’Union féminine catholique italienne. Dans la chronique de l’événement faite par L’Osservatore Romano, nous lisons ce qui suit:
[version italienne originale] Il Santo Padre confida grandemente nell’opera delle Sue dilette figliuole; si compiace dal fondo del cuore che esse vogliano partecipare a quella che fu la suprema gloria della loro Madre Celeste, Maria Santissima, che, donna, volle riparare al fallo della prima donna e perciò correndentrice [sic: corredentrice] condivise l’opera del suo figliuolo, Redentore divino; le donne cattoliche, che vogliono in qualche modo cooperare alla salvezza delle anime, si associano perciò a quello che fu il più grande merito della stessa Madre di Dio.
[traduction libre] Le Saint-Père a grandement confiance dans l’oeuvre de ses filles bien-aimées [en italien: «dilette figliuole»]; il se réjouit du fond du coeur qu’elles veuillent participer à ce qui fut la gloire suprême de leur Mère Céleste, Marie Très Sainte, qui, [en tant que] femme, voulut réparer la faute de la première femme et donc, [en tant que] corédemptrice, partagea l’oeuvre de son fils, le Rédempteur divin; les femmes catholiques, qui veulent en quelque manière coopérer au salut des âmes, s’associent donc à ce qui fut le plus grand mérite de la Mère de Dieu en personne.
À gauche: édition quotidienne en italien de L’Osservatore Romano,
63e année, n. 296 (19 323), 22 décembre 1923, p. 3.
À droite: le paragraphe cité est surligné en vert
(2e colonne, section intitulée «Informazioni e ultimi dispacci»,
en français: «Informations et dernières dépêches»).
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Le Saint-Père, manifestement inspiré, était loin de se douter qu’une «petite fille» («figliuola») était née au Québec le 14 septembre 1921, sous le signe de la Croix Glorieuse; et que cette même jeune fille, lors de son douzième anniversaire de naissance, le 14 septembre 1933, s’offrira «comme victime pour les âmes» (VA I, 29), au coeur même du Jubilé extraordinaire de la Rédemption. Marie-Paule vécut son enfance et son adolescence durant le pontificat de Pie XI, le premier pape à employer les mots de «Corédemptrice» et «Corédemption», deux mots qui sont désormais pratiquement bannis du Magistère romain de l’Église schismatique de Pierre (DE MEDIETATE LUNAE, Église de Laodicée).[47] Une fois devenue Femme, Marie-Paule sera investie de l’Esprit de Marie, afin que «la Très Sainte Vierge Marie EN PERSONNE» puisse revenir sur la terre pour accomplir l’oeuvre de la Co-Rédemption, cet «ultime ancre de salut» pour le monde (Soeur Lucie de Fatima au Père Agustìn Fuentes, 26 décembre 1957).
«Statue originale de Notre-Dame de Fátima
sur le piédestal situé à l’emplacement exact des apparitions.» (Wikipédia)
Dans la vue détaillée de la couronne, nous pouvons voir la balle, enchâssée au centre,
qui a blessé grièvement le Pape Jean-Paul II le 13 mai 1981.
Terminons cette partie liée au Pape «à la foi intrépide» (FIDES INTREPIDA) avec la conclusion mariale de sa lettre encyclique Miserentissimus Redemptor (8 mai 1928), «sur la réparation due par tous au Sacré Coeur de Jésus»:
À Nos voeux et à Nos efforts, que la très bienveillante Vierge Mère de Dieu daigne sourire, elle qui nous donna Jésus notre Rédempteur, qui l’éleva, qui l’offrit comme victime au pied de la croix, et qui, par sa mystérieuse union avec le Christ et par une grâce sans égale, fut aussi Réparatrice [en latin: «Reparatrix»] et porte à juste titre ce nom. Plein de confiance en son intercession auprès du Christ, qui, seul «Médiateur entre Dieu et les hommes» (1 Tm 2, 5), il est vrai, a voulu cependant s’adjoindre sa Mère comme avocate [en latin: «advocatam»] des pécheurs et comme dispensatrice [en latin: «ministram»] et médiatrice [en latin: «mediatricem»] de ses grâces, Nous vous accordons du fond du coeur, comme gage des faveurs célestes et en témoignage de Notre bienveillance paternelle, à vous, Vénérables Frères, ainsi qu’à tous les fidèles confiés à vos soins, la Bénédiction apostolique. [Actes de Sa Sainteté Pie XI, tome IV (1927-1928), pp. 115-116]
f) Pie XII (106e devise PASTOR ANGELICUS)
Le Jubilé extraordinaire de la Rédemption, promulgué par le Pape Pie XI, s’est officiellement conclu à Lourdes, lors d’un triduum solennel de prières et de messes, les 26, 27 et 28 avril 1935. À cette occasion, le Saint-Père avait envoyé comme légat ou représentant pontifical le Cardinal secrétaire d’État Eugenio Pacelli, le futur Pie XII. L’ouvrage Maria rapporte que ce dernier prit la parole à diverses reprises, durant son séjour à Lourdes, «pour exposer magnifiquement la doctrine de la coopération de Marie à l’oeuvre salvifique du Christ, en la saluant du titre de Corédemptrice».[48] Le même ouvrage cite également un discours du Cardinal Pacelli, tenu en l’église Saint-Louis-des-Français à Rome, le 7 décembre 1937, dans lequel le distingué orateur affirme que Marie «coopère» tant à l’«acquisition» (aspect objectif) qu’à l’«application» (aspect subjectif) des mérites de Jésus-Christ, telles deux parties d’«une seule oeuvre complète», le salut du genre humain. Aussi, Marie est-elle qualifiée dans le discours non seulement du titre patristique «cause de notre salut» (saint Irénée de Lyon), mais aussi du titre de «co-rédemptrice».[49]
Après son élévation au souverain pontificat, le Pape Pie XII maintiendra fermement le «principe d’association» (le «principium consortii» des théologiens) de Marie au Rédempteur, suivant lequel la Nouvelle Ève est intimement et indissolublement «associée» au Nouvel Adam, entraînant sa coopération à la Rédemption. Néanmoins, le Pasteur angélique s’abstiendra délibérément et précautionneusement d’employer à nouveau le titre de «co-rédemptrice», lequel n’apparaît pas dans ses écrits en tant que pape. Je rapporte ci-dessous quelques textes-clefs de la mariologie de Pie XII, parmi ses documents les plus importants.
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— lettre encyclique Mystici Corporis Christi (29 juin 1943), «sur le Corps mystique de Jésus-Christ et sur notre union en lui avec le Christ»
Puisse nous exaucer la Vierge Mère, dont l’âme très sainte fut, plus que toutes les autres créatures de Dieu réunies, remplie du divin Esprit de Jésus-Christ; elle qui accepta «à la place de la nature humaine tout entière» qu’«un mariage spirituel unît le Fils de Dieu et la nature humaine» [saint Thomas d’Aquin, Somme théologique, III, q. 30, a. 1].
/…/ Ce fut elle qui, exempte de toute faute personnelle ou héréditaire, toujours très étroitement unie à son Fils, le présenta sur le Golgotha au Père Éternel, en y joignant l’holocauste de ses droits et de son amour de mère, comme une nouvelle Ève, pour tous les fils d’Adam qui portent la souillure du péché originel; ainsi celle qui, corporellement, était la mère de notre Chef, devint spirituellement la mère de tous ses membres, par un nouveau titre de souffrance et de gloire. Ce fut elle qui obtint par ses prières très puissantes que l’Esprit du divin Rédempteur, déjà donné sur la Croix, fût communiqué le jour de la Pentecôte en dons miraculeux à l’Église qui venait de naître. Ce fut elle enfin qui, en supportant ses immenses douleurs d’une âme pleine de force et de confiance, plus que tous les chrétiens, vraie Reine des martyrs, «compléta ce qui manquait aux souffrances du Christ /…/ pour son Corps qui est l’Église» [Col 1, 24].
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— radio-message du 13 mai 1946: AAS 38 (1946), 264-267
[version portugaise] /…/ Ele o Filho Deus, reflecte sobre a celeste Mãe a glória, a majestade, o império da sua realeza; — porque associada, como Mãe e Ministra, ao Rei dos mártires na obra inefável da humana Redenção, lhe é para sempre associada, com um poder quasi imenso, na distribuição das graças que da Redenção derivam.
Jesus é Rei dos séculos eternos por natureza e por conquista; por Ele, com Ele, subordinadamente a Ele, Maria é Rainha por graça, por parentesco divino, por conquista, por singular eleição. E o seu reino é vasto como o de seu Filho e Deus, pois que de seu domínio nada se exclue.
[version française] /…/ Lui, le Fils de Dieu, reflète sur sa Mère céleste la gloire, la majesté, l’empire de sa royauté; car, ayant été associée, en tant que Mère et Coopératrice [en portugais: «Ministra»], au Roi des martyrs dans l’oeuvre ineffable de la Rédemption humaine [aspect objectif], elle lui est à jamais associée, avec un pouvoir quasi immense [autre traduction possible: «quasi illimité»], dans la distribution des grâces qui découlent de la Rédemption [aspect subjectif]. [Cf. Léon XIII, lettre encyclique Adiutricem populi christiani (5 septembre 1895).]
Jésus est Roi des siècles éternels par nature et par conquête; par lui, avec lui et de manière subordonnée à lui, Marie est Reine par grâce, par parenté divine, par conquête, par une singulière élection. Et son règne est aussi vaste que celui de son Fils et son Dieu, puisque rien n’est exclu de sa domination.
Dès le début de son radio-message, Pie XII mentionne celle (Marie) que Dieu a constituée «Mère de miséricorde, notre très aimante Reine et Avocate, Médiatrice de ses grâces, Dispensatrice de ses trésors» (en portugais: «Mãe de misericórdia, Rainha e Advogada nossa amorosíssima, Medianeira de suas graças, Dispensadora dos seus tesoiros»).
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— lettre encyclique Mediator Dei (20 novembre 1947), sur la sainte liturgie
Parmi les saints du ciel, la Vierge Marie, Mère de Dieu, est l’objet d’un culte plus relevé. Sa vie, en effet, de par la mission qu’elle a reçue de Dieu, est étroitement liée aux mystères du Christ, et personne, assurément, n’a suivi de plus près et plus effectivement qu’elle les traces du Verbe incarné; personne ne jouit d’une plus grande faveur et d’une plus grande puissance qu’elle auprès du très Sacré Coeur du Fils de Dieu, et par lui, auprès du Père céleste. Plus sainte que les chérubins et les séraphins, elle jouit d’une gloire supérieure à celle de tous les autres saints, parce qu’elle est «pleine de grâce» [Lc 1, 28] et Mère de Dieu et nous a, par son heureuse maternité, donné le Rédempteur. Puisqu’elle est «Mère de miséricorde, notre vie, notre douceur et notre espérance», crions vers elle nous qui «gémissons et pleurons dans cette vallée de larmes» [Salve Regina], et mettons-nous avec confiance sous son patronage, nous et tout ce qui nous concerne. Elle est devenue notre Mère au moment où le divin Rédempteur accomplissait le sacrifice de lui-même, en sorte que voilà encore un titre auquel nous sommes ses enfants. Toutes les vertus, elle nous les enseigne. Elle nous donne son Fils et, avec lui, elle nous donne tous les secours dont nous avons besoin, car Dieu «a voulu que nous ayons tout par Marie» [saint Bernard, sermon sur la Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie, 7].
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— constitution apostolique Munificentissimus Deus (1er novembre 1950), pour la promulgation du dogme de l’Assomption
[Un extrait est répertorié dans le Denzinger (DS 3900-3904); texte français et latin téléchargeable en format pdf.]
En effet sous la direction et la conduite de leurs pasteurs, les fidèles ont appris par la Sainte Écriture que la Vierge Marie a mené, au cours de son pèlerinage ici-bas, une vie de soucis, d’angoisses et de souffrances; ils ont su, de plus, que s’est réalisée la prédiction du saint vieillard Siméon: qu’un glaive acéré lui transperça le coeur au pied de la croix de son divin Fils, notre Rédempteur. Les fidèles ont également admis sans peine que l’admirable Mère de Dieu, à l’imitation de son Fils unique, quitta cette vie. Mais cela ne les a aucunement empêchés de croire et de professer ouvertement que son corps si saint ne fut jamais soumis à la corruption du tombeau et que cet auguste tabernacle du Verbe divin ne fut pas réduit en pourriture et en poussière. Bien plus, éclairés par la grâce divine et poussés par leur piété envers Celle qui est la Mère de Dieu et aussi notre très douce Mère, ils ont contemplé dans une lumière chaque jour plus vive l’admirable harmonie et concordance des privilèges que Dieu, dans son infinie Providence, a accordés à cette sainte associée de notre Rédempteur [en latin: «Redemptoris nostri sociae»], privilèges si élevés, que nulle autre créature, en dehors de Marie, sauf la nature humaine de Jésus-Christ, n’atteignit jamais pareil sommet.
/…/
Tous ces arguments et considérations des saints Pères et des théologiens s’appuient sur les saintes Lettres comme sur leur premier fondement. Celles-ci nous proposent, comme sous nos yeux, l’auguste Mère de Dieu dans l’union la plus étroite avec son divin Fils et partageant toujours son sort. C’est pourquoi il est quasi impossible de considérer Celle qui a conçu le Christ, l’a mis au monde, nourri de son lait, porté dans ses bras et serré sur son sein, séparée de lui, après cette vie terrestre, sinon dans son âme, du moins dans son corps. Puisque notre Rédempteur est le Fils de Marie, il ne pouvait certainement pas, lui qui fut l’observateur de la loi divine le plus parfait, ne pas honorer, avec son Père éternel, sa Mère très aimée. Or, il pouvait la parer d’un si grand honneur qu’il la garderait exempte de la corruption du tombeau. Il faut donc croire que c’est ce qu’il a fait en réalité.
Il faut surtout se souvenir que, depuis le IIe siècle, les saints Pères proposent la Vierge Marie comme une Ève nouvelle en face du nouvel Adam et, si elle lui est soumise, elle lui est étroitement unie dans cette lutte contre l’ennemi infernal, lutte qui devait, ainsi que l’annonçait le protévangile [Gn 3, 15], aboutir à une complète victoire sur le péché et la mort qui sont toujours liés l’un à l’autre dans les écrits de l’Apôtre des nations [Rm 5; Rm 6; 1 Co 15, 21-26.54-57]. C’est pourquoi, de même que la glorieuse Résurrection du Christ fut la partie essentielle de cette victoire et comme son suprême trophée, ainsi le combat commun de la Bienheureuse Vierge et de son Fils devait se terminer par la «glorification» de son corps virginal; car, comme le dit ce même Apôtre, «lorsque ce corps mortel aura revêtu l’immortalité, alors s’accomplira la parole qui est écrite: La mort a été engloutie dans sa victoire» [1 Co 15, 54].
C’est pourquoi l’auguste Mère de Dieu, unie de toute éternité à Jésus-Christ, d’une manière mystérieuse, par «un même et unique décret» [Pie IX, bulle Ineffabilis Deus (8 décembre 1854)] de prédestination, immaculée dans sa conception, Vierge très pure dans sa divine Maternité, généreuse associée du Divin Rédempteur [en latin: «Divini Redemptoris socia»] qui remporta un complet triomphe du péché et de ses suites, a enfin obtenu comme suprême couronnement de ses privilèges d’être gardée intacte de la corruption du sépulcre, en sorte que, comme son Fils déjà auparavant, après sa victoire sur la mort, elle fut élevée dans son corps et dans son âme, à la gloire suprême du ciel où, Reine, elle resplendirait à la droite de son Fils, Roi immortel des siècles [1 Tm 1, 17].
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— lettre encyclique Fulgens corona (8 septembre 1953), à l’occasion du centenaire de la promulgation du dogme de l’Immaculée Conception
[Un extrait est répertorié dans le Denzinger (DS 3908-3910); texte français et latin téléchargeable en format pdf.]
À l’occasion du centenaire de la définition du dogme de l’Immaculée Conception, Pie XII proclama une Année mariale se déroulant de décembre 1953 à décembre 1954, par la lettre encyclique Fulgens corona (8 septembre 1953). Le thème de la «coopération de Marie à la Rédemption» n’y apparaît pas explicitement, bien que Marie y soit appelée «Mère du Rédempteur» (en latin: «Redemptoris Matrem») et «Génitrice du Divin Rédempteur» (en latin: «Divini Redemptoris Genetrice»).
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— lettre encyclique Ad Caeli Reginam (11 octobre 1954), sur la royauté de Marie, pour l’institution de la fête liturgique de Marie Reine
[Un extrait est répertorié dans le Denzinger (DS 3913-3917); texte français et latin téléchargeable en format pdf.]
Cependant, la bienheureuse Vierge doit être proclamée Reine, non seulement à cause de sa maternité divine, mais aussi parce que, selon la volonté de Dieu, elle joua dans l’oeuvre de notre salut éternel, un rôle des plus éminents. «Quelle pensée plus douce — écrivait Notre Prédécesseur d’heureuse mémoire Pie XI — pourrait-il Nous venir à l’esprit que celle-ci: le Christ est notre Roi non seulement par droit de naissance, mais aussi par un droit acquis, c’est-à-dire par la Rédemption? /…/» [Pie XI, lettre encyclique Quas primas (11 décembre 1925)]
Dans l’accomplissement de la Rédemption, la très sainte Vierge fut, certes, étroitement associée au Christ. /…/ Et un pieux disciple de saint Anselme pouvait écrire au Moyen Âge: «Comme /…/ Dieu, en créant toutes choses par sa puissance, est Père et Seigneur de tout, ainsi Marie, en restaurant toutes choses par ses mérites, est la Mère et la Souveraine de tout: Dieu est Seigneur de toutes choses, parce qu’il les a établies dans leur nature propre par son ordre, et Marie est Souveraine de toutes choses en les restaurant dans leur dignité originelle par la grâce qu’elle mérita.» [Eadmer (vers 1060-après 1126), De excellentia Virginis Mariae, chapitre XI: PL 159, 578AB] En effet: «Comme le Christ pour nous avoir rachetés est notre Seigneur et notre Roi à un titre particulier, ainsi la bienheureuse Vierge est aussi notre Reine et Souveraine à cause de la manière unique dont elle contribua à notre Rédemption, en donnant sa chair à son Fils, et en l’offrant volontairement pour nous, désirant, demandant et procurant notre salut d’une manière toute spéciale.» [Francisco Suárez (1548-1617), De mysteriis vitae Christi, disp. XXII, sect. II]
De ces prémisses, on peut tirer l’argument suivant: dans l’oeuvre du salut spirituel, Marie fut, par la volonté de Dieu, associée au Christ Jésus, principe de salut, et cela d’une manière semblable à celle dont Ève fut associée à Adam, principe de mort, si bien que l’on peut dire de notre Rédemption qu’elle s’effectua selon une certaine «récapitulation» [saint Irénée, Adversus haereses, livre V, chapitre 19, n. 1: PG 7, 1175B] en vertu de laquelle le genre humain, assujetti à la mort par une vierge, se sauve aussi par l’intermédiaire d’une Vierge; en outre, on peut dire que cette glorieuse Souveraine fut choisie comme Mère de Dieu, précisément «pour être associée à lui dans la rédemption du genre humain» [Pie XI, lettre Auspicatus profecto (28 janvier 1933): AAS 25 (1933), 80]; réellement «ce fut elle qui, exempte de toute faute personnelle ou héréditaire, toujours étroitement unie à son Fils, l’a offert sur le Golgotha au Père Éternel, sacrifiant en même temps son amour et ses droits maternels, comme une nouvelle Ève, pour toute la postérité d’Adam, souillée par sa chute misérable» [Pie XII, lettre encyclique Mystici Corporis Christi (29 juin 1943): AAS 35 (1943), 247]; on pourra donc légitimement en conclure que, comme le Christ, nouvel Adam, est notre Roi parce qu’il est non seulement Fils de Dieu, mais aussi notre Rédempteur, de même, par une certaine analogie, on peut affirmer également que la Sainte Vierge est Reine, non seulement parce qu’elle est Mère de Dieu, mais aussi parce que, comme une nouvelle Ève, elle fut associée au nouvel Adam.
Il est certain qu’au sens plein, propre et absolu, Jésus-Christ seul, Dieu et Homme, est Roi; toutefois, Marie aussi participe à sa dignité royale, bien que d’une manière limitée et analogique parce qu’elle est la Mère du Christ Dieu et qu’elle est associée à l’oeuvre du Divin Rédempteur [en latin: «socia in divini Redemptoris opera»] dans sa lutte contre ses ennemis et le triomphe qu’il a obtenu sur eux tous. En effet, par cette union avec le Christ Roi elle atteint une gloire tellement sublime qu’elle dépasse l’excellence de toutes les choses créées: de cette même union avec le Christ, découle cette puissance royale qui l’autorise à distribuer les trésors du royaume du Divin Rédempteur; enfin, cette même union avec le Christ est source de l’efficacité inépuisable de son intercession maternelle auprès du Fils et du Père.
Au paragraphe suivant, Pie XII cite saint Jean Damascène: «La différence entre les serviteurs de Dieu et sa Mère est infinie.» (Homilia I in Dormitionem Beatae Virginis Mariae: PG 96, 715A / 716A) L’expression «médiatrice de paix» (en latin: «sequestram pacis») apparaît une fois dans l’encyclique, juste avant le paragraphe final contenant la bénédiction apostolique.
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— lettre encyclique Haurietis aquas (15 mai 1956), sur le culte du Sacré-Coeur de Jésus
[Un extrait est répertorié dans le Denzinger (DS 3926).]
Et afin que ce culte envers l’auguste coeur de Jésus entraîne de plus grands avantages pour la famille chrétienne et pour le genre humain tout entier, les fidèles auront soin d’y associer étroitement celui du Coeur Immaculé de Marie. Dieu a voulu, en effet, que dans l’oeuvre de la Rédemption des hommes, la Très Sainte Vierge fût indissolublement unie au Christ, de sorte que le salut nous vînt de la charité et des souffrances de Jésus-Christ, intimement associées à l’amour et aux douleurs de sa Mère: il convient donc que le peuple chrétien, qui a reçu la vie divine du Christ par Marie, après avoir rendu au Sacré-Coeur de Jésus les hommages qui lui sont dus, offre au Coeur très aimant de la Mère céleste les témoignages conjoints de sa piété, de son amour, les élans d’un coeur disposé à la reconnaissance et à la réparation. À ce très sage et très doux dessein de la divine Providence s’accorde parfaitement l’acte de consécration par lequel Nous avons Nous-même solennellement dédié la sainte Église et le monde entier au Coeur Immaculé de la Bienheureuse Vierge [AAS 34 (1942) 345-346].
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— lettre encyclique Le pèlerinage de Lourdes (2 juillet 1957), à l’occasion du centenaire des apparitions de Marie à Lourdes
À l’approche du jubilé du centenaire des apparitions de Lourdes, le Saint-Père publia la lettre encyclique Le pèlerinage de Lourdes (2 juillet 1957). Le Pape Pie XII fut rappelé à Dieu le 9 octobre 1958, durant le cours de cette année jubilaire. Celle-ci, commencée le 11 février 1958, est qualifiée par trois fois d’«Année mariale» dans le radio-message du Pape Jean XXIII, à l’occasion de sa clôture le 18 février 1959.
g) Le Concile Vatican II et les quatre porteurs de la 107e devise PASTOR ET NAUTA
Mosaïque représentant Marie «Mère de l’Église» (en latin: «Mater Ecclesiae»), dominant la place Saint-Pierre, sur une façade du Palais apostolique au Vatican. Le Pape Jean-Paul II fit installer cette image dans le sillage de l’attentat dont il fut victime le 13 mai 1981 et procéda à sa bénédiction le 8 décembre de la même année. La mosaïque est reproduite dans le journal Le Royaume, n. 5, octobre 1982, p. 9 [LR-005].
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La mariologie du Concile Vatican II est principalement contenue dans le chapitre VIII de la constitution dogmatique Lumen gentium. Ce chapitre est comme une synthèse de la doctrine mariale élaborée dans le cours de l’histoire de l’Église, y compris les développements du Magistère pontifical récent, de Pie IX à Pie XII.[50] Il sera également le fondement de la mariologie des derniers papes de l’Église de Pierre: Jean XXIII, Paul VI, Jean-Paul Ier et Jean-Paul II, tous les quatre porteurs de la 107e devise de la Prophétie des Papes de saint Malachie, PASTOR ET NAUTA, «pasteur et nautonier». À l’instar de Pie XII (le «pasteur angélique»), le Concile a évité soigneusement d’employer le terme de «Co-Rédemptrice».
Du 18 au 24 août 1996, à Częstochowa (Pologne), s’est tenu le XIIe Congrès mariologique international.[51] Le Saint-Siège avait demandé à ce Congrès d’étudier la possibilité et l’opportunité de définir un nouveau dogme de foi portant sur les titres marials de «Médiatrice», «Co-Rédemptrice» et «Avocate». Une commission théologique fut constituée à cette fin, composée de dix-sept théologiens catholiques de diverse provenance géographique, auxquels ont été agrégés cinq théologiens non catholiques présents au Congrès, à titre de membres extérieurs (un anglican, un luthérien, trois orthodoxes). Voici la double conclusion avancée par cette commission:
- Tels qu’ils sont proposés, les titres apparaissent ambigus car on peut les comprendre de manières très différentes. Il est apparu de plus que l’on ne doit pas abandonner la ligne théologique suivie par le Concile Vatican II, qui n’a voulu définir aucun d’entre eux [cf. Lumen gentium, n. 54]. Dans son Magistère, il n’a pas employé le mot «Corédemptrice» et il a fait un emploi très sobre des titres de «Médiatrice» et d’«Avocate» (cf. Lumen gentium, 62). En réalité, le terme «Corédemptrice» n’est pas employé par le Magistère des Souverains Pontifes, dans des documents importants, depuis l’époque de Pie XII. À cet égard, il y a des témoignages du fait que ce Pape a évité intentionnellement de l’employer. En ce qui concerne le titre de «Médiatrice», il ne faudrait pas oublier des événements historiques assez récents: dans les premières décennies de ce siècle, le Saint-Siège confia à trois Commissions différentes une étude sur la possibilité d’une éventuelle définition; cette étude amena le Saint-Siège à la décision de ne pas donner suite à la question.
- Même si l’on attribuait à ces titres un contenu dont on pourrait accepter qu’il appartient au dépôt de la foi, leur définition, dans la situation actuelle, ne semblerait cependant pas claire théologiquement, du fait que ces titres, et les doctrines qui leur sont relatives, ont encore besoin d’un approfondissement ultérieur dans une perspective trinitaire, ecclésiologique et anthropologique nouvelle. Enfin, les théologiens, spécialement les théologiens non catholiques, se sont montrés sensibles aux difficultés oecuméniques qu’entraînerait une définition de ces titres.[52]
En continuité avec la pensée théologique et magistérielle des siècles antérieurs, le Concile Vatican II réaffirme le «principe d’association» de Marie au Rédempteur, toujours en lien avec le «principe de subordination» de la Mère de Dieu au Fils de Dieu (puisque Marie est considérée comme une simple créature).
L’Église catholique distingue trois types de cultes:
- un culte d’adoration réservé à Dieu (la Sainte Trinité du Père, du Fils et de l’Esprit Saint), appelé culte de latrie;
- un culte de vénération réservé aux anges et aux saints, en tant que serviteurs de Dieu, appelé culte de dulie (le mot grec δοῦλος, doûlos, signifie «esclave»);
- un culte de vénération spéciale réservé à Marie, appelé culte d’hyperdulie (pour la «Servante du Seigneur» par excellence).[53]
Voici comment ce culte spécial envers Marie est présenté dans la constitution Sacrosanctum Concilium sur la sainte liturgie, du Concile Vatican II:
En célébrant ce cycle annuel des mystères du Christ, la sainte Église vénère avec un particulier amour la bienheureuse Marie, mère de Dieu, qui est unie à son Fils dans l’oeuvre salutaire par un lien indissoluble; en Marie, l’Église admire et exalte le fruit le plus éminent de la Rédemption, et, comme dans une image très pure, elle contemple avec joie ce qu’elle-même désire et espère être tout entière. [n. 103; nous soulignons en gras]
Le culte d’hyperdulie entend manifester l’excellence et la supériorité de la Vierge Marie par rapport aux anges et aux saints, tout en maintenant son infériorité par rapport à Dieu. Le culte marial prit un essor considérable au Concile d’Éphèse en 431, lorsque Marie fut proclamée «Mère de Dieu», une proclamation qui soulignait d’abord et avant tout la divinité de Jésus-Christ.
Le Concile Vatican II entend garder le juste milieu relativement au culte marial, maintenu «dans les limites d’une saine doctrine orthodoxe»:
Ayant pris part, comme la Mère très sainte de Dieu, aux mystères du Christ, élevée par la grâce de Dieu, après son Fils, au-dessus de tous les anges et les hommes, Marie est légitimement honorée par l’Église d’un culte spécial. /…/ Ce culte, tel qu’il a toujours existé dans l’Église, présente un caractère absolument unique; il n’en est pas moins essentiellement différent du culte d’adoration qui est rendu au Verbe incarné ainsi qu’au Père et à l’Esprit Saint; il est éminemment apte à le servir. [Lumen gentium, n. 66]
[Le saint Concile] exhorte vivement les théologiens et ceux qui portent la Parole de Dieu à s’abstenir avec le plus grand soin, quand la dignité unique de la Mère de Dieu est en cause, à la fois de tout excès contraire à la vérité et non moins d’une étroitesse injustifiée. [Lumen gentium, n. 67][54]
Selon la définition même du culte d’hyperdulie (supérieur au culte de dulie, mais inférieur au culte de latrie), il est cohérent de formuler le «principe de subordination» de Marie au Christ, si l’on considère Marie comme une simple créature, inférieure au Créateur par définition, quelle que soit l’excellence de ses privilèges ou prérogatives qui la rendent supérieure à toutes les créatures humaines et angéliques réunies. Nous lisons dans Lumen gentium:
Ainsi Marie, fille d’Adam, donnant à la Parole de Dieu son consentement, devint Mère de Jésus et, épousant à plein coeur, sans que nul péché ne la retienne, la volonté divine de salut, se livra elle-même intégralement, comme la servante du Seigneur, à la personne et à l’oeuvre de son Fils, pour servir, dans sa dépendance [subordination] et avec lui [association], par la grâce du Dieu tout-puissant, au mystère de la Rédemption. C’est donc à juste titre que les saints Pères considèrent Marie non pas simplement comme un instrument passif aux mains de Dieu, mais comme apportant au salut des hommes la coopération de sa libre foi et de son obéissance. [LG 56]
[Marie, servante du Seigneur (subordination)] Unique est notre Médiateur selon les paroles de l’Apôtre: «Car, il n’y a qu’un Dieu, il n’y a aussi qu’un Médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus, homme lui-même, qui s’est donné en rançon pour tous.» (1 Tm 2, 5-6) Mais le rôle maternel de Marie à l’égard des hommes n’offusque et ne diminue en rien cette unique médiation du Christ: il en manifeste au contraire la vertu.
Car toute influence salutaire de la part de la bienheureuse Vierge sur les hommes a sa source dans une disposition purement gratuite de Dieu: elle ne naît pas d’une nécessité objective, mais découle de la surabondance des mérites du Christ; elle s’appuie sur sa médiation, dont elle dépend en tout et d’où elle tire toute sa vertu; l’union immédiate des croyants avec le Christ ne s’en trouve en aucune manière empêchée, mais au contraire favorisée. [LG 60]
[Marie, l’associée du Seigneur (association)] La bienheureuse Vierge, prédestinée de toute éternité, à l’intérieur du dessein d’incarnation du Verbe, pour être la Mère de Dieu, fut sur la terre, en vertu d’une disposition de la Providence divine, l’aimable Mère du divin Rédempteur, généreusement associée à son oeuvre à un titre absolument unique, humble servante du Seigneur. En concevant le Christ, en le mettant au monde, en le nourrissant, en le présentant dans le Temple à son Père, en souffrant avec son Fils qui mourait sur la croix, elle apporta à l’oeuvre du Sauveur une coopération absolument sans pareille par son obéissance, sa foi, son espérance, son ardente charité, pour que soit rendue aux âmes la vie surnaturelle. C’est pourquoi elle est devenue pour nous, dans l’ordre de la grâce, notre Mère. [LG 61]
Ayant bien établi les principes théologiques d’«association» et de «subordination» de Marie au Christ, le Concile attribue à la «Mère du Sauveur» et «Mère du Rédempteur» (LG 55) les titres suivants: «avocate, auxiliatrice, secourable, médiatrice» (LG 62). Le texte conciliaire précise que ces titres, exprimant un «rôle subordonné», ne doivent comporter «nulle dérogation, nulle addition» par rapport à l’oeuvre salvifique du Christ. Il explique:
Aucune créature en effet ne peut jamais être mise sur le même pied que le Verbe incarné et rédempteur. Mais tout comme le sacerdoce du Christ est participé sous des formes diverses, tant par les ministres que par le peuple fidèle, et tout comme l’unique bonté de Dieu se répand réellement sous des formes diverses dans les créatures, ainsi l’unique médiation du Rédempteur n’exclut pas, mais suscite au contraire une coopération variée de la part des créatures, en dépendance de l’unique source. [LG 62; nous soulignons en gras]
Un mouvement théologique et populaire était favorable à la définition d’un dogme sur la co-rédemption et la médiation de Marie, mouvement encouragé par les épiphanies ou apparitions modernes de Marie. Qui plus est, la Vierge Immaculée, lors de ses apparitions d’Amsterdam (1945-1959) et sous le vocable de Dame de tous les Peuples, a spécifiquement demandé ce dogme, avec force explications à l’adresse des théologiens réticents. Ceux-ci semblent avoir exercé une certaine influence sur la papauté, puisque Pie XII (1939-1958), contrairement à son prédécesseur Pie XI, a délibérément évité d’employer le titre de «Co-Rédemptrice» durant son pontificat.[55] Le Concile Vatican II a choisi de maintenir cette ligne de conduite, n’ayant pas l’intention «de trancher les questions que le travail des théologiens n’a pu encore amener à une lumière totale» (LG 54), laissant par conséquent le champ libre aux théologiens et au peuple de Dieu d’exprimer légitimement leurs opinions sur ces questions.
Les théologiens prudents, qui préfèrent éviter le titre, ambigu à leurs yeux, de «co-rédemptrice» (titre qui diviserait «l’oeuvre de la rédemption en deux», suggérant «l’univocité entre la part de Marie et celle du Christ»), proposent d’y substituer les expressions «associée du Rédempteur» et «coopératrice de la Rédemption» (plus aptes à «mettre en relief le caractère analogique, participé, subordonné, de la coopération mariale»).[56] Pourtant, le titre marial «Co-Rédemptrice», qui possède une certaine ancienneté (XIVe siècle), a été demandé par Marie elle-même lors de ses apparitions d’Amsterdam.
La Dame de tous les Peuples a attendu la promulgation du dogme de l’Assomption par Pie XII, le 1er novembre 1950, avant d’exposer ses demandes à l’Église de Rome: elle communique sa Prière lors de la 27e vision (11 février 1951), incluant une première mention du titre d’«Avocate»;[57] elle parle du Dogme pour la première fois dans la 30e vision (1er avril 1951), un dogme devant clore tous les dogmes marials; elle fait un premier usage des titres de «Co-Rédemptrice» et de «Médiatrice» lors de la 31e vision (15 avril 1951). Tout cela, il y a 70 ans en cette année 2021. Le 16 novembre 1950 (24e vision), à peine quinze jours après la définition dogmatique de l’Assomption, la Dame s’auto-décrit comme «Dame de tous les Peuples» pour la première fois:
«Je suis debout sur le globe,
parce que je veux être appelée la Dame de tous les Peuples.»[58]
La Dame fait mention du «Sacriste du Pape» pour la première fois dans la 44e vision (8 décembre 1952). Nous savons qu’il s’agit de Monseigneur Jean-Pierre van Lierde (1907-1995), qui a été ordonné évêque le 25 février 1951 et qui a servi cinq papes dans la fonction de «Sacriste du Pape» et dans celle de «Vicaire général du Saint-Père pour la Cité du Vatican» (1951-1991).
- (1) «Dis au Sacriste du Pape d’informer le Pape et de lui faire connaître la Dame de tous les Peuples. Le Pape doit préparer le Dogme et le proposer.» [44e vision, 8 décembre 1952][59]
Le discernement de l’authenticité d’une apparition mariale relève normalement de l’évêque du diocèse où elle a lieu. Aussi la Dame s’adresse-t-elle d’abord à l’évêque d’Ida Peerdeman («ton évêque», 38e vision, 31 décembre 1951). Pendant le temps des apparitions (1945-1959), l’évêque du diocèse de Haarlem fut Monseigneur Johannes Petrus Huibers (1875-1969), du 16 décembre 1935 au 27 juin 1960. Cependant, la Dame s’adresse aussi au Pape, par l’intermédiaire du Sacriste, comme nous l’avons cité dans la note précédente. La Dame dit à l’évêque:
«Tu comprendras pourquoi je parle au Saint-Père et au Sacriste. Cette action n’est pas réservée à un seul pays; elle doit être celle de tous les peuples.» [47e vision, 11 octobre 1953]
Comme je l’ai déjà relevé antérieurement,[60] dans l’état actuel de mes connaissances, il y a seulement deux occasions où Marie, la Dame, formule des demandes spécifiques à l’intention du Pape, l’évêque de Rome et le souverain pontife de l’Église universelle: lors des apparitions de Fatima et celles d’Amsterdam. Voici les paroles de la Dame de tous les Peuples qui montrent l’importance du rôle que doit jouer le Pape:
«La grande occasion est là. Elle y est maintenant. À condition que le Pape exécute ce qu’il a projeté.» [24e vision, 16 novembre 1950]
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«[S’adressant au Pape:] Tu es dans la bonne voie. Je t’aiderai. Use davantage encore de moyens modernes. Persévère. L’occasion est venue pour Rome. Saisis-la. Tu auras à traverser des tempêtes. Tu seras secouru.» [25e vision, 10 décembre 1950]
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«Dis au Pape qu’il est dans la bonne voie. Cela, il te le faut annoncer, car on prétend le contraire. L’Esprit de Justice et de Vérité doit régner sur le monde. Je répète: Ce Pape est dans la bonne voie.» [38e vision, 31 décembre 1951]
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«Dis au Pape que c’est bien. La Dame de tous les Peuples l’assistera, telle est la volonté de Son Seigneur et Maître. Le Pape mènera tout à bonne fin.» [39e vision, 17 février 1952]
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«Dis au Pape que la Dame de tous les Peuples lui donnera son signe. L’Église de Rome va entrer dans une grande lutte. Avant que vienne l’an 2000 [l’an 2000 de la Rédemption, soit l’année 2033] bien des choses changeront dans l’Église, dans la Communauté. Mais le noyau demeurera.» [40e vision, 19 mars 1952]
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«Dis au Pape: c’est bien. Il me comprendra. Dis au Pape de tout préparer en vue du Dogme nouveau. Dis au Pape de préparer les modifications qu’il sied d’apporter et d’en discuter avec ceux qu’il aura choisis. Dis au Pape: c’est maintenant que le temps vient.» [41e vision, 6 avril 1952]
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«Ne crains rien. Tu parviendras jusqu’au Saint-Père. Ne crains rien. La Dame de tous les Peuples lui donnera le signe qu’il attend. Dis au Pape que c’est lui le Lutteur, le Pionnier des Nouveaux Temps.»
«Dis au Pape que le Seigneur et la Dame l’assistent car sa tâche est lourde et difficile. Qu’il prépare et qu’il exécute. Il sait, lui, ce que je veux dire. C’est pour les temps à venir.» [43e vision, 5 octobre 1952]
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«À présent, je m’adresse au Saint-Père: Tu as déjà beaucoup fait. La Dame de tous les Peuples te demande, une fois encore, en ce moment, de tenir bon et de parachever tout ce qui reste à accomplir.»
«Il sait ce que je veux dire. C’est le Saint-Père qui doit préparer le Dogme de Co-Rédemptrice, Médiatrice et Avocate. Elle l’aidera.» [45e vision, 20 mars 1953]
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«Saint-Père, il te reste une grande mission à remplir avant de venir rejoindre les Nôtres. La Dame, une fois encore, te parle et te dit: “Exécute ce que tu as projeté. Travaille en vue du dernier Dogme, le Couronnement de la Mère du Seigneur Jésus-Christ: Co-Rédemptrice, Médiatrice et Avocate.”»
«En cinquante-quatre il te faudra répandre ce titre nouveau parmi les peuples. Que ta sollicitude se penche sur les pays où le Seigneur Jésus-Christ est persécuté.» [47e vision, 11 octobre 1953]
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«J’assisterai le Saint-Père.
«Écoute bien mes paroles et retiens tout.»
«La force lui sera donnée, afin qu’il puisse tout préparer.»
«Voici venir beaucoup de changements.»
Et, disant cela, je vois Marie, la Dame, debout, au-dessus de l’église Saint-Pierre. L’église Saint-Pierre se met à tourner.
«Que le Saint-Père, et le plus vite possible, mette à exécution son grandiose dessein. Dis-lui que la Dame de tous les Peuples l’a aidé, qu’Elle l’aidera encore et lui donnera la force nécessaire. Le Saint-Père sait déjà tout.»
«L’énergie dont il a besoin, la Dame la lui communiquera. Il sait ce dont il dispose.» [49e vision, 4 avril 1954]
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«Le Saint-Père connaît son temps. Avant que d’être élevé auprès des Nôtres, c’est lui qui préparera, c’est lui qui achèvera.» [50e vision, 31 mai 1954]
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Raoul Auclair s’est appliqué à montrer, dans son introduction de 1967 aux messages de la Dame de tous les Peuples (Nouvelles Éditions Latines), comment la Dame a prophétisé et confirmé par avance le Concile Vatican II.[61] La Dame avait dit: «Les signes sont contenus dans mes paroles.»[62]
C’est donc Marie — et, très singulièrement, la Vierge d’Amsterdam — qui va nous donner à entendre toutes ces nouveautés bouleversantes et, parfois, déconcertantes auxquelles nous assistons depuis l’ouverture du Concile. Et nous verrons que le Concile était précisément le premier signe contenu dans le Message et le signal que tout, désormais, va s’accomplir. [p. 14]
Or, ils [les événements qui constituent les signes] ont commencé de s’accomplir dans le premier signe, au demeurant un signe essentiel, qui paraît avoir été marqué par Marie d’un sceau tout particulier: le Concile. [p. 18]
Le Concile, et le mouvement qu’il suscita, et les profonds changements qu’il apporta, semble bien devoir constituer le premier des «signes» annoncés. [p. 26]
Le Concile Vatican II (et donc les quatre PASTOR ET NAUTA) était, selon les mots de la Dame, «dans la bonne voie»,[63] dans ses décisions et ses réformes; mais il aurait pu faire plus dans le sens des demandes que Marie, à Fatima et à Amsterdam, a exprimées à la papauté.[64] Il n’était pas nécessaire de comprendre la divinité de Marie (et celle de Marie-Paule) avant de promulguer le dogme de la Co-Rédemption.
Dans l’épilogue du livre Le Secret de Marie, j’ai formulé la pensée que si les papes du XXe siècle (de Pie XI à Jean-Paul II) avaient obtempéré pleinement aux deux demandes de Marie à Fatima (communion réparatrice des premiers samedis et consécration de la Russie), ils auraient peut-être été mieux disposés à accepter les demandes de la Dame de tous les Peuples à Amsterdam (propagation de l’Image, récitation en Église de la Prière, promulgation du Dogme). Si leur obéissance à la Mère de l’Église, qui est aussi la Reine du Ciel, avait été plus complète et sans réserve, ils auraient certainement, d’une manière plus générale, mieux saisi et davantage pénétré la signification profonde des «épiphanies de Marie», porteuses d’une «révélation mariale» en faveur du mystère de la Co-Rédemption, et à terme, du mystère de la Quinternité.[65] Cette «révélation ou épiphanie mariale», qu’il convient maintenant d’appeler «théophanie mariale», n’est rien d’autre que la «RÉVÉLATION» du livre de l’«APOCALYPSE»: «Viens, que je te montre la Fiancée, l’Épouse de l’Agneau» (Ap 21, 9), c’est-à-dire la Co-Rédemptrice (la Fille, Marie-Paule) qui possède également la grâce de l’union hypostatique des deux natures, humaine et divine, à l’instar du Fils (Jésus-Christ) et de la Mère (la Vierge Marie).
Le Concile a concédé les titres d’«avocate» et de «médiatrice» (déjà employés par les papes antérieurs), mais non celui de «co-rédemptrice» (employés par la Curie romaine sous Pie X et par Pie XI), de peur que ce titre place Marie sur un pied d’«égalité» avec le Christ, voire en «parallèle» avec le Christ, au détriment du «principe de subordination», voire même du «principe d’association». Les quatre PASTOR ET NAUTA (Jean XXIII, Paul VI, Jean-Paul Ier et Jean-Paul II) maintiendront cette ligne de conduite du Concile dans leurs principales interventions sur Marie. Par-delà les nombreux discours et homélies, je propose la liste des documents suivants:
— Paul VI
- exhortation apostolique Signum magnum (13 mai 1967), sur la vraie dévotion à Marie, lors du 50e anniversaire des apparitions de Fatima
- exhortation apostolique Marialis cultus (2 février 1974), sur le culte de la Vierge Marie
Signum magnum emploie, à propos de Marie, les expressions latines «coniunctissima Socia» («très intime Associée» de Jésus-Christ); «Iesu Christo sociata» («associée à Jésus-Christ»); «Filii socia» («associée du Fils»).
Marialis cultus emploie les expressions latines «Redemptoris socia» («associée du Rédempteur») (nn. 15, 22); «Salvatoris Mater et socia» («Mère et associée du Sauveur») (n. 30); «Advocatae» («Avocate») (n. 22). Elle mentionne également «la maternité divine, virginale et salvifique» de Marie (n. 5), de même que «sa coopération (en latin: «cooperatio») aux moments décisifs de l’oeuvre du salut accomplie par son Fils» (n. 56).
Elle, la Femme nouvelle, est à côté du Christ, l’Homme nouveau, dont le mystère seul met en lumière le mystère de l’homme. [n. 57]
— Jean-Paul II
- lettre encyclique Redemptoris Mater (25 mars 1987), sur la Bienheureuse Vierge Marie dans la vie de l’Église en marche
- lettre apostolique Mulieris dignitatem (15 août 1988), sur la dignité et la vocation de la femme
À l’instar de Pie XII, Jean-Paul II proclama une Année mariale qui s’est déroulée du 7 juin 1987, solennité de la Pentecôte, au 15 août 1988, solennité de l’Assomption. Le Saint-Père écrivit Redemptoris Mater dans la perspective de cette Année mariale, de même qu’il publia Mulieris dignitatem au terme de celle-ci. La circonstance coïncidait avec le 70e anniversaire des apparitions de Fatima, même si celui-ci ne fut pas particulièrement souligné par le Saint-Père.
Redemptoris Mater consacre entièrement sa troisième partie à «la médiation maternelle» de Marie (nn. 38-50), toujours considérée comme une médiation «participée» et «subordonnée» à celle du Christ (nn. 38-41). L’encyclique mentionne le «rôle salvifique» de Marie (n. 41). Elle fait l’objet d’une présentation dans l’Appendice III de Vie d’Amour (VA App. III, 86) et dans le journal Le Royaume (n. 51, mai 1987, pp. 1, 3-4) [LR-051].
Comme nous l’avons mentionné à la note 15, Mulieris dignitatem reprend la comparaison Ève-Marie dans sa quatrième partie (nn. 9-11). Elle fait également l’objet d’une présentation dans le journal Le Royaume (n. 65, novembre-décembre 1988, p. 9) [LR-065].
en lien avec les apparitions mariales
- lettre lors du 80e anniversaire des apparitions de Fatima (1er octobre 1997)
- lettre lors du 50e anniversaire de la reconnaissance des apparitions de Banneux (31 juillet 1999) (l’expression «Médiatrice de grâce» y est employée)
- lettre lors du 150e anniversaire de l’apparition de La Salette (6 mai 1996)
audiences générales
Entre le 6 septembre 1995 et le 12 novembre 1997, lors des audiences générales du mercredi, le Saint-Père a développé un cycle de 70 catéchèses consacrées à la Vierge Marie. Je relève ci-dessous celles où apparaît davantage le thème de l’«association» ou «participation» ou «collaboration» ou «coopération» (avec les verbes dérivés) de Marie à la Rédemption, incluant celles où apparaissent les titres d’«avocate» et de «médiatrice». Je relève également deux audiences générales tenues durant le jubilé extraordinaire de la Rédemption 1983-1984. L’affirmation de l’«association» ou «participation» ou «coopération» de Marie à la Rédemption, une thématique qui revient sans cesse dans les catéchèses mariologiques de Jean-Paul II, est particulièrement forte dans l’audience du 4 mai 1983.
- La coopération de Marie au mystère de la Rédemption (4 mai 1983)
- La maternité de Marie acquise au pied de la Croix (11 mai 1983)
- Marie, Mère du Rédempteur (25 octobre 1995)
- La présence de Marie au Concile Vatican II (13 décembre 1995)
- Marie dans le Protévangile (24 janvier 1996)
- L’Immaculée Conception (29 mai 1996)
- Marie, nouvelle Ève (18 septembre 1996)
- La prophétie de Syméon (18 décembre 1996)
- Au cours de la Présentation de Jésus au Temple, est révélée la coopération de la «femme» à la Rédemption (8 janvier 1997)
- Au pied de la Croix, Marie participe au drame de la Rédemption (2 avril 1997)
- Marie, coopératrice singulière de la Rédemption (9 avril 1997)
- Marie, Mère de l’Église (17 septembre 1997)
- L’intercession céleste de la Mère de la divine grâce (24 septembre 1997)
- Marie Médiatrice (1er octobre 1997)
Jean-Paul II attribue à Marie le titre de «Coopératrice du Rédempteur», avec un «C» majuscule, dans l’audience du 24 janvier 1996; il qualifie Marie de «fidèle coopératrice du Fils pour le salut du genre humain», dans l’audience du 18 décembre 1996; enfin, dans l’audience du 9 avril 1997, il parle de son «rôle de coopératrice de la Rédemption».[66]
Aucune des références qui précèdent ne contient le terme de «Co-Rédemption» ou le titre de «Co-Rédemptrice». Cependant, en quelques rares occasions publiques, Jean-Paul II a utilisé cette terminologie. Voici les huit circonstances que j’ai pu répertorier à ce jour, toutes en italien, sauf la dernière en espagnol:
- lors de l’Angelus du 4 novembre 1984 (n. 2), à Arona, commune italienne de la région du Piedmont: «Corredentrice» («Co-Rédemptrice»)
- lors de l’Angelus du 31 mars 1985 (n. 2), à Rome: «corredentrice» («co-rédemptrice»)
- lors de l’Angelus du 6 octobre 1991 (n. 2), à Rome: «Corredentrice» («Co-Rédemptrice»)
- lors de l’audience générale du 10 décembre 1980, à Rome, dans les paroles adressées aux malades: «Corredentrice» («Co-Rédemptrice»)
- lors de l’audience générale du 8 septembre 1982, à Rome, dans les paroles adressées aux malades: «Corredentrice dell’umanità» («Co-Rédemptrice de l’humanité»)
- lors du discours du 24 mars 1990 (n. 3), à Rome, aux participants au pèlerinage de l’«Oeuvre fédérative de transport des malades à Lourdes» [«Opera Federativa Trasporto Ammalati a Lourdes (OFTAL)»]: «Corredentrice del genere umano» («Co-Rédemptrice du genre humain»)
- lors de l’homélie du 31 janvier 1985 (n. 6), au sanctuaire de Nuestra Señora de la Alborada (Notre-Dame de l’Aurore) à Guayaquil, en Équateur: «el papel corredentor de María» («le rôle co-rédempteur de Marie»)[67]
Enfin, rapportons le dernier document suivant:
- lettre apostolique Spiritus Domini (1er août 1987), pour le bicentenaire de la mort de saint Alphonse-Marie de Liguori, évêque et docteur de l’Église, «patron céleste de tous les confesseurs et moralistes»[68]
On y rencontre les deux expressions suivantes:
- «gratiae Mediatricem, Sociam redemptionis, atque idcirco Matrem, Advocatam, Reginam» («Médiatrice de grâce, Associée à la rédemption et pour cela Mère, Avocate et Reine»)[69]
- «de materna Mariae Virginis intercessione, Redemptoris Matris, advocatae ac mediatricis» («de l’intercession maternelle de la Vierge Marie, la Mère du Rédempteur, avocate et médiatrice»)
Il est intéressant de trouver dans ce document, en proximité des titres «Médiatrice» et «Avocate», et ce à deux reprises, des termes exprimant l’association de Marie à la Rédemption («Sociam redemptionis» et «Redemptoris Matris»).[70]
Il m’apparaît fort à propos également de rapporter le passage suivant de la lettre apostolique Salvifici doloris de Jean-Paul II (11 février 1984), sur le sens chrétien de la souffrance humaine:
Il est réconfortant tout d’abord — et cela correspond à la vérité évangélique et historique — de noter qu’auprès du Christ, à la toute première place à côté de lui et bien en évidence, se trouve toujours sa très sainte Mère, car par toute sa vie elle rend un témoignage exemplaire à cet évangile particulier de la souffrance. En elle, les souffrances innombrables et intenses s’accumulèrent avec une telle cohésion et un tel enchaînement que, tout en montrant sa foi inébranlable, elles contribuèrent à la rédemption de tous [nous soulignons]. En réalité, dès son entretien secret avec l’ange, elle a pressenti que sa mission de mère la «destinait» à partager d’une manière absolument unique la mission même de son Fils, et très vite elle en a eu la confirmation, que ce soit par les événements qui ont accompagné la naissance de Jésus à Bethléem, par les paroles claires du vieillard Syméon lui annonçant qu’une épée acérée lui transpercerait le coeur, ou par les angoisses et les privations subies lors de la fuite précipitée en Égypte à cause de la cruelle décision d’Hérode.
Et après les vicissitudes de la vie cachée et publique de son Fils, qu’elle partagea sans aucun doute avec une sensibilité aiguë, ce fut encore sur le Calvaire que la souffrance de Marie, auprès de celle de Jésus, atteignit un sommet difficilement imaginable du point de vue humain mais, certes, mystérieux et surnaturellement fécond au plan du salut universel. Sa montée au Calvaire, sa «présence» au pied de la Croix avec le disciple bien-aimé ont été une participation tout à fait spéciale à la mort rédemptrice de son Fils, de même que les paroles qu’elle a pu recueillir de ses lèvres ont été comme une remise solennelle de cet Évangile particulier, destiné à être annoncé à toute la communauté des croyants.
Témoin de la passion de son Fils par sa présence, y participant par sa compassion, Marie la très sainte a apporté une contribution singulière à l’Évangile de la souffrance, et elle a réalisé avant l’heure ce qu’affirmait saint Paul dans les paroles citées au début de ces pages. Oui, vraiment, à des titres tout à fait spéciaux, elle peut affirmer qu’elle «complète en sa chair — comme elle l’a déjà fait dans son coeur — ce qui manque aux épreuves du Christ». [n. 25; souligné en italique dans le texte]
Le passage souligné dans l’extrait précédent montre que la mariologie de Jean-Paul II va dans le sens d’une participation de Marie à la Rédemption objective, avec une portée universelle, en continuité avec la mariologie de son prédécesseur Benoît XV, lequel affirmait dans la lettre Inter sodalicia que Marie «elle-même avec le Christ racheta le genre humain». Les papes hésitent à employer la terminologie «co-rédemptrice», «co-rédemption», «co-racheter», mais l’idée se retrouve dans leurs écrits.
«C’est lui qui préparera, c’est lui qui achèvera»
Dans son livre La Dame de tous les Peuples (édition de 1982), Raoul Auclair rappelle les armoiries de Jean-Paul II, composées de la Croix et du M de Marie, et accompagnées de la devise Totus Tuus. Il en commente ainsi le symbolisme:
TOUT à la Croix? TOUT à Marie? Non, TOUT aux deux ensemble.
Mais alors: TOUT à LA DAME DE TOUS LES PEUPLES, qui est Marie devant la Croix, qui est Marie SUR LA CROIX, qui est Marie CO-RÉDEMPTRICE!
Co-Rédemptrice? N’est-ce pas sa mission, à lui, Pape de Marie, de La reconnaître et de La proclamer publiquement en sa suprême qualité? [pp. 49-50]
Totus Tuus
Mais nous savons que ni «le pasteur angélique» (PASTOR ANGELICUS), ni aucun des quatre «pasteurs et navigateurs» (PASTOR ET NAUTA), ne furent en mesure de proclamer le dogme de Marie Co-Rédemptrice, Médiatrice et Avocate.
Avant l’élection de Jean-Paul II, durant le pontificat de Paul VI, Raoul Auclair avait plutôt associé intuitivement la définition du dernier dogme marial à «la fleur des fleurs» (FLOS FLORUM), dans son livre La Prophétie des Papes (édité en 1969).
Et ne serait-ce pas à FLOS FLORUM qu’est réservé le privilège de prononcer la définitive gloire de la Rose Mystique? [p. 71]
Et c’est effectivement sous la supervision de la Dame ou la Fleur des Fleurs (Marie-Paule) que Padre Jean-Pierre «acheva» le dogme de Marie Co-Rédemptrice, Médiatrice et Avocate, avec à ses côtés le Père Victor Rizzi.
Le Pape Jean-Paul II a peut-être «préparé» le dogme demandé par la Dame plus que tous ses prédécesseurs; mais il est demeuré le Pape du «M» SOUS la «Croix», comme illustré sur ses armoiries, selon le «principe de subordination» de Marie au Christ formulé par la théologie catholique jusqu’au chapitre VIII de la constitution dogmatique Lumen gentium du Concile Vatican II.
Pour sa part, la Dame nous convie, avec le cinquième et dernier dogme marial, à contempler le mystère du «M» SUR la «Croix», tel un complément indispensable au Christ Rédempteur, selon que la chose était déjà prophétisée en 1830 sur le revers de la Médaille Miraculeuse de la rue du Bac à Paris.
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Quelques icônes de la Toujours Vierge Mère de Dieu. De gauche à droite: la Salus Populi Romani («salut du peuple romain»), dans la chapelle pauline de la basilique Sainte-Marie-Majeure à Rome (VIe siècle); la Vierge de Vladimir, en Russie (XIIe siècle); l’Orante de Iaroslav, en Russie (XIIe-XIIIe siècle); la Vierge Psychosostria («salvatrice des âmes»), Ohrid, Macédoine du Nord (ex-Yougoslavie) (XIVe siècle); la Madone noire de Częstochowa, en Pologne (XIVe siècle). Cette dernière porte des «balafres» ou «cicatrices» au cou et à la joue droite, produites par des coups de flèche et d’épée, miraculeusement conservées malgré des tentatives de restauration; elle est reproduite dans le journal Le Royaume, n. 10, avril 1983, p. 16 [LR-010].
Dans ces icônes, la Vierge resplendit comme l’image de la beauté divine, la demeure de la Sagesse éternelle, la figure de l’orante, le modèle de la contemplation, l’icône de la gloire. [Jean-Paul II, Redemptoris Mater, n. 33]
Rappel des quatre dogmes marials qui ont précédé
Il est bon de rappeler les «autres dogmes» qui, au dire de la Dame de tous les Peuples, «devaient précéder» (43e vision, 5 octobre 1952) «le dernier Dogme de l’histoire mariale» (50e vision, 31 mai 1954). J’indique les références magistérielles fondamentales, tout en y intercalant quelques paroles de la Dame de tous les Peuples appropriées.
(L’expression grecque «Θεοτόκος, Theotókos», à laquelle correspondent les expressions latines «Deipara» et «Dei Genitrix», se traduit littéralement par «celle qui engendre ou enfante Dieu», «celle qui porte et donne naissance à Dieu»; «Mère de Dieu» correspond littéralement au grec «Μήτηρ Θεοῦ, Mētēr Theou» et au latin «Mater Dei».)
Réunis en l’an 431, les Pères du Concile d’Éphèse, en union avec toute l’Église gouvernée alors par le Pape saint Célestin Ier, ont solennellement confessé et proclamé
que l’Emmanuel est Dieu en vérité et que pour cette raison la sainte Vierge est MÈRE DE DIEU (car elle a engendré charnellement le Verbe de Dieu fait chair) /…/. [DS 252]
Dans la deuxième lettre de saint Cyrille, patriarche d’Alexandrie, à Nestorius, patriarche de Constantinople, lettre jointe aux actes du Concile d’Éphèse, on lit que l’Église nomme la Sainte Vierge Marie
MÈRE DE DIEU, non que la nature du Verbe ou sa divinité ait reçu le début de son existence à partir de la sainte Vierge [en tant qu’humaine, mais les pauliens croient que le Fils tire sa divinité du Père et de la Mère], mais parce qu’a été engendré d’elle son saint corps animé d’une âme raisonnable, corps auquel le Verbe s’est uni selon l’hypostase et pour cette raison est dit avoir été engendré selon la chair. [DS 251; cité par CEC 466]
- catéchèse du 13 septembre 1995: Le visage maternel de Marie dans les premiers siècles
- catéchèse du 20 novembre 1996: Marie et la naissance de Jésus
- catéchèse du 27 novembre 1996: Le titre de Marie, Mère de Dieu
- catéchèse du 4 décembre 1996: Éducatrice du Fils de Dieu
«Car, c’est Elle, aussi, jadis, qui a précédé le Fils; c’est Elle qui l’a suivi. /…/ Maintenant la Dame vient et se tient devant la Croix, comme la Mère du Fils: la Mère qui, avec Lui, a accompli l’oeuvre de Rédemption.» [31e vision, 15 avril 1951]
- 2e dogme marial: la Virginité perpétuelle de Marie ou Marie «toujours vierge» (en grec «ἀειπάρθενος, aeiparthenos»; en latin «semper virgo») [CEC 496-507, 510]
Le synode du Latran de 649, sous le pontificat du Pape saint Martin Ier, confesse et proclame la virginité de Marie avant, pendant et après l’enfantement («ante partum, in partu et post partum»). Le canon 3 affirme comme étant
MÈRE DE DIEU la sainte, TOUJOURS VIERGE et immaculée Marie, puisque c’est en un sens propre et véritable Dieu Verbe lui-même, engendré de Dieu le Père avant tous les siècles, qu’elle a, dans les derniers temps, conçu du Saint-Esprit sans semence et enfanté sans corruption, sa virginité demeurant inaltérable aussi après l’enfantement /…/. [DS 503; remarquer la présence du mot «immaculée», bien avant la dogmatisation de 1854]
- catéchèse du 3 juillet 1996: Celle qui a cru
- catéchèse du 10 juillet 1996: La virginité de Marie, vérité de foi
- catéchèse du 24 juillet 1996: Le propos de virginité
- catéchèse du 31 juillet 1996: Valeur de la conception virginale de Jésus
- catéchèse du 7 août 1996: Marie, modèle de virginité
- catéchèse du 21 août 1996: L’union virginale de Marie et de Joseph
- catéchèse du 28 août 1996: Marie, toujours vierge («aeiparthenos»)
«En qualité de Co-Rédemptrice, Médiatrice et Avocate, je me tiens sur le globe, devant la Croix du Rédempteur. Par la Volonté du Père le Rédempteur est venu dans le monde. Pour cela, le Père eut recours à la Dame. De la Dame, donc, et uniquement — j’insiste sur le mot uniquement — le Rédempteur reçut chair et sang, c’est-à-dire Son corps [l’adverbe «uniquement» exclut l’intervention biologique de l’homme, mais n’exclut pas l’intervention divine du Père]. De mon Seigneur et Maître, le Rédempteur reçut Sa Divinité [la Dame ne reprend pas l’adverbe «uniquement», laissant la porte ouverte à ce que le Rédempteur ait reçu sa divinité également de la Mère]. Et c’est ainsi que la Dame est devenue Co-Rédemptrice.» [34e vision, 2 juillet 1951]
- 3e dogme marial: la Conception immaculée de Marie (bulle Ineffabilis Deus du 8 décembre 1854) [CEC 411, 490-493, 508; DS 2800-2804]
/…/ Nous déclarons, prononçons et définissons que la doctrine qui tient que la bienheureuse Vierge Marie a été, au premier instant de sa conception, par une grâce et une faveur singulière du Dieu tout-puissant, en vue des mérites de Jésus Christ, Sauveur du genre humain, préservée intacte de toute souillure du péché originel, est une doctrine révélée de Dieu /…/. [DS 2803]
/…/ nous déclarons, nous prononçons et définissons que la doctrine qui enseigne que la Bienheureuse Vierge Marie, dès le premier instant de sa Conception, a été, par une grâce et un privilège spécial du Dieu Tout-Puissant, en vue des mérites de Jésus-Christ, Sauveur du genre humain, préservée et exempte de toute tache du péché originel, est révélée de Dieu /…/. [version de La Documentation catholique (DC 2320)]
- catéchèse du 29 mai 1996: L’Immaculée Conception
- catéchèse du 5 juin 1996: Immaculée: rachetée par préservation
- catéchèse du 12 juin 1996: Immaculée: la définition dogmatique du privilège
- catéchèse du 19 juin 1996: Sainte durant toute la vie
«Parce que Co-Rédemptrice, Marie est aussi Médiatrice et, aussi, Avocate. Et non pas, cela, en sa seule qualité de Mère du Seigneur Jésus-Christ, mais — écoutez bien — parce qu’Elle est l’Immaculée Conception.»
/…/
«C’est pourquoi la Dame de tous les Peuples a été contrainte de venir maintenant, en ce temps-ci. Car Elle est l’Immaculée Conception et, conséquence de cela, Co-Rédemptrice, Médiatrice et Avocate. Ces trois fonctions en une seule. Théologiens, entendez-vous bien?» [49e vision, 4 avril 1954]
Dans le journal Le Royaume, le Père Denis Laprise fit un intéressant article sur l’histoire du dogme de l’Immaculée Conception et sa confirmation par Notre-Dame de Lourdes: «L’Immaculée Conception et Notre-Dame de Lourdes» (Le Royaume, n. 213, janvier-février 2012, pp. 8-10) [LR-213].
- 4e dogme marial: l’Assomption céleste de Marie en corps et en âme (bulle Munificentissimus Deus du 1er novembre 1950) [CEC 966; DS 3900-3904]
/…/ Nous affirmons, déclarons et définissons comme un dogme divinement révélé que: l’Immaculée Mère de Dieu, Marie toujours vierge, après avoir achevé le cours de sa vie terrestre, a été élevée en corps et en âme à la gloire céleste. [DS 3903]
- catéchèse du 25 juin 1997: La Dormition de la Mère de Dieu
- catéchèse du 2 juillet 1997: L’Assomption de Marie, vérité de foi
- catéchèse du 9 juillet 1997: L’Assomption de Marie dans la tradition de l’Église
- catéchèse du 23 juillet 1997: La Reine de l’univers
«De mon pied, j’ai broyé le Serpent.»
«J’ai été réunie au Fils comme, toujours, j’avais été unie à Lui.»
/…/
«Il fallait, d’abord, le dogme de l’Assomption. Ensuite viendra le dernier et le plus grand.» [35e vision, 15 août 1951]
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Ces quatre joyaux de la dogmatique mariale, sertis dans la couronne des dogmes catholiques, ont préparé les croyants en vue d’un cinquième et dernier joyau de la foi en Marie.[71]
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Quelques peintures de la Vierge Immaculée, Mère de Dieu, montée au Ciel en corps et en âme, voulant être reconnue comme Co-Rédemptrice, Médiatrice et Avocate. De gauche à droite: L’Assomption de la Vierge, par le peintre italien Guido Reni (1575-1642); L’Assomption de la Vierge, par le peintre espagnol Bartolomé Esteban Murillo (1617-1682); L’Immaculée Conception, par le peintre italien Giovanni Battista Tiepolo (1696-1770) (une reproduction modifiée se trouve en première page du journal Le Royaume, n. 166, mars-avril 2004) [LR-166]; La Dame de tous les Peuples (1951), par le peintre allemand Heinrich Repke (1877-1962); Marie Médiatrice, par le peintre italien Elis Romagnoli (1925-2006).
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Il est difficile d’établir une liste exhaustive des dogmes de l’Église catholique (cf. CEC 88-90). On trouve sur le Web quelques listes basées sur l’oeuvre hautement prisée de Ludwig Ott (1906-1985), prêtre et théologien allemand, sur le «fondement de la dogmatique catholique».[72] Les dogmes sont principalement contenus dans les articles des différents Credos (professions de foi ou symboles de la foi; cf. CEC 187), ainsi que dans les canons ou les anathématismes des Conciles oecuméniques. Voici une première liste répartissant les vérités de la foi par sujets (Trinité, Jésus-Christ, Marie, l’Église, les sacrements, les fins dernières); et voici une seconde liste qui, outre les affirmations dogmatiques, contient des propositions ou opinions théologiques possédant différents degrés de certitude mais non définies comme dogmes ou enseignées définitivement par le Magistère infaillible de l’Église.[73]
Dans son livre Qui est Marie-Paule? (pp. 18-27), Marc Bosquart parle de la «préparation lointaine» au mystère de la Co-Rédemption, une préparation à la fois «dogmatique», «prophétique» et «céleste». À la note 10 du chapitre 1, il écrit à propos du cinquième et dernier dogme marial (je rajoute les devises de la Prophétie des Papes correspondantes):
Ce dogme a été promulgué à Spiri-Maria par Padre Jean-Pierre [DE GLORIA OLIVAE], Père de l’Église de Jean, contresigné par Père Victor Rizzi [DE LABORE SOLIS], Père marial, en présence de Marie-Paule ou Mère Paul-Marie [FLOS FLORUM]. [p. 124]
Tout en étant un acte de Padre Jean-Pierre, la promulgation du dernier dogme marial pourrait aussi être vue comme un «co-acte», non seulement du Père Victor Rizzi, mais aussi de Marie-Paule, ce qui est logique, puisque l’Immaculée a «juridiction» sur son propre mystère.[74]
La mort de Marie?
Dans le volume II de Vie d’Amour, il y a deux indications célestes concernant ce dogme qui constitue, selon les mots de la Dame de tous les Peuples, la «clef de voûte» de la «doctrine mariale» et du «mystère marial» (43e vision, 5 octobre 1952; 49e vision, 4 avril 1954):
«UN DOGME CONCERNANT LA FIN TERRESTRE DE MARIE SERA PROMULGUÉ ET CE SERA LE DERNIER DE L’ÈRE MARIALE.» [VA II, 140; cf. VA IX, 93]
«UN JOUR, ROME DÉFINIRA UN DOGME, LE DERNIER, QUI PROUVERA QUE MARIE N’EST PAS MORTE ET QU’ELLE ENTRERA EN ACTION SUR CETTE TERRE…» [VA II, 263]
Comme l’indique la bulle dogmatique du 31 mai 2007, Marie-Paule est la Fille du Père, «au même titre que le Fils», et la Fille de l’Immaculée, tout en spécifiant que l’Immaculée s’est «réincarnée en Elle [Marie-Paule] afin d’accomplir, par Elle, ici, maintenant, les desseins de Dieu sur le monde» (introduction). Marie-la-Divine («Mère») et Marie-Paule («Fille») représentent la première et la deuxième Incarnation de l’«Immaculée»; elles figurent, avec la «Trinité divine» des chrétiens (Père, Fils, Esprit), au sein d’une «Quinternité nouvelle» (section 4). Et la bulle proclame solennellement et dogmatiquement (section 5):
nous proclamons Marie, présente en Marie-Paule,
et donc Marie-Paule Elle-même,
Co-Rédemptrice, Médiatrice et Avocate
sous le titre nouveau de
Dame de tous les Peuples
C’est ainsi que Marie (ou l’Immaculée), qui «N’EST PAS MORTE» lors de sa première Incarnation en Marie-la-Divine, est entrée «EN ACTION SUR CETTE TERRE» afin d’accomplir l’oeuvre de la Co-Rédemption, lors de sa deuxième Incarnation en Marie-Paule. Le Seigneur avait déjà confirmé au volume I de Vie d’Amour que sa Mère bien-aimée «EST PASSÉE SUR TERRE» et qu’elle «EST MONTÉE AU CIEL SANS MOURIR». Il poursuit en disant:
«JE DOIS TE DIRE AUJOURD’HUI, QU’ELLE S’EST INCARNÉE ET SON REGARD MATERNEL S’EST PENCHÉ SUR TOI. C’EST TOI, MON ENFANT, QUI SOUFFRES MA PASSION ET QUI, AU NOM DE MA MÈRE BIEN-AIMÉE, VAS REDONNER LE CHRIST AU MONDE.» [VA I, 326]
Puisque Marie-Paule ne fait qu’une avec Marie-la-Divine par voie de Réincarnation, nous pouvons affirmer, depuis son décès survenu le 25 avril 2015, que la «mort de Marie», c’est maintenant vrai (à travers Marie-Paule). Une indication divine l’annonçait déjà le 4 novembre 1970:
«LAISSE FAIRE, MON ENFANT, dit le Seigneur, CAR BIENTÔT LA MORT DE MARIE, CE SERA VRAI…» [VA VII, 91][75]
Dans l’une de ses catéchèses mariologiques, celle du 25 juin 1997 sur «la dormition de la Mère de Dieu», le Pape Jean-Paul II adopte l’opinion théologique favorable à la mort de Marie, l’opinion mortaliste.[76] Il souligne cependant, dans la catéchèse suivante (2 juillet 1997), que le Pape Pie XII n’a pas voulu trancher dogmatiquement cette question dans la bulle Munificentissimus Deus:
Le 1er novembre 1950, en définissant le dogme de l’Assomption, Pie XII évita d’employer le terme «résurrection» et de prendre position sur la question de la mort de la Vierge comme vérité de foi. [n. 2; version de La Documentation catholique (2165); cf. catéchèse du 25 juin 1997, n. 1]
En fait, nous apprenons dans les écrits de Marie-Paule que Pie XII était un «fervent immortaliste», c’est-à-dire qu’il était favorable à «la thèse de l’immortalité de Marie» (VA App. I, 156-157).[77]
La rédemption de Marie?
Le bienheureux Jean Duns Scot (vers 1266-1308), prêtre et théologien franciscain, fermement convaincu de l’Immaculée Conception de Marie, a élaboré le concept théologique de «rédemption par préservation»: ainsi Marie fut rachetée par le Christ en étant «préservée», et non «libérée», du péché (cf. catéchèse du 5 juin 1996). Cette intuition est reprise, par exemple, dans la lettre encyclique Fulgens corona de Pie XII mentionnée plus haut:
On ne peut pas dire pour autant que la Rédemption du Christ s’en trouve diminuée, comme si elle ne s’étendait plus à toute la descendance d’Adam et que, de ce fait, on retirât quelque chose à la mission et à la dignité du divin Rédempteur lui-même. En effet, si l’on scrute la question à fond et attentivement, on voit aisément que le Christ Notre-Seigneur a, en réalité, opéré de façon très parfaite la Rédemption de sa divine Mère. Car c’est en prévision de ses mérites qu’elle fut préservée par Dieu de toute souillure héréditaire du péché. Aussi bien la dignité infinie de Jésus-Christ et son oeuvre d’universelle Rédemption ne sont ni amoindries ni atténuées par ce point de doctrine; elles sont bien plutôt exaltées au plus haut point. [nous soulignons en gras]
Le Concile Vatican II va dans le même sens lorsqu’il voit en Marie «le fruit le plus éminent de la Rédemption» (Sacrosanctum Concilium, n. 103); ou encore lorsqu’il affirme que Marie a été «rachetée de façon éminente en considération des mérites de son Fils» et que, descendante d’Adam, elle appartient «à l’ensemble de l’humanité qui a besoin de salut» (Lumen gentium, n. 53). L’enseignement du Pape Jean-Paul II concorde avec cette notion de «la rédemption de Marie» en vertu d’une «application anticipée» des mérites de Jésus-Christ. Ainsi, par exemple, dans son encyclique Redemptoris Mater, il écrit:
/…/ dans l’événement de la conception immaculée, elle [l’Église] voit s’appliquer, par anticipation dans le plus noble de ses membres [Marie], la grâce salvifique de la Pâque [obtenue par la Rédemption du Christ] /…/ [n. 1]
Cette notion de «rédemption anticipée» chez Marie revient constamment, comme par exemple lors de la catéchèse mariologique du 30 juillet 1997:
Cette solidarité [de Marie] découle de son appartenance à la communauté de ceux qui ont été rachetés. En effet, à la différence de son Fils, elle a eu besoin d’être rachetée car «elle est unie, appartenant à la race d’Adam, à tous les hommes qui ont besoin de salut» (LG 53). Le privilège de l’Immaculée Conception l’a préservée de la tache du péché, par une influence salvifique spéciale du Rédempteur. [n. 3; version de La Documentation catholique (DC 2167)][78]
Cependant, dans la catéchèse du 12 juin 1996, le Saint-Père souligne un détail qui a particulièrement capté mon attention:
Dans le texte de la définition dogmatique [de l’Immaculée Conception], il n’est pas déclaré expressément que Marie ait été rachetée, mais la même Bulle Ineffabilis affirme ailleurs qu’«elle a été rachetée de la manière la plus sublime». [n. 3; version de La Documentation catholique (DC 2142)]
Ainsi, de la même manière que Pie XII n’a pas tranché dogmatiquement la question de «la mort de Marie», l’on pourrait dire que Pie IX n’a pas, lui non plus, tranché dogmatiquement la question de «la rédemption de Marie». Le fait que Marie ait été «préservée» de la faute originelle n’oblige pas qu’elle doive être «soumise» à la nécessité d’être «rachetée».
Dans son décret sur le péché originel (5e session, 17 juin 1546: DS 1510-1516), le Concile de Trente rappelle que la faute commise par nos premiers parents a entraîné dans le péché et la mort l’ensemble de l’humanité, en s’appuyant sur l’enseignement de l’apôtre Paul qui va jusqu’à dire que «tous ont péché» en Adam (Rm 5, 12). Mais il ajoute à la fin:
Cependant ce même saint concile déclare qu’il n’est pas dans son intention de comprendre dans ce décret, où il est traité du péché originel, la bienheureuse et immaculée Vierge Marie, Mère de Dieu, mais que l’on doit observer les constitutions du pape Sixte IV, d’heureuse mémoire, sous la menace des peines qui y sont contenues et il les renouvelle. [DS 1516; nous soulignons en gras; cf. DS 1400, 1425-1426][79]
Si le Magistère de l’Église a voulu voir en Marie une exception au principe scripturaire et paulinien de l’universalité du péché originel, ne pourrait-on appliquer envers la Mère du Rédempteur une exception similaire au principe de l’universalité du salut ou de la Rédemption? La bulle Ineffabilis Deus, dans sa définition dogmatique, ne dit pas que Marie fut «rachetée» par anticipation, «en vertu» des mérites de Jésus-Christ Rédempteur; mais simplement qu’elle fut «préservée» du péché originel par une grâce et un privilège spécial du Dieu tout-puissant (le Père), «en vue» des mérites du Sauveur du genre humain (le Fils).
Nous avons déjà vu que saint Irénée de Lyon qualifie Marie de «cause de salut pour elle-même (en latin: sibi) et pour tout le genre humain». Dans la catéchèse mariologique du 18 septembre 1996, il est très intéressant de noter que Jean-Paul II interprète le «elle-même» comme étant (la première) «Ève», et non Marie elle-même, la nouvelle Ève. Par ailleurs, nous pouvons lire dans la catéchèse du 29 mai 1996:
Le parallèle, établi par Paul, entre Adam et le Christ, est complété par celui qui existe entre Ève et Marie: le rôle, important, de la femme dans le drame du péché, l’est aussi dans la rédemption de l’humanité.
Saint Irénée présente Marie comme la nouvelle Ève qui, par sa foi et son obéissance, a fait contrepoids à l’incrédulité et à la désobéissance d’Ève. Un tel rôle dans l’économie du salut requiert l’absence de péché. Il convenait que comme le Christ, nouvel Adam, Marie, nouvelle Ève, n’eût pas connu le péché et qu’elle fût ainsi plus apte à coopérer à la rédemption.
Le péché qui traverse l’humanité comme un torrent, s’arrête devant le Rédempteur et sa fidèle Collaboratrice. Avec une différence substantielle: le Christ est totalement saint en vertu de la grâce qui, dans son humanité, découle de la personne divine; Marie est toute sainte en vertu de la grâce reçue par les mérites du Sauveur. [n. 4; version de La Documentation catholique (2141)]
Le principe de subordination révisé
Depuis que la Vierge Marie, Mère de Dieu, fut déclarée «DIEU», dans l’Église de Jean, par le Roi Marc-André Ier, le 14 septembre 2014; considérant qu’elle est la Mère Co-Créatrice au sein de la Quinternité divine, extraite de Dieu le Père; et considérant qu’elle possède une «préséance» sur les trois autres Personnes divines (le Fils, la Fille et l’Esprit) dans l’ordre des processions «intra-quinternitaires»; il me semble que le «principe de subordination» de Marie à Jésus, affirmé par la théologie catholique, tombe en désuétude dans le cadre de la nouvelle théologie de la Quinternité.
Sur le plan de la nature, les enfants dépendent de leurs parents. Jésus reçoit sa nature divine du Père et de la Mère (Marie-la-Divine) et il reçoit sa nature humaine de Marie de Nazareth, sa mère à la fois humaine et divine, fécondée par Dieu, sans aucune intervention biologique d’un père humain. Tout comme Jésus, en tant que «Fils de l’homme», disait que le Père était «plus grand» que lui (Jn 14, 28), nous pouvons affirmer que «l’humanité» (créée) de Marie, de Jésus et de Marie-Paule (les trois Personnes divines ayant forme humaine) «dépend» de la «divinité» du Père et de la Mère, du Fils et de la Fille, et de l’Esprit Saint Véritable au sein de la Quinternité divine. La formulation théologique et dogmatique du mystère de Dieu (incluant le mystère de l’union hypostatique de la nature divine et de la nature humaine), une formulation basée sur le langage humain, n’est pas chose facile, comme on le voit par exemple dans ces affirmations du 11e concile de Tolède (675):
Cependant en lui [le Christ] les deux générations [la naissance divine et la naissance humaine] sont admirables, parce qu’il a été engendré du Père, sans mère [humaine], avant les siècles, et parce qu’à la fin des siècles il a été engendré d’une mère [Marie], sans père [humain]. En tant qu’il est Dieu, il a créé Marie; en tant qu’il est homme, il a été créé par Marie. Il est le père et le fils de Marie sa mère.
/…/
De même nous devons croire qu’il est plus et moins que lui-même: dans la forme de Dieu, le Fils est plus que lui-même, parce qu’il a pris l’humanité, à qui la divinité est supérieure; mais dans la forme d’esclave, il est moins que lui-même, c’est-à-dire dans l’humanité qui est reconnue inférieure à la divinité. [DS 536; cf. DS 491]
La «supériorité» ou la «préséance» de Marie par rapport à Jésus se laisse entendre dans l’épisode évangélique des noces de Cana, comme la Dame de tous les Peuples le fait subtilement remarquer dans ses messages:
«D’ailleurs, le Seigneur Jésus-Christ Lui-même n’a-t-Il pas attendu avant de faire son grand miracle… (ici la voix de la Dame se fait à la fois très douce et très ferme) …— le changement de l’eau en vin —, attendu que sa Mère eût parlé? Il accomplit son miracle; mais Il attendit que sa Mère eût parlé. Comprenez-vous cela?» [52e vision, 31 mai 1956]
Dans la catéchèse mariologique du 5 mars 1997, Jean-Paul II a fait allusion à la difficulté théologique soulevée par le fait que le premier miracle de Jésus soit «subordonné» à une intervention de Marie.
L’initiative de la Vierge apparaît encore plus surprenante si l’on considère la condition d’infériorité de la femme dans la société juive. À Cana, en effet, Jésus non seulement reconnaît la dignité et le rôle du génie féminin mais, en faisant bon accueil à l’intervention de sa mère, il lui donne la possibilité de participer à l’oeuvre messianique. L’appellation «Femme», par laquelle il s’adresse à Marie (cf. Jn 2, 4), ne contredit pas cette intention de Jésus. En effet, elle ne contient par elle-même aucune connotation négative et sera à nouveau employée par Jésus à l’égard de sa mère, au pied de la Croix (cf. Jn 19, 26). Selon certains interprètes, ce titre «Femme» présente Marie comme la nouvelle Ève, mère dans la foi de tous les croyants.
/…/
La demande de Marie apparaît à certains disproportionnée, parce qu’elle subordonne à un acte inspiré par la pitié le commencement des miracles de Jésus. Jésus lui-même a répondu à cette difficulté: en accédant à cette sollicitation maternelle, il montre la surabondance avec laquelle le Seigneur répond aux attentes humaines, en manifestant aussi tout ce que peut faire l’amour d’une mère. [n. 1; version de La Documentation catholique (DC 2157); nous soulignons en gras]
En 1986, dans son livre Le Rédempteur et la Co-Rédemptrice (pp. 453-458), Marc Bosquart fait un commentaire sur le premier miracle de Jésus aux noces de Cana, grâce à l’intervention de Marie. L’auteur y démontre le caractère «divin» de Marie Immaculée, même s’il faudra attendre 2014 pour la déclarer officiellement «Dieu». Marie, «la Toute Divine depuis sa Conception» (p. 455), donne à Jésus la «faculté» (p. 454) de faire ce premier miracle à Cana. Les saints et les saintes «ne peuvent faire de miracles par leur propre force, mais uniquement par la puissance de Dieu — ou de l’Immaculée» (p. 454). Or, toujours selon l’auteur, Jésus accomplit sa déification ou divinisation durant toute sa vie, ne devenant «totalement» Dieu «que sur la Croix du Calvaire» (p. 454). Ainsi Marie, la Co-Créatrice et Mère universelle qui «a autorité sur tout l’univers», prend part «à tous les miracles de Jésus jusqu’au dernier qui précède le Calvaire» (p. 456), c’est-à-dire l’institution de l’Eucharistie, déjà annoncée par le changement de l’eau en vin.
«Mère de Dieu», Marie est donc aussi la «Mère» de tout ce qui doit faire et fait, de son Fils-Homme, son Fils-Dieu; c’est-à-dire qu’Elle est en quelque sorte la «Mère» de tout le processus de déification de son Fils, et qui, commencé secrètement le jour de l’Incarnation, commencé publiquement le jour des noces de Cana, s’accomplit définitivement le jour du Calvaire. [p. 457]
Dans l’Ancien Testament, la reine-épouse Bethsabée «se prosterna devant le roi» David, son époux (1 R 1, 16); mais le roi Salomon, son fils, «se prosterna devant elle», maintenant devenue la reine-mère.
Le Couronnement de la Vierge (1295),
mosaïque de Jacopo Torriti,
dans l’abside de la basilique Sainte-Marie-Majeure de Rome.
Un seul médiateur entre Dieu et les hommes: «Et pourtant, ils sont DEUX.»
1Je recommande donc, avant tout, qu’on fasse des demandes, des prières, des supplications, des actions de grâces pour tous les hommes, 2pour les rois et tous les dépositaires de l’autorité, afin que nous puissions mener une vie calme et paisible en toute piété et dignité. 3Voilà ce qui est bon et ce qui plaît à Dieu notre Sauveur, 4lui qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. 5Car Dieu est unique, unique aussi le médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus, homme lui-même, 6qui s’est livré en rançon pour tous. [1 Tm 2, 1-6a; nous soulignons en gras]
Ce passage de la première lettre de l’apôtre Paul à Timothée, où est affirmée l’unicité de la médiation du Christ entre Dieu et les hommes, est souvent cité par la théologie catholique pour établir le caractère «subordonné», «participé», «limité» et «analogique» de la médiation de Marie.
Dans l’Église de Jean, Marie-Paule est considérée comme la «Fille» au même titre que le «Fils», au point de former avec lui un couple rédempteur et médiateur, le Rédempteur et la Co-Rédemptrice, le Médiateur et la Médiatrice. Seconde Incarnation de l’Immaculée en tant que Fille, Marie-Paule est toute investie de l’«esprit de Marie» et accomplit l’Oeuvre de la Co-Rédemption au nom de la Mère. Dans son livre Qui est Marie-Paule? (2010), Marc Bosquart écrit:
Oui, c’est à ce niveau-là qu’il faut placer Marie-Paule: à l’instar de Marie-Immaculée par rapport à Dieu-le-Père, Marie-Paule est la «correspondante féminine» de Jésus-Christ, son «équivalent féminin», son «complément divin». Dans le plein sens des termes — et nous y reviendrons dans le détail —, elle est donc la Co-Rédemptrice à côté du Rédempteur… [Qui est Marie-Paule?, p. 58][80]
La phrase de saint Paul (en gras ci-dessus: 1 Tm 2, 5), souvent citée pour réfuter une médiation mariale égalitaire et complémentaire à celle du Christ, contient en elle-même la clef de l’énigme. En effet, l’unicité de Dieu y est aussi affirmée, sans pour autant exclure la pluralité des Personnes divines: une Trinité (trois) pour les chrétiens, une Quinternité (cinq) pour les pauliens. Ainsi, l’unicité de la médiation salvifique du Christ n’exclut pas la dualité d’un Médiateur (Christ-Homme) et d’une Médiatrice (Christ-Femme). L’on pourrait donc appliquer au Couple rédempteur-médiateur la phrase évangélique de l’unité et de l’indissolubilité du mariage:
«Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas!»
(Mt 19, 6; Mc 10, 9)
De même, la vision de la Figure flottante dans l’Hostie, par Ida Peerdeman, montre bien que l’unicité ou l’unité peut aller de pair avec la dualité:
Tout à coup, ce fut comme si l’Hostie s’ouvrait. Une Figure en sortit. Une Personne qui flottait: Quelqu’un. Son aspect était si sublime, il en émanait tant de puissance, il en rayonnait tant de majesté, que je n’en puis vraiment pas traduire ni l’éclat ni la force. C’était tellement fort que, saisie de crainte, je n’osais plus regarder.
Et tandis que je contemplais cet Être, cet Être unique, quelque chose d’intérieur me portait sans cesse à penser:
«Et pourtant, ils sont DEUX.» Mais moi, je n’en voyais qu’UN.
Tant que dura la vision, mon esprit répétait la phrase: «Et pourtant, ils sont deux.»
Et voici, au milieu d’Eux, que jaillit une lumière. Au milieu d’Eux, oui, une lumière ineffable, et, dans cette lumière, une Colombe. Rapide comme l’éclair elle fondit vers le globe dans le rayonnement indicible d’une si intense clarté que je dus, pour la troisième fois, me couvrir les yeux de la main.
Quoiqu’ayant eu le regard blessé et que les yeux me fissent mal, je fus de nouveau contrainte à regarder. Quelle gloire, quelle puissance émanaient de tout cela! D’une part, Lui-Eux, la Figure flottante, dans le rayonnement de sa sublime majesté, d’autre part, le monde à présent illuminé!
Une voix retentit. J’entendis:
«Qui Me mange et Me boit,
acquiert la vie éternelle
et reçoit l’Esprit Véritable.»
[55e vision, 31 mai 1959]
Notes
[1]Dans le journal ou la revue Le Royaume, j’ai répertorié les endroits suivants où la photo du 30 mai 2010 apparaît:
- en première page: LR-213; LR-228; LR-240;
- à la dernière page: LR-204, p. 20; LR-211, p. 20; LR-269, p. 24;
- dans les pages internes: LR-203, p. 14; LR-209, p. 8; LR-210, p. 8; LR-217, p. 4; LR-218, p. 12; LR-219, p. 11; LR-222, p. 8; LR-231, p. 12; LR-233, p. 18; LR-239, p. 3; LR-240, p. 3; LR-249, p. 3.
[2]Dans le texte d’Arnold de Wion, la particule DE, présente en plusieurs devises comme DE LABORE SOLIS ou DE MEDIETATE LUNAE, est absente dans la dernière devise GLORIA OLIVAE. Plusieurs auteurs (dont Raoul Auclair) l’incluent dans celle-ci, sans pour autant changer le sens de la devise. Je préfère traduire (comme Raoul d’ailleurs) le mot OLIVAE par «olivier» (l’arbre) plutôt que par «olive» (le fruit), puisque le fruit est produit par l’arbre.
[3]Parmi d’autres références possibles, cf. Maurice Prou, Manuel de paléographie latine et française, Paris, Alphonse Picard, pp. 59, 67, 149-151. On trouve sur Google Books une édition datant de 1890 et une autre de 1892.
[4]On trouvera, dans les références suivantes, différentes versions (en latin ou en français) du paragraphe final de la Prophétie des Papes: Raoul Auclair, La Prophétie des Papes, pp. 18, 21, 83, 106, 147; Les Centuries de Nostradamus ou le Dixième Livre Sibyllin, pp. 99-100, note 26 (p. 77 de l’édition de 1958); «Pasteur et Timonier» (Le Royaume, n. 39, mars 1986, p. 3, 1ère colonne) [LR-039]; L’Apocalypse, vol. III, pp. 63, 322; Joël Fortin, «Ouverture à “l’Esprit Véritable”» (Le Royaume, n. 182, novembre-décembre 2006, p. 14, 2e colonne en bas) [LR-182]; abbé Marcel Larouche, «L’identité de Pierre le Romain» (Le Royaume, n. 205, septembre-octobre 2010, p. 3, 1ère colonne) [LR-205].
[5]Cf. Mère Paul-Marie, «Du Ciel sur la terre et l’enfer se déchaîne!» (Le Royaume, n. 142, mai-juin 2000, p. 16, 2e colonne) [LR-142]; Sylvie Payeur-Raynauld, «Tout est accompli» (Le Royaume, n. 169, septembre-octobre 2004, p. 17, 2e colonne) [LR-169]; Marc Bosquart, «Fidélité à Rome et au Pape» (Le Royaume, n. 181, septembre-octobre 2006, p. 9) [LR-181]; Joël Fortin, «Ouverture à “l’Esprit Véritable”» (Le Royaume, n. 182, novembre-décembre 2006, p. 14, 2e colonne en bas) [LR-182]; abbé Marcel Larouche, «L’identité de Pierre le Romain» (Le Royaume, n. 205, septembre-octobre 2010, p. 3, 1ère colonne) [LR-205].
[6]Marie-Paule, Lettres de Marie-Paule à Soeur Jeanne d’Arc et Julia Demers (livre achevé d’imprimer le 13 mai 2018), lettre n. 52, pp. 136-138. Une partie du paragraphe cité se trouvait déjà dans le journal Le Royaume, n. 205, septembre-octobre 2010, p. 3 [LR-205].
[7]Cette grâce est rapportée dans les références suivantes: texte non signé, «Dieu inspire les âmes» (Le Royaume, n. 181, septembre-octobre 2006, p. 13) [LR-181]; Père Éric Roy, «À vin nouveau, outres neuves» (Le Royaume, n. 183, janvier-février 2007, p. 6) [LR-183]; Soeur Monique Goupil et collaboratrices, «De Monseigneur Jean-Pierre à l’abbé Jean et à Padre Jean-Pierre» (Le Royaume, n. 183, janvier-février 2007, p. 9) [LR-183]; Marc Bosquart, «La signification du Nom du Roi» (Le Royaume, n. 203, mai-juin 2010, p. 15) [LR-203].
Une comparaison est faite entre le Père Pierre Mastropietro et le «premier Pierre» dans l’article suivant de Mère Paul-Marie: «À quelque chose malheur est bon» (Le Royaume, n. 138, janvier-février 2000, p. 7, 1ère colonne) [LR-138]. Un peu plus loin dans l’article (p. 11, 2e colonne en bas), Marie-Paule poursuit cette comparaison en mentionnant «ceux que l’Immaculée a choisis, Marie [elle-même Marie-Paule] et Pierre [Père Pierre Mastropietro]». La même analogie se trouve également dans la conclusion de l’article «Le Seigneur aime son peuple…», où Mère Paul-Marie parle du
Père Pierre [Mastropietro] — ce Pierre — que Marie a choisi pour gouverner la barque communautaire en des périodes particulièrement troublées et difficiles, provoquées par la contradiction épiscopale /…/. [Le Royaume, n. 136, septembre-octobre 1999, p. 22] [LR-136]
[8]Cette phrase est citée par Emmanuel Houdart de la Motte, sans attribution d’auteur, dans le volume XV de Vie d’Amour (VA XV, 17). Correctement attribuée à saint Ambroise, elle est citée par Mère Paul-Marie dans la brochure n. 1 Église, où es-tu?, pp. 7, 102; texte repris dans le journal Le Royaume (n. 19, mars 1984, pp. 1, 14) [LR-019]; cf. VA App. I, 158. Marie-Paule commente en disant que l’on pourrait ajouter: «Là où est Marie, là se trouve l’Église de Pierre.» À la page 11 de la brochure n. 1 (LR-019, p. 3, 2e colonne), elle écrit:
Cette Armée [l’Armée de Marie, lancée au grand jour le 28 août 1971], préparée depuis longtemps par Marie, est toujours dirigée par Marie, pour l’Église, car là où est Marie, là se trouve l’Église.
En effet, là où est Marie (présente en Marie-Paule), là se trouve l’Église de Pierre maintenant renouvelée en l’Église de Jean («Jean» est celui qui accueille «Marie» à la Fin des Temps). Reprenant le verbe «subsister» utilisé par la constitution dogmatique Lumen gentium du Concile Vatican II (n. 8), nous pouvons dire que l’Église du Christ («une, sainte, catholique et apostolique») «a subsisté» dans l’Église catholique de Rome (en Italie), sous la gouverne de saint Pierre à saint Jean-Paul II; et qu’elle «subsiste» maintenant dans l’Église de Jean de la «nouvelle Rome» (Lac-Etchemin), sous la gouverne de Pierre II le Romain, Padre Jean-Pierre, Père de l’Église de Jean.
La phrase «Ubi Petrus, ibi Ecclesia» est de nouveau citée, mais cette fois erronément attribuée à saint Irénée de Lyon, par le Père Denis Laprise dans l’appendice V de Vie d’Amour (VA App. V, 313) et par le Père Michel Palud dans le journal Le Royaume (n. 97, janvier-février 1994, p. 9, 2e colonne) [LR-097]. Enfin, dans Le Livre blanc III (LB-III, 29), elle est citée par Sylvie Payeur-Raynauld, correctement attribuée à saint Ambroise. Cf. Raoul Auclair, Sainte Catherine de Sienne, p. 17.
[9]Cf. Mère Paul-Marie, «L’éternelle Immaculée Conception» (Le Royaume, n. 98, mars-avril 1994, pp. 9-10) [LR-098]; Marc Bosquart, Le Rédempteur et la Co-Rédemptrice, pp. 386-388; L’Immaculée, la divine Épouse de Dieu, pp. 26-33.
[10]Les monothéismes juif et musulman, à la différence des monothéismes chrétien et paulien, ne conçoivent pas pour l’instant que l’on puisse associer plusieurs Personnes divines au sein d’une seul Divinité ou un seul Dieu.
[11]Dialogus cum Tryphone, chapitre 100, nn. 4-5: PG 6, 709D-712A / 710C-711A. La version française citée est celle de Philippe Bobichon.
[12]Adversus haereses, livre III, chapitre 22, n. 4: PG 7, 959A, 959C-960A. Ce passage est cité dans: la lettre encyclique Ingruentium malorum (15 septembre 1951); la constitution dogmatique Lumen gentium (21 novembre 1964), n. 56; la lettre encyclique Redemptoris Mater (25 mars 1987), n. 19; les catéchèses du 25 octobre 1995 (n. 2), du 18 septembre 1996 (n. 4) et du 17 septembre 1997 (n. 4); le Catéchisme de l’Église catholique (CEC 494).
Au livre IV, dans le contexte de l’Incarnation du Verbe, Irénée parle du «sein pur [de la Vierge] qui a régénéré les hommes en Dieu» (Adversus haereses, livre IV, chapitre 33, n. 11: PG 7, 1080B).
[13]Adversus haereses, livre V, chapitre 19, n. 1: PG 7, 1175B-1176A. Ce passage est cité dans: les catéchèses du 18 septembre 1996 (n. 1) et du 24 septembre 1997 (n. 5); cf. catéchèse du 29 mai 1996 (n. 4). Dans la catéchèse du 24 septembre 1997 (n. 5), Jean-Paul II rappelle que le titre marial d’«Avocate» remonte à saint Irénée.
[14]Traduction française par Joseph Barthoulot, révisée par Sever J. Voicu (1977). Cf. Demonstratio apostolicae praedicationis, (traduction de l’arménien au latin par Simon Weber) Fribourg-en-Brisgau, Herder, 1917, pp. 59-60; version française de la collection Sources chrétiennes (n. 406).
[15]Jean-Paul II avait déjà développé la thématique Ève-Marie dans la lettre apostolique Mulieris dignitatem (15 août 1988), nn. 9-11; cf. n. 30; lettre encyclique Redemptoris Mater (25 mars 1987), nn. 19, 32. La «nouvelle Ève» est mentionnée au n. 63 de la constitution dogmatique Lumen gentium (21 novembre 1964), ainsi que dans les numéros suivants du Catéchisme de l’Église catholique: nn. 411, 511, 726, 975, 2618, 2853.
Sur un plan plus personnel, je me réjouis particulièrement que saint Justin et saint Irénée soient les deux premiers Pères de l’Église à articuler la doctrine de la «Nouvelle Ève»:
- j’ai reçu l’ordination sacerdotale des mains de Padre Jean-Pierre le 1er juin 2007, premier vendredi du mois et fête liturgique de saint Justin (cf. la page «Qui suis-je?»);
- l’ancêtre de ma lignée paternelle qui émigra de France en Nouvelle-France, Michel Michelon-dit-Lorange, est né le 27 février 1730 à Irigny, village situé à deux lieues au sud de Lyon; le nom du village renvoie à saint Irénée, deuxième évêque de Lyon (cf. l’article «Une orange à la baïonnette, un coeur vaillant»).
[16]Dreves-Blume, Analecta hymnica medii aevi, Leipzig, 1905, volume 46, hymne n. 79, strophe 20, p. 127.
[17]Cf. Ulysse Chevalier, Poésie liturgique traditionnelle de l’Église catholique en Occident, Tournai, 1894, n. 248 (p. 197).
[18]Cf. Juniper B. Carol, o.f.m., «The Problem of Our Lady’s Coredemption» (The American Ecclesiastical Review, volume 123, juillet-décembre 1950, pp. 32-51; cf. p. 34, note 7).
[19]Un grand nombre des références magistérielles contenues dans le présent article ont été compilées dans les deux ouvrages suivants:
- Maria, études sur la Sainte Vierge, sous la direction d’Hubert du Manoir, tome premier, Paris, Beauchesne, 1949 (livre III, section intitulée «La Médiation universelle de Marie»).
- Mark Miravalle, Mary, Coredemptrix, Mediatrix, Advocate, Goleta (CA, USA), Queenship Publishing, 1993.
Cf. Mark Miravalle (éditeur), Mary Co-redemptrix: Doctrinal Issues Today, (introduction par le Cardinal Édouard Gagnon) Goleta (CA, USA), Queenship Publishing, 2002. Il s’agit d’un ouvrage collectif, avec la collaboration du Cardinal Luis Aponte Martínez, Jean Galot, Arthur Burton Calkins, Mark Miravalle, John Macquarrie, Josef Seifert, Soeur Thomas Mary McBride, Stefano Manelli, Scott Hahn. Le chapitre écrit par Monseigneur Calkins, intitulé «The Mystery of Mary Coredemptrix in the Papal Magisterium», contient également de nombreuses références magistérielles en lien avec la Co-Rédemption et la Médiation de Marie.
[20]Les deux chefs spirituels de l’Ancien et du Nouveau Testament, Moïse (Ps 90[89], 4) et Pierre (2 P 3, 8), rappelle que «mille ans», aux yeux du Seigneur, sont comme un «jour». Après les quatre mille ans ou quatre Jours du Père (ère de l’Ancien Testament: Yahweh) et les deux mille ans ou deux Jours du Fils (ère du Nouveau Testament: Trinité), doit venir le septième Jour de mille ans du Royaume (ère réservée à l’Esprit et à Marie: Quinternité). Marie (la Mère envoyée par le Père) l’a confirmé à La Salette (19 septembre 1846):
Je vous ai donné six jours pour travailler, je me suis réservé le septième, et on ne veut pas me l’accorder. C’est ce qui appesantit tant le bras de mon Fils.
Il est intéressant de noter que saint Justin et saint Irénée font partie de ce courant du christianisme primitif qui s’attachait au sens littéral du millenium johannique, comme le rappelle Raoul Auclair:
Combien durera cette royauté? Très certainement mille ans. C’est la durée que saint Jean assigne tout en clair à ce septième Jour de la Grande Semaine de notre humanité. L’avons-nous assez dit: la clef la plus cachée de l’Écriture est de la savoir lire en toute clarté, en toute simplicité, selon le sens littéral!
Ainsi donc, mille ans — un Jour — de royauté tout ensemble temporelle et spirituelle. /…/
Ces mille ans de Règne du Christ-Roi, constituant en propre l’Église de Philadelphie en sa phase glorieuse, ont reçu un nom: le millénarisme. La théorie en est depuis longtemps abandonnée, voire rejetée, mais point condamnée, sinon dans certaines formes hérétiques et subversives qu’elle a parfois prises dans le cours des siècles.
Dès l’aurore de l’Église, cette certitude du règne millénaire a été celle d’une pléiade de saints et d’auteurs ecclésiastiques: Justin, Irénée, Tertullien, Hippolyte, Apollinaire de Laodicée, Lactance, Commodien, et même saint Augustin dans ses premiers sermons. Mais avec Augustin, les temps, précisément, entraient dans une phase nouvelle, celle de l’affermissement de l’Église et, sans doute, pour ne point contrarier ce lent et patient travail de croissance, fallait-il que s’effaçât l’attente d’une proximité eschatologique. Mais pour nous, à présent, dans le crépuscule des âges, n’est-il pas salutaire que nous revenions à cet enseignement qui fut très certainement celui de l’apôtre Jean? [Histoire et Prophétie, pp. 141-144]
Cf. Raoul Auclair, «…Ta Venue dans la gloire» (L’Étoile, n. 4, septembre 1979, p. 1) [E-04]; texte repris dans Eschatologie de notre Temps, pp. 352-353; Père Stéphane Gamache, «Le Royaume et la Résurrection selon saint Irénée de Lyon» (Le Royaume, n. 188, novembre-décembre 2007, p. 10) [LR-188].
Mère Paul-Marie écrivit une première lettre (Prot. n. 55.08-01) à ses Apôtres, le 28 juin 2008, en la fête de saint Irénée (LB-IV, 73-75). Une deuxième lettre (Prot. n. 55.08-04) fut écrite le 20 décembre 2008 (LB-IV, 157-158). L’en-tête de ces deux lettres portent les expressions «Église de Jean» et «Marie Co-Rédemptrice, Médiatrice et Avocate» (LB-III, 154-157; LB-IV, 69-72; LB-IV, 105). Avant leur nomination, une lettre de demande d’adhésion, datée du 25 avril 2008 (fête de saint Marc), fut envoyée par Marie-Paule aux douze Apôtre qu’elle a choisis (LB-IV, 29).
[21]La Dame de tous les Peuples (édition de 1982), pp. 22, 112. Cf. l’allocution «Une seule et même Image» que prononça Raoul Auclair le 26 septembre 1981, lors de l’exposition du Tableau de la Dame de tous les Peuples dans le choeur de l’archibasilique Saint-Pierre de Rome, à l’occasion du pèlerinage marquant le 10e anniversaire de l’Armée de Marie: L’Étoile, n. 27, décembre 1981-janvier 1982, p. 3 [E-27]; Le Royaume, n. 80, mai-juin 1991, p. 7 [LR-080]; Le Royaume, n. 119, 31 mai 1997, numéro spécial, p. 3 [LR-119]. Cette allocution est également rapportée dans le livre La Dame de tous les Peuples (édition de 1982), pp. 109-115, de même que dans Vie d’Amour, Appendice I, pp. 68-70 (VA App. I, 68-70) et partiellement dans Le Livre blanc IV, pp. 181-182 (LB-IV, 181-182).
[22]24e vision, 16 novembre 1950; 25e vision, 10 décembre 1950; 33e vision, 31 mai 1951; 34e vision, 2 juillet 1951; 41e vision, 6 avril 1952; 45e vision, 20 mars 1953.
[23]27e vision, 11 février 1951.
[24]28e vision, 4 mars 1951; cf. 29e vision, 28 mars 1951; 31e vision, 15 avril 1951; 33e vision, 31 mai 1951; 37e vision, 15 novembre 1951.
[25]37e vision, 15 novembre 1951.
[26]Nous pouvons lire le commentaire suivant dans la bulle dogmatique du 31 mai 2007:
Les «dogmes antérieurs» (Conception immaculée, Virginité perpétuelle, Maternité divine, Assomption céleste) concernent effectivement «la Vie et le départ» de la Dame-en-Marie. Mais la vie qui doit «précéder la Dame» est la vie de la Dame-en-Marie-Paule: elle a été vécue, puis écrite en Vie d’Amour, «Évangile de Marie», et elle aura donc, effectivement, précédé le dernier dogme. [section 3, point 3]
En effet,
Marie et Marie-Paule, étant l’une et l’autre l’Immaculée, sont l’une et l’autre, également, la Dame de tous les Peuples. [section 3, point 2]
[27]Cf. 35e vision, 15 août 1951; 38e vision, 31 décembre 1951; 39e vision, 17 février 1952; 41e vision, 6 avril 1952; 44e vision, 8 décembre 1952; 47e vision, 11 octobre 1953; 49e vision, 4 avril 1954; 50e vision, 31 mai 1954.
[28]Marie fut «choisie», «dès l’origine», au moment de l’Annonciation, comme elle le confirme elle-même dans la 37e vision (15 novembre 1951): «Co-Rédemptrice, je le fus dès l’Annonciation.» On pourrait peut-être aussi situer son «élection» par Dieu, sa «prédestination», dès le moment de sa Conception immaculée dans le sein de sainte Anne, voire en son «origine éternelle» en Dieu, ces «commencements mystérieux» de la Vierge dont fait état le Pape Pie IX dans sa bulle Ineffabilis Deus.
[29]Le Sacré-Coeur de Jésus à Jeanne-Louise Ramonet, le 28 avril 1959, à Kérizinen, en Bretagne, lors de la 43e apparition; ce passage est cité dans Le Livre blanc IV (LB-IV, 103).
[30]Raoul Auclair, Mystère de l’Histoire, p. 222.
[31]Le «Denzinger» désigne communément l’Enchiridion symbolorum, definitionum et declarationum de rebus fidei et morum (manuel ou recueil des symboles, définitions et déclarations [de l’Église catholique] en matière de foi et de morale), du nom de son premier éditeur Heinrich Joseph Dominicus Denzinger (1819-1883). Dans la 32e édition de 1963, supervisée par Adolf Schönmetzer (1910-1997), le système de numérotation fut révisé. On utilise depuis lors l’abréviation «DS» (Denzinger-Schönmetzer).
[32]L’expression «pure créature» revient aux numéros 17, 44, 157 et 181.
[33]L’expression «le secret de Marie» apparaît au n. 20 de cet ouvrage plus petit et elle est unique dans les oeuvres de Montfort. Il parle de «secret» dès le n. 1 et mentionne un «secret inconnu» au n. 70. Dans son Traité, il parle également de «secret» (nn. 119, 177), un «secret inconnu» (n. 177), «le secret des secrets du Roi» (n. 11), un «secret merveilleux» (n. 64), «un de ces secrets de grâces» (n. 82), un «secret de la grâce» (n. 220), «le secret de cette pierre philosophale» (n. 156).
J’ai choisi cette expression, Le Secret de Marie, pour titre de mon premier livre, publié en 2017 à l’occasion du centenaire des apparitions de Marie à Fatima.
[34]Cf. Marc Bosquart, L’Immaculée, la divine Épouse de Dieu, pp. 24-26, 82, 123, et tout le chapitre 1 «Qui est l’Immaculée?» (pp. 17-27); Qui est Marie-Paule?, pp. 21, 64-65.
Le 25 janvier 1979, en la fête de la Conversion de saint Paul, Marie-Paule a déjà conquis, par-delà la partie TERRE (monde physique), les parties EAU et AIR (monde psychique et monde spirituel). Elle s’apprête à pénétrer dans la partie FEU (monde divin, monde de la Divinité). Elle relate son ascension jusqu’au «troisième ciel» (2 Co 12, 2) dans le chapitre 70 du volume XV de Vie d’Amour. Elle écrit:
Aussitôt, dans une douceur et un amour incommensurables qui me pénètrent, je «comprends» que c’est le FEU DIVIN et que la DIVINITÉ, DIEU, est là. Jamais je ne pourrai décrire ce que j’ai «ressenti» alors. J’ai eu le sentiment de toucher à la Divinité. [VA XV, 492]
La partie FEU est «rouge à sa frontière» (VA XV, 492). Cette «muraille, ou périphérie rouge», possède «des parties lumineuses, claires et foncées». 30 janvier 1979: la «partie rouge clair» permet à Marie-Paule, «enveloppée de ce rouge mouvant», d’entrer dans «ce lieu mystérieux» où «Dieu est là» (VA XV, 493). Dieu se présente comme une «forme de LUMIÈRE incandescente», Dieu est la LUMIÈRE «qui se meut», «qui vit», la «LUMIÈRE VIVANTE» (VA XV, 494). «Dieu est Lumière» (1 Jn 1, 5), «Dieu est Amour» (1 Jn 4, 8.16).
[35]Cf. «L’éternelle Immaculée Conception» (Le Royaume, n. 98, mars-avril 1994, pp. 3-4) [LR-098].
[36]Né Henri Alfred Grialou, il est ordonné prêtre le 4 février 1922, puis il est reçu dans l’Ordre du Carmel le 24 février suivant. Il a été béatifié le 19 novembre 2016 en Avignon (France), par le Cardinal Angelo Amato.
[37]Jean-Paul II écrit dans la lettre encyclique Redemptoris Mater (25 mars 1987):
Marie est «pleine de grâce» parce que l’Incarnation du Verbe, l’union hypostatique du Fils de Dieu avec la nature humaine, se réalise et s’accomplit précisément en elle. [n. 9]
Cette élection pour le rôle et la dignité suprêmes de Mère du Fils de Dieu appartient, sur le plan ontologique, à la réalité même de l’union des deux natures dans la personne du Verbe (union hypostatique). [n. 39]
[38]Voici les principaux documents magistériels consacrés au rosaire:
Léon XIII:
- l. enc. Supremi apostolatus officio (1er septembre 1883)
- l. enc. Superiore anno (30 août 1884)
- l. enc. Vi è ben noto (20 septembre 1887)
- l. enc. Octobri mense (22 septembre 1891) [format pdf]: un extrait est répertorié dans le Denzinger (DS 3274-3275)
- l. enc. Magnae Dei Matris (8 septembre 1892) [format pdf]
- l. enc. Laetitiae sanctae (8 septembre 1893) [format pdf]; le titre latin «conciliatricem» est employé une fois (en français: «médiatrice»)
- l. enc. Iucunda semper (8 septembre 1894) [format pdf]
- l. enc. Adiutricem populi christiani (5 septembre 1895) [format pdf]
- l. enc. Fidentem piumque animum (20 septembre 1896): un extrait est répertorié dans le Denzinger (DS 3320-3321); le titre latin «Mediatrice» est employé une fois (en français: «Médiatrice»)
- l. enc. Augustissimae Virginis Mariae (12 septembre 1897)
- l. enc. Diuturni temporis (5 septembre 1898)
Pie XI: l. enc. Ingravescentibus malis (29 septembre 1937)
Pie XII: l. enc. Ingruentium malorum (15 septembre 1951)
Jean XXIII:
- l. enc. Grata recordatio (26 septembre 1959)
- lettre L’ottobre che ci sta innanzi (28 septembre 1960)
- lettre apostolique Il religioso convegno (29 septembre 1961), accompagnée d’un complément de méditations sur les mystères du rosaire
Paul VI:
- l. enc. Mense maio (29 avril 1965)
- l. enc. Christi Matri (15 septembre 1966)
- exhortation apostolique Recurrens mensis october (7 octobre 1969)
Jean-Paul II: lettre apostolique Rosarium Virginis Mariae (16 octobre 2002), incluant l’ajout des mystères lumineux
Cf. Soeur Marie-Thérèse Dumesnil, «1883-1983: centenaire de la consécration par le Pape Léon XIII du mois d’octobre à la Reine du Rosaire» (Le Royaume, n. 15, octobre 1983, pp. 1, 6-7) [LR-015]; Raoul Auclair, Tous ces mystères dans le Mystère de Marie, p. 128.
[39]Cinquante ans plus tard, Pie XI s’exprimera en termes presque identiques dans sa lettre du 28 janvier 1933 au cardinal Charles Binet, archevêque de Besançon, l’envoyant comme légat pour les solennités du 75e anniversaire de l’apparition de la sainte Vierge à Lourdes: Acta Apostolicae Sedis [AAS], vol. 25, année 1933, p. 80; Actes de Sa Sainteté Pie XI, (texte latin et traduction française) Paris, Maison de la Bonne Presse, tome IX (1933), p. 40; Maria, tome premier, pp. 454-455. De Léon XIII, cf. également: constitution apostolique Ubi primum (2 octobre 1898): Acta Sanctae Sedis [ASS], vol. 31, année 1898-1899, p. 257; Lettres apostoliques de Sa Sainteté Léon XIII, (texte latin et traduction française) Paris, A. Roger et F. Chernoviz, tome V, pp. 156-157.
[40]Cf. également: Marie-Paule, «Apothéose de Paix» (L’Armée de Marie, vol. 4, n. 10, juillet-août 1975, p. 3; p. 217 du volume relié); «Saint Pie X» (Marie, n. 4, décembre 1976-janvier 1977, p. 1, 2e colonne) [M-04] (Marie — Les Éditoriaux, p. 87); «La Dame de tous les Peuples» (Marie, n. 6, mars 1977, p. 5, 3e colonne en haut) [M-06] (Marie — Les Éditoriaux, p. 136).
[41]À l’occasion des audiences générales, le Pape Jean-Paul II a rappelé dans ses catéchèses mariologiques (1995-1997) plusieurs figures féminines de l’Ancien Testament, lesquelles annonçaient ou «préfiguraient» Marie, sa maternité virginale (exemples de stérilité suivie d’une naissance miraculeuse), sa coopération à l’oeuvre du salut et son rôle de médiation:
- catéchèse du 6 mars 1996: Sara, Rébecca, Rachel, la mère de Samson, Anne (la mère de Samuel) (cf. catéchèse du 3 juillet 1996, n. 3);
- catéchèse du 27 mars 1996: Myriam, Debora, Jaël, Hulda, Judith, Esther, Abigaïl;
- catéchèse du 10 avril 1996: les quatre femmes nommées par saint Mathieu dans sa généalogie de Jésus (Thamar, Rahab, Ruth, Bethsabée), la fille de Jephté, la mère des sept frères martyrs du deuxième livre des Maccabées.
Cinq femmes sont qualifiées de «prophétesse» dans la Bible: Myriam (Ex 15, 20), Debora (Jg 4, 4), Hulda (2 R 22, 14; 2 Ch 34, 22), Noadya (Ne 6, 14) et Anne (Lc 2, 36), que l’on voit avec Syméon lors de la Présentation de Jésus au Temple, à Jérusalem (cf. catéchèses du 18 décembre 1996 et du 8 janvier 1997). Myriam est peut-être dite «prophétesse» en tant que soeur de Moïse et d’Aaron, tout comme la femme d’Isaïe est dite «prophétesse» en tant qu’épouse d’un prophète. Noadya a manifesté de l’hostilité à l’égard de Néhémie. Les Actes des Apôtres mentionnent que le diacre Philippe «avait quatre filles vierges qui prophétisaient» (Ac 21, 9).
[42]Cf. Juniper B. Carol, «The Problem of Our Lady’s Coredemption» (The American Ecclesiastical Review, volume 123, juillet-décembre 1950, pp. 42 et suivantes). Ce théologien franciscain est favorable à la Co-Rédemption de Marie. Voici une autre étude de la question, également favorable, publiée dans la revue internationale Marie (revue fondée et dirigée par le poète canadien et catholique Roger Brien, de 1947 à 1961): Robert Morency, «Nature de la corédemption mariale» (Marie, vol. VI, n. 5, janvier-février 1953, pp. 26-30).
[43]Cf. Traité de théologie ascétique et mystique. Les trois âges de la vie intérieure, prélude de celle du ciel, tome I, Paris, Cerf, 1938, pp. 156-169 (chapitre VI «L’influence de Marie médiatrice»). L’auteur qualifie Marie de «corédemptrice» à la page 163.
[44]La traduction française de l’extrait cité provient de l’ouvrage Maria, tome premier, p. 452. Cf. Pie XI, lettre apostolique Explorata res, 2 février 1923: AAS 15 (1923), 104-105; Maria, tome premier, pp. 434 et 456.
[45]Le rescrit est référencé dans l’ouvrage Maria, tome premier, p. 553, à la note 660. La note mentionne également une lettre apostolique de Benoît XV accordant «aux membres de la sodalité de Notre-Dame de la Bonne Mort de gagner une indulgence plénière en la fête de Marie Médiatrice». Cette lettre, datée du 31 mai 1921, est publiée dans les Acta Apostolicae Sedis: AAS 13 (1921), 342-346.
Dans le sillage de la Première Guerre mondiale (1914-1918) et des apparitions de Marie à Fatima (1917), le Cardinal Mercier fut l’initiateur du «mouvement mondial pour la définition dogmatique de la Médiation universelle de Marie», comme nous le lisons dans la revue Marie:
En avril 1921, le cardinal Mercier envoyait un message à l’épiscopat du monde entier, l’invitant à s’adresser au Saint-Siège pour demander la définition dogmatique de la Médiation universelle de Marie, et pour obtenir pour leurs diocèses le privilège de célébrer la nouvelle fête de la Médiatrice de toutes les grâces, avec messe et office propres. [article d’Ignacio Valle, Marie, vol. IX, n. 5, janvier-février 1956, p. 22 (390)]
Dans le volume IX de Vie d’Amour, au chapitre 55 intitulé «La Médiation de Marie», le Père Denis Laprise explique à Marie-Paule l’origine de la fête de Marie Médiatrice, concédée à la Belgique par le Pape Benoît XV. Au volume XV, Marie-Paule rapporte cette pensée du Cardinal Mercier: «Quand la prudence est partout, le courage n’est nulle part.» (VA XV, 283; souligné en gras dans le texte) L’abbé Lionel Mélançon voit en Marie-Paule
un instrument de choix pour la mise en oeuvre de ce mouvement marial mondial propre à accélérer la déclaration du dogme de la Médiation de Marie, telle que demandée par la Dame de tous les Peuples, qui fut un jour Marie. [VA IX, 22; lettre du 5 novembre 1973 à Monseigneur Jean-Pierre van Lierde]
Plus tard, l’abbé Mélançon écrit:
Il y a déjà des siècles que Marie attend la proclamation du dogme de Sa Médiation co-rédemptrice. Il y a des années depuis qu’elle a formulé Elle-même dans les messages donnés à l’Église par Ida Peerdeman d’Amsterdam les explications propres à faciliter la déclaration de ce dogme, ayant même fait don d’une prière courte et simple destinée de concert avec l’image de la Dame de tous les Peuples à préparer les esprits et les coeurs des nations, selon l’adage «Lex orandi, lex credendi. La loi de la prière devient la loi de la foi». [VA XV, 339-340; lettre du 17 avril 1978 à Emmanuel Houdart de la Motte]
Par la lettre encyclique Ad Caeli Reginam (11 octobre 1954), le Pape Pie XII institua la fête de Marie Reine et fixa le jour de sa célébration à la date du 31 mai, sans formellement supprimer la fête «pro aliquibus locis» de Marie Médiatrice, mais avec pour effet de mettre celle-ci dans l’ombre (elle sera de facto déplacée ou suspendue). Dans le missel de 1962 («missel de Jean XXIII»), la fête apparaît à la date du 8 mai; elle disparaît finalement dans le missel de 1969 («missel de Paul VI»). Par la suite, l’épiscopat belge placera la fête à la date du 31 août, dans le sillage de l’Assomption (15 août) et de la Royauté de Marie (22 août) (voir paragraphe suivant).
Le Calendrier romain général fut révisé suite au Concile Vatican II et approuvé par le motu proprio Mysterii Paschalis du Pape Paul VI (14 février 1969). Le nouveau calendrier, qui devait entrer en vigueur le 1er janvier 1970, fut publié par un décret de la Sacré Congrégation des Rites le 21 mars 1969: Notitiae 5 (1969) 159-202. Voici les changements apportés concernant les fêtes mariales: la fête de la Maternité divine (instituée par Pie XI en 1931, à l’occasion du 15e centenaire du Concile d’Éphèse) fut déplacée du 11 octobre au 1er janvier; la fête de la Visitation fut déplacée du 2 juillet au 31 mai; la fête de Marie Reine fut déplacée du 31 mai au 22 août; la fête du Coeur Immaculé de Marie fut déplacée du 22 août au samedi de la 3e semaine après la Pentecôte [cette fête avait été instituée par Pie VII en 1805 et inscrite au Calendrier romain général par Pie XII le 4 mai 1944: AAS 37 (1945) 44-52]; la fête du Saint Nom de Marie (12 septembre) et celle de Notre-Dame de la Merci (24 septembre; apparue à saint Pierre Nolasque le 1er août 1218) furent supprimées. [À noter que la fête du Saint Nom de Marie sera de nouveau inscrite au Calendrier romain général par Jean-Paul II le 18 décembre 2001: Notitiae 38 (2002) 313-348.]
Le Calendrier romain général actuel comporte seulement trois fêtes mariales rattachées à des apparitions de Marie, avec le rang de mémoire facultative:
- Notre-Dame de Lourdes: anciennement fête de l’Apparition de la Bienheureuse Vierge Marie Immaculée, instituée par Léon XIII en 1892 et inscrite au Calendrier romain général par Pie X en 1907;
- Notre-Dame de Fatima: instituée et inscrite au Calendrier romain général par Jean-Paul II le 18 décembre 2001: Notitiae 38 (2002) 313-348;
- Notre-Dame de Guadalupe: instituée par Benoît XIV pour la «Nouvelle-Espagne», c’est-à-dire l’Amérique centrale et l’Amérique septentrionale de langue espagnole (le Mexique), par le bref Non est equidem (25 mai 1754); étendue aux autres territoires de langue espagnole, le 2 juillet 1757; élevée au rang de fête par Jean-Paul II pour tout le continent américain, par l’exhortation apostolique Ecclesia in America, n. 11 (22 janvier 1999): Notitiae 35 (1999) 272-296; inscrite au Calendrier romain général par le même souverain pontife comme mémoire facultative le 28 septembre 2002: Notitiae 40 (2004) 194-206.
Voici la répartition des fêtes mariales dans le Calendrier romain général actuel de l’Église catholique, suivi également par l’Église de Jean:
a) 7 solennités:
- sainte Marie, Mère de Dieu (1er janvier)
- saint Joseph, époux de la Vierge Marie (19 mars)
- Annonciation du Seigneur (25 mars)
- Assomption de la Vierge Marie (15 août)
- Immaculée Conception de la Vierge Marie (8 décembre)
- Nativité du Seigneur (25 décembre)
- Épiphanie du Seigneur (6 janvier, ou dimanche après le 1er janvier)
b) 4 fêtes:
- Présentation du Seigneur au Temple (2 février)
- Visitation de la Vierge Marie (31 mai)
- Nativité de la Vierge Marie (8 septembre)
- la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph (dimanche après Noël; ou le 30 décembre, si Noël tombe un dimanche)
c) 7 mémoires obligatoires:
- la Vierge Marie, Mère de l’Église (lundi de la Pentecôte), ajoutée le 11 février 2018
- Coeur Immaculé de Marie (samedi de la 3e semaine après la Pentecôte)
- saint Joachim et sainte Anne, parents de la Vierge Marie (26 juillet)
- la Vierge Marie, Reine (22 août)
- Notre-Dame des Douleurs (15 septembre)
- Notre-Dame du Rosaire (7 octobre)
- Présentation de la Vierge Marie (21 novembre)
d) 7 mémoires facultatives:
- Notre-Dame de Lourdes (11 février)
- Notre-Dame de Fatima (13 mai), ajoutée le 18 décembre 2001
- Notre-Dame du Mont-Carmel (16 juillet)
- dédicace de la basilique Sainte-Marie-Majeure (5 août)
- Saint Nom de Marie (12 septembre), ajoutée le 18 décembre 2001
- Notre-Dame de Lorette (10 décembre), ajoutée le 7 octobre 2019
- Notre-Dame de Guadalupe (12 décembre), ajoutée le 28 septembre 2002
[46]Actes de Sa Sainteté Pie XI, (texte latin et traduction française) Paris, Maison de la Bonne Presse, tome XII (1934-1935), pp. 266-267; L’Osservatore Romano, 29-30 avril 1935, p. 1; cf. Maria, tome premier, p. 434.
En l’an 1300, le Pape Boniface VIII fut le premier à organiser un jubilé ou année sainte commémorant l’Incarnation et la Nativité de Jésus-Christ, le Verbe de Dieu. Depuis lors, ces années saintes «ordinaires» se sont succédées généralement à tous les 25 ans. Seuls les Papes Pie XI et Jean-Paul II ont promulgué un jubilé «extraordinaire» commémorant respectivement le 1900e et le 1950e anniversaire de la Rédemption et de la Mort sur la Croix du Seigneur et Sauveur Jésus-Christ:
- Le premier jubilé extraordinaire de la Rédemption fut célébré à Rome du 2 avril 1933 au 2 avril 1934, ensuite prolongé et étendu au monde jusqu’au 28 avril 1935.
[C’est durant cette année 1933 que Marie-Paule subit la première de ses sept opérations (VA I, 28); de plus, le 14 septembre 1933, elle s’offrit à Dieu «en victime pour les âmes» (VA I, 29).]
- Le deuxième jubilé extraordinaire de la Rédemption fut célébré en même temps à Rome et dans le monde, du 25 mars 1983 au 22 avril 1984.
[Pie XI n’a pas exécuté les demandes de la Vierge de Fatima concernant les communions réparatrices des premiers samedis et la consécration de la Russie; Jean-Paul II, durant le jubilé de 1983-1984, est le seul pape qui a fait une consécration collégiale (celle du 25 mars 1984), «comme Notre-Dame l’avait demandé», mais sans que soit nommée la Russie comme objet de la consécration, comme l’avait pourtant aussi demandé Notre-Dame, très expressément, très spécialement et même uniquement.]
L’année 2033 devrait être caractérisée par un Jubilé particulièrement solennel, soulignant le deuxième millénaire du sacrifice salvifique de notre Seigneur Jésus-Christ sur la Croix.
Le 20 mai 1958, Marie-Paule reçut à trois reprises l’indication divine suivante:
«LA FIN DES TEMPS AURA LIEU DANS SOIXANTE-QUINZE ANS.» [VA II, 127]
C’est aussi en 1958 que Marie-Paule avait reçu l’annonce de «l’heure du crucifiement», son crucifiement à elle, la «femme pure» et «innocente», destinée à «goûter à toutes les souffrances de MA PASSION [celle du Rédempteur]» (28 avril; VA I, 322), «à toutes les souffrances physiques et morales» (5 mai; VA I, 327). Elle avait aussi «entendu» le 4 mai:
«Tu sais, mon enfant, que ma Mère bien-aimée est passée sur terre et qu’Elle est montée au Ciel sans mourir! Je dois te dire aujourd’hui, qu’Elle s’est incarnée et son regard maternel s’est penché sur toi. C’est toi, mon enfant, qui souffres ma Passion et qui, au nom de ma Mère bien-aimée, vas redonner le Christ au monde.» [VA I, 326]
Ainsi, l’année 2033 sera «l’année où aura lieu la fin des temps», l’année où les «révélations ou prédictions» concernant la fin des temps parviendront à leur «complète réalisation» (VA I, 241). Il n’est nullement question ici du «jour» et de l’«heure» de la «fin du monde» (Mt 24, 44.50; Mt 25, 13; Lc 12, 40.46). Il s’agit de la fin des six millénaires qui ont suivi la faute originelle d’Adam et Ève jusqu’à nous, et que l’on peut diviser en «trois temps»: les «deux temps» du Père (4000 ans) et le «temps» du Fils (2000 ans). Le septième millénaire, troisième de l’ère chrétienne, sera le «demi-temps» de l’Esprit (1000 ans), mais aussi de l’Immaculée (Mère et Fille), et donc de la Quinternité tout entière. Telle est l’une des grandes explications de la prophétie de Daniel concernant les «trois temps et demi» (Dn 7, 25; Dn 12, 7) que l’on peut rattacher aux «3 ans et demi, ou 42 mois, ou 1260 jours» de l’Apocalypse de Jean (Ap 11, 2-3.9.11; Ap 12, 6.14; Ap 13, 5; cf. Lc 4, 25; Jc 5, 17).
La «fin des temps» (la fin des «deux temps» du Père et du «temps» du Fils) est «ce temps hors du temps» qu’est le «Jour de Yahvé», un temps de transition, un temps-charnière, le temps de l’Apocalypse, où doit se dérouler le grand combat eschatologique de la Femme et du Dragon, et où doit resplendir dans le Ciel un «grand signe», un «grand miracle»: celui de la Femme, l’Épouse de l’Agneau, la Nouvelle Ève, qui doit se révéler au monde, en vue de la théophanie «quinternitaire» du septième millénaire.
[47]Dans l’article «…le SOLEIL sera à son zénith…», nous avons vu la position antagoniste de François à l’égard de la fonction co-rédemptrice de Marie, dans ses homélies du 12 décembre 2019 et du 3 avril 2020. Une troisième intervention eut lieu lors de l’audience générale du 24 mars 2021, dont voici l’extrait où la Co-Rédemption mariale est de nouveau rejetée (dans cet extrait, François sent le besoin de nier également la divinité, le caractère divin, de Marie):
Il est l’unique Rédempteur: il n’y a pas de co-rédempteurs avec le Christ. Il est le Médiateur par excellence, il est le Médiateur. /…/ La Vierge, comme Mère à laquelle Jésus nous a confiés, nous enveloppe tous; mais comme Mère, pas comme déesse, pas comme co-rédemptrice: comme Mère. Il est vrai que la piété chrétienne lui donne toujours de beaux titres, comme un fils à sa mère: que de belles choses dit un fils à sa mère qu’il aime! Mais faisons attention: les belles choses que l’Église et les saints disent de Marie n’ôtent rien à l’unicité rédemptrice du Christ. Il est l’unique Rédempteur. Ce sont des expressions d’amour comme celles d’un fils à sa mère — parfois exagérées. Mais l’amour, nous le savons, nous fait toujours faire des choses exagérées, mais avec amour. [souligné en italique dans le texte]
Bien avant François, le Cardinal Joseph Ratzinger et futur Benoît XVI s’est exprimé ainsi sur le sujet, dans le livre interview qu’il a publié en collaboration avec le journaliste Peter Seewald:
[Peter Seewald] «Plus d’un million de croyants demandent que l’Église catholique déclare Marie “corédemptrice”. Cèdera-t-on à ce souhait, ou s’agit-il d’une hérésie?»
[Cardinal Joseph Ratzinger] La réponse de la Congrégation pour la doctrine de la foi consiste à dire que ce qui est visé ici est déjà mieux exprimé par d’autres titres de Marie, et que le concept de «corédemptrice» s’écarte aussi bien de l’Écriture que des écrits patristiques, ce qui suscite des malentendus.
Ce qui est juste dans cette appellation, c’est que le Christ ne reste pas extérieur et forme une nouvelle et profonde communauté avec nous. Tout ce qui est à lui sera nôtre et tout ce qui est nôtre, il l’a fait sien. Ce grand échange est le contenu spécifique de la rédemption, notre libération et notre accès à la communion avec Dieu. Parce que Marie anticipe l’Église comme telle, qu’elle est l’Église en personne, cet «être-avec» est réalisé en elle de façon exemplaire.
Mais cet «avec» ne doit pas faire oublier le «d’abord» du Christ. Tout vient de lui, comme le soulignent les épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens. Marie aussi est tout ce qu’elle est par lui. Le terme de «corédemptrice» obscurcirait cette donnée originelle. Une bonne intention s’exprime dans un mauvais vocable. Dans le domaine de la foi, la continuité avec la langue de l’Écriture et des Pères est essentielle. La langue n’est pas manipulable à volonté. [Voici quel est notre Dieu, Paris, Plon/Mame, 2001, pp. 215-216]
[48]Maria, tome premier, p. 434 (où référence est faite à La Documentation catholique); cf. pp. 455-456.
[49]Le texte français de ce discours est publié intégralement dans L’Osservatore Romano du 8 décembre 1937.
[50]Plusieurs des documents cités précédemment dans le présent article sont également cités ou référencés dans le chapitre VIII de Lumen gentium. Dans son discours de clôture de la IIIe session du Concile Vatican II (21 novembre 1964), le Pape Paul VI affirme à propos de ce chapitre:
C’est la première fois, et le dire nous remplit d’une profonde émotion, qu’un concile oecuménique présente une synthèse si vaste de la doctrine catholique sur la place que Marie très sainte occupe dans le Mystère du Christ et de l’Église. [version de La Documentation catholique (DC 1437, 6 décembre 1964, col. 1543)]
[51]Au début du XXe siècle, il y eut sept «Congrès marials internationaux»
- 1900 (5-8 septembre), Lyon (France)
- 1902 (18-21 août), Fribourg (Suisse)
- 1904 (30 novembre-4 décembre), Rome (Italie)
- 1906 (17-21 août), Einsiedeln (Suisse)
- 1908 (26-30 septembre), Salzbourg (Autriche)
- 1910 (18-21 juillet), Saragosse (Espagne)
- 1912 (3-6 août), Trèves (Allemagne)
Ces congrès internationaux furent interrompus par les deux Guerres mondiales. Ils reprirent en 1950, sous la supervision de l’Académie pontificale mariale internationale, en une structure double (Congrès mariologique / Congrès marial), pour fusionner à partir de 2000 (Congrès mariologique marial).
- (I) 1950 (23-31 octobre), Rome (Italie)
- (II) 1954 (24 octobre-1er novembre), Rome (Italie)
- (III) 1958 (10-17 septembre), Lourdes (France)
- (IV) 1965 (18-25 mars), Santo Domingo (République dominicaine)
- (V) 1967 (2-13 août), Lisbonne-Fatima (Portugal)
- (VI) 1971 (6-15 août), Zagreb (Croatie)
[cf. David Levack, «Congrès marial», L’Armée de Marie, vol. 1, n. 4, décembre 1971; p. 54 du volume relié]
- (VII) 1975 (13-21 mai), Rome (Italie)
- (VIII) 1979 (3-12 octobre), Saragosse (Espagne)
- (IX) 1983 (8-18 septembre 1983), Malte
- (X) 1987 (10-20 septembre), Kevelaer (Allemagne)
- (XI) 1992 (18-25 septembre), Huelva (Espagne)
- (XII) 1996 (18-24 août), Częstochowa (Pologne)
- 2000 (15-22 septembre), Rome (Italie)
- 2004 (4-8 décembre), Rome (Italie)
- 2008 (4-8 septembre), Lourdes (France)
- 2012 (4-9 septembre), Rome (Italie)
- 2016 (6-11 septembre), Fatima (Portugal)
Rappelons que Raoul Auclair (saint Raoul-Marie) prit part au 12e Congrès marial international (du 9 au 13 août 1967), précédé du Ve Congrès mariologique international (du 2 au 8 août 1967). Cf. VA XII, 315-316; VA App. I, 266; Raoul Auclair, Tous ces mystères dans le Mystère de Marie, pp. 9-16 (où se trouve le texte de l’intervention de Raoul au congrès).
En cette année [1967], les Éditions Beauchesne publient les textes sur les apparitions de Marie que Raoul a écrits pour l’O.R.T.F dans un recueil intitulé: Les Épiphanies de Marie. Raoul est le premier à y souligner le caractère eschatologique des grandes apparitions de la Vierge Marie. Ce livre, édité peu avant le Congrès Marial International du cinquantenaire de Fatima, lui vaut d’être l’un des rares laïcs conviés à y participer. Le Cardinal Roy, Archevêque de Québec, préside la séance du Congrès où Raoul développe ce thème nouveau de l’eschatologie mariale. (Le texte de l’exposé de Raoul figurera dans De Primordiis Cultus mariani, volume VI, publié à Rome par la «Pontificia Academia Mariana Internationalis», en 1970.) [Soeur Chantal Buyse, «Raoul Auclair, auteur eschatologique et marial» (Le Royaume, n. 115, février 1997, numéro-souvenir, p. 4) [LR-115]; cf. également les pages 13 et 20 de ce numéro-souvenir]
[52]Déclaration de la Commission théologique du Congrès mariologique international de Częstochowa: texte italien dans L’Osservatore Romano du 4 juin 1997; version de La Documentation catholique utilisée dans le présent article (DC 2164); autre traduction française dans L’Osservatore Romano (édition hebdomadaire en langue française), n. 25 (2475), 24 juin 1997, p. 9.
[53]La terminologie latrie, hyperdulie et dulie était employée dans le Catéchisme de saint Pie X (section sur le 1er commandement de Dieu) et dans l’ancien Code de Droit canonique de 1917, au canon 1255, paragraphe 1. Le dogmaticien catholique Ludwig Ott qualifie de «sententia certa» l’opinion suivant laquelle le culte d’hyperdulie est dû à Marie (cf. Fundamentals of Catholic Dogma, pp. 215-216, ouvrage référencé ci-dessous à la note 72).]
[54]Dans une note, le Concile fait référence à la lettre encyclique de Pie XII Ad Caeli Reginam (11 octobre 1954), laquelle affirmait:
Mais en traitant les questions qui regardent la sainte Vierge, que les théologiens et les prédicateurs de la parole divine aient soin d’éviter certaines déviations hors du droit chemin pour ne pas tomber dans une double erreur; qu’ils se gardent et des opinions privées de fondement, dont les expressions exagérées dépassent les limites du vrai, et d’une étroitesse d’esprit excessive quand il s’agit de cette dignité unique, sublime, et même presque divine de la Mère de Dieu, que le Docteur angélique nous enseigne à lui attribuer «à cause du bien infini qu’est Dieu» [saint Thomas d’Aquin, Summa theologiae, I, q. 25, a. 6, ad 4].
Michel de la Sainte-Trinité, dans son troisième volume sur Fatima, trouve que cette «mise en garde générale» contre les excès en mariologie, faite par le Saint-Père (et éventuellement par le Concile Vatican II), prête «dangereusement à confusion»; il aurait préféré que ces «excès» soient dénoncés «avec précision». Cf. Michel de la Sainte Trinité, Toute la vérité sur Fatima, Saint-Parres-lès-Vaudes, La Contre-Réforme catholique, volume 3: Le troisième secret (1942-1960), première édition en 1985, p. 264.
[55]Cf. Michel de la Sainte Trinité, troisième volume sur Fatima, pp. 265, 330-331.
Lorsqu’il était Cardinal secrétaire d’État (1930-1939), Eugenio Pacelli avait pourtant employé ce titre marial à diverses reprises, notamment lors des célébrations conclusives de Lourdes pour le Jubilé de la Rédemption (26-28 avril 1935), où il agissait à titre de légat pontifical; de même que dans un discours prononcé le 7 décembre 1937 à Rome, en l’église Saint-Louis-des-Français, dont le texte original français parut en entier le lendemain dans L’Osservatore Romano. L’occasion de ce dernier discours était le 70e anniversaire de la sodalité de Notre-Dame de la bonne mort, à laquelle furent adressées les lettres apostoliques Inter sodalicia de Benoît XV et Explorata res de Pie XI (cf. note 44). Cf. Maria, tome premier, pp. 434, 455-457.
[56]Cf. Maria, tome premier, pp. 427-428.
[57]Des trois titres «Co-Rédemptrice», «Médiatrice» et «Avocate», seul le titre «Avocate» apparaît dans la Prière, mettant en relief la dimension «pneumatologique» de celle-ci, où l’Esprit est cité deux fois, en vue de son envoi «sur la terre» et de son inhabitation «dans les coeurs de tous les peuples». Le millénaire du Royaume est présenté comme l’ère «Spiri-Maria», l’ère de l’Esprit et de Marie Immaculée (en ses deux Incarnations: Mère et Fille), complétant la «théophanie» de la Quinternité, alors que «sera consommé le mystère de Dieu» (Ap 10, 7), après le retentissement de la septième trompette angélique.
[58]La Dame avait antérieurement employé l’expression «la Dame» ou «la Femme» (en néerlandais: «de Vrouwe») à deux reprises:
- 1ère vision, 25 mars 1945 (fête de l’Annonciation): «L’on m’appellera la Femme, Mère» ou «Ils m’appelleront la Dame, Mère», en réponse à la question par Ida Peerdeman: «Êtes-vous Marie?»
- 23e vision, 15 août 1950 (fête de l’Assomption): «Appelle-moi simplement: la Femme / la Dame», en réponse à la question: «Comment dois-je vous appeler?»
Dans la 19e vision (3 décembre 1949), la voyante a demandé: «Mais, êtes-vous bien la Dame?» La Dame n’a pas répondu directement à la question. À chaque fois que la voyante a questionné la Dame sur son identité, celle-ci a souri.
La Dame a dit qu’elle se tenait debout «sur le globe» également dans les visions suivantes: 28e vision, 4 mars 1951; 31e vision, 15 avril 1951; 33e vision, 31 mai 1951; 34e vision, 2 juillet 1951; 36e vision, 20 septembre 1951. Dans la 32e vision (29 avril 1951), la Dame se décrit comme «debout sur la terre et contre la Croix du Fils». On y voit la «Souveraine de la Terre», dont la souveraineté fut acquise au prix de sa mission de Co-Rédemptrice.
[59]Je mets ci-dessous les autres mentions du Sacriste du Pape dans les messages de la Dame de tous les Peuples. Les mentions du Sacriste des 52e et 53e visions, absentes dans les deux éditions de Raoul Auclair (1967 et 1982), figurent dans des passages ajoutés en post-scriptum dans le livre Les expériences eucharistiques. Le Sacriste est mentionné dix fois en tout dans le cadre des visions.
- (2) «Préviens le Sacriste du Pape. Mon message est pour lui. Ne crains pas. Il lira tous les messages. Il les transmettra au Saint-Père. N’aie pas peur, enfant. Tu y parviendras. Sois sans crainte. C’est moi qui apporte le message. Le temps est arrivé.» [45e vision, 20 mars 1953]
- (3) «Dis cela au Sacriste. Dis que le temps est venu maintenant.» [45e vision, 20 mars 1953]
- (4) «Ce message, comme les autres, sera transmis au Saint-Père par le Sacriste du Pape.» [46e vision, 10 mai 1953]
- (5) «Sacriste du Pape, transmets ces messages.» [47e vision, 11 octobre 1953]
- (6) «Maintenant je m’adresse à ton évêque: “Tu comprendras pourquoi je parle au Saint-Père et au Sacriste. Cette action n’est pas réservée à un seul pays; elle doit être celle de tous les peuples. Toi, toutefois, aide à la diffusion des messages et de la Prière en ton propre pays. Marie en prend la responsabilité. /…/”» [47e vision, 11 octobre 1953]
- (7) «Dis au Sacriste que tout s’arrangera. Il lui faut agir; il lui faut aller jusqu’au bout de cette mission; c’est la Dame qui le lui demande.» [49e vision, 4 avril 1954]
- (8) «Dis au Sacriste du Saint-Père qu’il communique ceci: Le célibat est toujours la grande force de l’Église. (Ceci fut dit avec beaucoup d’insistance) Il y en a qui veulent changer cela. Par grande exception seulement. Dis cela. Il Me comprendra.» [52e vision, 31 mai 1956]
- (9) «Par le Sacriste.» [53e vision, 31 mai 1957; voir ci-dessous]
- (10) «Que le Sacriste en soit instruit. Dis-lui que la Dame lui demande de te conduire vers le Souverain Pontife.» [54e vision, 31 mai 1958]
Le Sacriste du Pape est aussi mentionné une fois par la Dame dans le songe du 19 février 1958. Dans une annexe, la voyante Ida Peerdeman raconte les événements qui se sont déroulés dans la semaine précédant ce songe. Le Sacriste est mentionné deux fois dans la nuit du 12 au 13 février 1958, puis encore deux fois dans la nuit du 17 au 18 février 1958 (dont une fois par Ida). En plus des dix mentions dans les visions, il est donc mentionné cinq autres fois en lien avec le songe.
On peut donc dire que le Sacriste du Pape est nommé «quinze fois» par la Dame de tous les Peuples (ce qui, en fait, inclut une fois par Ida, selon le décompte ci-dessus), comme Marie-Paule le souligne à quelques reprises dans ses écrits: VA IX, 71; VA X, 12; VA XII, 241; VA XV, 86; VA XV, 242; «La Dame de tous les Peuples» (Marie, n. 6, mars 1977, p. 3, 1ère colonne et p. 5, 1ère colonne en bas) [M-06] (Marie — Les Éditoriaux, p. 124 et p. 134).
Dans la chronologie des événements d’Amsterdam, il est difficile de déterminer quand la voyante Ida Peerdeman (1905-1996) a communiqué pour la première fois avec Monseigneur Jean-Pierre van Lierde, le Sacriste du Pape: une information qui nous permettrait de déterminer à partir de quand le Sacriste était en mesure d’informer le Saint-Père à propos des messages de la Dame de tous les Peuples. Voici quelques indices que j’ai pu recueillir. Lors de la neuvième mention du Sacriste dans les visions (53e vision, 31 mai 1957, post-scriptum dans le livre Les expériences eucharistiques), la Dame dit à Ida:
«Va voir le Saint-Père et raconte-lui tout. Demande la bénédiction pour la Prière. Demande-lui le Dogme.»
Lorsque je dis, intérieurement: «Ah, Dame, comment pouvez-vous demander une chose semblable? Vous savez très bien que je ne pourrai jamais y aller.» La Dame, tout doucement, dit:
«Par le Sacriste.»
Je ne savais pas ce que «Sacriste» voulait dire. [Elle en reçut par la suite l’explication.]
Dans le songe du 19 février 1958, la Dame annonça à Ida le décès du Pape Pie XII «au début du mois d’octobre de cette année». Ida consigna cette prédiction en deux exemplaires sous scellés, une pour elle et une pour son directeur spirituel, le Père Mathias (Josephus Jacobus Paulus) Frehe (1890-1967), de l’Ordre des Dominicains. Elle ne pouvait en communiquer le contenu au Sacriste et à son directeur spirituel qu’une fois la chose réalisée. Dans la nuit du 12 au 13 février, la Dame demanda à Ida de dire au Sacriste «que c’est moi, la Dame de tous les Peuples, la Co-Rédemptrice, Médiatrice et Avocate, qui le prie d’enfin faire ce que je souhaite qu’il fasse». Ida répondit qu’elle n’osait pas. Durant cette semaine préparatoire au songe du 19 février, Ida confie que la Dame «est revenue toutes les nuits en me transmettant ce même message que je n’avais toujours pas transmis». Lors de la nuit du 17 au 18 février, la Dame interpelle Ida: «Tu n’as pas encore fait ce que je t’ai dit!» La voyante répondit de nouveau: «Je n’ose pas le faire.» La Dame, en renouvelant sa demande de transmission au Sacriste, insiste auprès d’Ida: «Mais toi, mon enfant, obéis-moi. Fais ce que je te dis.» Ida alla tout raconter à son directeur spirituel, qui lui «a interdit d’écrire ce message» au Sacriste.
Enfin, le jour du décès de Pie XII, le 9 octobre 1958, Ida s’est empressée de montrer à son directeur spirituel son propre exemplaire de la prédiction concernant la mort du souverain pontife, tandis que l’exemplaire toujours scellé du P. Frehe fut envoyé tout de suite après au Sacriste du Pape.
Il semble que ce soit la première communication d’Ida avec Monseigneur Jean-Pierre van Lierde. Il en résulte que ce dernier n’a pas été en mesure d’informer le Pape Pie XII à propos de la Dame de tous les Peuples. Je formule l’hypothèse que le Sacriste n’a pas informé non plus le Pape Jean XXIII, puisqu’il devait au préalable prendre connaissance des messages, puis ce fut l’effervescence de la préparation du Concile Vatican II. Nous comprenons par Vie d’Amour (VA XIV, 135) que la Dame de tous les Peuples fit l’objet d’échanges (probablement dans les années qui suivirent le Concile) entre Monseigneur Jean-Pierre et le Pape Paul VI. Ce dernier serait donc le seul pape à qui Monseigneur en ait parlé, dans le cadre de la mission confiée par la Dame au Sacriste.
[60]Cf. Le Secret de Marie, 2e édition, épilogue, pp. 149-150.
[61]Il revient sur la thématique du Concile dans son introduction de 1982 (Éditions Stella): cf. pp. 44-45, 90-91.
[62]49e vision, 4 avril 1954; 51e vision, 31 mai 1955; 53e vision, 31 mai 1957.
[63]Elle emploie cette expression deux fois dans la 25e vision (10 décembre 1950) et deux autres fois dans la 38e vision (31 décembre 1951).
[64]Michel de la Sainte-Trinité, dans son troisième volume (pp. 265-266), rapporte que, lors de la préparation du Concile Vatican II, les Cardinaux Augustin Bea (ancien confesseur de Pie XII) et Giovanni Battista Montini (futur Pape Paul VI) étaient opposés à toute proposition d’un nouveau dogme marial (médiation, co-rédemption), jugée «inopportune» et même «nuisible».
Au sujet de la question de «Marie médiatrice» et de «Marie corédemptrice», rapporte le secrétaire privé du pape, Pie XII, quelques semaines avant sa mort, dans les jours qui ont immédiatement suivi le Congrès mariologique de Lourdes, a déclaré que ces deux questions n’étaient encore ni suffisamment claires, ni suffisamment mûres; pendant tout son pontificat, c’est consciemment et à dessein qu’il a évité de prendre position à ce sujet et même de les laisser à la libre discussion des théologiens. Il n’a jamais envisagé de changer cette attitude. [«Pie XII», par le P. Leiber, s.j ., Doc. cath ., 1er février 1959, col. 165; cité par Michel de la Sainte-Trinité (pp. 330-331)]
Le 12 juin 1977, dans le volume XIV de Vie d’Amour, Marie-Paule nous confie ceci:
Marie est venue nous prévenir et nous donner une prière afin de préserver Son peuple. Marie demande, par la Messagère d’Amsterdam, de transmettre Ses messages au Sacriste du Pape qui, lui, doit les remettre au Saint-Père.
Telle fut malheureusement la plus grande cause des difficultés entre le Pape et le Sacriste. Il fallait que ces dissensions soient très graves pour l’Église pour que Marie m’informe, avec douleur, de cet état de choses, à moi, le RIEN, mais le chef de Son armée sur la terre [VA IX, 131 et VA XII, 45-46].
Donc, Sa Sainteté le Pape Paul VI n’était pas favorable à la dévotion à la Dame de tous les Peuples. Et le Pape l’avait dit clairement à Son Excellence Monseigneur van Lierde.
Et c’est ainsi que les demandes de Marie ont été refusées. L’Église désobéit. Comme conséquence, le peuple n’obéit plus à l’Église. Alors, Marie, Mère de l’Église, se tourne toujours plus vers l’Armée qu’Elle a levée, parce que les Chefs de l’Église n’acceptent pas Ses demandes [nous soulignons dans ce paragraphe].
Et parce que l’Église n’obéit pas, la situation s’aggrave toujours plus. Ce que Marie, Dame de tous les Peuples, a annoncé, se réalise. Elle nous prévient encore:
«Rome, sais-tu bien comment tout est sapé? Des années passeront, des années passeront là-dessus; et plus il y aura d’années et moins il y aura de foi, et plus il y aura d’années et plus il y aura d’apostasie.» (La Dame de tous les Peuples, 35e vision, 15 août 1951) [VA XIV, 135; souligné en gras dans le texte]
Il convient d’ajouter cet autre passage de la Dame de tous les Peuples:
«Il faut un retour à Dieu. Le peuple, lui, est mûr. Ce sont les chefs qui ne veulent pas.» [17e vision, 1er octobre 1949]
[65]Que l’on pense à certaines affirmations «de portée divine» faites par la Vierge Marie en ses épiphanies: «Je suis l’Immaculée Conception» (Lourdes, grotte de Massabielle); «Je suis Celle qui suis dans la Trinité divine»; «Je suis la Vierge de la Révélation» (Rome, grotte des Trois-Fontaines). Si le Seigneur Yahvé a fait choix d’une montagne (Sinaï, Horeb) pour se révéler lui-même: «Je suis Celui qui est», «Je suis qui je suis», «JE SUIS» (Ex 3, 14), la Dame Immaculée semble avoir fait choix d’une grotte pour révéler le mystère de son identité.
Dans la profession de foi du 1er concile de Tolède (400), il est affirmé qu’«en dehors d’elle [la Trinité] il n’est pas de nature divine» (DS 188). Or Marie, à Trois-Fontaines, dit bien qu’elle est «DANS» la Trinité divine, non «en dehors» d’elle.
[66]Dans la lettre apostolique A Concilio Constantinopolitano I (25 mars 1981), commémorant le 1600e anniversaire du 1er Concile de Constantinople et le 1550e anniversaire du Concile d’Éphèse, Jean-Paul II qualifie Marie de «première coopératrice de la puissance du Très-Haut», ce qui revient à voir en Marie la coopératrice de Dieu le Père. Pour l’Église de Jean, Marie est considérée comme la Co-Créatrice aux côtés du Créateur, la Mère universelle, la divine Épouse du Père.
Dans un discours du 24 mai 1996, le Saint-Père qualifie la Vierge Sainte de «parfaite coopératrice du sacrifice du Christ» (en italien: «perfetta cooperatrice del sacrificio di Cristo»).
[67]De larges extraits de cette homélie sont rapportés dans le journal Le Royaume (n. 30, avril 1985, p. 9) [LR-030], qui la qualifie de «discours admirable et très important». En se référant à la lettre de saint Paul aux Galates (Ga 2, 19-20: «je suis crucifié avec le Christ»), Jean-Paul II va jusqu’à dire que Marie est «crucifiée spirituellement avec son Fils crucifié» (n. 5).
Dans la langue grecque du Nouveau Testament, saint Paul utilise certaines locutions verbales construites à partir de la préposition «avec» (en grec «σύν», translittéré en «syn»), pour décrire différentes actions accomplies «avec le Christ». Dans une traduction plus littérale, on peut rendre le préfix «σύν» par «co» (du latin «cum», signifiant aussi «avec»). Nous savons que la Dame de tous les Peuples insiste précisément sur le «co»: «J’insiste sur CO.» (32e vision, 29 avril 1951) C’est normal, dans le contexte d’une complémentarité homme-femme, nouvel Adam et nouvelle Ève.
Ainsi, l’on pourrait dire que les passages suivants contiennent la «terminologie paulinienne de la Co-Rédemption», où les «membres» (les chrétiens) du «Corps mystique» partagent un même vécu avec leur «Tête» (le Christ). Avec le Christ, nous sommes:
- «co-crucifiés»: Rm 6, 6 (συνεσταυρώθη); Ga 2, 19-20 (συνεσταύρωμαι)
- «co-ensevelis»: Rm 6, 4 (συνετάφημεν); Col 2, 12 (συνταφέντες)
- «co-ressuscités»: Col 2, 12 (συνηγέρθητε); Col 3, 1 (συνηγέρθητε); Ep 2, 6 (συνήγειρεν)
En 1 Co 12, 26, saint Paul dit que si un membre souffre ou est à l’honneur, tous les membres souffrent (συμπάσχει) ou se réjouissent (συγχαίρει) avec lui. En 1 Co 3, 9, il affirme que nous sommes les «coopérateurs» (συνεργοί) de Dieu. En Rm 8, 17, il qualifie les enfants de Dieu de «cohéritiers» (συγκληρονόμοι) du Christ, parce qu’ils souffrent avec lui (συμπάσχομεν) pour être aussi glorifiés avec lui (συνδοξασθῶμεν).
[68]Saint Alphonse-Marie de Liguori (1696-1787), évêque et fondateur de la congrégation du Très Saint Rédempteur (les rédemptoristes), fut déclaré docteur de l’Église par le Pape Pie IX, sous l’appellation de «doctor zelantissimus» («docteur très zélé»), dans un décret daté du 23 mars 1871 (dont nous célébrons le 150e anniversaire en 2021). Sur les 36 docteurs de l’Église officiellement reconnus par l’Église catholique, seule Thérèse de Lisieux (1873-1897) a vécu après Alphonse de Liguori. Ce dernier était donc dans une position privilégiée pour récapituler, confirmer et achever la doctrine des siècles précédents. Il a même été cité par le Pape Pie XII dans la bulle dogmatique Munificentissimus Deus.
Cf. Soeur Sylvie Payeur, «Saint Alphonse de Liguori» (Le Royaume, n. 65, novembre-décembre 1998, pp. 10-11) [LR-065]; dans cette petite biographie, nous apprenons que saint Alphonse donne à Marie «plus de vingt fois, dans ses livres, le titre de “CORÉDEMPTRICE”» (p. 10, 5e colonne en bas).
Dans la revue Marie fondée par Roger Brien, le numéro de novembre-décembre 1951 (vol. V, n. 3) fut un numéro spécial consacré à la thématique «Saint Alphonse-Marie de Liguori et la Vierge Marie» et divisé en trois parties: «Piété mariale de saint Alphonse» (pp. 12-48); «Doctrine mariale de saint Alphonse» (pp. 49-96); «Apostolat marial de saint Alphonse» (pp. 97-128). Voici la liste des articles constituant la deuxième partie:
- Alfonso-Maria Santonicola, c.ss.r., «Doctrine mariale de saint Alphonse» (pp. 49-56)
- P. Cadore, c.ss.r., «“Les Gloires de Marie” de saint Alphonse» (pp. 57-59)
- Giuseppe Cacciatore, c.ss.r., «“Les Gloires de Marie” et la dévotion discrète» (pp. 60-65)
- Lorenzo-Maria Di Fonzo, o.f.m.conv., «Le dernier docteur de l’Immaculée» (pp. 66-72)
- Gabriele-Maria Roschini, o.s.m., «La Corédemptrice dans les écrits de saint Alphonse-Marie de Liguori» (pp. 73-81)
- Erminio Borzi, c.ss.r., «La Médiatrice de toutes les grâces dans la pensée de saint Alphonse» (pp. 82-84)
- Réginald Garrigou-Lagrange, o.p., «L’intercession et le mérite de Marie selon saint Alphonse» (pp. 85-87)
- Angel Luis, c.ss.r., «La royauté de Marie dans les écrits de saint Alphonse» (pp. 88-89)
- Paul-Émile Vadeboncoeur, c.ss.r., «Le chevalier de la Vierge Immaculée» (pp. 90-93)
- Francis Jeremiah Connell, c.ss.r., s.t.d., «La doctrine de saint Alphonse sur la nécessité de la dévotion à Marie» (pp. 94-96)
[69]L’expression «Sociam redemptionis» a été traduite par «Corredentora» dans la version espagnole et par «Co-Rédemptrice» dans la version de l’édition hebdomadaire en langue française de L’Osservatore Romano (17 août 1987, n. 33). La version de La Documentation catholique (DC 1947) est plus précise.
[70]Voici quatre autres références où Jean-Paul II utilise la terminologie «corédemption» / «corédempteur», appliquée aux chrétiens en général:
- discours du 5 avril 1981 (n. 4), au personnel et aux malades de l’hôpital Fatebenefratelli, situé sur l’île Tibérine à Rome: «corredentori dell’umanità» («co-rédempteurs de l’humanité»);
- audience générale du 13 janvier 1982, à Rome, dans les paroles adressées aux malades: «corredentori dell’umanità» («co-rédempteurs de l’humanité»);
- allocution du 8 mai 1988 (n. 7), aux évêques d’Uruguay à la nonciature apostolique de Montevideo: le Saint-Père souhaite que les candidats au sacerdoce cultivent un amour sans mesure pour le Christ et sa Mère et un désir ardent de s’associer intimement à «la obra de la corredención» («l’oeuvre de la co-rédemption»);
- homélie du 17 mai 1998 (n. 7), lors de la messe pour les agriculteurs à Villarrica au Paraguay: en union avec l’offrande du pain et du vin à la messe, en union avec le sacrifice du Christ sur la Croix, les paysans sont invités à offrir leurs journées et leurs vies, une offrande qui acquiert «un valor corredentor» («une valeur co-rédemptrice»).
[71]Cf. Mère Paul-Marie, «La pédagogie divine: splendeur de simplicité» (Le Royaume, n. 113, septembre-octobre 1996, pp. 1, 3-15) [LR-113]; «Le Seigneur aime son peuple…» (Le Royaume, n. 136, septembre-octobre 1999, p. 19, 2e colonne) [LR-136]; Marc Bosquart, L’Immaculée, la divine Épouse de Dieu, pp. 121-122.
La thématique de la coopération et de l’association de Marie à la Rédemption, objet du cinquième dogme marial, est présente dans les numéros suivants du Catéchisme de l’Église catholique: 511, 618, 964-970.
[72]Cette oeuvre fut publiée pour la première fois en 1952 sous le titre Grundriss der katholischen Dogmatik. Elle a été traduite en plusieurs langues dont l’anglais (Fundamentals of Catholic Dogma, 1955) et le français (Précis de théologie dogmatique, 1955). Au début de sa préface datée du 15 août 1952, Ludwig Ott indique que sa synthèse dogmatique remplace celle du prêtre et théologien allemand Bernard Bartmann (1860-1938), Lehrbuch der Dogmatik (première édition en 1905, traduite en français sous le titre Précis de théologie dogmatique), oeuvre en deux volumes alors épuisée depuis des années. Cette dernière oeuvre est présentée sur le site jesusmarie.free.fr en sa version française.
[73]L’infaillibilité de l’Église en matière de foi et de moeurs s’exerce de deux manières:
- par des actes définitoires du Magistère solennel (c’est-à-dire le Pape enseignant «ex cathedra», ou le Collège des évêques — «cum Petro et sub Petro» — enseignant lors d’un Concile oecuménique);
- par des actes définitifs du Magistère ordinaire et universel des évêques dispersés de par le monde et à travers le temps, toujours en communion avec le Pape.
L’infaillibilité de l’Église embrasse deux niveaux de vérités:
- les vérités divinement révélées, c’est-à-dire contenues dans la Parole de Dieu écrite (Bible) ou transmise (Tradition); ces vérités doivent être acceptées «de foi divine» («de fide divina»); les dogmes au sens strict appartiennent à ce type de vérités; une fois définis et prescrits universellement par l’Église catholique, les dogmes doivent être acceptés «de foi divine et catholique» («de fide divina et catholica»);
- les vérités de la doctrine catholique liées à la divine Révélation par nécessité historique ou logique; ces vérités doivent être acceptées «de foi ecclésiastique» («de fide ecclesiastica») lorsque le Magistère infaillible de l’Église s’est prononcé en leur faveur.
Cf. Jean-Paul II, motu proprio Ad tuendam fidem, 18 mai 1998; et le complément explicatif de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, 29 juin 1998.
En l’absence de prononcé du Magistère infaillible, les théologiens ont établi une série de «qualifications théologiques» correspondant aux divers degrés de certitude de telle ou telle proposition ou opinion («sententia»). En allant du plus certain au moins certain, on trouve les qualifications suivantes:
- sententia fidei proxima (proposition proche de la foi)
- sententia ad fidem pertinens (proposition concernant la foi) ou sententia theologice certa (proposition théologiquement certaine)
- sententia communis, communior (proposition commune, plus commune)
- sententia probabilis, probabilior, bene fundata, pia (proposition probable, plus probable, bien fondée, pieuse)
- sententia tolerata (proposition tolérée)
J’aimerais rapporter ici trois phrases que l’on trouve dans le Précis de théologie dogmatique de Bernard Bartmann (cf. note précédente):
Les dogmes ne sont pas une expression exhaustive de la réalité divine et admettent des précisions ultérieures. [Pesch, Foi et Dogme, p. 168, cité par Bernard Bartmann, Précis de théologie dogmatique, p. 24]
Les explications et les considérants ne font pas partie strictement de la définition dogmatique. [Bernard Bartmann, p. 59]
Le caractère objectif de vérité ne peut être que déclaré par l’Église; il ne peut pas être créé. Le magistère de l’Église est subordonné à la vérité, la vérité ne lui est pas subordonnée. [Bernard Bartmann, p. 61]
Cette dernière phrase rejoint une phrase similaire de Marc Bosquart:
Pourtant, ce n’est pas Dieu qui doit se plier aux vues de l’Église, mais l’Église qui doit être au service de Dieu. [«2000 ans plus tard: même attitude et même incompréhension» (Le Royaume, n. 186, juillet-août 2007, p. 24) [LR-186]; texte repris dans Le Livre blanc III, pp. 60-62: LB-III, 62 pour la phrase citée]
C’est pourquoi, selon saint Pierre, «il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes» (Ac 5, 29), car il faut toujours obéir «à la vérité» (1 P 1, 22).
[74]Cf. Marc Bosquart, «Pourquoi j’ai écrit “Le Rédempteur et la Co-Rédemptrice”» (Le Royaume, n. 47, décembre 1986-janvier 1987, p. 12, 3e colonne) [LR-047]; VA App. II, 321, 2e colonne; Hélène Massecar, «“Vie d’Amour” en résumé (Appendice, vol. II)» (Le Royaume, n. 264, mai-juin 2020, p. 7, 2e colonne) [LR-264].
[75]Cf. VA II, 531; VA VII, 90-91; VA VIII, 186; VA IX, 86; VA IX, 94-95; VA App. I, 8; LB-IV, 41; Mère Paul-Marie, «La pédagogie divine: splendeur de simplicité» (Le Royaume, n. 113, septembre-octobre 1996, pp. 9-15) [LR-113]; Marc Bosquart, De la Trinité Divine à l’Immaculée-Trinité, p. 33; Le Rédempteur et la Co-Rédemptrice, pp. 369-371, 466, 468; Père Serge Lépine, «L’Assomption de Marie à la lumière de la Co-Rédemption» (Le Royaume, n. 271, juillet-août 2021, p. 14) [LR-271].
[76]Cette opinion est qualifiée de «sententia communior» par Ludwig Ott en 1952 (pp. 207-208 de l’édition anglaise citée précédemment).
[77]Cf. Marie-Paule, «La Dame de tous les Peuples» (Marie, n. 6, mars 1977, p. 6, 1ère colonne) [M-06] (Marie — Les Éditoriaux, p. 139); Mère Paul-Marie, «La pédagogie divine: splendeur de simplicité» (Le Royaume, n. 113, septembre-octobre 1996, p. 10, 1ère colonne en haut; p. 13, 1ère colonne) [LR-113]; Marc Bosquart, De la Trinité Divine à l’Immaculée-Trinité, p. 27; Le Rédempteur et la Co-Rédemptrice, pp. 458-459.
[78]La même notion revient, par exemple, dans les catéchèses mariologiques du 3 septembre 1997 (n. 1) et du 5 novembre 1997 (n. 3).
Dans la catéchèse du 7 décembre 1983, Jean-Paul II exprimait déjà l’idée de rédemption anticipée de Marie, mais il fait également une affirmation qui, quand on la regarde de près et même si telle n’est pas l’intention de l’auteur, contredit cette idée:
En Marie s’est opérée la réconciliation de Dieu avec l’humanité, mais d’une manière telle que Marie elle-même n’a pas eu besoin, personnellement, d’être réconciliée puisque, étant préservée de la faute originelle, elle a toujours vécu en accord avec Dieu. [n. 2; version de La Documentation catholique (n. 1865)]
Si Marie n’a pas eu besoin personnellement d’être «réconciliée», on peut dire aussi qu’elle n’a pas eu besoin personnellement d’être «rachetée», puisque l’on peut poser une équivalence entre la «rédemption» et la «réconciliation».
[79]Sur la base de la doctrine de l’Immaculée Conception, non encore dogmatisée à ce moment-là, le Concile de Trente enseigne que Marie, par un privilège spécial de Dieu, n’a commis aucun péché personnel, pas même véniel, durant toute sa vie (cf. DS 1573); ce qui implique, chez Marie, l’exemption ou l’immunité de «la concupiscence ou le foyer du péché», qui «vient du péché et incline au péché» (DS 1515); cf. DS 294, 299; CEC 493-494, 508; catéchèses mariologiques du 12 juin 1997 (n. 2) et du 19 juin 1997 (n. 2).
[80]L’expression «équivalent féminin» de Jésus-Christ Rédempteur, appliquée à Marie-Paule Co-Rédemptrice, fut d’abord employée par Marc Bosquart dans le livret Terre Nouvelle, Homme Nouveau (p. 119), dans une section intitulée «Qui est Marie-Paule?». Elle revient dans son livret Marie-Paule et la Co-Rédemption (p. 75). Elle est dénoncée par le Cardinal Marc Ouellet dans son Message pastoral concernant l’Armée de Marie (4 avril 2005), rapporté dans Le Livre blanc I, Grâces eucharistiques (p. 26). Le même Livre blanc I rapporte quelques réflexions de Marc Bosquart en réponse au Message du Cardinal (pp. 31-34).
Édifiant!
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Un texte magistral fort intéressant qui s’applique à démontrer toute l’évolution du mystère marial en notre Temps. La nouvelle Révélation que nous contemplons dans l’Oeuvre de la Dame a eu sa préparation dans le magistère des Papes à partir de Pie IX et tout spécialement à travers les derniers papes de l’ère chrétienne. Ce beau texte s’applique à nous faire voir et comprendre ce qu’écrivait Joseph de Maistre : «Il faut nous tenir prêts pour un événement immense dans l’ordre divin vers lequel nous marchons à une vitesse accélérée et qui doit frapper tous les observateurs. Le Christianisme sera rajeuni d’une manière extraordinaire. Il ne s’agira pas d’une modernisation de l’Église, mais d’une forme nouvelle de la religion éternelle qui sera au Christianisme actuel ce que celui-ci est au Judaïsme.» C’est dans l’Oeuvre de la Dame que s’accomplit ce travail divin. Marie-Paule est venue accomplir la Co-Rédemption et faire passer par une mystérieuse transmutation l’Église de Pierre en l’Église de Jean, et celle-ci nous conduit dans le Royaume qui s’est ouvert le 14 septembre 2001. Merci P. David pour ces magnifiques explications qui servent à mieux comprendre l’action divine en notre monde.
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